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La Commission européenne évoque ses craintes en matière de concurrence dans le secteur de la construction navale.
C’est un rebondissement de plus dans l’histoire mouvementée des Chantiers de l’Atlantique. Après la défaillance de STX, son ancien actionnaire coréen majoritaire, le chantier de Saint-Nazaire, nationalisé à l’été 2018, était promis à l’italien Fincantieri afin de créer un grand groupe naval européen. Mais Bruxelles y met son grain de sel.
La Commission européenne a annoncé, mardi 8 janvier, l’ouverture d’une enquête sur ce projet de rachat en raison de ses craintes en matière de concurrence dans le secteur de la construction navale. Les deux groupes sont les seuls au monde, avec l’allemand Meyer Werft, à construire des bateaux de croisière.
Contrairement à la fusion Siemens-Alstom dans l’industrie ferroviaire, ce projet n’atteint pas le seuil de chiffre d’affaires au-delà duquel il doit être notifié à l’exécutif européen. La Commission s’est saisie du dossier à la demande de l’Autorité de la concurrence française, soutenue par son homologue allemande. Cette procédure est relativement rare, mais pas inédite. Fin 2017, six pays ont demandé à Bruxelles d’étudier le rachat de Shazam, l’application de reconnaissance musicale, par Apple. L’exécutif européen l’a validé en septembre 2018.
« Sur la base des éléments fournis par la France et l’Allemagne, et sans préjudice de l’issue de son enquête exhaustive, la Commission considère que l’opération pourrait nuire de manière significative à la concurrence en matière de construction navale, en particulier sur le marché mondial des bateaux de croisière », souligne l’exécutif européen dans un communiqué.
« Il s’agit d’une procédure tout à fait normale et instruite sans aucune intervention politique », prévient-on à l’Elysée. « Le gouvernement n’est pas à l’origine de cette procédure. Ce n’est donc pas une mesure de rétorsion politique, précise-t-on au sommet de l’Etat, en référence aux récents commentaires de Matteo Salvini et Luigi Di Maio, les deux vice-premiers ministres italiens, en faveur des « gilets jaunes ».
Ces dénégations de l’Elysée ne suffisent pas à écarter le soupçon, côté italien, de rétorsions. Matteo Salvini a déclaré sur Facebook qu’il s’agissait d’une « nouvelle démonstration du fait que l’Europe n’existe pas ou existe seulement à sens unique ». Le premier ministre, Giuseppe Conte, a, lui, fait part de sa « surprise ». Sur la Rai, il a plutôt cherché à se montrer confiant pour la suite : « Je trouverais étrange que des obstacles nous soient imposés. J’espère qu’il n’y en aura pas. »
Lire la suite : Bruxelles enquête sur la reprise des Chantiers de l’Atlantique par l’italien Fincantieri
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Relier Paris à New York en moins de trois heures et demie. C’est la promesse de Boom, une start-up américaine qui ambitionne de ressusciter les vols commerciaux supersoniques, plus de quinze ans après le dernier atterrissage du Concorde. Vendredi 4 janvier, elle a officialisé une levée de fonds de 100 millions de dollars (87 millions d’euros). Cette somme doit permettre de financer la production d’un premier prototype à échelle réduite. Un premier vol d’essai est espéré d’ici à la fin de l’année.
MACH 2,2
Baptisé Overture, l’appareil pourra atteindre une vitesse de croisière de Mach 2,2 (2,2 fois la vitesse du son), soit près de 2.300 kilomètres par heure. C’est légèrement plus que son ancêtre européen. Et environ 2,5 fois plus rapide que les avions de ligne actuels. L’avion pourra transporter 55 passagers, contre une centaine pour le Concorde. « C’est similaire au nombre de sièges en classe affaires et en première classe sur les long-courriers », expliquait, en 2017, Blake Scholl, le fondateur et patron de la société.
