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Après avoir atteint des sommets, les effectifs de l’intérim ont chuté de 4,7 % sur un an. La santé du secteur est-elle toujours bonne ?

Après plusieurs années de croissance ininterrompue, les baisses d’effectifs s’accumulent mois après mois dans l’intérim, même s’ils restent à un niveau historiquement haut. D’après le dernier baromètre de la fédération du travail temporaire Prism’emploi, rendu public le 25 novembre, les effectifs des agences de travail temporaire ont à nouveau chuté de 4,5 % en octobre 2019 par rapport à octobre 2018. Une confirmation de la tendance qui touche le secteur depuis fin 2017. En cumul sur dix mois, le recul est de 4,7 % comparé à la même période en 2018, le phénomène n’épargnant que la Bretagne.

Les chiffres de la direction de la recherche et des études du ministère du travail (Dares) ne disent pas autre chose. La Dares signale un tassement certain des effectifs intérimaires, repassant sous la basse des 800 000 au début de 2018. Ceci, malgré la baisse continue du chômage – excepté le troisième trimestre de cette année.

La tendance est générale. Si la baisse des effectifs se concentre dans l’industrie (– 7,6 par rapport à octobre 2018 selon Prism’emploi), elle est également visible dans les services (– 4,1 %). Si la pénurie de compétences est pointée du doigt par les acteurs du marché pour expliquer ce déficit de main-d’œuvre, « on est d’abord sur des problématiques de savoir être, estime Isabelle Eynaud-Chevalier, déléguée générale de Prism’emploi. Les entreprises n’hésitent pas à investir pour former leurs intérimaires sur des compétences techniques. »

Peut-on pour autant parler de retournement de tendance ? Isabelle Eynaud-Chevalier relativise : « On constate une tendance baissière depuis quelques mois, mais c’est après que l’intérim a atteint des sommets historiques. » Accompagnant la reprise de l’activité, l’intérim a en effet enregistré ces dernières années des niveaux de croissance inédits (+ 4,4 % en 2015, + 6,7 % en 2016 et + 8,5 % en 2017, selon les données communiquées par Prism’emploi).

Pour l’économiste Denis Ferrand, directeur général de Coe-Rexecode, le principal responsable de la chute des effectifs intérimaires est tout désigné : « C’est l’industrie.» En particulier la métallurgie, chroniquement en crise, la plasturgie, touchée par la hausse des matières premières, et la fabrication des machines-outils ont chacun perdu autour de 3 000 postes intérimaires sur un an, d’après les données de la Dares.

Pour Isabelle Eynaud-Chevalier, c’est paradoxalement la bonne santé du marché de l’emploi qui expliquerait en partie la chute de l’intérim : « les employeurs hésitent moins à embaucher sur des contrats plus longs », fait valoir la déléguée générale de Prism’emploi, soulignant que le CDI intérimaire continue sa progression. Selon les données de la Dares, leur nombre a crû d’environ 13 000 sur un an au deuxième trimestre 2019.


Lire la suite : Des effectifs intérimaires en baisse et l’arrivée d’une nouvelle concurrence : les autoentrepreneurs


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Le gouvernement a mis lundi sur la table une série de mesures pour répondre à certaines revendications. Sans toutefois revenir sur le cœur de la réforme contestée.

Stop ou encore ? Alors qu’une partie de l’ouest de la France est menacée de panne sèche, les représentants d’entreprises de travaux publics devaient se réunir à Paris et au Mans, dans la soirée de lundi 2 décembre, pour décider de poursuivre ou de lever les blocages des dépôts pétroliers menés depuis jeudi 28 novembre. Un mouvement déclenché pour protester contre la suppression progressive de l’avantage fiscal dont bénéficie le secteur sur le gazole non routier (GNR), à partir du 1er juillet 2020.

Lundi, à l’issue de cinq heures de réunion à Bercy, où une dizaine d’entrepreneurs ont été reçus par le ministre des finances, Bruno Le Maire, le gouvernement a mis sur la table une série de mesures pour répondre à certaines revendications. Mais sans revenir sur le cœur de la réforme : l’alignement des entreprises de travaux publics sur la fiscalité normale du gazole d’ici au 1er janvier 2022, en trois paliers. La perte d’un avantage qui renchérira les coûts des sociétés de 10 %, estime le secteur, dont les marges oscillent souvent entre 2 et 4 %. 

