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Le ministre de l’économie Bruno Le Maire fait appel au « sens civique » des entreprises. Le Medef refuse de payer pour un « dysfonctionnement » de l’Etat.

Qui va payer ? Et combien ? Les tractations vont bon train entre l’Etat et les entreprises à propos du remboursement de la taxe à 3 % sur les dividendes. A priori, cela va de soi : cette contribution imposée par le gouvernement Ayrault en 2012 a été censurée par le Conseil constitutionnel début octobre. Il appartient donc à l’Etat de rembourser les entreprises qui ont indûment payé cet impôt depuis 2013 (13 d’entre elles représentent la moitié du montant total, 55 les deux tiers). Mais, pour un gouvernement engagé dans le rétablissement de la crédibilité financière de la France en Europe, cette facture imprévue de quelque 10 milliards d’euros tombe mal, très mal. Ce qui est en jeu n’est rien moins que la capacité du pays à tenir un déficit public à 2,9 % du PIB en 2017 et à 2,6 % du PIB en 2018.

Alors qui ? « Il n’est pas question que les entreprises paient pour le dysfonctionnement de l’Etat, prévient-on au Medef. C’est ce que Pierre Gattaz a dit à Bruno Le Maire lundi et on ne bouge pas pour le moment. » Une manière de répondre à l’appel lancé par le ministre de l’économie, le lendemain matin mardi, sur Europe 1 : après avoir reçu le président du Medef, Bruno Le Maire a fait appel à la fibre patriotique des grands patrons en leur demandant de partager le fardeau.

« Un enjeu national »
 

« Les entreprises, a déclaré le ministre de l’économie, ont conscience que ce n’est pas uniquement un problème fiscal. C’est un enjeu national. Si nous ne remboursons pas ces 10 milliards d’euros, si nous ne montrons pas très rapidement à nos partenaires européens comment nous les rembourserons, on ne sort pas de la procédure pour déficit excessif. On est à nouveau au ban de l’Europe. » Un peu plus tard, M. Le Maire enfonçait le clou : « Je fais appel à leur sens civique. »

Bercy travaille actuellement à trouver une solution qui puisse emporter l’adhésion du CAC 40, mais le ministre en a déjà fixé le principe :...


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En vert, les futurs Vélib’mécaniques. En bleu, les futurs Vélib’à assistance électrique. Mercredi 25 octobre, les élus de la métropole parisienne ont dévoilé les nouveaux atours du deux-roues en libre-service, lancés initialement en 2008 avec JC Decaux. Le consortium SmovenGo gérera désormais, pour quinze ans, ce système de vélos que le monde entier a copié, avant d’inventer des systèmes sans station. Si les puristes ont toujours critiqué ces deux-roues en libre-service, le Vélib’est bien l’un des symboles du renouveau de la bicyclette dans les grandes agglomérations.

« Nous sommes entrés dans une véritable transition écomobile, dit François Héran, l’économiste spécialiste du deux-roues. Depuis vingt-cinq ans, la part du vélo n’a cessé de se renforcer. Au rythme des mutations actuelles, il est fort probable que, dans Paris intra-muros, les déplacements à vélo seront plus nombreux que ceux réalisés en voiture d’ici à 2030. »

« Transition écomobile »

De quoi retrouver l’âge d’or des années 1950, quand le quart des déplacements se faisaient à deux-roues ? Pas sûr, mais, au fil des ans, le poids économique de la petite reine s’affirme. En témoignent tout d’abord les ventes de cycles, qui reprennent du poil de la bête. L’an dernier, 3 millions d’unités ont été écoulées, dont 40 % fabriquées en France, pour un chiffre d’affaires record du secteur (1,8 milliard d’euros), grâce à la bonne tenue des ventes de vélos à assistance électrique (VAE).

« En dix ans, on a assisté au décollage du vélotaf[les parcours domicile-travail], du vélo à assistance électrique, des libre-service, des livraisons, du tourisme à deux-roues ! » Nicolas Mercat, consultant chez Inddigo.

