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Les tarifs réglementés de l’électricité vont croître de 1,23 % en août, deux mois seulement après une hausse de 5,9 %.

Le 1er août va être l’occasion d’un nouveau genre de chassé-croisé estival : les tarifs de l’électricité vont connaître une nouvelle augmentation, de 1,23 %, alors que ceux du gaz vont baisser de 0,5 %.

Ce léger coup de pouce du tarif « Bleu » d’EDF, auquel sont toujours abonnés près de 80 % des foyers, s’ajoute à la forte progression de 5,9 % intervenue en juin. Une partie est justifiée par les coûts des réseaux, qui sont revus annuellement, et servent à financer le Réseau de transport d’électricité (RTE) et le distributeur d’électricité Enedis (ex-ERDF). 

L’autre composante de cette hausse concerne les certificats d’économie d’énergie – qui financent notamment des travaux d’isolation, des changements de chaudières au fioul ou des lampes moins énergivores – et la progression des coûts commerciaux d’EDF.

Ce deuxième réajustement en trois mois ne manquera pas de faire réagir : en juin, l’UFC-Que choisir et l’association Consommation Logement et Cadre de vie (CLCV) avaient saisi le Conseil d’Etat, estimant que cette hausse « permettrait à EDF d’augmenter indûment ses marges de 87 % ». Mais cet argumentaire a été rejeté mi-juillet par la juridiction suprême de l’ordre administratif.

Cette polémique avait mis en lumière les contradictions du mode de calcul de ces tarifs, qui concernent en premier lieu les clients d’EDF, mais également les offres de la plupart de ses concurrents, qui indexent leurs offres sur ce tarif. A travers un dispositif complexe de répartition de la production nucléaire, la loi impose une augmentation des tarifs pour favoriser la concurrence. « Des fortunes privées ont été construites, et monétisées, sur le dos du parc nucléaire d’EDF », s’indignait en mai dans Le Figaro, le patron d’EDF, Jean-Bernard Lévy, en guerre ouverte contre ce mécanisme, appelé Arenh (accès régulé à l’électricité nucléaire historique).

Inquiétudes climatiques de plus en plus présentes

La loi énergie-climat, examinée en juin et juillet à l’Assemblée et au Sénat, n’a pas vraiment réglé le problème, se contentant d’amender ce dispositif à la marge, et renvoyant à plus tard une réforme de l’Arenh – et, par ricochet, du mode de calcul des tarifs de l’électricité.

A l’inverse, les tarifs du gaz vont connaître une baisse de 0,5 % au 1er août. Cette réduction fait suite à une première chute de 6,8 % intervenue au 1er juillet. Ce mouvement reflète le nouveau mode de calcul défini par le gouvernement et une diminution importante des prix du gaz sur le marché. En réalité, ces mouvements auraient pu être plus importants, mais pour éviter une possible remontée à l’automne, le gouvernement a préféré étendre la baisse sur plusieurs mois.

Les tarifs réglementés du gaz concernent environ 4,5 millions de foyers abonnés à l’offre historique d’Engie (ex-GDF Suez), soit 39 % du marché

Après une période de croissance à l’hiver 2018, les tarifs sont repartis dans l’autre sens, se situant à -15 % par rapport au niveau de janvier 2015. Dans le détail, la baisse au 1er août sera de 0,1 % pour les clients qui utilisent le gaz pour la cuisson, de 0,3 % pour ceux qui ont un double usage, cuisson et eau chaude, et de 0,6 % pour les foyers qui se chauffent au gaz.

Ces tarifs réglementés du gaz concernent environ 4,5 millions de foyers abonnés à l’offre historique d’Engie (ex-GDF Suez), soit 39 % du marché. Mais de nombreuses offres rivales sont également indexées sur ces tarifs, qui doivent disparaître au 1er juillet 2023, conformément à la volonté du gouvernement. Les abonnés qui n’auront pas changé d’abonnement à cette date seront automatiquement transférés chez les offres de marchés d’Engie.

A l’heure où les inquiétudes climatiques se font de plus en plus présentes, le bilan des deux énergies est pourtant bien différent dans leur contribution au changement climatique : en France, l’électricité émet très peu de dioxyde de carbone (CO2), puisqu’elle est essentiellement produite à partir de centrales nucléaires et de barrages hydroélectriques. Le gaz, à l’inverse, est une énergie fossile et, à ce titre, une forte émettrice de gaz à effet de serre.


