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Mark Zuckerberg le patron du réseau social veut passer l’année à débattre sur les effets du numérique sur la société. Une bonne idée si l’on en juge par l’influence politique de sa plate-forme, explique Philippe Escande, édotorialiste économique au « Monde ».
Le débat public a le vent en poupe en ce moment. Le gouvernement français tente laborieusement de mettre sur pied sa grande discussion nationale censée canaliser la colère des « gilets jaunes » et réconcilier les Français avec le pouvoir.
De l’autre côté de la planète, le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, en a fait, lui aussi, sa priorité pour 2019. Dans un billet posté sur son blog mardi 8 janvier, il s’est fixé une nouvelle résolution pour l’année qui commence. En 2011, il s’était juré de ne manger que de la viande d’animaux qu’il aurait tués lui-même. Plus récemment c’était d’apprendre le mandarin ou de visiter les Etats-Unis à la façon d’un président en campagne. Cette année ce sera le débat public. Durant un an, il organisera et mènera des rencontres avec des experts, des politiques et des citoyens pour mieux comprendre les effets de la technologie sur la société. « Je suis un ingénieur, j’ai pour habitude de réaliser mes idées en espérant qu’elles parlent d’elles-mêmes, mais au regard de l’importance de ce que nous faisons cela ne suffit plus », explique-t-il.
Voilà une réflexion de bon sens que le cancre de Harvard, qui avait créé son réseau social pour draguer les filles de la fac, aurait pu avoir plus tôt. Il a mis un certain temps à se rendre compte qu’avec 2 milliards de membres dans le monde, sa communauté avait une influence considérable sur la marche du monde. Pour ne citer que le dernier en date, le mouvement français des « gilets jaunes » n’aurait pas du tout pris la même ampleur sans la plate-forme Facebook.
Plus prosaïquement, Mark Zuckerberg s’inquiète pour la réputation de son entreprise, entachée en 2018 par des scandales à répétition. Siphonage des données privées de ses membres, influence de la Russie sur les élections américaines, campagne de dénigrement contre le milliardaire George Soros, 2018 a été riche en péripéties qui toutes pointent vers l’absence de régulations interne et externe pour contrôler les agissements du plus puissant réseau social du monde.
Le numérique a des effets notables sur la société, en s’affranchissant des intermédiaires de toutes sortes (médias, syndicats, politiques…) et en permettant à chacun d’exprimer sa voix et de trouver instantanément une écoute. En quelque sorte, Facebook est déjà un débat public à lui tout seul. Que Mark Zuckerberg ou Emmanuel Macron veuillent ouvrir le débat sur le débat tient donc de la mise en abyme.
Il est pourtant nécessaire, ne serait-ce que pour mettre en lumière le grand paradoxe de ces nouvelles agoras : en voulant donner la parole à chacun, elles appauvrissent la parole de tous. Le débat n’est pas public mais communautaire, refermé sur ses chapelles. Par rencontres affinitaires, comme on dit sur les sites de rencontre. Les voix discordantes ne se rencontrent plus, les compromis non plus. Instrument de liberté et de démocratie, le numérique est aussi une bombe à fragmentation pour nos sociétés et le lien social qui les cimente. Il est donc plus que judicieux d’en débattre, et pas seulement chez Facebook qui n’a aucune chance d’inventer sa propre régulation.
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Deux petites sociétés tricolores – Drust et Geoflex – ont reçu un prix de l’innovation dans la catégorie « véhicules intelligents » par le jury du Consumer Electronics Show.
En ce premier jour du Consumer Electronics Show (CES), mardi 8 janvier, un petit pavillon se dresse sur ses ergots au milieu des énormes stands disséminés sur la place centrale du centre de convention de Las Vegas. C’est la tente blanche de la French Tech, version automobile, ornée du coq rouge qui lui sert de logo, et qui essaie de se rendre visible entre ses voisins plus massifs et voyants, parmi lesquels se dresse le mégapavillon de Google.
