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Si en juin, le cuivre pétaradait en tête de la fanfare des métaux, en cette fin d’année, le métal rouge fait grise mine, explique Laurence Girard dans sa chronique.
Le métal rouge fait grise mine. En cette fin d’année, le cours du cuivre frôle la barre des 6 000 dollars (soit 5 250 euros) la tonne. En repli de près de 16 % par rapport à son niveau de janvier. Son parcours n’a pourtant rien de linéaire. Début juin, le cuivre pétaradait en tête de la fanfare des métaux, atteignant un plus haut depuis quatre ans. Soudain, à partir de l’été, il a mis la sourdine.
Cette évolution par cahots n’a rien d’anodin. Car le cuivre est le mercure, le thermomètre de l’économie mondiale. Son omniprésence dans l’industrie, de l’automobile à la construction en passant par le high-tech, en fait un capteur du pouls financier mondial. Ses états d’âme sont donc scrutés de près. Et offrent une bonne cartographie de l’année qui vient de s’écouler, à l’heure des premiers bilans.
Elle reflète bien, en 2018, les batailles commerciales qui ont agité la planète en 2018. Les fortes tensions entre Washington et Pékin ont alimenté la chronique.
Même si, après une période d’offensive diplomatique contre Xi Jinping, lequel a répliqué en sortant la boîte à gifles, Donald Trump est plutôt à la recherche de compromis. Un président américain dressé sur ses ergots, qui n’a pas hésité à ouvrir d’autres fronts avec l’Europe, l’Iran, la Russie… suscitant autant de craintes sur le rythme de la croissance mondiale.
Les marchés surveillent également de près la santé de l’économie chinoise, devenue le premier moteur de l’économie mondiale. Tout signe de ralentissement fait fléchir les cours. D’autant que ce pays est le premier consommateur de la planète de métaux et donc de cuivre. Or, les experts tablent sur une baisse de régime de l’empire du Milieu, avec une croissance attendue de 6,5 %. De quoi inciter les spéculateurs à faire fondre le prix du cuivre, mais aussi du nickel, de l’aluminium, du plomb ou du zinc.
Toutefois, la Chine n’est pas qu’un consommateur de matières premières. Comme dans d’autres secteurs industriels, elle pratique le jeu de go pour s’assurer des positions-clés. L’approvisionnement à la source devient stratégique. Le marché du cuivre l’illustre brillamment.
Le chinois Zijin s’est ainsi emparé, cette année, de la plus grande mine de métal rouge de Serbie, dont l’Etat serbe souhaitait se défaire. Il a également jeté son dévolu, au prix de 1,4 milliard de dollars, sur le groupe canadien Nevsun, qui exploite des mines d’or et de cuivre. Sachant que Zijin explorait déjà un filon cuprifère en République démocratique du Congo.
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Editorial. L’« acte VI » de la mobilisation, samedi 22 décembre, a été marqué par des violences et des actes antisémites. Pour que le sens originel du mouvement ne soit pas dénaturé, il est urgent que les corps intermédiaires reprennent la main.
Editorial du « Monde ». Quand une révolte citoyenne, d’abord motivée par le ras-le-bol fiscal et soutenue par une large majorité de l’opinion, est débordée par une minorité d’irréductibles, auteurs d’actes violents, la crise change de nature. A trois jours de Noël, la mobilisation des « gilets jaunes », lors de l’« acte VI », samedi 22 décembre, a enregistré une forte chute. Depuis le pic du 17 novembre, avec 282 000 manifestants recensés à travers la France, la baisse a été continue : 166 000 le 24 novembre, 136 000 les 1er et 8 décembre, 66 000 le 15 décembre et seulement 38 600 le 22 décembre, selon les chiffres du ministère de l’intérieur.
