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Malgré les malheurs du 737 MAX, le secteur de l’aéronautique profite toujours d’une demande qui ne présente aucun signe de faiblesse.
L’édition 2019 du Salon international de l’aéronautique et de l’espace qui a ouvert ses portes, lundi 17 juin, au Bourget (Seine-Saint-Denis), ressemble à un long calvaire pour Boeing.
Les dirigeants de l’avionneur de Seattle (Etat de Washington), présents au salon, passent leur temps à renouveler leurs excuses après les deux crashs du 737 MAX, en octobre 2018 et en mars, qui ont causé la mort de 346 passagers et membres d’équipage. Le directeur financier, Greg Smith, a fait part « de [son] chagrin et de [sa] sympathie » à l’endroit des familles des victimes des deux accidents. « Nous sommes complètement désolés pour toutes ces vies perdues », a poursuivi Kevin McAllister, président de Boeing aviation commerciale. A leur tour, Leanne Caret et Stan Deal, respectivement PDG de Boeing défense, espace et sécurité et de Boeing services globaux, ont, eux aussi, présenté leurs excuses.
Au-delà de ces multiples actes de contrition, l’avionneur a signalé que « [sa] priorité était le MAX, qui est dans tous les esprits ». Le dernier-né des moyen-courriers du constructeur américain est cloué au sol depuis le 13 mars. Aucun calendrier de retour en vol de l’avion n’a encore été fixé. Boeing semble se préparer à une immobilisation de longue durée. « Nous voulons être sûrs que des accidents comme ceux-là ne se reproduisent jamais », a-t-il indiqué.
Pour y parvenir, l’avionneur a confirmé qu’il « travaille avec l’Agence fédérale américaine de l’aviation [FAA] et les autres autorités dans le monde ». Un passage obligé pour obtenir la certification de l’appareil, et notamment de son système de stabilisation MCAS impliqué dans les deux accidents.
Outre un feu vert des différents régulateurs, Boeing sait qu’il doit absolument « restaurer la confiance » des passagers, des pilotes et des compagnies aériennes pour son avion. A l’en croire, « la sécurité » est plus que jamais sa priorité. Boeing promet que, « lorsque le 737 MAX reviendra en service, il sera l’un des appareils les plus sûrs de l’aviation ». Pour convaincre, l’avionneur américain assure qu’il a « tiré tous les enseignements de cette crise et [qu’il] les appliquera aux autres programmes », et notamment à son prochain long-courrier 777X attendu en 2020.
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C’était un « E3 de transition », comme aiment à le rappeler les connaisseurs. Sous-entendu, un salon du jeu vidéo au spectacle moindre, en attendant une année 2020 promise à la sortie d’une nouvelle génération de consoles. Pour autant, l’Electronic Entertainment Exposition (E3), qui s’est tenu du 11 au 14 juin à Los Angeles (Californie), est loin d’avoir été insignifiant.
Au-delà de la présence inédite d’acteurs comme Google, Netflix et Tesla, qui ont marqué le salon, les jeux ont été au rendez-vous. D’un point de vue qualitatif, d’abord, avec le toujours très impressionnant jeu de rôle futuriste des créateurs de The Witcher 3 : Cyberpunk 2077 ; le remake clinquant et forcément attendu de Final Fantasy VII ; ou encore les astucieux Twelve Minutes ou Spiritfarer. Et d’un point de vue quantitatif, surtout, avec 352 titres cités au salon ou dans les événements et prises de parole annexes, selon notre décompte.
Le nombre est élevé. A titre de comparaison, en 2008, l’E3 ne dépassait pas les 200 projets présentés, selon un calcul de l’époque réalisé par Jeux vidéo magazine. La raison tient à l’annonce de deux nouveaux services, Stadia et sa trentaine de titres prévus au lancement, et le nouvel abonnement Xbox Game Pass pour PC et son catalogue de 115 jeux, pour la plupart sortis ces cinq dernières années. Cas exceptionnel d’une édition de l’E3 où le mois de sortie moyen des jeux présentés est août… 2016.
A ces deux effets d’annonce, il faut ajouter un phénomène plus structurel, celui de la mode des désormais fameux « game as a service », des titres pensés pour une exploitation commerciale longue durée, à grand renfort d’événements e-sportifs, de contenu additionnel et d’extensions en tout genre. A l’image de Fornite, Fallout 76, Apex Legends ou encore Tom Clancy’s Rainbow Six, 27 titres de ce genre, souvent parmi les plus médiatiques, ont été mis sous le feu des projecteurs de l’E3, plusieurs mois ou années après leur lancement initial.