Emanation de l’agence publique Business France, la French Tech automobile soutient les petits innovateurs français de la mobilité, leur facilitant l’accès à cette grand-messe mondiale de l’innovation technologique qu’est le CES. Quinze start-up sont ainsi mises en avant. Et cocorico, deux d’entre elles se sont vu décerner, par le jury 2019 du CES, un prix de l’innovation dans la catégorie « véhicules intelligents et technologies de conduite autonome », à côté de géants comme Bosch, Continental, BMW, Daimler ou NVidia, eux aussi primés.
Les deux start-up lauréates s’appellent Drust et Geoflex. La première – une société parisienne – a été récompensée pour son application d’aide à une conduite plus sûre baptisée Superdrive. Grâce à des algorithmes et des outils d’intelligence artificielle, Drust combine des données cartographiques (zones dangereuses et accidentogènes), de maintenance du véhicule et de type de conduite de l’utilisateur pour prévenir les accidents.
Quant à Geoflex, la petite entreprise de l’Essonne a développé des solutions de positionnement par satellite offrant une précision au centimètre, grâce à un accord d’exclusivité signé avec le Centre national d’études spatiales (CNES), lui permettant de proposer dans le monde entier la technologie de positionnement par satellite du CNES. Ce type d’outil, d’une grande fiabilité, est indispensable pour la conduite sans chauffeur qui nécessite de connaître avec une très haute précision la position du véhicule.
Parmi les autres start-up présentes sous la tente de la French Tech automobile se distingue Milla, une autre société francilienne, créée par d’anciens cadres de l’automobile. Milla y a dévoilé mardi une navette autonome électrique pour six personnes – décidément une spécialité française puisque existent déjà les minibus tricolores sans chauffeur Navya et EasyMile. « Notre navette est conçue pour opérer à 20-30 kilomètres à heure, ce que ne font pas, dans les faits, les navettes existantes », souligne Frédéric Mathis, l’un des fondateurs. La navette Milla devrait être testée pour la première fois avant la fin juin à Vélizy-Villacoublay, dans les Yvelines.
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Burn-out, état de stress post-traumatique... 10 000 troubles psychosociaux, et sans doute autant de non déclarés comme tels, ont été reconnus comme accidents du travail en 2016, selon l’Assurance-maladie.
Les consultations spécialisées dans la souffrance au travail sont débordées. La demande des salariés s’accroît et les délais pour obtenir un rendez-vous s’allongent. En 2018, l’Association de santé au travailinterservices (ASTI), par exemple, a reçu 1 600 personnes, contre 1 400 en 2017. « Nous faisons face à des situations de plus en plus compliquées, qui peuvent mettre la vie en jeu, avec toujours plus d’arrêts-maladielongs, des burn-out…, explique Christophe Maneaud, le directeur. Notre problème est de trouver des cliniciens formés. » Il faut un mois, en moyenne, pour obtenir un premier rendez-vous dans cette association qui fédère huit services de santé au travail d’Occitanie.
Le public qui consulte évolue. « Au début, se souvient le psychiatre et psychanalyste Christophe Dejours, la majorité des patients étaient des salariés aux conditions de travail les plus dures. Aujourd’hui, ils exercent de plus en plus des métiers de niveaux élevés : beaucoup de cadres, de médecins des hôpitaux, d’enseignants, jusqu’aux membres de cabinets ministériels. » A l’image de Nathalie (prénom modifié), directrice marketing dans le secteur du luxe, en arrêt-maladie depuis un an et demi, après deux burn-out. Pour avoir dénoncé le harcèlement moral de sa supérieure, « connu de tout le monde », elle est écartée des réunions de lancement d’un produit, et donc mise en situation de ne pouvoir exercer son métier…
Harcèlement moral ou sexuel, burn-out, brimades, placardisation… : comment réagir face à ces violences dans l’entreprise dont sont victimes, selon M. Dejours, des salariés « de plus en plus jeunes » ? Comment s’en protéger ? A qui en parler ? Ces questions sont au centre des soirées des Cafés santé et travail, des rencontres-débats réunissant, chaque mois, à Paris et en province, des spécialistes de la souffrance en entreprise(médecins, psychologues, avocats…) et le public.
