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A l’occasion de la conférence Strata Data qui se déroulait fin septembre à New York, la chercheuse danah boyd (@zephoria), l’auteure de C’est compliqué (dont paraît ces jours la traduction d’un autre livre coécrit avec Mimi Ito et Henry Jenkins, Culture participative) a, comme toujours, livré une présentation remarquable (extrait en vidéo) sur la fragilité des données à l’heure de leur analyse massive.

La manipulation des médias a toujours existé et le numérique l’a certainement favorisé en rendant poreuse la frontière entre la propagande et le marketing, rappelle-t-elle en pointant vers le rapport publié par Data&Society en mai 2017, l’Institut de recherche dont elle est la fondatrice et la présidente (blog, @datasociety). Mais l’enjeu n’est pas de nous expliquer ce qui s’est déjà passé ou ce qui se passe actuellement, que de regarder ce qui s’annonce. A l’heure du Big data et de l’intelligence artificielle, si nous pensons que la donnée peut et doit être utilisée pour informer les gens et alimenter la technologie, alors nous devons commencer à construire l’infrastructure nécessaire pour limiter la corruption, les biais et l’abus de données. Nous devons reconsidérer la sécurité dans un monde de données.

Les moteurs de recherche et les médias sociaux sont devenus les cibles préférées de la manipulation. Un petit jeu auquel tout le monde s’amuse désormais. Depuis les premiers Google Bombing, les gens ont appris par la pratique à rendre les contenus viraux et à détourner les systèmes. Ils ont développé des pratiques stratégiques de manipulation de l’attention qui ont pu avoir des conséquences graves à l’image du pizzagate, qui a été produit par un large réseau de gens cherchant à jouer de l’écosystème d’information et à créer des « effets boomerang » où la contestation et la vérification servent avant tout de canaux d’amplification de la manipulation. Les manipulateurs cherchent à ouvrir la fenêtre d’Overton, c’est-à-dire la gamme des idées acceptables par l’opinion publique.

Reste, constate la chercheuse, que jusqu’à présent, les attaques des systèmes algorithmiques, si elles ont parfois été massives, sont restées assez « manuelles ». Or, c’est cela qui risque de changer.

Entraîner un système d’apprentissage nécessite beaucoup de données. Le problème, outre ce besoin insatiable et massif, c’est que toutes les données sont biaisées, explique la chercheuse en pointant par exemple vers une étude qui a observé les biais d’ImageNet, une base de données d’images, montrant par exemple que les systèmes d’apprentissage automatisés répliquent les biais des humains, classant plus facilement les objets selon leurs formes que selon leurs couleurs. Latanya Sweeney (@latanyasweeney), elle, a montré que la publicité proposée par Google changeait selon la connotation ethnique des noms des utilisateurs soulignant par là que le moteur a tendance à amplifier le racisme à l’oeuvre aux Etats-Unis. Pour danah boyd, adresser les problèmes de biais culturels implicites et explicites des données va constituer un énorme défi pour ceux qui cherchent à construire des systèmes.


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Les opérateurs sont confrontés à des personnes prêtes à traquer les moindres failles du système pour gagner, en toute légalité, de fortes sommes d’argent.

C’est une décision de justice qui n’a eu aucun écho au-delà des portes de la 5e chambre du tribunal de grande instance de Paris, une sorte de gros lot attribué en catimini. Le 25 avril, la Française des jeux (FDJ) a été condamnée à verser 18 918 euros à Paul K., un chef d’entreprise de la région parisienne désireux de rester anonyme. Ce dernier avait pourtant de quoi fanfaronner : sa victoire contre l’opérateur de paris est de celles qui font date.

Se qualifiant lui-même de « parieur assidu », Paul K. a joué des centaines de fois, entre mai 2011 et février 2014, sur Parions Web, une plate-forme Internet de la FDJ. Au cours de la seule année 2014, il a misé un peu plus de 375 000 euros sur différents sites.

Ses soucis ont commencé lorsque la FDJ a refusé de lui payer certains paris gagnants, 57 au total. Ses appels téléphoniques et ses courriers recommandés n’y changeant rien, il a porté l’affaire devant la justice en février 2015.

« Si un parieur prend trop d’argent, vu qu’il serait illégal de le virer, on va par exemple limiter ses mises à 1 euro. C’est un monde de faux-culs ! » Benoît Tréanton, joueur assidu

Pour justifier son refus de lui régler une grande partie de ses gains, la FDJ met alors en avant des « erreurs manifestes » de cotes, ces chiffres qui quantifient la probabilité d’un résultat sportif. Autrement dit, la société s’est trompée dans la fixation des cotes, ce dont le joueur a su profiter en misant gros de manière très ciblée.

La FDJ invoque comme argument de défense l’article 5.7 de son règlement : « En cas d’erreur manifeste portant sur tout ou partie des éléments constitutifs de l’offre de pari proposée aux joueurs au titre d’une manifestation sportive, [elle] se réserve le droit d’annuler tout ou partie des paris, pronostics ou prises de jeux concernés. » Plutôt qu’un « parieur assidu », l’opérateur décrit Paul K. comme un « chasseur d’erreurs », dont...