« Nous avons obtenu des avancées significatives mais ne sommes pas satisfaits à 100 %. Nous ne levons donc pas le blocage », commentait François Calvez, patron d’une PME de terrassement et représentant finistérien de la Chambre nationale de l’artisanat des travaux publics et des paysagistes (CNATP), à la sortie du rendez-vous ministériel. Devant les dépôts de Brest, Lorient, La Rochelle et Le Mans, le blocage est donc maintenu jusqu’à nouvel ordre. Dans la nuit de lundi à mardi, des gendarmes sont intervenus sur ordre de la préfecture pour débloquer le dépôt de Vern-sur-Seiche, près de Rennes, et deux personnes ont été placées en garde à vue.

« Faut-il céder sur ce délai, accepter ces propositions et libérer les dépôts pétroliers, ou maintenir une pression et obtenir un délai de cinq ans exigé par de nombreuses entreprises ? », s’interrogeait la CNATP lundi soir. Le gouvernement a cédé à une revendication symbolique du secteur : celle de conserver un colorant dans le carburant, pour décourager les vols sur les chantiers. Mais les propositions visent surtout à limiter les risques de concurrence déloyale de la part d’entreprises agricoles, qui exécutent fréquemment des travaux publics dans les petites communes.

Ces sociétés continueront à bénéficier d’une fiscalité très avantageuse sur le gazole et pourront répondre aux appels d’offres avec des tarifs plus avantageux, moyennant une discrète entorse à la loi. A Brest, l’un des patrons prévient : « Il faut s’attendre à des règlements de comptes à coups de fusil entre professionnels. » L’arsenal suggéré par le gouvernement pour renforcer les contrôles paraît assez difficile à mettre en œuvre selon les professionnels.

Situation très tendue

Sans compromis sur la date d’entrée en vigueur de la réforme, la tentation va être forte pour les protestataires de poursuivre le mouvement. Sur le terrain, la situation est déjà très tendue. Dans l’ex-région Poitou-Charentes, les pompes ont été assaillies par les automobilistes tout le week-end ; certaines étaient déjà à sec. Des professionnels venus de toute la Charente-Maritime, mais aussi des départements voisins des Deux-Sèvres et de la Vendée, bloquent les dépôts pétroliers à Laleu-la Pallice, à La Rochelle.

A Brest, selon Jérôme Cussonneau, le directeur du dépôt pétrolier, le blocage du site empêche, chaque jour, quelque 150 camions de sortir pour livrer 4,5 millions de litres d’hydrocarbures dans les stations-service de la région. Devant les grilles, les manifestants savouraient : « L’annonce d’un blocage provoque l’hystérie. Les gens se ruent à la pompe. Cette panique sert notre mouvement. Une pénurie fait davantage parler de notre action qu’une opération escargot. »

Spectaculaire, le mouvement n’en est pas moins minoritaire. La Fédération nationale des travaux publics (FNTP), qui représente l’essentiel du secteur, ne s’associe pas à ces blocages. Au mois de septembre, la fédération estimait avoir « évité le pire » en obtenant, outre quelques compensations, que la suppression de l’avantage fiscal entre en vigueur de manière échelonnée et puisse être entièrement répercutée sur les donneurs d’ordre, même pour les contrats en cours. Autrement dit, ce sont les collectivités locales qui payeront la facture, estimée par la FNTP à 700 millions d’euros par an pour les travaux publics.


Source : Les blocages des dépôts pétroliers par les entreprises du BTP continuent au lendemain d’une réunion à Bercy


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Dans sa chronique Corine Lesnes, notre correspondante à San Francisco, rend compte du rendez vous tech le plus fréquenté de l’année de la société du géant du logiciel Salesforce.

Chronique. New York a son Assemblée générale de l’ONU : chaque année, en septembre, la ville est paralysée par les embouteillages causés par les cortèges de VIP. San Francisco a l’équivalent, toutes proportions gardées : la conférence Dreamforce, qui voit un quartier entier de Downtown fermé à la circulation pour une semaine, et 170 000 participants, venus du monde entier, débouler sur la baie. Dreamforce, émanation du géant du logiciel Salesforce, premier employeur de San Francisco, est le rendez-vous tech le plus fréquenté de l’année, après le Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas.

Dreamforce est l’enfant de Marc Benioff, le PDG de Salesforce, un patron « social » doté d’une stature (1,90 m) qui en remontre à Barack Obama, comme on a pu le constater le 21 novembre. Oui, l’ancien président, excusez du peu, avait accepté de se produire à la conférence. Interrogé par Benioff, Obama a parlé de l’aggravation « extrême » des inégalités, « sous l’effet du turbocompresseur de la mondialisation et de la technologie ». Du danger pour la cohésion sociale de « l’isolement dans des silos » numériques. Et de son livre, qui n’est toujours pas prêt, sujet qui a eu d’ailleurs l’air de l’agacer. La faute à Michelle, a-t-il prétexté : ses Mémoires, Becoming (Devenir, Fayard, 2018) ont eu tellement de succès qu’il s’est senti obligé de retravailler…

Einstein Voice, l’assistant vocal

Outre Obama, Marc Benioff avait invité quelques-unes des figures de l’année, comme Megan Rapinoe, la footballeuse olympique aux cheveux roses et aux discours flamboyants sur l’égalité ; Emilia Clarke, de Game of Thrones ; Stephen Curry, le voltigeur de la NBA : tous philanthropes confirmés. Côté musique, Fleetwood Mac, en soirée, et Alicia Keys, en clôture de la keynote, l’intervention au cours de laquelle le PDG a présenté Einstein voice, l’assistant vocal qui va mettre à la retraite les centres d’appel.

