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Sandrino Graceffa, dirigeant de la coopérative SMart, explique dans une tribune au « Monde » que le « socle social européen » ne prend pas en compte les récentes mutations du travail. Si le salariat donne accès au meilleur système de protection sociale, cela n’empêche pas de chercher à réinventer de nouvelles formules.

Tribune. Le 17 novembre, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne (UE) se sont réunis à Göteborg (Suède) dans le cadre d’un Sommet social pour des emplois et une croissance équitables. Au menu : « des marchés du travail européens justes et fonctionnels, des systèmes de protection sociale durables et efficaces, la promotion d’un dialogue social à tous les niveaux ». Je proposerais volontiers à M. Juncker, le président de la Commission européenne, d’inviter les coursiers à vélo des différentes plates-formes actives sur le marché en Europe afin de tester avec eux l’adéquation des objectifs à la réalité de terrain.

Le « socle européen des droits sociaux » annoncé en avril a le mérite de souligner l’intérêt de l’UE pour ce sujet au cœur du modèle économique et social de la plupart de ses membres, et donc au cœur de leur démocratie. Prenons donc cette annonce et ce sommet au sérieux.

Les droits des travailleurs, sur les marchés du travail, dans les systèmes de protection sociale, dans les formes actuelles du dialogue social et dans leurs relations à l’emploi, ne sont pas seulement menacés : ils sont aujourd’hui attaqués et progressivement défaits. Les raisons en sont parfaitement identifiées : l’inadéquation des dispositifs réglementaires d’accès à ces droits, une offre de travail de plus en plus fragmentée et déstructurée, la généralisation légalisée de formes de rémunérations qui échappent aux cotisations sociales, la mise en concurrence effrénée de tous les travailleurs peu ou non qualifiés sur un marché « à la criée », les transformations profondes des modes de production dans tous les secteurs économiques, qui induisent d’ores et déjà l’effritement de la subordination – et donc du salariat.

L’effectivité des droits, pour toutes et tous

Ce dernier point mérite une attention particulière : les entreprises ne vont tout simplement plus avoir besoin de cette subordination, ni dès lors du salariat. Non pas en...


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Areva a informé EDF qu’une dizaine de tubes (ou crayons) servant à la fabrication d’assemblages combustibles présentaient des défauts, sans conséquence sur l’exploitation des réacteurs nucléaires français, a annoncé mardi 21 novembre l’électricien.

Seulement « 14 crayons sur les 2,6 millions installés sur le parc nucléaire français seraient concernés par ce défaut de contrôle », précise EDF dans un communiqué. Le fournisseur Areva n’est « pas en mesure de démontrer que le contrôle qualité prouvant l’étanchéité de ces crayons a bien été réalisé », explique l’électricien.

 

Les crayons sont des tubes en métal au sein desquels sont insérées des pastilles de combustible. Ces crayons sont ensuite regroupés par lots dans des assemblages de combustibles, qui sont eux-mêmes placés dans le cœur des réacteurs nucléaires.

Sur les 14 tubes concernés, trois « sont actuellement en cours d’utilisation » dans les réacteurs de Golfech 2 (Tarn-et-Garonne), Flamanville 1 (Manche) et Cattenom 3 (Moselle) tandis que « 11 crayons ne sont pas installés dans les réacteurs », détaille l’électricien.

Les mesures actuellement réalisées dans les réacteurs de Golfech 2, Flamanville 1 et Cattenom 3 « n’exigent aucune disposition particulière pour l’exploitation des réacteurs en toute sûreté », assure EDF. Lundi en Suisse, l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) avait signalé qu’Areva avait fourni 22 barres de combustible défectueuses, dont six déjà utilisées, à la centrale de Leibstadt.


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Le président de l’Association des paralysés de France (APF), Alain ­Rochon, présente le bilan « emploi » des personnes en situation de handicap, à la veille de la 21e Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, qui se tient du 13 au 19 novembre. Il évoque des pistes pour redresser la situation.

Le taux de chômage commence à baisser en France, la croissance du PIB augmente, qu’en est-il pour les personnes ­en situation de handicap ?

Le constat est amer : le nombre de demandeurs d’emploi en situation de handicap ne cesse de progresser alors que leur taux d’emploi reste à la traîne. Seul un tiers est dans l’emploi, contre deux tiers pour les valides. Dans le secteur privé, le taux d’emploi des personnes en situation de handicap atteint péniblement les 3,3 % au lieu du quota de 6 % des effectifs requis par la loi de 1987 pour les entreprises d’au moins 20 salariés. Le secteur public fait un peu mieux avec un taux d’emploi de 5,17 %, mais avec des modalités de décompte différentes.

Enfin, 8 % des entreprises n’emploient aucune personne en situation de handicap et préfèrent payer. Elles doivent, en effet, verser une contribution à l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph) si elles ne répondent pas, en tout ou en partie, à l’obligation légale.

Pourtant le nombre de personnes handicapées qui sont en emploi, secteurs privé et public confondus, atteint presque le million, selon l’Insee…

Oui, et leur nombre a été multiplié par deux depuis 2005. Mais, en parallèle, 495 000 personnes en situation de handicap étaient inscrites à Pôle emploi à la fin mars 2017, et elles se trouvent dans les catégories les plus difficiles en termes d’emploi, à savoir les seniors et les chômeurs de longue durée.

Les demandeurs d’emploi handicapés restent beaucoup plus longtemps au chômage, avec 801 jours contre 597 pour...


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Olivier Garnier est directeur général des études et des relations internationales à la Banque de France. Il passé par l’Insee, le ministère de l’économie et des finances et est membre du conseil scientifique de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF).

Le XXe siècle a été marqué par des épisodes inflationnistes ou déflationnistes. Que sait-on des siècles précédents ?

Deux types d’épisodes inflationnistes ont été observés en Europe. Pour faire face à la chute des revenus fiscaux ou financer un conflit, comme au moment de la guerre de Cent Ans, le roi manipule la valeur légale de la monnaie et, souvent, en augmente la quantité en circulation, ce qui a pour effet d’en diminuer le pouvoir d’achat – et donc, de gonfler les prix. Le second type d’épisode est apparu après 1492.

L’économiste et philosophe français Jean Bodin l’a décrit au XVIe siècle : l’afflux soudain de métaux précieux venus du Mexique et de Colombie se traduisait par une surabondance de frappe de monnaie, en faisant, là encore, chuter la valeur relativement aux autres marchandises, comme le pain et les aliments de base.

La première vague de mondialisation, à la fin du XIXe siècle, s’est-elle accompagnée d’une hausse des prix ?

Non, bien au contraire. Entre 1820 et 1913, l’indice des prix n’a guère progressé de plus de 0,5 % par an en moyenne en France. Entre 1870 et le milieu des années 1890, on observe même une période de déflation, liée à l’ouverture des échanges commerciaux et aux gains de productivité qu’elle a permis. 

C’est ce que certains considèrent comme de la « bonne » déflation qui a profité au pouvoir d’achat de la classe moyenne naissante, par opposition à l’épisode déflationniste observé durant la grande dépression des années 1930, où il y a eu une spirale baissière des revenus, de la demande et des prix. Par certains aspects, la période 1870-1890 est comparable à celle...


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