Par le

Selon les données de l’Agence Bio, les grandes enseignes se sont arrogé 49 % des ventes des produits respectueux de l’environnement en 2018, pour un total de 4,75 milliards d’euros.

A force de grignoter des parts de marché, la grande distribution parvient désormais à croquer la moitié du gâteau de l’alimentation bio. Ou presque. Selon les données publiées mardi 4 juin par l’Agence Bio, les grandes enseignes se sont arrogé 49 % des ventes des produits estampillés de la feuille blanche sur fond vert en 2018. Soit un total de 4,75 milliards d’euros, en progression de 22,6 % en un an.

« Avec la grande distribution, qui détient près de la moitié du marché du bio, il y a une vraie bascule qui s’opère. C’est elle qui a tiré la croissance en 2018 », affirme Florent Guhl, directeur de l’Agence Bio. Ce coup d’accélérateur doit beaucoup à la stratégie des enseignes désireuses de profiter de ce pactole très lucratif et soucieuses de répondre aux nouvelles attentes des consommateurs. Et elles ne souhaitent pas en rester là. A l’exemple de Carrefour, qui s’est fixé un objectif de chiffre d’affaires de 5 milliards d’euros dans le bio en 2022, contre 1,8 milliard en 2018. Ou de Leclerc, qui anticipe un doublement de ses ventes sur ce secteur en cinq ans.

Marques propres et marques nationales

Pour ce faire, elles ont étoffé leur offre. D’abord dans leurs réseaux traditionnels. Que ce soit en ajoutant des références bio dans les rayons traditionnels ou en créant des zones bio spécifiques dans leur magasin. Les magasins de proximité représentent 11 % des ventes bio des enseignes, et le drive 9 %.

Pour cet achalandage, la grande distribution mise sur ses marques propres mais aussi sur les marques nationales. En effet, les grands groupes agroalimentaires se décident à décliner leurs marques en bio. Danone s’y était engagé en 2018. De même pour PepsiCo, qui propose quelques références de jus Tropicana bio. « Cela représente aujourd’hui entre 5 % et 10 % de nos ventes. Mais la demande croît plus vite que l’offre et le problème reste pour nous l’approvisionnement », affirme Bruno Thévenin, directeur général de PepsiCo France. Une même difficulté évoquée par Lavazza, qui commercialise le café Carte noire en version bio.

Dans le secteur laitier, la matière première ne manque pas et Biolait, qui collecte auprès de nombreux agriculteurs bio, fait figure de partenaire de choix pour les entreprises qui n’ont pas accompagné jusqu’à présent leurs propres éleveurs dans la conversion. Il a signé avec Danone, Bel, mais aussi avec Super U pour ses produits à marque propre.

Des groupes misent sur de nouvelles marques pour entrer à pas feutrés sur ce marché

D’autres grands groupes misent sur de nouvelles marques pour entrer à pas feutrés sur le marché des produits respectueux de l’environnement. Ainsi Coca-Cola communique sur sa boisson au thé Honest, qu’elle a achetée aux Etats-Unis, sans que le nom de la firme d’Atlanta apparaisse dans ses publicités.

Les petits commerces ferment

Face à ce rouleau compresseur, les magasins spécialisés perdent un peu de terrain, même s’ils bénéficient encore d’une bonne croissance. Ils représentent 34 % du marché. Le premier d’entre eux, en taille, reste le réseau Biocoop, qui a terminé l’année 2018 avec un chiffre d’affaires de 1,21 milliard d’euros (+ 11 %). Une hausse comparable à celle de La Vie claire, dont les ventes ont atteint 300 millions d’euros. Biocoop, comme La Vie claire, détenue pour sa part par la famille Pelen, fait partie des rares acteurs encore indépendants des enseignes traditionnelles. En effet, la grande distribution a aussi placé ses pions sur ces réseaux de distribution : Naturalia a été racheté par Monoprix, filiale du groupe Casino ; Intermarché est entré au capital des Comptoirs de la bio et Carrefour a jeté son dévolu sur l’enseigne So.bio, du sud-ouest de la France. Sans compter les réseaux de magasins spécialisés que souhaitent lancer les enseignes sous leur propre nom.

