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De nombreuses marques n’ont pas conscience que leurs encarts publicitaires se retrouvent sur des sites relayant de fausses informations.
Les fausses informations ont le pouvoir de déstabiliser des élections, mais elles se révèlent être aussi, plus prosaïquement, un marché très lucratif pour les sites Internet qui les diffusent. Elles leur rapportent chaque année plus de 235 millions de dollars (212 millions d’euros) de revenus publicitaires, selon une étude de l’ONG Global Disinformation Index (GDI) réalisée pour la chaîne CNN, à partir de 20 000 sites soupçonnés de propager délibérément des informations erronées. Un chiffre qui ne reflète que « la partie émergée de l’iceberg », a précisé sur CNN le numéro deux du GDI, Danny Rogers, dimanche 18 août.
Bien souvent, les marques se retrouvent à financer à leur insu ce type de sites, la destination de leurs publicités étant en partie pilotée par des algorithmes. Selon les observateurs, ces situations pourraient être évitées si les plates-formes publicitaires auxquelles les marques font appel retiraient les sites de désinformation de leur catalogue. Dimanche, M. Rogers les a ainsi appelées à « plus de transparence » pour permettre aux annonceurs de connaître les éditeurs étant amenés à afficher leurs réclames. Le laxisme des marques est toutefois aussi parfois montré du doigt, certaines ne se préoccupant pas particulièrement de savoir si leurs bannières commerciales se retrouvent au milieu d’articles fallacieux.
Depuis sa création, plus de 4 000 entreprises ont retiré leurs encarts publicitaires du site conspirationniste d’extrême droite Breitbart News
Plusieurs organisations se chargent de les alerter. L’une des plus actives d’entre elles, Sleeping Giants, interpelle les entreprises publiquement sur Twitter. Le collectif est né aux Etats-Unis en 2016, au lendemain de l’élection de Donald Trump à la présidence, après une campagne marquée par la diffusion massive de fausses informations sur les réseaux sociaux. Depuis sa création, plus de 4 000 entreprises ont retiré leurs encarts publicitaires du site conspirationniste d’extrême droite Breitbart News, anciennement dirigé par l’ex-conseiller du président américain Steve Bannon.
Sleeping Giants dispose d’une antenne en France, où d’autres acteurs s’attachent aussi à assécher le financement des sites de désinformation, à l’image de Ripost ou Stop Hate Money, spécialisés dans la lutte contre les contenus haineux. Les éditeurs visés, comme Boulevard Voltaire, cofondé par Robert Ménard, le maire de Béziers proche du Rassemblement national, y voient une opération avant tout politique. Le site, condamné en 2014 pour incitation « à la discrimination et à la haine contre l’ensemble des musulmans », a porté plainte fin mai contre Sleeping Giants pour discrimination liée aux « opinions politiques » ayant entravé une activité économique.
L’enjeu est de taille pour l’image des entreprises qui, en plus de la désinformation et de la haine en ligne, courent le risque de voir leurs publicités associées à des contenus violents ou pédopornographiques. En février, plusieurs grands annonceurs comme Nestlé, McDonald’s, Disney ou encore AT&T ont suspendu leurs campagnes publicitaires sur YouTube après avoir découvert que leurs réclames apparaissaient au début de vidéos anodines de petites filles largement commentées par des pédophiles.
Les différents acteurs du marché publicitaire veulent aujourd’hui se montrer proactifs sur ce sujet. En juin, à l’occasion de la grand-messe annuelle du secteur, le festival Cannes Lions, seize annonceurs mondiaux (Danone, Unilever, Bayer, LVMH, Mondelez…) se sont associés pour former une alliance avec les géants Facebook, Google et Twitter et les grandes agences de publicité (GroupM, Publicis). Si ses prérogatives restent encore floues, cette coalition doit permettre à ces maillons de la chaîne de mieux collaborer, et en particulier aux marques de pousser les grands réseaux sociaux à une meilleure régulation des contenus haineux et de désinformation.
Source : Les sites de désinformation touchent chaque année 235 millions de dollars grâce à la publicité
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Le « Sunday Times » a publié des documents gouvernementaux confidentiels prédisant des heures sombres dans l’hypothèse d’une sortie sans accord de l’Union européenne le 31 octobre.
L’hebdomadaire britannique Sunday Times a réalisé un beau scoop, dimanche 18 août, en publiant des documents gouvernementaux confidentiels qui précisent les conséquences d’un « no deal » (absence d’accord) pour le Royaume-Uni, au lendemain du Brexit, prévu le 31 octobre. L’opération « Yellowhammer » – le nom de code desdits documents – faisait encore les gros titres de la presse nationale, lundi, tant ses conclusions sur l’état à venir du pays à partir du 1er novembre sont alarmantes.