Enfin, à l’inverse de la cuvée 2018, où des superproductions au long cours comme The Elder Scrolls VI ou Beyond Good & Evil 2 renvoyaient vers un avenir lointain – et une probable sortie à la décennie prochaine –, cette fois-ci pas un seul titre n’a été explicitement associé à une sortie en 2021 ou au-delà. A l’inverse, 127 jeux, extensions ou contenus supplémentaires, soit 35 % de la production du salon, sont calés en… juin 2019, le mois même de l’événement.
Autrefois grande foire de la mise en scène de futurs désirables, l’E3 se rapproche de plus en plus d’un festival de réclames pour les jeux vidéo tout juste mis en boutiques.
Pour autant, il ne faut pas réduire le salon du jeu vidéo à la poignée de conférences de ses plus grands acteurs. Ceux-ci renvoient une vision déformée de l’industrie, dans laquelle les majors de l’industrie ne sont plus majoritaires.
Ces dernières années, la scène indépendante a explosé, s’est structurée et représente aujourd’hui près de la moitié des jeux qui font l’actualité de l’E3. Ces jeux contribuent largement à renouveler le paysage vidéoludique : 124 des 165 nouvelles franchises viennent du monde indé – et 69 jeux sur 97, si l’on écarte les titres pré-2019 inclus dans les offres Stadia et Xbox Game Pass. Un chiffre à opposer à la production des grands éditeurs, composée à plus de 50 % de suites, de rééditions et de nouveaux contenus pour des titres déjà existants.
Il existe toutefois des exceptions de part et d’autre : les jeux indés à succès The Messenger et Chivalry bénéficieront d’un contenu téléchargeable, Pic-Nic, et d’une suite ; tandis que les géants Bethesda et Ubisoft ont présenté de nouvelles licences, Deathloop et Gods & Monsters.
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« Le Monde » et 29 autres médias, associés au réseau de journalisme d’investigation Forbidden Stories, ont enquêté sur le secteur minier, particulièrement répressif à l’égard des journalistes.
Réputé pour son opacité, le secteur minier est aussi devenu, au fil des années, un secteur interdit aux journalistes et à l’investigation, dans lequel la répression envers les médias est la plus violente. Associé au réseau de journalisme d’investigationForbidden Stories, créé en 2017 pour poursuivre le travail de reporteurs menacés, emprisonnés ou assassinés, Le Monde et vingt-neuf autres medias, dont The Guardian au Royaume-Uni, Expresso au Portugalet Süddeutsche Zeitung en Allemagne, publieront, à compter du mardi 18 juin, la série « Green Blood » (« sang vert »), consacrée aux scandales environnementaux dans les mines.
« Green Blood » est le fruit d’une enquête collective sur les pratiques de trois compagnies minières opérant dans trois pays et continents différents : en Tanzanie, au Guatemala et en Inde. Pendant huit mois, quarante journalistes de quinze pays ont poursuivi ensemble le travail des journalistes locaux, menacés, poursuivis en justice ou tués pour avoir couvert l’impact de ces mines sur la santé et l’environnement ainsi que leurs politiques d’expansion brutales. Ils ont travaillé main dans la main avec ces reporteurs.
Grâce à un travail de terrain et à l’exploitation de multiples données en source ouverte, « Green Blood » permet de braquer les projecteurs sur l’un des secteurs les plus secrets et les moins régulés de l’économie, tout en rendant publics les actes de censure et les menaces frappant les journalistes. Aujourd’hui, dans de nombreux pays du monde, des reporteurs risquent leur emploi ou leur vie parce qu’ils enquêtent sur des questions environnementales.
Depuis 2009, au moins treize journalistes ont été tués pour ces raisons, selon le Comité pour la protection des journalistes, sis à New York. Seize autres morts suspectes font l’objet d’enquêtes de cette association internationale, qui recense les abus contre la presse et travaille pour la protection de la liberté de la presse.
Source : « Green Blood », une série d’enquêtes sur les scandales environnementaux dans les mines
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L’accord définitif a été signé entre la maison de vente aux enchères et BidFair USA, une entité détenue à 100 % par le patron du groupe de télécoms et de médias Altice.
Le magnat des médias et des télécommunications Patrick Drahi a créé la surprise, lundi 17 juin, en s’offrant la maison d’enchères Sotheby’s, pour 3,7 milliards de dollars (3,3 milliards d’euros). Bon nombre d’observateurs s’attendaient à ce que ce groupe, dont le premier actionnaire est Taikang Asset Management, situé à Hongkong et fondé par Chen Dongsheng, le patron de l’une des premières compagnies d’assurances de l’empire du Milieu, batte un jour pavillon chinois. Certains pariaient sur une reprise par les grandes maisons d’enchères chinoises concurrentes – China Guardian (également fondée par Chen Dongsheng) ou Poly Auction. Il n’en est rien.