S’il n’a pas renoué avec l’ampleur des violences qu’a connues Paris au début du mois, cet « acte VI » a donné lieu à une série de dérapages totalement inadmissibles. Sur les Champs-Elysées, samedi soir, quatre policiers à moto ont été agressés, les syndicats évoquant une « tentative de lynchage ». Sur le parvis du Sacré-Cœur, à Montmartre, des « gilets jaunes » ont été filmés en train de chanter, gestes à l’appui, La Quenelle, le chant antisémite de Dieudonné.
Le 22 décembre, vers 23 heures, dans le métro parisien, trois hommes, visiblement éméchés, revenant de la manifestation ont fait des « quenelles », selon le récit d’un journaliste témoin de la scène. Une dame de 74 ans leur a demandé d’arrêter : « C’est un geste antisémite, je suis juive, mon pèreaété déporté à Auschwitz où il est mort. » Pour toute réponse, l’un des individus a hurlé « Dégage, la vieille », un autre a fait référence à la « révolution nationale » du régime de Vichy.
Pendant le week-end, plusieurs actes de vandalisme ont été commis dans le Sud sur des péages d’autoroute. Vendredi soir, lors d’une manifestation de « gilets jaunes » à Angoulême (Charente), un pantin à l’effigie du président de la République a été décapité. A ces diverses voies de fait passibles de poursuites pénales s’ajoutent des menaces contre des députés, issus principalement de La République en marche, des insultes et des agressions contre des journalistes. Au péage du Boulou, à la frontière franco-espagnole, près de Perpignan, des journalistes de France 2 ont été frappées par des manifestants. A Saint-Chamond (Loire), une équipe de BFM-TV et une journaliste du Progrès ont été violemment prises à partie.
Sur son compte Twitter, Edouard Philippe a dénoncé « un simulacre de décapitation du chef de l’Etat (…), des agressions d’une violence inouïe contre des policiers (…), des gestesantisémites en plein Paris ». « Il est hors de question, a ajouté le premier ministre, à juste titre, de banaliser de tels gestes, qui doivent faire l’objet d’une condamnation unanime et de sanctionspénales. » Depuis le Tchad, où il se trouvait dimanche, Emmanuel Macron a affirmé que « les réponses judiciaires les plus sévères seront apportées. C’est maintenant l’ordre qui doit régner, le calme et la concorde ».
Au bout de cinq semaines, plus la mobilisation des « gilets jaunes » s’essouffle, plus elle se radicalise. Des irréductibles – livrés à eux-mêmes puisque le mouvement ne dispose d’aucune structure – cherchent la confrontation violente. Ils dénaturent ainsi le sens de la colère originelle. Dans ce contexte dangereux, une partie de la réponse viendra des corps intermédiaires – syndicats, partis politiques, associations, élus locaux – que le gouvernement comme les « gilets jaunes » n’ont cessé d’affaiblir ces derniers mois ou ces dernières semaines. Face aux risques de la violence, il y a, au contraire, urgence à leur redonner enfin toute leur place.
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Selon un document interne, l’opération permettrait à l’opérateur postal d’augmenter fortement sa rentabilité et la solidité de La Banque postale.
La Poste devrait faire une bonne affaire en mettant la main sur le numéro un de l’assurance de personnes en France, CNP Assurances. Cette opération exceptionnelle, impliquant également l’Etat et la Caisse des dépôts, n’est pas encore bouclée, mais La Poste a sorti sa calculette pour chiffrer les gains. Un document interne montre qu’ils sont de nature à renforcer très significativement la solidité du groupe et sa rentabilité.
C’était d’ailleurs tout l’objectif du projet, porté de longue date par le patron de La Poste, Philippe Wahl. Une fois l’Elysée convaincu de la nécessité d’assurer un avenir au groupe, menacé par la disparition du courrier, en diversifiant ses activités, Bercy a lancé l’opération le 30 août. Elle permettra de créer un pôle financier public autour de l’opérateur postal début 2020, si le plan initial se déroule comme prévu.
Le projet, complexe, est le suivant : l’Etat et la Caisse des dépôts (CDC) apporteront à La Poste leurs participations au capital de la CNP. A cette occasion, l’Etat transférera le contrôle de La Poste à la CDC. La Poste apportera ensuite les titres CNP reçus à sa filiale bancaire, La Banque postale, qui prendra ainsi le contrôle de l’assureur.