Les Britanniques doivent s’attendre à des pénuries de légumes et de fruits frais, d’autant qu’à cette période de l’année, la production intérieure s’épuise et que les détaillants ont surtout recours aux importations. Dans la mesure où le Royaume-Uni deviendra un « pays tiers », et où il devra probablement réintroduire des taxes sur les produits européens importés sur son territoire, les consommateurs doivent aussi compter avec des hausses de prix importantes. Cette inflation « pénalisera en premier lieu les classes vulnérables », à faibles revenus, prévient le document gouvernemental.
Autre incidence inquiétante d’un tel scénario : le manque de produits chimiques pour le retraitement des eaux, qui pourrait affecter des « centaines de milliers » de personnes, précise le rapport. Celui-ci évoque en outre le risque de ruptures d’approvisionnement dans les pharmacies et les hôpitaux, alors que les « trois quarts » des médicaments utilisés dans le pays transitent par le tunnel sous la Manche, où les embouteillages s’annoncent considérables.
Ces engorgements pourraient durer au moins trois mois, avant que le trafic des camions s’améliore (un peu) : il ne reprendrait au mieux début 2020 qu’à 50 % à 70 % de son niveau actuel. En effet, 85 % des chauffeurs britanniques ne seraient pas prêts pour les contrôles douaniers que la France mettra en place dès le 1er novembre. Les retards à prévoir à l’embarquement sur un ferry ou au passage du Channel pourraient atteindre deux jours et demi pour un semi-remorque britannique…
Une pénurie de carburant est également à prévoir, notamment à Londres et dans le sud de l’Angleterre, à savoir les territoires le plus densément peuplés du pays. Des échauffourées entre pêcheurs britanniques et européens (notamment français) ne sont pas à exclure, sachant qu’à compter du 1er novembre, plus de 280 bateaux européens pêcheront illégalement dans les eaux britanniques.
Enfin, les responsables britanniques s’attendent au retour « inévitable, sous quelques semaines », d’une frontière dure en Irlande, rendue nécessaire pour éviter la contrebande entre un territoire de l’Union européenne (UE) – la République d’Irlande – et l’Irlande du Nord, rattachée au Royaume-Uni. Avec son corollaire : la réapparition possible des troubles en Irlande, l’absence d’une frontière sur l’île étant l’une des composantes essentielles de l’accord de paix nord-irlandais de 1998.
Depuis son entrée en fonction, le 24 juillet, le premier ministre britannique semble tout miser sur le fait que les Européens, redoutant un « no deal », finiront par céder et accorder à son pays un meilleur accord
Selon une source gouvernementale citée par le Sunday Times, ces cas de figure sont «réalistes ».« C’est la situation la plus probable à laquelle les Britanniques seront confrontés en cas de “no deal”. » Ces révélations tombent au mauvais moment pour Boris Johnson, avant deux rencontres capitales – avec la chancelière allemande Angela Merkel, mercredi, puis le président français Emmanuel Macron, le lendemain – et sa participation au G7 de Biarritz, le week-end prochain.
Depuis son entrée en fonction, le 24 juillet, le premier ministre britannique semble tout miser sur le fait que les Européens, redoutant un « no deal », finiront par céder et accorder à son pays un meilleur accord. Or, les révélations du Sunday Times montrent à quel point cette tactique est risquée, en soulignant la très grande vulnérabilité du Royaume-Uni, qui dépend à presque 50 % des importations européennes, et son état d’impréparation. En effet, les secteurs public et privé avaient pris des dispositions pour une sortie de l’UE le 31 mars, mais, après deux reports successifs de la date du divorce, ils ont été atteints par une « EU Exit fatigue »…
La contre-offensive du 10 Downing Street n’a pas tardé. Dès dimanche, l’entourage de M. Johnson a accusé « d’anciens ministres remainers[ceux qui voulaient rester dans l’UE] », d’avoir organisé les fuites pour « affaiblir la position de négociation » du pays face à Bruxelles. Premier visé : le conservateur Philip Hammond, ex-chancelier de l’échiquier, devenu ces dernières semaines l’un des fers de lance de la fronde « anti-no deal ». « Il ne s’agit absolument pas de lui », a réagi l’entourage de M. Hammond, lundi. « La sortie de l’UE sans accord ne se fera pas sans quelques soubresauts en chemin, a concédé Boris Johnson lui-même lundi matin, lors d’une visite en Cornouailles. Mais je n’ai absolument aucun doute sur le fait que nous puissions être prêts. »
Le ministre Michael Gove, chargé de planifier la sortie de l’UE sans accord, a affirmé, de son côté, que les documents étaient « anciens » et dataient du temps où le précédent gouvernement faisait de l’obstruction à tous les préparatifs nécessaires en cas de « no deal ». Depuis sa prise de poste, fin juillet, 2 milliards de livres sterling (2,2 milliards d’euros)ont été dégagés pour un divorce sans accord, a souligné M. Gove.