Source : Les prix de l’électricité augmentent encore, ceux du gaz baissent légèrement


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Dans une tribune au « Monde », l’éthologue Pierre Jouventin et l’économiste Serge Latouche interrogent la capacité de l’homme à préserver l’équilibre entre les ressources naturelles et ses activités.

Tribune. A la question de la compatibilité entre l’économie capitaliste et la préservation de la nature, ou autrement dit, entre le culte de la croissance et l’écologie, la réponse devrait apparaître évidente à toute personne sensée : une croissance infinie est incompatible avec une planète finie. Cependant, cette évidence que des gamines de 14 ans nous rappellent judicieusement semble inconcevable aux responsables politiques et économiques. Elle fait l’objet d’un déni de leur part à tous, y compris, voire surtout, des ministres de l’environnement, qui se gargarisent de l’affirmation de la compatibilité de l’économie et de l’écologie.

« Pendant trois-cent-mille ans, “Homo sapiens” a vécu en équilibre avec son milieu »

L’homme ne peut survivre qu’en symbiose avec l’écosystème terrestre, qui lui fournit les substances dont il se nourrit, qu’il utilise ou qu’il rejette. N’importe quel animalcule [animal microscopique] dépourvu de cerveau met en œuvre une stratégie adaptative de survie à long terme – sinon, il n’existerait plus depuis longtemps. Pendant trois-cent-mille ans, Homo sapiens a lui aussi vécu en équilibre avec son milieu, se déplaçant quand les végétaux et animaux autour de son campement se faisaient rares, laissant les ressources naturelles se renouveler.

Vers 1850, la « révolution industrielle » a propulsé l’économie de croissance, mais aussi accru notre impact sur la planète. Pendant la durée de vie des auteurs du présent article, la population mondiale a triplé, toute la planète a été colonisée et l’agriculture intensive a épuisé 40 % des sols, les pesticides appauvrissant la biodiversité et les écosystèmes. Les prédictions pessimistes du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sont même dépassées, et nous rédigeons ce texte pendant une canicule record prématurée, en dépit des climatosceptiques.

Un phantasme de recréation

La modernité a mis en œuvre un projet prométhéen d’artificialisation du monde dont nous commençons enfin à percevoir le danger pour notre espèce, alors qu’aucune autre planète habitable n’a jamais été découverte. Ce phantasme de recréation propre à la modernité occidentale est le résultat d’une double rupture à la fois pratique et conceptuelle : l’artificialisation du monde liée à l’émergence de l’imaginaire technoscientifique d’une part, et la marchandisation du monde liée à l’émergence de l’imaginaire économique d’autre part. La menace, chaque jour plus prégnante, d’un effondrement de la civilisation, sinon d’une disparition de l’espèce, suffira-t-elle à nous faire faire demi-tour et à nous reconvertir de prédateurs en jardiniers ? ?


Lire la suite : « L’homme peut-il se reconvertir de prédateur en jardinier ? »


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Syndicalistes ou inspecteurs du travail, ceux qui ont stoppé la « machine infernale » à France Télécom sont affaiblis par les réformes du code du travail, plaide, dans une tribune au « Monde », Sophie Taillé-Polian, sénatrice (Génération.s) du Val-de-Marne.

Tribune. Le procès des anciens dirigeants de France Télécom qui s’est achevé le 11 juillet [le jugement doit être rendu le 20 décembre] a mis en lumière les conséquences dramatiques d’une politique d’entreprise tournée uniquement vers le profit des actionnaires. Le premier constat que l’on peut en tirer est celui de l’inadéquation des outils de détection à la réalité des risques professionnels. Le second est que ceux qui ont permis à la machine infernale enclenchée par la direction de France Télécom de s’arrêter ont été, depuis, considérablement affaiblis par les réformes du code du travail des trois dernières années.