Les plus touchés par cette vague des grands réseaux sont, en fait, les petits commerces spécialisés indépendants. Beaucoup mettent la clé sous la porte. D’ailleurs, le chiffre d’affaires global de ces acteurs ne progresse plus. A l’inverse, le circuit court maintient ses positions. La vente directe représente toujours 12 % des achats alimentaires bio. Une manière pour le consommateur le plus exigeant de concilier le bio et le local et de s’assurer que la marge va bien dans la poche de l’agriculteur.


Source : Bio : la grande distribution croque la moitié de la part du gâteau


Par le

En 2018, cinq mille exploitations ont abandonné engrais de synthèse et produits phytosanitaires chimiques pour se convertir au bio. Un record.

« Je ne voyais plus de perspective dans l’agriculture conventionnelle. Des rencontres et des visites d’autres exploitations m’ont convaincu d’abandonner la chimie » : Frédéric Piot explique ainsi les raisons de sa conversion à l’agriculture biologique. Après s’être déjà posé la question en 2009, avant de refuser l’obstacle, il a finalement sauté le pas en 2015. Un choix radical négocié par ce quinquagénaire, propriétaire de la ferme d’Egreville à Saint-Germain-Laxis en Seine-et-Marne.

Sur 230 hectares, il produisait blé, colza et orge. L’exemple même de l’exploitation céréalière d’Ile-de-France. « Nous sommes passés à une dizaine de cultures, comme la luzerne, les lentilles, le soja ou le pois, mais aussi des cultures valorisées comme le blé, l’orge ou le maïs et nous relançons la betterave. On revient en gros à ce que faisaient nos grands-parents. Et quitte à revenir comme avant, nous avons réintroduit l’élevage avec un atelier de poules pondeuses et un troupeau de vaches à viande », explique M. Piot avant d’ajouter qu’il a aussi une vingtaine de chevaux en pension. « Il faut prendre du plaisir à notre métier, mais aussi en vivre », lâche-t-il.

Un exemple de conversion marquant du fait de la taille de son exploitation, mais qui n’est pas un cas isolé. Le bataillon des agriculteurs prêts à jeter aux orties engrais de synthèse et produits phytosanitaires chimiques n’a jamais été aussi important qu’en 2018. Selon les chiffres publiés mardi 4 juin par l’Agence Bio, 5 000 exploitations supplémentaires sont venues grossir les rangs de l’agriculture biologique, portant leur nombre, en net, à 41 623. Un niveau de recrutement record. Désormais, 9,5 % des fermes françaises sont certifiées bio. En termes de surface, un seuil a aussi été franchi avec le passage du cap des 2 millions d’hectares cultivés selon des principes respectueux de l’environnement. Ce qui représente 7,5 % de la surface agricole utile (SAU) française.

Surcroît de travail

« Nous sommes passés à la vitesse supérieure. Dans plusieurs régions, il y a un phénomène de bascule. Les surfaces converties en bio sont plus importantes, signe que les cultures céréalières s’y mettent également », souligne Florent Guhl, directeur de l’Agence Bio. La palme reste toutefois détenue par les vergers dont les surfaces plantées en bio dépassent les 23,3 %. En queue de peloton, les grandes cultures avec un pourcentage de bio de 4,3 %, les élevages de poulets de chair (1,6 %) et les élevages porcins avec un maigre 1,3 %.


Lire la suite : La grande bascule vers le bio de l’agriculture française


Par le

Baisse de la contribution de l’Etat, hausse des charges et développement du numérique : la présidente Sibyle Veil doit trouver 60 millions d’euros d’économies d’ici 2022.

La tension est montée d’un cran lundi 3 juin à Radio France. La patronne du groupe de radio publique, Sibyle Veil, a présenté au conseil d’administration et aux organisations syndicales son plan « Radio France 2022 ». Si la modernisation des métiers vers le numérique, la création de podcasts ou d’une offre jeune ont été abordées, c’est surtout le plan d’économies présenté par la présidente qui est au cœur des inquiétudes.

Pour le moment, pas question de supprimer des antennes. En revanche, Radio France, qui dispose d’un budget de 650 millions d’euros, devra trouver 60 millions d’euros en trois ans. En effet, l’Etat prévoit d’amputer ses ressources de 20 millions d’euros. En outre, le groupe qui chapeaute France Inter, Franceinfo ou France Culture, devra supporter 20 millions d’euros de hausse mécanique des charges, et dégager 20 millions supplémentaires pour se développer dans le numérique. Des sommes qu’il faudra compenser.