Cependant, le Times enfonçait le clou lundi matin, en notant que les conclusions de l’opération « Yellowhammer » dataient du mois d’août. L’information était la même du côté du site Politico : les documents ont commencé à circuler dès les premiers jours de M. Johnson à Downing Street…
En cas de Brexit sans accord le 31 octobre, le gouvernement britannique a annoncé lundi 19 août vouloir mettre « immédiatement » fin à la libre circulation des citoyens européens. Cette position constitue un durcissement de la part de Londres.
L’ancienne première ministre Theresa May, à qui Boris Johnson a succédé le 24 juillet, prévoyait en effet une « période de transition » même en cas d’absence d’accord de divorce avec l’Union européenne (UE), permettant aux citoyens européens de se rendre au Royaume-Uni, d’y travailler ou d’y étudier sans démarches particulières. La liberté de circulation des personnes permet aux citoyens européens de voyager et séjourner librement au sein des pays de l’UE. Elle est l’une des quatre libertés fondamentales du marché unique, avec la libre circulation des capitaux, des biens et des services.
Une porte-parole du 10 Downing Street a précisé lundi les intentions de M. Johnson. « Par exemple, nous introduirons immédiatement des règles plus strictes en matière de criminalité pour les personnes entrant au Royaume-Uni », a-t-elle fait savoir, précisant que les autres changements immédiats en vue de la mise en place d’un nouveau système d’immigration étaient « en cours d’élaboration ». Elle a rappelé que Boris Johnson souhaitait introduire un système à points, sur le modèle de l’Australie.
Source : Opération « Yellowhammer » : les conséquences alarmantes sur le Royaume-Uni en cas de « no deal »
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Le chercheur Christophe Degryse rappelle, dans une tribune au « Monde », que les youtubeurs de Google, les caristes d’Amazon, les modérateurs de Facebook, les chauffeurs d’Uber, ont eux aussi inventé des formes inédites de conflit social pour faire entendre leurs revendications
Tribune. La grève perlée des coursiers Deliveroo dans plusieurs grandes villes françaises vient s’ajouter à la liste chaque jour plus longue des mobilisations sociales menées dans les entreprises stars de l’économie numérique. La courte histoire de Deliveroo et d’Uber est déjà émaillée de multiples campagnes, d’actions collectives et de grèves un peu partout dans le monde. Ce sont tour à tour les conditions de travail, le statut du travailleur, les rémunérations, le non-accès aux droits sociaux qui y sont dénoncés.
Au-delà de Deliveroo et d’Uber, les youtubeurs de Google tentent aussi de s’organiser. La campagne FairTube actuellement en cours vise à obtenir plus de justice et de transparence pour les créateurs de vidéos. Les modes de rémunération de ces youtubeurs sont en effet opaques et les décisions que Google s’autorise à prendre, notamment en matière de démonétisation de vidéos dans certains pays sans explications claires (autres que : « Contenu non adapté aux annonceurs »), affectent directement les revenus des créateurs.
Chez Amazon, ce sont les travailleurs des grands entrepôts qui dénoncent de plus en plus ouvertement leurs conditions de travail et tentent de s’organiser, y compris aux Etats-Unis. Les algorithmes de la firme licencient automatiquement les travailleurs insuffisamment productifs (« Amazon’s system can automatically fire its warehouse workers », « The Download », MIT Technology Review, 26 avril 2019). Amazon se défend en payant certains de ses employés pour qu’ils tweetent sur leurs si enviables conditions de travail, dans l’espoir de freiner une poussée de syndicalisation.
Et l’on peut multiplier les exemples, à l’image des microtravailleurs de plates-formes, souvent très mal rémunérés pour nettoyer, classer et étiqueter des données utilisées par l’intelligence artificielle, ou pour venir en aide aux assistants virtuels de Google Duplex qui ont encore un grand besoin de petites mains. Que dire encore de ces armées de modérateurs de contenu de Facebook qui visionnent jour après jour, pour les bloquer, des contenus si violents qu’ils en subissent des syndromes de stress post-traumatiques ?
Ces plates-formes trouvent dans la technologie et dans les failles du droit social national matière à pratiquer une forme d’« évasion sociale »
Lire la suite : « La grève chez Deliveroo vient s’ajouter à la longue liste des mobilisations sociales dans l’économie numérique »
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Grâce à ses départements d’outre-mer et à ses collectivités territoriales éparpillés dans les océans, l’Hexagone possède la deuxième zone économique exclusive (ZEE), derrière les Etats-Unis.
Source : La France, deuxième empire maritime mondial