Pour une raison de coûts, La Banque postale entend, dans le cadre de cette opération, maintenir la CNP cotée. Elle demandera donc à l’Autorité des marchés financiers (AMF) une dérogation à l’obligation de lancer une OPA, une fois la disposition législative permettant à la CDC de devenir actionnaire majoritaire de La Poste adoptée par le Parlement, au début du printemps 2019.
« Au final, La Poste va faire une augmentation de capital de quelque 6 milliards d’euros, sans qu’aucun des acteurs n’ait à sortir d’argent, puisqu’il s’agit d’un regroupement de participations financières au sein de la sphère publique », résume un bon connaisseur du dossier à La Poste.
Selon les premiers calculs réalisés par La Poste, qui circulent en interne et dont Le Monde a eu connaissance, l’intégration de 65 % de la CNP devrait se traduire par un gain de 3,5 milliards de revenus et de 500 millions d’euros de bénéfice net pour le groupe en 2020. Le résultat net atteindrait ainsi 1,4 milliard d’euros (hors éléments exceptionnels liés à l’opération évalués à 1 milliard d’euros).
Avec cette transaction, la part du courrier traditionnel dans le chiffre d’affaires de La Poste serait ramenée à 18 % en 2020 (– 2 points), loin derrière celle des services financiers (26 %) et de l’express (35 %).
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Le dispositif est censé rapporter 500 millions d’euros en 2019, mais ses contours et sa mise en œuvre restent à déterminer.
C’est l’une des conséquences aussi inattendue que symbolique de la crise des « gilets jaunes ». La France commencera à prélever une taxe sur les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), ces géants du numérique, dès début 2019, a assuré Edouard Philippe, lundi 17 décembre, dans un entretien aux Echos. « Il est profondément injuste que la fiscalité de ces groupes ne soit pas en ligne avec celle des autres entreprises », a fait valoir le premier ministre, citant des cas similaires de taxe nationale chez « certains de nos partenaires », « dans l’attente d’[une] taxe européenne ».
L’annonce présente deux avantages. D’abord, montrer que, même si l’Union européenne ne parvient pas à s’entendre sur le sujet, le gouvernement français répond à l’exigence d’équité fiscale et sociale des « gilets jaunes », en ciblant les multinationales qui échappent à l’impôt dans l’Hexagone. « Les grandes entreprises qui font des profits [en France] doivent y payer l’impôt, c’est la simple justice », avait souligné Emmanuel Macron dans son allocution du 10 décembre pour annoncer les 10 milliards d’euros de mesures fiscales et sociales.
Ensuite, le dispositif permet d’apporter un supplément de recettes pour l’Etat afin de financer ces mesures. « La taxe s’appliquera au 1er janvier 2019 et elle portera donc sur l’ensemble de l’année 2019 pour un montant que nous évaluons à 500 millions d’euros », a confirmé, lundi, le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire. Il a évoqué une « taxe française plus large que la taxe européenne ». Mais il a aussi répété qu’il continue d’espérer un accord européen, lors de la prochaine réunion des ministres des finances en mars 2019. Une ligne de crête à laquelle tient M. Le Maire ; il milite depuis dix-huit mois auprès des instances européennes en faveur d’une version transfrontalière de cette taxe, sans résultat concret pour le moment.
Jusqu’à récemment, l’exécutif français plaidait pour taxer à 3 % le chiffre d’affaires des GAFA à l’échelle européenne. Un dispositif lui-même censé pallier l’absence de consensus au niveau de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour taxer les bénéfices des multinationales. Mais, le 4 décembre, entravés à la fois par les pays proposant une fiscalité avantageuse aux multinationales, comme l’Irlande, et par l’Allemagne, inquiète de possibles mesures de rétorsion américaines contre son industrie automobile, les ministres des finances de l’UE avaient échoué à se mettre d’accord sur cette taxe.
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