Surtout, l’Overture doit permettre de réduire les coûts de fonctionnement. « Ils étaient très importants sur le Concorde, notamment en raison de sa consommation de carburant », rappelle M. Scholl. Son avion, promet-il, profitera des dernières avancées technologiques: il sera plus léger, plus aérodynamique, plus économe en carburant. Initialement, Boom assurait qu’un vol transatlantique ne coûterait que 5.000 dollars, près de moitié moins que les derniers vols sur le Concorde. Mais la société est depuis revenue sur cette promesse.
RETARDS
Au-delà des intentions, beaucoup de questions restent encore en suspens. Par exemple, la société n’a toujours pas trouvé un motoriste, même si M. Scholl assure, au magazine Forbes, être en discussion avec les principaux acteurs du secteur. En outre, les retards s’accumulent. Le premier vol d’essai était initialement prévu pour 2017. Et le premier vol commercial, annoncé pour 2020, n’est désormais plus attendu avant 2023. Boom devra aussi trouver de nouveaux financements: le coût du projet est estimé à 6 milliards de dollars.
Créé en septembre 2014, Boom ne compte pour le moment que quelques dizaines d’employés, principalement des ingénieurs. Des anciens de la Nasa, Boeing, Lockheed Martin ou encore SpaceX, la société spatiale d’Elon Musk qui fait office d’exemple à suivre. « Ils ont prouvé qu’un nouveau venu pouvait accomplir des choses incroyables », s’enthousiasme le fondateur de Boom. La start-up est par ailleurs aidée par les équipes de Virgin Galactic, la société du milliardaire Richard Branson, qui souhaite envoyer des touristes dans l’espace.
76 COMMANDES
Malgré l’échec commercial du Concorde, « les compagnies aériennes sont extrêmement intéressées par notre projet », assurait M. Scholl en 2017. Depuis, Boom revendique 76 commandes. Virgin Atlantic, la compagnie aérienne de M. Branson, sera prioritaire pour les 10 premiers appareils. Japan Airlines, qui a investi 10 millions de dollars dans la start-up, a déposé une option pour 20 avions supersoniques. Trois autres companies ont aussi passé commande. Mais leurs identités n’ont jamais été révélées.
M. Scholl ne manque pas d’ambitions. L’entrepreneur imagine déjà son avion effectuer plus de 500 liaisons dans le monde. Il chiffre la demande à 1.300 appareils au cours des dix premières années. Avec un prix catalogue de 200 millions de dollars, « cela représente un potentiel de 260 milliards de dollars », se réjouit-il. Et il voit encore plus loin: « A long terme, l’objectif est de relier n’importe quelle ville dans le monde en moins de cinq heures et pour seulement 100 dollars. »
Lire la suite : La start-up Boom lève 100 millions de dollars pour ressusciter les vols supersoniques
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Pour répondre aux revendications des « gilets jaunes » sur le pouvoir d’achat, le plus simple serait de verser la prime d’activité et le RSA à tous ceux qui y ont droit, plaide l’économiste Jean-Eric Hyafil dans une tribune au « Monde ».
Tribune. Le mouvement des « gilets jaunes » est d’abord une mobilisation des travailleurs pour le pouvoir d’achat. Le coût de la vie augmente en grande partie du fait de la hausse des cours mondiaux du pétrole, mais aussi de la nécessaire progression de la taxe carbone afin d’inciter entreprises et ménages à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
L’augmentation du coût de la vie liée à cette fiscalité écologique peut être compensée par des mesures redistributives en faveur des familles pauvres et des travailleurs à bas salaire, par la revalorisation du revenu de solidarité active (RSA) et par une extension de la prime d’activité (à laquelle le gouvernement a déjà décidé de donner un coup de pouce), afin que celle-ci puisse bénéficier aux travailleurs gagnant jusqu’à 1 700 euros de salaire mensuel net.
