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Lundi 29 juillet, l’humanité a épuisé toutes les ressources renouvelables de la planète pour l’année 2019. Cette date intervient, chaque année un peu plus tôt : en 2018, le « jour du dépassement » mondial tombait le 1er août. Il y a vingt ans, la date fatidique était le 29 septembre, deux mois plus tard donc que cette année. En 1979, le jour du dépassement survenait au tout début de novembre.
Cette date, calculée par le Global Footprint Network – un think tank, créé en 2003 et basé aux Etats-Unis, en Belgique et en Suisse, spécialisé dans les causes environnementales et l’empreinte écologique –, signifie qu’à compter d’aujourd’hui, l’humanité vit à crédit, dévorant bien plus que ce que la nature peut offrir au cours d’une année.
Elle a consommé plus de poissons, abattu plus d’arbres, augmenté de façon considérable la superficie des terres agricoles. « Cette date toujours plus précoce traduit la rapacité et le caractère prédateur de l’homme sur les ressources naturelles. Nous détruisons toujours plus vite les capacités de renouvellement des ressources de la planète », dénonce Arnaud Gauffier, co-directeur des programmes au WWF-France.
Ce calcul, établi au niveau mondial, ne dit pas les différences que l’on peut établir en fonction des modes et des niveaux de consommation dans les différentes régions. Si toute la population mondiale vivait comme celle des Etats-Unis, il faudrait 5 planètes Terre pour une année de consommation, 3,2 pour celle de la Russie, 3 pour l’Allemagne, 2,2 pour la Chine mais seulement 0,7 si l’humanité vivait au diapason de la population de l’Inde. En moyenne mondiale, on estime qu’il faudrait 1,75 planète pour satisfaire les besoins annuels de la population mondiale.
Le mode de calcul est basé sur « la comptabilité précise de l’utilisation et de la capacité de régénération des ressources écologiques de plus de 200 pays et régions de 1951 à nos jours », en se basant sur les données des Nations unies (ONU), explique Global Footprint Network. Cette équation est contestée par ceux qui estiment que l’on ne peut pas agglomérer, par exemple, l’émission de gaz à effets de serre, la destruction des forêts tropicales ou encore le rendement du maïs dans le monde.
Pour la France, le calcul montre qu’il faudrait 2,7 planètes si toute la population mondiale adoptait notre style de vie. Et la date de ce jour symbolique du dépassement est tombée le 5 mai pour le pays. C’est d’ailleurs ce 125e jour de l’année qui a inspiré la campagne menée par ANV-COP21 (Action non-violente-COP21) de décrochage de 125 portraits officiels d’Emmanuel Macron, dans les mairies, pour dénoncer le « vide » de la politique climatique et écologique de la France. Des portraits qui doivent être exposés lors de la tenue du G7 à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) fin août.
« On constate qu’après la signature symbolique de l’Accord de Paris, lors de la COP21 en décembre 2015, rien n’a été fait. Les émissions de CO2 ont recommencé d’augmenter dans le monde entier dans des proportions inquiétantes, avance Arnaud Gauffier. Les chances de rester dans les limites décidées alors d’un réchauffement à + 1,5 °C sont de plus en plus minces et les efforts vont devoir être beaucoup plus importants. »
Pour autant, l’avancée régulière de cette date dans le calendrier n’est pas inéluctable. « Vivre selon les moyens que nous accorde notre planète est technologiquement possible, financièrement bénéfique et notre seule chance pour un avenir prospère », déclarait Mathis Wackernagel, le PDG de Global Footprint Network, co-créateur de l’empreinte écologique en août 2018.
Loin de vouloir lancer un message désespérant, le WWF insiste sur les leviers d’action possibles. « S’agissant des émissions de gaz à effet de serre, qui représentent 60 % de l’empreinte écologique mondiale, en les diminuant de 50 %, nous pourrions gagner 93 jours dans l’année, soit faire reculer le jour du dépassement en octobre », explique l’ONG. La division par deux de protéines animales, elle, permettrait de gagner une quinzaine de jours par an. Dix jours pourraient encore être grignotés en divisant par deux le gaspillage alimentaire, avance encore le WWF, rappelant que 30 % de la production agricole mondiale était perdue ou gaspillée. « Si l’on continue comme cela, le réchauffement atteindra les + 4 °C à + 5 °C en 2100. C’est un monde que personne ne souhaite et pourtant on va droit vers un bouleversement total de la planète », dénonce encore Arnaud Gauffier.