Créées en septembre 2017, dans le cadre de l’association Thema, ces réunions sont organisées en partenariat avec le réseau de consultations spécialisées Souffrance et travail, fondé par Marie Pezé, psychanalyste et psychologue clinicienne. Après l’intervention, en décembre 2018, de la sociologue Danièle Linhart, sur le thème « Imaginer un salariat sans subordination », ce sera au tour de Marta Serafim, psychologue du travail, et d’Eric Hamraoui, maître de conférences en philosophie au Conservatoire national des arts et métiers, de répondre, mardi 22 janvier, à Paris, à la question « Entre courage et peur au travail, comment se situer et agir au quotidien ? »
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Les quarante plus grands groupes français ont versé 57,4 milliards d’euros à leurs actionnaires, dont 10,9 milliards sous forme de rachats d’actions.
L’année 2018 aura été faste pour les actionnaires des entreprises du CAC 40. Du côté des dividendes, du moins, puisque l’indice phare de la Bourse de Paris a, lui, chuté de 10,95 % (contre + 9 % en 2017). Les quarante plus grands groupes français leur ont versé 57,4 milliards d’euros, dont 10,9 milliards sous forme de rachats d’actions (0,8 % de leur capitalisation moyenne), au titre de l’exercice 2017, annonce La Lettre Vernimmen.net, sur la base d’une compilation des informations publiées par les sociétés.
En progression de 12,8 % par rapport à 2017, ce volume de dividendes des sociétés du CAC 40 est comparable aux 57 milliards enregistrés en 2007. « Ce n’est pas surprenant, compte tenu de leurs très bons résultats (à l’exception des banques) à ce point du cycle, note la lettre réalisée par Pascal Quiry et Yann Le Fur, professeurs à HEC. Il est probable que les chiffres que nous publierons [en 2020] seront encore meilleurs, compte tenu de la progression des résultats 2018 que l’on entrevoit » (48 milliards d’euros de profits au premier semestre).
L’étude souligne que la progression moyenne du dividende (4,7 %) est très sensiblement inférieure à la hausse des résultats nets courants part du groupe (+ 18 %). Le taux de distribution recule encore par rapport aux années précédentes (46 %), mais il atteint 59 %, si l’on y inclut les dividendes extraordinaires et les rachats d’actions.
Fait nouveau, toutes les entreprises ont versé un dividende en 2018, même si celui d’ArcelorMittal reste modeste et si trois d’entre elles (Engie, TechnipFMC et Carrefour) ont dû le réduire. A elles seules, Total (10,1 milliards), Sanofi (4,8 milliards) et BNP Paribas (3,8 milliards) pèsent 33 % des capitaux redistribués. En y ajoutant Axa, LVMH, L’Oréal et Schneider, on atteint 51 %.
Les auteurs répondent aux critiques de ceux qui estiment que ces entreprises feraient mieux de les réinvestir (ou d’augmenter les salaires). Ils jugent « plus sain de les reverser à leurs actionnaires, plutôt que de les gaspiller en surinvestissements ou en placements oisifs de trésorerie, et de priver ainsi de capitaux propres d’autres groupes qui en auraient besoin pour se développer », supposant que les actionnaires les réinvestiront ailleurs.
La lettre affirme, en outre, qu’« aucun groupe n’a dû réduire ses investissements pour verser un dividende » ni s’endetter au-delà du raisonnable pour le faire. Certains ont, comme Total ou Danone, préféré en verser une partie en actions, afin de garder des marges de manœuvre financières, notamment pour faire des acquisitions. Cette part reste réduite, puisque le paiement en actions ne représente que 3,8 milliards.
Les multinationales françaises traversent globalement une phase de grande prospérité, même si leurs résultats et leur valorisation n’atteignent pas les sommets des groupes états-uniens. Mais les quarante premières entreprises valent plus que les quarante plus puissantes sociétés allemandes, note M. Quiry dans un entretien aux Echos.
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