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Les économistes Jean-Marie Harribey et Pierre Khalfa critiquent, dans une tribune au « Monde », les arguments du texte de Pierre Jouventin et Serge Latouche « L’homme peut-il se reconvertir de prédateur en jardinier » ?
Tribune. Dans un point de vue paru dans Le Monde, l’éthologue Pierre Jouventin et l’économiste Serge Latouche reviennent sur la crise écologique et ses conséquences dans les rapports entre les êtres humains et la nature (« L’homme peut-il se reconvertir de prédateur en jardinier ? », Le Monde du 30 juillet 2019).
Nous partageons avec eux le constat de l’urgence de la situation illustrée entre autres par le fait que le « jour du dépassement », c’est-à-dire le jour où toutes les ressources renouvelables de la planète pour 2019 ont été épuisées, arrive chaque année de plus en plus tôt. Et il est inutile ici d’énumérer toutes les manifestations de la crise écologique. Nous partageons aussi avec eux le refus d’une « triple illimitation », que soit celle de la production, de la consommation ou de la production des déchets.
Ces constats communs n’empêchent pas cependant que des débats existent quant à l’analyse des processus qui ont conduit à cette situation et à la perspective politique qui s’en dégage.
Pierre Jouventin et Serge Latouche commencent par en rendre responsable la philosophie des Lumières au XVIIIe siècle et en font même remonter la cause à Descartes. Analyse, disons-le, à la fois caricaturale et un tantinet anachronique. Ainsi, dans sa lutte contre la philosophie scolastique, Descartes n’a pas dit que « l’homme s’institue “maître et possesseur de la nature” », mais qu’il fallait« nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature ». Et ajoutait-il immédiatement : « Ce qui n’est pas seulement à désirer pour l’invention d’une infinité d’artifices, qui ferait qu’on jouirait sans aucune peine des fruits de la Terre et de toutes les commodités qui s’y trouvent, mais principalement aussi pour la conservation de la santé, laquelle est sans doute le premier bien et le fondement de tous les autres biens de cette vie. » Tout autre chose donc que d’en faire le père d’un rapport prédateur à la nature.
Passons sur le fait de réduire la philosophie des Lumières à une conception mécanique du monde, conception qui à l’époque a été un instrument efficace contre une vision métaphysique du monde portée par l’Eglise. Et comment demander à des philosophes dont l’objectif était de secouer la chape de plomb de l’absolutisme et de l’Eglise de prendre en compte les conséquences du développement du capitalisme industriel encore à naître et qui ne se manifesteront que plus d’un siècle plus tard ?
Lire la suite : « L’équilibre avec la nature n’a jamais existé, on ne voit donc pas comment il pourrait être rétabli »
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Pour la première fois depuis neuf mois, en juin, les ventes d’habillement ont progressé en France. Mais les distributeurs de mode ne croient plus en une reprise
Le soleil est revenu sur le marché de l’habillement. En dépit du plafonnement de la croissance à 0,2 % au deuxième trimestre dû à un ralentissement de la consommation en France, selon l’Insee, le bilan des ventes d’habillement de la saison printemps-été est jugé satisfaisant. Les achats de vêtements ont augmenté de 1,2 % en juin par rapport au même mois de 2018. « C’est la première progression des ventes depuis octobre 2018 », souligne Gildas Minvielle, directeur de l’Observatoire économique de l’Institut français de la mode (IFM).
Fin juin, l’ouverture des soldes d’été a bénéficié de la canicule. « Les records de température ont favorisé l’achat de vêtements d’été », reconnaît Sébastien Allo, directeur des études au sein du Centre national des centres commerciaux (CNCC). Dans ces centres, où l’on se réfugiait aussi du fait de l’air climatisé, la fréquentation aurait crû de 2 % par rapport à juin 2018. Les Français ont aussi beaucoup commandé en ligne (+ 9,3 % en un mois). Le commerce spécialisé a vu son activité progresser de 0,5 % au premier semestre par rapport à 2018, selon le Procos, fédération de commerçants.
Les soldes d’été 2019, qui, dans la plupart des villes de France, se sont achevés mardi 6 août, seraient un bon cru. En ligne, les ventes ont progressé de 10 % sur les trois premières semaines de la période, d’après la Fédération des entreprises de vente à distance.
Mais cette embellie ne redonne guère d’entrain aux distributeurs de mode, le marché français étant en crise depuis 2008. Les ventes d’habillement ont reculé de 15 % en valeur entre 2007 et 2018, dans l’Hexagone, d’après l’IFM. Le marché des chaussures a chuté de 7 % sur cette période.
Au pays de la mode, les temps ont changé. Pour un Français sur quatre, « le prix est le premier critère d’achat d’un vêtement », dévoilait, mi-juillet, une étude de Kantar. Les consommateurs « sont plus exigeants », note Marianne Perrin, consultante au sein du panel mode de l’entreprise, en chiffrant à « minimum ? 50 % » la démarque qu’ils exigent lors des promotions.
