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La libération sous caution du PDG du constructeur automobile a été refusée mardi par la justice nippone. Le dirigeant envisage de démissionner.

Les jours de M. Ghosn à la tête de Renault sont désormais comptés. En détention provisoire au Japon, l’actuel président-directeur général du constructeur français a vu, mardi 22 janvier, sa demande de libération sous caution rejetée une nouvelle fois par le tribunal de Tokyo, malgré sa promesse de demeurer dans l’archipel s’il était remis en liberté. Le patron déchu va donc devoir laisser la place à une nouvelle gouvernance. Bruno Le Maire, le ministre de l’économie et des finances, n’en a pas fait mystère la semaine dernière, tandis que Philippe Lagayette, l’administrateur référent de Renault, a confirmé la préparation d’une évolution de la direction du groupe.

Si l’arrivée de Jean-Dominique Senard, actuel président de Michelin, au poste de président non exécutif, voire de PDG, pour lui permettre d’accéder à la présidence de l’Alliance Renault-Nissan, est pour l’instant à l’agenda, quelques détails gênent encore la concrétisation de ce mouvement. Comment faire partir M. Ghosn ? Va-t-il démissionner de son poste, par l’intermédiaire d’une signature obtenue par ses avocats, ce qui est espéré du côté de l’Etat, ou va-t-il être démis par le conseil d’administration ? « Dans l’intérêt de Renault, Carlos Ghosn envisage de démissionner de son poste de PDG pour faciliter la transition », affirme une source proche de l’entourage du patron incarcéré.

Le 22 novembre 2018, le conseil d’administration de Nissan l’avait démis de ses fonctions de président du constructeur nippon après examen du dossier d’investigation interne de Nissan. Déjà en garde à vue, M. Ghosn n’avait pu se défendre. Chez Renault, la destitution est plus complexe, le dossier apporté par Nissan n’ayant pas encore convaincu tous les administrateurs.

« M. Ghosn n’est pas en position de réellement négocier »

Désormais, une délicate négociation est menée entre le conseil d’administration du constructeur, l’Etat, son actionnaire de référence avec 15,01 % du capital du groupe, et le dirigeant aujourd’hui « empêché ». Les conditions financières du départ de son PDG seront particulièrement scrutées, et seront rendues publiques lors de l’assemblée générale.

« Vu le rapport de force actuel, juge Charles Pinel, associé de Proxinvest, un cabinet de conseil aux actionnaires, M. Ghosn n’est pas en position de réellement négocier. S’il obtenait une somme importante pour son départ, ce serait un tollé dans l’opinion publique, vu ce qu’on lui reproche actuellement au Japon, notamment la dissimulation d’une partie de ses rémunérations. »


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Depuis le Forum économique mondial de Davos de 2009, la fortune de ses participants a explosé, en dépit des discours de bonne volonté, faisant le lit de la crise sociale, explique Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».

C’était il y a dix ans tout juste. Dans l’ambiance ouatée de la station alpine de Davos, au cœur de la Suisse, l’ambiance était morose. Le monde des affaires réuni en son forum annuel ne parlait que de la crise, survenue quatre mois plus tôt avec la faillite retentissante de la banque Lehman Brothers. Industriels et banquiers, au bord de la faillite, broyaient du noir en pensant à demain. Comme le rappelle opportunément l’agence Bloomberg, l’une des sessions s’intitulait : « Que peut faire l’industrie mondiale pour éviter un choc social ».