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Le concentré de l’édition mondiale se retrouve dans le hall du Steigenberger Frankfurter Hof, un hôtel un peu chic et suranné, à deux pas de la Kaiserplatz, à Francfort (Allemagne). C’est là où tout se passe. On y parle toutes les langues.

« On se croirait à Venise place Saint-Marc avec une foule bigarrée, venue de tous les pays », s’amuse Bertrand Py, directeur éditorial d’Actes Sud. Avant même que la Foire du livre de Francfort ouvre ses portes, mercredi 11 octobre, des centaines de professionnels de l’édition et d’agents s’y donnent rendez-vous dès le lundi. Voire même la veille.

Comme aux puces, on y vient de plus en plus tôt… en espérant faire de bonnes affaires. Ne rien louper surtout. Tous les écrivains du monde sont représentés. « La journée, on y travaille ; le soir, on y rigole ; on retrouve toutes nos connaissances et on rencontre les nouveaux qui arrivent dans le secteur », explique Benita Edzard, directrice des droits étrangers chez Robert Laffont. Dans ce petit théâtre de convenances et de convivialité internationale obligée, ne pas s’y montrer après un dîner avec des éditeurs tient de la faute de goût.

L’art et la manière de raconter des histoires
 

La Foire de Francfort, qui met cette année la France à l’honneur, relève du marathon pour ceux qui sont chargés de vendre les droits des romans hexagonaux à des éditeurs du monde entier. C’est un petit club typiquement français, méconnu du grand public, composé presque exclusivement de femmes – une vingtaine – restées longtemps dans l’ombre mais dont le rôle devient essentiel dans l’économie des maisons d’édition. Et le portefeuille des auteurs. Ces derniers sont inhabituellement nombreux cette année dans la manifestation professionnelle pour défendre les couleurs tricolores. Presque 200, dont Michel Houellebecq, le plus connu en Allemagne, mais aussi Edouard Louis, Marie Darrieussecq, Virginie Despentes, Leïla Slimani, Amélie Nothomb ou Emmanuel Carrère…

L’organisation...


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Après Nissan et l’affaire des inspections réalisées par des personnels non habilités, Mitsubishi et Suzuki pour celle des données de consommation altérées ou Takata et ses airbags défectueux, au tour de Kobe Steel et de ses certifications trafiquées. Le géant japonais de la sidérurgie, connu à l’international sous le nom de Kobelco, a vu son titrefondre de près de 20 % en séance, mercredi 11 octobre, après une chute de 22 % la veille.

Lundi 9 octobre était férié au Japon. Il s’agissait des premières cotations après les révélations, dimanche 8 octobre, selon lesquelles des cadres et employés de quatre sites de production du groupe auraient trafiqué les données sur les caractéristiques, notamment les capacités de résistance et de flexibilité, de certains produits pour donner l’impression qu’ils répondaient aux spécifications des clients.

Le problème aurait été découvert, explique Kobe Steel, lors d’une « inspection interne et d’audits d’urgence sur la qualité ». Les falsifications auraient été pratiquées pendant près d’un an, entre septembre 2016 et août, a précisé le groupe, qui a cependant décidé d’élargir son enquête aux dix dernières années.

L’affaire concerne 19 300 tonnes de produits laminés plats et de produits extrudés en aluminium, 19 400 pièces d’aluminium coulées et forgées et 2 200 tonnes de produits en cuivre, soit 4 % de la production annuelle du groupe. Ce dernier, créé en 1905, est installé à Kobe, dans le centre de l’Archipel et emploie 37 000 personnes dans des activités allant de la machinerie au nucléaire. 

Questions de sécurité

Le ministre de l’industrie, Hiroshige Seko, a déploré l’« attitude inappropriée » de Kobe Steel, qui a « faussé les règles des pratiques commerciales honnêtes ». Les produits incriminés auraient été vendus à plus de 200 entreprises, notamment Toyota, Nissan et Honda, dans l’automobile, Mitsubishi Heavy Industries (MHI), dans l’aéronautique, ou Kashiwazaki Heavy Industries, qui réalise des pièces pour le train à grande vitesse Shinkansen. Le secteur de la défense serait également affecté.

Le ministère des transports a ordonné à toutes les entreprises concernées de mener des inspections de sécurité. La question est de savoir si des rappels pourraient être décidés. Pour l’instant, aucun problème n’a été détecté. « Rien, dans nos examens réalisés à ce jour, ne permet de conclure que l’affaire soulève des questions de sûreté », a fait savoir le géant américain de l’aéronautique Boeing, client de MHI.

Outre la valeur boursière, le scandale pourrait nuire à l’avenir d’un groupe dont les ventes ont reculé de 7 %, à 1 696 milliards de yens (13 milliards d’euros) pour l’exercice clos fin mars, et dont la perte s’est établie à 23 milliards de yens sur la même période.

Ajouté à ceux qui ont frappé l’industrie nippone ces dernières années, il pourrait aussi menacer l’image du secteur manufacturier nippon, dont le succès persistant, malgré la concurrence accrue de groupes sud-coréens et chinois notamment, repose sur la qualité des produits.


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