Premier budget à pâtir de la réforme, la masse salariale, qui pèse 61 % des dépenses, et qu’il va falloir amputer de 25 millions d’euros, soit 6 % du total. « Je suis assez en colère dans la mesure où ces efforts demandés viennent après d’autres coups de rabots déjà réalisés, s’insurge Jean-Paul Quennesson, délégué SUD de Radio France. 25 millions, c’est tout simplement irréaliste. Nous voulons une expertise. »

A peine le chiffre a-t-il été évoqué que la perspective d’un plan de départ, qui n’a pas encore été formellement évoqué, est déjà dans les esprits.

, le syndicat national des journalistes (SNJ) a calculé que 25 millions représentaient 285 postes, alors que le groupe emploie 4 600 personnes. Pour le moment, la présidente n’a confirmé aucune réduction d’effectifs. Dans un premier temps, c’est l’organisation qui doit être revue, en l’occurrence le temps de travail, avec en perspective une révision du nombre de jours de congés, afin de faire baisser le nombre de contrats courts.

Faire évoluer les compétences en interne

Contrairement à France Télévisions, qui a renouvelé une partie des équipes en faisant entrer de nouveaux talents, Sibyle Veil préfère faire évoluer les compétences en interne. L’accent va donc être mis sur les formations, qui vont tripler en trois ans.

Outre les économies salariales, Radio France souhaite faire entrer 20 millions d’euros supplémentaires dans ses caisses, dont 8 millions grâce à la publicité et 6 millions issus du mécénat. Le groupe veut également mettre à la disposition de tiers son savoir-faire et ses infrastructures de production. « Cette activité de studio va se faire au détriment de la création maison. C’est un piège extraordinaire », s’insurge Jean-Paul Quennesson, également corniste au sein de l’orchestre national de France, une formation de Radio France.

En interne, on comprend mal pourquoi le gouvernement souhaite encore voir la radio économiser alors que les audiences sont satisfaisantes – France Inter a même dépassé RTL au premier trimestre – et que, grâce aux efforts déjà engagés, Radio France devrait être à l’équilibre cette année. En attendant, Sibyle Veil veut aller vite, et prévoit un accord de méthode, qui doit notamment fixer un calendrier précis, pour le mois de juin, et une négociation sur le chantier social entre septembre et décembre. Les salariés lui en donneront-ils les moyens ? En 2015, une grève de vingt-huit jours – la plus longue de l’histoire de la radio – avait freiné les ardeurs de son prédécesseur Mathieu Gallet.


Source : Radio France sous la menace d’un plan d’économie et de réduction d’effectifs


Par le

Fondation, fonds de dotation, don, legs : les moyens à disposition des bienfaiteurs pour servir l’intérêt général ne manquent pas.

La palette du philanthrope est large, mais à chaque projet collera un outil. D’où la nécessité de prendre le temps, avant de se lancer, de s’interroger sur ce qu’on souhaite accomplir. Sur quelle durée. Avec quels moyens, en temps et argent. Et avec qui.

L’instrument le plus simple demeure le don. Pour sélectionner son association ou sa fondation, les labels Don en confiance et Ideas peuvent aider. « Ces organismes effectuent un travail précieux de contrôle, suivi et accompagnement des structures dans la durée », note Stéphanie Gerschtein, responsable philanthropie chez Neuflize OBC.

Parmi les autres options : la donation d’un bien immobilier (acte notarié), de façon définitive ou en transférant temporairement l’usufruit ? le bénéficiaire pourra profiter quelques années du bâtiment pour son action ou en tirer des loyers.

Une fondation pour agir dans la durée

Certains ressentiront toutefois le besoin de créer leur propre véhicule philanthropique. « A partir d’un certain montant émerge souvent l’envie de structurer sa démarche, de sanctuariser les moyens consacrés, d’inscrire son action dans la durée ou de fédérer sa famille autour de sa générosité », constate Mme Gerschtein. « Le donateur se mue alors en don’acteur, note Stéphane Godlewski, fondateur de l’agence Doyouphil. A une époque où tout va vite et où ne subsistent que peu d’espaces pour agir sur le moyen et long terme, la fondation est un instrument intéressant. » Elle pourra être opératrice, mener ses propres actions, ou distributive, financer d’autres structures. Voire les deux à la fois.