Cette chasse permanente aux bonnes affaires fait la fortune de certaines enseignes. Au premier semestre, les chaînes comme Kiabi ont, ainsi, encore gagné des parts de marché, d’après l’IFM. « Leurs ventes ont progressé de 1,3 % en moyenne au mois de juin », précise M. Minvielle. Et les enseignes de hard-discount fleurissent sur le territoire français. Parmi elles, Zeeman – 1 300 magasins dans sept pays – effraie la concurrence. Cet été, elle vend un short à 1,99 euro et des lots de boxers à 2,99 euros. Le tout dans 280 magasins en France, dont 12 inaugurés en 2019.
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Après la publication d’articles expliquant que des humains écoutaient une partie des requêtes effectuées par les utilisateurs d’assistants vocaux, Apple, Amazon et Google revoient leur système.
C’est une pratique généralisée dans les grandes entreprises proposant des assistants vocaux : une partie des enregistrements est envoyée à des humains, afin qu’ils vérifient le bon fonctionnement du logiciel en vue de l’améliorer.
Mais les utilisateurs des technologies d’Apple (Siri), d’Amazon (Alexa) ou encore Google (Assistant) étaient rarement au courant de l’existence de telles écoutes, généralement signalées dans les conditions d’utilisation de ces services, de façon plus ou moins claire.
C’est pourquoi la publication de plusieurs articles de presse à ce sujet ces derniers mois a fait grand bruit. Le dernier en date, paru le 26 juillet dans le Guardian, soulignait que des enregistrements effectués par erreur étaient parfois transmis à ces sous-traitants, et pouvaient contenir des informations particulièrement privées – scènes de sexe, détails personnels dans une conversation… Et bien que les enregistrements soient anonymisés avant d’être transmis, certains contenaient des informations permettant d’identifier la personne.
Peu après la publication de cet article, Apple a annoncé vendredi 2 août la suspension temporaire de ce système, afin de le réexaminer. Et expliqué que ses clients auraient bientôt le choix d’y participer ou non.
Dans la foulée, Amazon lui a emboîté le pas, assurant que les utilisateurs d’Alexa pourraient désormais refuser que leurs enregistrements soient transmis à ces sous-traitants. L’entreprise n’a toutefois pas mis de coup d’arrêt au programme.
Google, de son côté, a suspendu temporairement son propre programme au début d’août, en Europe, après l’ouverture d’une enquête à ce sujet par le gendarme allemand des données personnelles.
Lire la suite : Les assistants vocaux d’Apple, Amazon et Google vont (un peu) moins vous écouter
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La baisse du nombre de touristes étrangers, notamment britanniques, a été compensée par les clients locaux, plus nombreux et dépensiers.
Les pieds dans l’eau (fraîche) ou la tête dans les nuages : les « juillettistes » ont usé de circonspection pour choisir leur région de villégiature. Du coup, certains professionnels du tourisme sont ravis, d’autres moins.
« Le mois de juillet n’a pas été exceptionnel mais la hausse des nuitées atteint 3 % par rapport à juillet 2018, qui avait été médiocre. Les partants ont cherché la fraîcheur sur la Manche, la façade Atlantique, en montagne ou dans les zones de lac. En revanche, des destinations phares comme l’Ardèche, la Dordogne, la Corse ou la Côte d’Azur ont souffert », souligne Didier Arino, directeur général du cabinet de conseil Protourisme.
Selon ses estimations au 1er août, la Méditerranée subit ainsi une baisse de 2 % à 8 % des nuitées suivant les territoires, alors que la façade Atlantique et la montagne bénéficient d’une hausse de 3 % à 6 %. « La canicule a eu un impact négatif pour les campings situés dans la moitié sud de la France », confirme Nicolas Dayot, président de la Fédération nationale de l’hôtellerie de plein air, dans un communiqué diffusé le 31 juillet.
Cela n’empêche pas certains opérateurs nationaux d’avoir le sourire. « Nous avons enregistré une belle progression de notre activité en juillet par rapport à 2018, aussi bien pour les emplacements nus que pour les locations de mobile-homes et chalets. Avec la canicule, toute la côte ouest a connu un vif succès, la Bretagne en tête », avance Linda Aubert, directrice marketing et commerce de Flower Campings, premier réseau français avec 131 campings : « En août, les réservations laissent présager une fréquentation également en hausse par rapport au même mois de l’année dernière. »
Le 12 juillet, Atout France avait pronostiqué pour la saison estivale, qui court d’avril à septembre, « un niveau de fréquentation relativement équivalent à celui de l’an passé ». « Pour le mois de juillet 2019, un tiers des destinations interrogées prévoient une augmentation de fréquentation, et 60 % une stabilité », indiquait l’organisme chargé de la promotion de la destination France, « concernant le mois d’août, 80 % des destinations estiment que la fréquentation devrait être équivalente à celle d’août 2018 ».
Un soulagement après un début d’année décevant. Entre décembre 2018 et mars 2019, la fréquentation des hébergements collectifs touristiques, mesurée en nombre de nuitées, a baissé de 2,1 % en France métropolitaine par rapport à l’hiver précédent, selon l’Insee. Un recul tiré par la méfiance des clientèles étrangères (– 3,9 %). « La mobilisation des “gilets jaunes” a pénalisé l’activité hôtelière sur les deux derniers mois de 2018 et les quatre premiers de 2019 », explique Philippe Gauguier, associé du cabinet de conseil In Extenso tourisme culture et hôtellerie, « mais rien de catastrophique. Ce mauvais démarrage peut tout à fait être rattrapé d’ici la fin de l’année ».
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