L’industrie mondiale n’a rien fait et le choc social est là. Ou plutôt, elle a soufflé sur les braises déjà brûlantes des inégalités. Selon Bloomberg, la fortune de la douzaine des plus riches participants américains au forum de 2009, qui dissertaient savamment sur les risques du monde, s’est accrue de 175 milliards de dollars (154 milliards d’euros), quand celle du salaire médian du travailleur américain a stagné. Et les colères sociales qui en sont résultées, sous la forme de l’élection de Trump aux Etats-Unis, du Brexit en Grande-Bretagne ou des « gilets jaunes » en France, n’ont manifestement pas atténué le phénomène. Ainsi, le salaire du premier banquier américain, Jamie Dimon, le patron de JP Morgan Chase, a dépassé les 30 millions de dollars en 2018, soit 5 % de plus que l’année précédente. Plus que la croissance du salaire de ses propres employés. Au total, la fortune de Dimon a été multipliée par six depuis ce fameux Davos de 2009.

Un sentiment d’abandon

Décidément, Carlos Ghosn aurait dû être banquier américain. Il aurait peut-être été moins tenté de jongler avec les filiales étrangères pour arrondir ses fins de mois. Il aurait pu tout aussi bien travailler chez Disney. Son PDG Bob Iger, réputé proche des démocrates, a reçu en 2018 un paquet financier de 65 millions de dollars dont la moitié en action. De quoi voir venir. Cette situation générale est le résultat de la croissance exceptionnelle de Wall Street ces dix dernières années et du redressement de l’économie américaine portée par une politique de taux très bas.

On a longtemps cru à Davos que le problème, ce n’était pas les riches, mais les pauvres. Et que si les milliardaires s’en occupaient, les malheurs du monde seraient résolus. Mais l’accroissement de l’écart entre la classe moyenne et la supérieure, la déqualification des emplois et le blocage de la mobilité sociale (et donc la reproduction endogène des élites) ont plongé une bonne part de la population des pays développés dans un sentiment d’abandon et de rancœur propice à toutes les aventures politiques. Les bons sentiments dispensés chaque année dans la petite station des Grisons sont restés lettre morte. Et aujourd’hui, les leaders politiques occupés à régler leurs crises internes ont déserté les Alpes laissant seuls ceux que le chanteur Bono du groupe U2 avait appelés les « fat cat in the snow ». Des gros chats dans la neige qui dissertent confortablement sur le bien de la planète mais ne font rien pour modifier des comportements dont nous n’avons pas fini de mesurer les conséquences politiques.


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L’incertitude politique, le ralentissement de la croissance et la montée des populismes devraient animer, jusqu’à vendredi, les débats du Forum économique mondial.

Tenter d’y voir plus clair, et pas seulement à cause du blizzard : tout un programme pour les quelque 3 000 participants aux 49es réunions annuelles du Forum économique mondial, qui se tiennent à Davos (Suisse) du mardi 22 au vendredi 25 janvier.

Une météo glaciale règne sur la station des Grisons vers laquelle convergent patrons de multinationales, chefs d’Etat et de gouvernement, ONG ou chercheurs. Mais c’est surtout le brouillard politique et économique planant sur un monde en pleine recomposition qui devrait animer les débats de la grand-messe des Alpes.

A l’orée de 2019, les tumultes ne manquent pas. Dans un Royaume-Uni incapable de boucler son divorce avec l’Union européenne (UE), le système politique est mis sens dessus dessous. Aux Etats-Unis, Donald Trump continue de semer la confusion, menaçant de guerre commerciale ses rivaux comme ses alliés, tandis que le gouvernement fédéral est paralysé depuis des semaines par un « shutdown », sur fond de crise provoquée par sa politique d’immigration et sa volonté de construire un « mur » à la frontière avec le Mexique. En France, le pouvoir est fragilisé par le mouvement de contestation des « gilets jaunes ».

Pas de Trump mais un « Trump tropical »

Ces désordres nationaux pèsent sur l’ambiance à Davos, qui a vu s’additionner les défections avant même que le rideau se lève. Donald Trump a préféré annuler sa visite dans les Alpes suisses, ainsi que la participation de toute la délégation américaine. Célébré comme l’une des vedettes de l’édition 2018, le président français, Emmanuel Macron, a aussi décliné l’invitation, tout comme la première ministre britannique, Theresa May.