C’est 25 % de plus qu’en 2009, date de la dernière grande étude sur l’économie du deux-roues en France. Il y a huit ans, le chiffre d’affaires du secteur était évalué à 4,5 milliards d’euros, dont 2 milliards d’euros...


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Samedi 28 octobre, la chaîne de magasins de jouets La Grande Récré ouvrira, dans la nouvelle extension du centre commercial Parly 2, au Chesnay (Yvelines), un magasin emblématique sur 1 500 m², comportant trois salles réservées pour les fêtes d’anniversaire et ateliers. L’enseigne ne compte pas s’arrêter là. « Nous venons de signer avec le Club Med un partenariat comme celui que nous avons avec Total pour les aires d’autoroutes, de manière à avoir dès cet hiver une quinzaine de points de vente principalement dans les stations de ski », explique Jean-Michel Grunberg, PDG du groupe Ludendo, propriétaire des enseignes La Grande Récré, Starjouet et du site Internet Avenue des jeux.

Une preuve que ce distributeur, en grande difficulté il y a quelques années, commence peut-être enfin à sortir de l’ornière. Confronté à des tensions sur sa trésorerie, le groupe avait été contraint de vendre en décembre 2015 le célèbre magasin britannique Hamleys,acquisen 2012, afin de sécuriser avec ses banques son plan de financement pour les années 2016 à 2020.

En parallèle, La Grande Récré a entrepris de se transformer : diminution de son endettement de moitié, réduction de 30 % de ses effectifs sur les fonctions opérationnelles, fermeture en 2016 de certains magasins en France et transfert d’une vingtaine d’autres en franchise. De 400 magasins intégrés en 2015 dans le monde, il ne restait, à la fin mai 2017, que 300 succursales, et 90 franchisés ou adhérents, dont une cinquantaine en France. Une trentaine de magasins devraient encore basculer au tournant de l’année. Un changement de modèle, « qui permet de concentrer nos moyens sur la valorisation de la marque La Grande Récré (…) et d’avoir une efficacité plus forte au niveau local », explique Jean-Michel Grunberg. Objectif à cinq ans : passer de 233 à 300 magasins en France, dont deux tiers en franchise, et développer le modèle à l’international dans...


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Alors que la France s’est dotée d’un ministère de la transition écologique et solidaire – son titulaire, Nicolas Hulot, mettant ainsi en avant le lien consubstantiel qui unit à ses yeux protection de l’environnement et justice sociale –, consacrer un essai aux « insoutenables inégalités » peut sembler labourer un terrain déjà défriché. Il n’en est rien. Lucas Chancel, chercheur en sciences sociales, codirecteur du Laboratoire sur les inégalités mondiales de l’Ecole d’économie de Paris, chercheur senior à l’Institut du développement durable et des relations internationales et enseignant à Sciences Po, déploie, dans cet ouvrage, une réflexion dialectique sur l’articulation complexe, conflictuelle, mais potentiellement féconde, de la sphère environnementale et de la sphère socio-économique. Surtout, loin de s’arrêter au postulat qu’un monde plus équitable est aussi plus durable – et réciproquement –, il ouvre quelques pistes vers un futur plus désirable et plus vivable, parce que réconciliant cette double exigence.

« Les inégalités environnementales et économiques entretiennent en réalité une relation qui s’apparente à un cercle vicieux », écrit d’emblée l’auteur. Cela, dans les pays du Nord comme ceux du Sud. A des degrés relatifs, riches et pauvres n’y ont pas le même accès aux ressources naturelles, eau, alimentation ou énergie utilisée pour se nourrir, se chauffer, se loger, se déplacer, se soigner ou s’équiper en biens de toutes sortes. Exprimée, dans une simplification propre à frapper les esprits, en kilowattheures (kWh) d’énergie consommée, la ségrégation est flagrante. Un Français faisant partie des 10 % de citoyens les plus modestes a besoin de 70 kWh par jour, moitié moins que la moyenne nationale et 3,6 fois moins que les 10 % les plus fortunés – mais 25 fois plus que nos ancêtres chasseurs-cueilleurs ! Un Indien à très faible revenu se contente, lui, de 4 kWh – à peine plus qu’un chasseur-cueilleur –, quand ses compatriotes...


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