Deux outils sont surtout utilisés : la fondation sous égide, créée au sein d’une fondation abritante, et le fonds de dotation, qui n’a pas droit au nom de fondation mais est aujourd’hui plébiscité. « Tous deux servent l’intérêt général, ont un but non lucratif et impliquent que les fondateurs affectent des actifs de manière irrévocable au service de la mission choisie », souligne Benoît Miribel, président du Centre français des fonds et fondations.

La différence ? Non dotée de la personnalité morale, la fondation sous égide est liée par contrat à une fondation abritante, qui dispose d’un droit de veto sur ses activités et qui, moyennant souvent rémunération, lui rend des services – assistance juridique, comptable, recherche de projets, etc. La Fondation de France prélève ainsi 3 % des flux sortants des fondations qu’elle abrite. Elle requiert de leur part un engagement de 200 000 euros sur cinq ans, soit 40 000 euros par an. Si elle est généraliste, la plupart des autres sont spécialisées, comme la Fondation Caritas, consacrée à la lutte contre la pauvreté. Il y a en France une soixantaine de fondations abritantes d’utilité publique.

Un bon « feeling » est nécessaire

« Se tourneront plutôt vers une fondation sous égide ceux qui ne connaissent pas bien la cause et qui ont conscience qu’identifier les meilleurs projets est une tâche difficile, ou qui souhaitent se consacrer exclusivement à la mission de la fondation et non à sa gestion », estime Axelle Davezac, directrice générale de la Fondation de France. « La fondation sous égide présente un avantage en matière de pérennité : au décès du fondateur, l’abritante prend le relais et poursuit l’objectif du philanthrope tant que le capital de la fondation abritée n’est pas épuisé », souligne par ailleurs Claire Douchy, de Société Générale Private Banking.

Encore faut-il ne pas se tromper de fondation mère. Un bon « feeling » est nécessaire entre les deux partenaires. « Nous prenons le temps de faire découvrir nos actions, si le projet n’est pas en adéquation avec nos statuts nous n’hésitons pas à orienter les philanthropes vers d’autres », témoigne Vanessa de Lauzainghein, directrice mécénat et philanthropie des Apprentis d’Auteuil.

Quid du fonds de dotation ? « C’est un véhicule plus simple et souple, qu’il est possible de mettre en place en trois semaines, plaide Stéphane Couchoux, avocat associé chez Fidal. Contrairement à la fondation sous égide, il est totalement contrôlé par des fondateurs et permet par exemple d’embaucher du personnel. » Conditions pour le créer : au moins 15 000 euros, un conseil d’administration d’au moins trois membres (souvent la famille du fondateur) et déposer les statuts en préfecture.

Si la décision dépendra de vos souhaits en matière d’autonomie ou au contraire d’accompagnement, gardez en tête que la démarche impose toujours de l’implication, du temps, des choix. « Je compare par exemple souvent la fondation familiale à la maison de famille, un lieu où l’on se retrouve, mais dont il faut s’occuper en commun, en arbitrant sans cesse ensemble les dépenses », souligne Sabine Roux de Bézieux, présidente d’Un esprit de famille, association regroupant 90 fonds de dotation et fondations d’initiative familiale.

La voie testamentaire

Reste la générosité posthume. Argent, maison, bijoux, œuvres oucomptes titrespeuvent être légués à une association ou à une fondation éligible par voie testamentaire, sans droits de succession. En veillant à ne pas dépasser votre quotité disponible, pour protéger la réserve héréditaire de vos héritiers. Vos enfants peuvent toutefois renoncer de façon anticipée à tout ou partie de leurs droits par un « pacte successoral ».

Si vous désignez une association ou fondation comme bénéficiaire d’un contrat d’assurance-vie, l’argent ainsi transmis échappera toutefois aux règles successorales et ne sera pas réintégré à la succession à votre mort, « du moins tant que les montants restent raisonnables », précise Frédéric Grosjean, responsable du service legs de l’Institut Pasteur.

Autre possibilité méconnue : le don sur succession. « Il s’agit de donner une part d’un héritage à une association ou fondation d’utilité publique. L’assiette de vos droits de succession sera réduite en fonction », détaille M. Grosjean. « Le testament peut enfin prévoir la création d’une fondation sous égide pour gérer vos fonds selon vos souhaits », poursuit-il. Une démarche réservée aux grands donateurs.


Lire la suite : Philanthropie : comment et à qui donner