Signe des temps ? C’est le tout nouveau chef d’Etat brésilien, Jair Bolsonaro, qui devait ouvrir, mardi, la série d’interventions publiques prévues tout au long de la semaine. L’ancien militaire, au discours populiste et climatosceptique, parfois surnommé le « Trump tropical », entendait faire l’article d’un « nouveau Brésil », « libre de toute attache idéologique ».


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Pour un même service rendu, le mode de paiement à puce électronique ne coûte pas la même somme à son propriétaire

Précieuse et chère : la carte bancaire est le principal poste de dépense pour de nombreux clients. Ils déboursent en moyenne 34,20 euros pour une carte à autorisation systématique, 43,90 euros pour une version classique à débit immédiat et 127,90 euros pour une carte haut de gamme à débit différé, d’après Meilleurebanque.com. A noter que les banques en ligne pratiquent la gratuité, mais celle-ci est conditionnée à un niveau de revenu et/ou d’utilisation de la carte.

Autrement dit, un client de BforBank, Fortuneo ou Boursorama peut bénéficier d’une carte Visa Premier ou Gold Mastercard gratuite, tandis que les clients du Crédit coopératif et du Crédit agricole centre-ouest déboursent 99 euros pour la même carte, et que ceux de la Banque Marze et de la Banque Dupuy de Parseval règlent 149 euros. Rien ne justifie pourtant ce grand écart des prix : ce sont les mêmes cartes !

« Dans les réseaux, le prix de la carte inclut d’une certaine façon l’accès à l’agence et à un conseiller », constate Marc Giordanengo, directeur au sein du cabinet de conseil Ailancy. Quel que soit le réseau qui a délivré la carte, les avantages et services inclus sont très proches, à quelques détails près. Ainsi, chaque établissement fixe les plafonds de retrait et de paiement propres à ses cartes, qui peuvent ensuite être personnalisés en fonction du client.

Les réseaux s’adaptent

Côté assurance et assistance, principalement pour les cartes haut de gamme (Visa Premier ou Gold Mastercard), les couvertures sont très homogènes d’une banque à l’autre. Il existe certes des différences mais elles ne sont pas suffisamment criantes pour justifier un tel écart de prix. « Les cartes bancaires des banques en ligne sont non seulement moins chères que celles des réseaux, mais elles proposent plus de fonctionnalités », estime Olivier Luquet, le directeur général d’ING Direct.

Ainsi, les clients des banques en ligne ont de plus en plus la main sur leur carte bancaire, qu’ils peuvent désormais piloter avec leur smartphone. Au programme : blocage ou déblocage de la carte ou de la fonction sans contact, modification des plafonds de retrait et de paiement, personnalisation du code, etc.

Un mode de paiement inventé en 1967 et qui se modernise en permanence

« Les banques en ligne et les néobanques ont été pionnières sur le pilotage de la carte par l’appli. Désormais, ces fonctionnalités se diffusent dans les réseaux », constate de son côté Benoît Grisoni, directeur général de Boursorama Banque, qui incorpore régulièrement de nouvelles fonctionnalités pilotables par l’appli. Ainsi, depuis cette année, les clients de Boursorama reçoivent systématiquement un SMS lorsqu’ils réalisent une première opération à l’étranger. Une façon de détecter plus rapidement une éventuelle fraude si le client n’est pas à l’origine du paiement.

Car si le rectangle de plastique n’a pas pris une ride depuis sa création en 1967, c’est parce qu’il se modernise en permanence. La fonctionnalité sans contact est désormais entrée dans les mœurs puisque 1,2 milliard de paiements sans contact ont été réalisés en 2017, d’après le groupement des cartes bancaires CB. Et la carte tient désormais dans votre téléphone et votre montre connectée : Apple Pay et Samsung Pay permettent de payer depuis un smartphone en bénéficiant des mêmes services et des mêmes garanties qu’avec la carte.


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