Il y a un an, le 1er août 2018, Nicolas Hulot, encore ministre de la transition écologique et solidaire, déclarait vouloir faire reculer ce jour du dépassement. « Nous devons apprendre à produire et à consommer différemment, car la poursuite des comportements actuels conduira inexorablement à des effondrements d’écosystèmes qui auront des conséquences tragiques sur notre économie, notre santé, notre alimentation », déclarait-il, avant de démissionner quelques semaines plus tard, en dénonçant une « politique des petits pas ».
Aujourd’hui, c’est la secrétaire d’Etat, Brune Poirson, qui monte au créneau pour défendre l’action du gouvernement. Sur son compte Twitter, dimanche 28 juillet, elle écrivait : « demain, c’est le jour du dépassement. Avec Elisabeth Borne [qui remplace François de Rugy à la tête du ministère de la transition écologique et solidaire] et [la secrétaire d’Etat] Emmanuelle Wargon, nous travaillons quotidiennement pour une économie circulaire à la rentrée. RDV en septembre au Sénat ! »
Un message qui appelle ce commentaire d’Arnaud Gauffier : « Supprimer les touillettes en plastique ne sera pas suffisant pour faire reculer le jour du dépassement. Ce qu’il faut, c’est ne pas signer le CETA [l’accord économique et commercial de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Canada ratifié le 23 juillet par l’Assemblée nationale] et ne pas s’engager dans un accord comme avec le Mercosur [projet d’accord entre l’UE et les pays d’Amérique latine composant le Mercorsur] ».
Source : Depuis hier, l’humanité vit à crédit
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Loin des discours angélistes, Ottawa œuvre depuis des années pour affaiblir les réglementations sanitaires européennes sur les pesticides ou les OGM.
« Si on ne signe pas avec les Canadiens, avec qui signera-t-on ? » Dans les rangs des partisans du CETA, c’est l’incompréhension qui domine face au feu nourri de critiques qui s’abat sur l’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Canada, qui doit être soumis aux députés français mardi 23 juillet.
« Les normes sanitaires canadiennes sont assez similaires aux européennes », a rassuré, par exemple, la secrétaire d’Etat Emmanuelle Wargon, jeudi 18 juillet, sur
Pourtant, derrière les grandes déclarations d’amitié entre dirigeants, Ottawa s’active depuis des années en coulisses pour combattre les normes européennes qui empêchent ses entreprises et ses producteurs agricoles d’exporter vers le marché unique. Un lobbying intense que les perspectives commerciales ouvertes par le CETA n’ont fait qu’accentuer.
Le dernier épisode en date de cette guérilla réglementaire s’est joué le 4 juillet au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Allié à une quinzaine de pays, le Canada a violemment critiqué les évolutions récentes de la réglementation de l’UE sur les pesticides, décrites comme des précautions excessives nuisant au libre-échange des produits agricoles.
Ce « groupe des seize » n’a pas encore activé l’« arme nucléaire » en déposant une plainte formelle devant le tribunal de l’OMC, mais le message a été entendu cinq sur cinq. « Si un différend devait être lancé, la Commission européenne défendrait fermement sa politique », promet l’exécutif bruxellois. « Nous avons l’argumentaire scientifique et le poids politique pour nous défendre devant l’OMC », poursuit en écho le ministère français de l’agriculture.
Derrière ces déclarations martiales, l’inquiétude est réelle. Car le coup d’éclat du 4 juillet couronne une longue escalade de menaces. C’est à l’été 2013 que le Canada et les Etats-Unis ont commencé à œuvrer contre le nouveau règlement européen sur les pesticides, qui prévoit d’interdire toutes les substances intrinsèquement dangereuses (cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques et autres perturbateurs endocriniens), jusqu’alors autorisées en l’absence de preuves d’effets nocifs sur la santé ou l’environnement.
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Grâce à l’intelligence artificielle et à l’utilisation des données financières, il est possible de traquer efficacement le trafic d’êtres humains, explique, dans une tribune au « Monde », Debra Geister, chercheuse en criminalité financière.
Tribune. Le trafic d’êtres humains continue de prospérer et représente un marché mondial de 100 milliards de dollars. Chacun continue à croire, en général, que cette activité ne nous affecte pas au quotidien. Des chefs d’entreprise me demandaient récemment :« En quoi est-ce notre problème ? » ou bien affirmaient : « Cela relève de la lutte contre le blanchiment d’argent et non pas de la fraude. »
La réalité, c’est que le trafic d’êtres humains à des fins sexuelles représente une industrie qui rapporte plusieurs milliards de dollars. Il s’agit d’une activité très lucrative pour les organisations criminelles transnationales. Cette forme de génération de revenus se classe au deuxième rang après le commerce de la drogue. Quelles en sont les raisons ? Les stocks de drogues doivent être réapprovisionnés. Alors que les êtres humains, en revanche, peuvent créer des flux constants de revenus et ont une « durée de vie » plus longue que les drogues.