Pas moins de 19 suicides ont été comptabilisés et 39 personnes ont été reconnues comme victimes au total. Les dommages sont évidemment bien plus étendus. On ne saura pourtant jamais avec précision combien a coûté en souffrances et en vies humaines le plan « Next » qui, au début des années 2000, visait à faire partir en moins de trois ans 22 000 salariés sur 120 000. En effet, les règles actuelles permettent d’occulter une très grande part des atteintes à la santé qui sont le fait du travail, plus particulièrement les troubles psychosociaux. Par exemple, la reconnaissance d’une dépression à caractère professionnel est aujourd’hui un véritable parcours du combattant.

Responsabiliser davantage les employeurs

Alors, combien de pathologies déclenchées ou aggravées par l’exposition au stress chronique ? Il est urgent de rendre effective la possibilité de faire reconnaître ces atteintes à la santé relevant du travail, afin de permettre la prise en charge et la réparation pour les victimes et, surtout, afin de responsabiliser davantage les employeurs. Le procès France Télécom nous a permis de penser ces vies brisées et d’en parler. Mais il nous faut aussi également parler des vies « sauvées ». Sauvées par qui ?

Sauvées par des agents d’abord, qui ont soutenu leurs collègues, solidaires malgré l’effrayant dispositif mis en œuvre pour diviser les collectifs de travail. L’appui des collègues est une protection qui a permis à de nombreux agents de tenir ou de ne pas sombrer.

Sauvées par certains manageurs, ensuite, qui ont résisté autant qu’ils le pouvaient aux injonctions de leur hiérarchie pour faire partir « par la porte ou par la fenêtre » les salariés, malgré la peur, malgré les primes offertes à qui obtiendrait le plus de départs… Ceux-là nous rappellent qu’il ne faut jamais céder à la « banalité du mal ».


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Le PIB a plafonné à 0,2 % au deuxième trimestre. Les ménages, bien que plus optimistes, consomment peu.

Est-ce les beaux jours, la trêve estivale du mouvement des « gilets jaunes », la baisse du chômage ou un effet des mesures en faveur du pouvoir d’achat ? En juillet, pour le septième mois consécutif, la confiance des ménages s’est améliorée. L’indicateur, tel que le mesure l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), avait sombré en 2018. Malgré une croissance au deuxième trimestre qui plafonne à 0,2 %, il dépasse aujourd’hui sa moyenne de longue période (102 au lieu de 100).

Que dit cet agrégat statistique (qui n’est qu’un agrégat statistique) ? Que les quelque 2 000 Français interrogés chaque mois par les comptables nationaux sont plus optimistes sur leur situation financière passée et future. Et davantage enclins à « faire des achats importants ». Une tendance qui recoupe la perception de l’évolution des prix et du chômage : inflation maîtrisée d’un côté, bonne dynamique de l’emploi de l’autre.

Après les sommets de défiance atteints au plus fort de la crise sociale, la nouvelle ne manquera pas de conforter le gouvernement dans ses orientations. Mais cette sérénité statistique retrouvée a-t-elle eu des effets sur l’activité ? Peu pour le moment.

La hausse du pouvoir d’achat est là

Au deuxième trimestre, l’économie française n’a pas fait d’étincelles, selon la dernière estimation de l’Insee, publiée mardi 30 juillet. Plombée par le niveau de consommation des ménages, elle progresse à un train de sénateur, inférieure d’un dixième aux prévisions et au 0,3 % enregistré par le produit intérieur brut (PIB) pendant les trois premiers mois de l’année. En d’autres termes, ce n’est pas parce que les Français se sentent mieux qu’ils dépensent. Une retenue qui laisse perplexes nombre d’économistes.

Car la hausse du pouvoir d’achat est bien là. Les comptes nationaux sont formels : l’indicateur connaît une poussée inédite depuis dix ans, de l’ordre de 2,3 % sur l’année. Un rebond dopé par les mesures d’urgence annoncées en décembre 2018 par le président Emmanuel Macron, comme la revalorisation de la prime d’activité et la prime exceptionnelle versée par certaines entreprises à leurs salariés.

Le problème (pour la croissance), c’est que ces gains ont été largement mis de côté. « Le taux d’épargne [qui dépasse les 15 %] atteint des niveaux qu’on observe plutôt en période de crise ou quand les Bourses dégringolent », fait remarquer Mathieu Plane, économiste auprès de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).


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