Pourquoi un tel déploiement de stars pour une entreprise qui est, certes, devenue en quelques années « le numéro 1 mondial de la gestion de la relation client », mais dont personne n’attend d’étincelles publiques ? Marc Benioff dément toute ambition politique. Il entend seulement propager quelques-unes des « valeurs » en voie de disparition dans la Silicon Valley : confiance, éthique, compassion. Et il croit que ce qui est bon pour la société est bon pour le business.


Lire la suite : « San Francisco à l’heure de Dreamforce »


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Au total, en 2018, 51 % des bénéficiaires du programme de distribution de repas avaient moins de 26 ans et 39 % étaient mineurs.

Récemment mobilisés dans les universités contre la précarité, de plus en plus d’étudiants bénéficient de la distribution de repas des Restos du cœur, dont la campagne hivernale démarre ce mardi 26 novembre. Les Restos, nés d’une « petite idée » de Coluche il y a près de trente-cinq ans, en ont accueilli 30 000 en 2018. Au total, 51 % des bénéficiaires ont moins de 26 ans et 39 % sont mineurs.

« La moitié des jeunes que nous recevons ont des problèmes de logement précaire, notamment car les bourses ne permettent pas de faire face », s’inquiète Patrice Blanc, le président de l’association. Ces difficultés ont été mises en lumière par la tentative d’immolation par le feu, le 8 novembre à Lyon, d’un étudiant de 22 ans qui avait perdu sa bourse et voulait dénoncer ses conditions de vie. 

Ce drame, qui a agi comme un révélateur de la précarité estudiantine, a provoqué des mobilisations parfois ponctuées d’incidents sur des campus à Paris, Lyon, Lille et Toulouse. Une nouvelle journée d’action est prévue mardi avec pour principale revendication une « réévaluation urgente » des dispositifs d’aide pécuniaire.

20 % des jeunes sous le seuil de pauvreté

Selon l’Observatoire national de la vie étudiante (OVE), 20 % des jeunes de 18 à 24 ans vivent sous le seuil de pauvreté. Les étudiants viennent donc de plus en plus grossir les rangs des quelque 900 000 bénéficiaires des Restos du cœur – selon l’association, 80 % vivent avec moins de 513 euros par mois, soit la moitié du montant du seuil de pauvreté. Et 20 % sont sans ressources. « Derrière ces chiffres, ce sont des femmes, des enfants, des familles qui vivent dans des situations de précarité inacceptables », rappelle l’organisation.

En fonction de leurs ressources, les bénéficiaires des Restos se voient attribuer des points, qui leur donnent droit à des denrées données sous forme de paniers repas. Fruits, légumes, desserts, les précaires peuvent se rendre dans des centres de distribution une ou deux fois par semaine. En 2018, plus de 130 millions de repas ont été ainsi distribués.

Un repas sur quatre est financé par l’aide alimentaire européenne, « aujourd’hui fortement menacée », alerte l’association. De 2014 à 2020, le budget global du Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD) pour la France était de 587 millions, soit un tiers de l’aide alimentaire française. Mais celle-ci pourrait être drastiquement réduite lors du prochain vote du budget européen en 2020, conduisant à diviser par « deux voire par quatre le nombre de repas qu’on pourrait distribuer », selon les Restos du cœur.

« Ce fonds est le principal outil de lutte contre la pauvreté en Europe, souligne Patrice Blanc. Et malheureusement, la pauvreté ne diminue pas en France : il y a de plus en plus de personnes sous le seuil de pauvreté et les inégalités augmentent. »

Quelque 9,3 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté dans le pays, selon l’Insee, et près de 5 millions ont recours à l’aide alimentaire.

La moitié des plus de 16 ans qui vont aux Restos du cœur sont à la recherche d’un emploi, 8 % ont un emploi, 15 % perçoivent une retraite. Une majorité (58 %) sont des femmes, avec une surreprésentation des familles monoparentales.


Lire la suite : Les étudiants de plus en plus nombreux à aller aux Restos du cœur