Ce qui est encore plus odieux, c’est que lorsque la capacité de production de revenus d’un être humain est diminuée, parce qu’il est devenu vieux, blessé ou malade, il sera vendu sur le marché du trafic d’organes. Des entreprises criminelles mettent en pièces des êtres humains tout comme ils le feraient avec des voitures, parce que leur valeur est plus élevée morts que vivants.
L’industrie du transport aérien et de nombreuses grandes chaînes hôtelières ont récemment commencé à former leur personnel à identifier et à signaler les victimes présumées de trafic humain. L’industrie du jeu est aussi un bon exemple d’un secteur qui s’efforce de faire le nécessaire. Quelques-unes des principales entreprises de jeu ont fait de la lutte contre le trafic d’êtres humains une valeur fondamentale en s’efforçant de former leurs employés aux moyens de repérer les signaux d’alarme relatifs au trafic humain.
Alors que c’est souvent la technologie de lutte contre le blanchiment d’argent qui détecte des comportements incohérents chez ses clients de casino, ce sont parfois les humains qui regardent comment leurs visiteurs se comportent, ce qui contrarie les trafiquants. Il est temps que les institutions financières, qui ont peut-être davantage accès aux données et à la technologie pour les passer au crible, ainsi que la plupart des organisations, créent leur propre programme spécifique pour participer à cette importante lutte.
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Le Vietnam, qui a vu ses exportations vers les Etats-Unis augmenter de 28 % sur les cinq premiers mois de 2019, fait partie des grands « gagnants » de la hausse des tarifs douaniers américains infligée à Pékin.
La guerre commerciale engagée il y a plus d’un an entre les Etats-Unis et la Chine fragilise la croissance en Asie, une région qui génère, à elle seule, près des deux tiers du produit intérieur brut (PIB) mondial.
Singapour a ainsi annoncé, à la mi-juillet, une contraction de son activité de 3,4 % entre le premier et le deuxième trimestre, soit le recul le plus important observé depuis la crise de 2009. La cité-Etat, dont l’économie est très dépendante du commerce extérieur, a souffert du ralentissement de l’économie chinoise qui a enregistré au deuxième trimestre une croissance de 6,2 % sur un an, soit sa plus faible progression en vingt-sept ans.
Cette mauvaise performance du géant asiatique mine la demande en matières premières et en biens intermédiaires comme les semi-conducteurs qui entrent dans la fabrication de produits chinois exportés vers le reste du monde, dont les Etats-Unis.
Les exportations de l’Indonésie, plus grande économie d’Asie du Sud-Est, ont ainsi chuté de 8,9 % en juin et celles de la Corée du Sud ont plongé de 10,7 % en mai. Cette décélération des échanges commerciaux va avoir un impact sur la croissance de la région qui devrait passer de + 5,9 % en 2018 à + 5,7 % en 2019 et + 5,6 % en 2020, selon les prévisions de la Banque asiatique de développement (BAD).
Mais cette guerre commerciale sino-américaine, qui s’est traduite au cours des derniers mois par une salve de droits de douane punitifs croisés sur près de 360 milliards de dollars (322 milliards d’euros) d’échanges, est aussi une aubaine pour certains pays d’Asie du Sud-Est, qui espèrent capter une partie des exportations chinoises vers les Etats-Unis. « Les grands bénéficiaires sont ceux qui produisent ce que la Chine produit, notamment les composants électroniques ou les pièces automobiles », explique Abdul D. Abiad, directeur de recherche à la BAD.
Le Vietnam fait partie des grands « gagnants » de cette hausse des tarifs douaniers américains infligée à la Chine. Le « tigre asiatique » a enregistré une hausse de ses exportations de 6,7 % sur les cinq premiers mois de l’année, et même de 28 % à destination des Etats-Unis. « La réduction du déficit commercial des Etats-Unis vis-à-vis de la Chine est d’ailleurs proportionnelle au creusement de leur déficit commercial vis-à-vis du Vietnam », remarque Françoise Nicolas, directrice du centre Asie à l’Institut français des relations internationales (IFRI).
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