L’efficacité d’une revalorisation de ces prestations est toutefois limitée par l’importance de leur non-recours. Près d’un tiers des individus éligibles au RSA socle (selon la Caisse d’allocations familiales) et 27 % des travailleurs ayant droit à la prime d’activité (selon le ministère de la santé et des solidarités) ne sollicitent pas ces allocations auxquelles ils ont pourtant droit, soit par méconnaissance des dispositifs, soit en raison de la lourdeur des démarches administratives et du stigmate associé à une demande d’aide sociale. Le non-recours empêche donc non seulement de lutter contre la pauvreté – laborieuse ou non –, mais aussi de compenser efficacement les effets antiredistributifs de l’augmentation nécessaire de la fiscalité écologique.
Il semble donc indispensable de remplacer le RSA et la prime d’activité par une allocation unique, dégressive avec le revenu, et dont le versement serait automatisé : les ayants droit n’auraient plus aucune démarche à effectuer pour toucher cette allocation, puisque la coordination des services fiscaux et sociaux permettra facilement d’identifier les individus éligibles à la prestation et de la leur verser automatiquement. Pour plus de simplification, cette allocation unique pourrait éventuellement absorber les aides au logement.
Lire la suite : « Gilets jaunes » : il est temps d’expérimenter un revenu de base
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Leader des cartes graphiques pour jeux vidéo, la société américaine, dont le chiffre d’affaires a plus que doublé en trois ans participe désormais à l’entraînement des algorithmes d’IA.
La puce n’est pas plus grande que le bout du pouce. A peine 7 cm2, mais 18,6 milliards de transistors intégrés. Et une puissance de calcul inégalée. « C’est le processeur graphique le plus puissant que nous ayons jamais conçu », s’enthousiasme Jay Puri, vice-président de Nvidia, chargé des opérations commerciales mondiales. Derrière le responsable, un PC fait tourner l’un des derniers jeux vidéo du moment dans des conditions optimales.
Fondée en 1993, Nvidia a acquis ses lettres de noblesse auprès des joueurs à la recherche des dernières prouesses technologiques. Mais, depuis quelques années, l’entreprise américaine a pris une nouvelle envergure. Ses processeurs graphiques (graphics processing unit, GPU) ont envahi les « data centers » (« centres de données »), où ils participent notamment à l’entraînement des algorithmes d’intelligence artificielle. Ils propulsent aussi les voitures sans conducteur et sont utilisés dans la robotique, la ville connectée ou l’imagerie médicale. La société est devenue l’un des acteurs incontournables du Consumer Electronics Show (CES), la grand-messe de l’électronique grand public qui se tient jusqu’au 11 janvier, à Las Vegas, dans le Nevada.
Pour mesurer les récents succès de Nvidia, il y a d’abord les comptes. Depuis 2016, le chiffre d’affaires a été multiplié par près de 2,5. Au cours de l’exercice en cours, qui se terminera fin janvier, il devrait ainsi dépasser les 12 milliards de dollars (10,5 milliards d’euros). Et ses profits se sont envolés dans des proportions encore plus grandes : autour de 4,5 milliards de dollars, contre seulement 660 millions il y a trois ans. En Bourse, son action est passée, dans le même intervalle, de 30 dollars à 136 dollars.
Une visite du siège social situé à Santa Clara, au cœur de la Silicon Valley californienne, constitue un autre indicateur de la croissance de l’entreprise. A l’été 2017, elle a inauguré un nouveau bâtiment à l’allure futuriste, pour compléter des bureaux devenus beaucoup trop étroits. En forme de triangle, une des figures de base du graphisme informatique, ils s’étendent sur près de 50 000 m2 et accueillent 2 500 employés. Un deuxième immeuble, reprenant le même design, mais 50 % plus grand, doit ouvrir ses portes en 2022.
Derrière la réussite de Nvidia se cache son fondateur et patron, Jensen Huang. Veste en cuir et verbe haut, cet immigré taïwanais de 55 ans, arrivé aux Etats-Unis lorsqu’il était enfant, n’assure pas simplement le spectacle lorsqu’il monte sur scène pour présenter les dernières innovations. « Sa vision a été déterminante, explique Alan Priestley, analyste au sein du cabinet Gartner. Il veut résoudre des problèmes complexes et n’hésite pas à investir massivement pour y parvenir. »
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