Le fondateur et principal actionnaire d’Altice (qui compte en France SFR, BFMTV, RMC ou Libération), qui s’est diversifié au Portugal, en Israël, aux Caraïbes et aux Etats-Unis, agit à titre personnel, « aux côtés de [sa] famille » par le biais d’une holding individuelle, BidFair USA. Le prix de son offre, à 57 dollars l’action, représente une prime de 61 % par rapport au cours de clôture de vendredi 14 juin. Les actionnaires, même les plus indomptables comme Daniel Loeb, à la tête du fonds spéculatif Third Point, qui avait mené une fronde contre le conseil d’administration de Sotheby’s en 2014, estime que cette offre « récompense les investisseurs à long terme ».
Les autres actionnaires et de nombreux salariés devraient profiter de cette offre pour céder massivement leurs titres d’ici la fin de l’année, ce qui permettra d’acter formellement la vente, déjà entérinée par le conseil d’administration de Sotheby’s. La transaction doit être finalisée « au cours du quatrième trimestre », et le groupe, coté à la Bourse de New York depuis trente et un ans, quittera alors Wall Street pour redevenir privé.
Comment l’opération sera-t-elle financée, alors que l’endettement d’Altice dépasse déjà les 30 milliards d’euros ? Dans l’entourage de M. Drahi, on précise que « le financement viendra d’une ligne de crédit ouverte chez BNP Paribas, mais aussi, de façon substantielle, des fonds propres » de l’entrepreneur franco-israélien de 55 ans. Ce dernier prévoit de céder, d’ici la fin de 2019, pour 400 millions de dollars au maximum d’actions de sa filiale Altice USA, ce qui représente environ 2,5 % du capital de l’opérateur américain. Pour éviter toute ambiguïté, M. Drahi a bien précisé, dans un communiqué, qu’il reste pleinement concentré sur ses activités dans les télécoms et les médias et ne cédera pas la moindre action Altice Europe pour acheter la maison d’enchères américaine.
S’il n’est pas considéré comme un féru d’art contemporain comme son désormais grand rival François Pinault – fondateur du groupe de luxe Kering et propriétaire de Christie’s, par le biais de sa société holding personnelle Artémis –, Patrick Drahi fait partie des clients de Sotheby’s. Il a acquis des toiles impressionnistes, du moderne, de la peinture d’après-guerre et de l’art contemporain. Des Chagall assez spectaculaires et de l’art cinétique, notamment Vasarely, affirme-t-on chez Artprice, où il est classé 252e collectionneur mondial.
Pourquoi acquiert-il la maison qui s’est illustrée en adjugeant le désormais très célèbre dessin de Bansky, Girl With Balloon, qui s’est autodétruit après sa vente, le 5 octobre 2018, à Londres ? La maison a également crevé le plafond avec une toile de Monet représentant une meule de foin, vendue à 110 millions de dollars, à New York, en mai. Sans compter le Rabbit,de Jeff Koons, qui a trouvé preneur, toujours à New York, pour 91,1 millions de dollars le 16 mai… Du jamais-vu pour un artiste vivant.
« En achetant cette maison de vente, il s’achète un pouvoir colossal sur le monde entier. Cela lui ouvrira des portes considérables, lui permettra de se faire une incroyable collection et de gagner beaucoup d’argent », assure un des meilleurs connaisseurs du secteur.
L’extrême rivalité qui règne entre Christie’s – numéro un mondial du secteur, avec 7 milliards de dollars de ventes en 2018, en hausse de 6 % par rapport à l’exercice précédent – et Sotheby’s – le numéro deux – devrait rester toujours aussi vive. M. Drahi a déjà assuré qu’il ne modifierait ni les équipes ni la stratégie de la maison d’enchères, qui a enregistré, en 2018, une hausse de 16 % de ses ventes, à 6,35 milliards de dollars, tirées, notamment, par les transactions de gré et à gré, de bonnes performances en Asie ainsi qu’une forte croissance des enchères en ligne. En revanche, les efforts financiers pour attirer de nouveaux clients se sont traduits par un coup de rabot sur les marges et une baisse du bénéfice de 10 %, à 108,6 millions de dollars.
Si son siège est désormais américain, Sotheby’s cultive ses origines londoniennes. En 1744, Samuel Baker avait créé l’ancêtre de la maison aux enchères, à deux pas de Trafalgar Square. Sa première vente comptait « plusieurs centaines de livres rares et de haute valeur de toutes les branches des belles-lettres ». C’est toujours là qu’ont été mis aux enchères, au XIXe siècle, des livres que Napoléon avait emportés dans son exil à Sainte-Hélène. Le lot final était le bâton de marche de l’empereur français déchu, décoré d’or et d’écailles de tortue. Et si Sotheby’s devenait le bâton de maréchal de Patrick Drahi ?
Source : Patrick Drahi rachète Sotheby’s pour 3,7 milliards de dollars