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La démarche qui allie développement durable local et qualité de vie se développe mais reste encore l’apanage de petites villes, comme cette commune du Gers.

Il est 21 heures à Mirande (Gers), les restaurants commencent à fermer leurs portes. Sur un terrain aménagé le long du boulevard Alsace-Lorraine, le bruit des boules de pétanque qui s’entrechoquent se dissipe à mesure que la nuit tombe. Seuls quelques jeunes roulant à toute allure en moto viennent troubler le calme de la commune de 3 483 habitants. L’escargot, emblème des « slow cities« , traîne sa coquille sur la façade des écoles, des boulangeries, des boucheries et des restaurants. Le gastéropode nous rappelle de temps à autre que Mirande n’est pas une ville ordinaire, mais une « ville du bien vivre » comme s’en prévaut Pierre Beaudran, son maire.

Concept né en Italie en 1999, la « cittaslow » ou « slow city » fait suite à une déclinaison du mouvement Slow Food. Sa philosophie : le retour à un rythme de vie apaisé et raisonné à travers la promotion du développement durable et local. Piloté depuis l’Italie, le réseau Cittaslow international décerne un label aux communes de moins de 50 000 habitants. Le contrôle de la pollution sonore, la sauvegarde des monuments historiques ou encore la promotion des traditions et des produits locaux sont autant de conditions examinées. Les villes candidates doivent répondre a minima à la moitié des 72 critères de sélection, tous visant à réduire le stress urbain. 

Pour l’heure, en France notamment, ce sont essentiellement de petites communes qui sont labélisées. Des villes nettement plus conséquentes néanmoins, telles Bra en Italie et ses 29 000 habitants, et même Yaxi en Chine et 22 000 habitants, se sont engagées dans la démarche.

Labellisée en 2011, Mirande fait partie d’un réseau français de 10 communes coordonné par Pierre Beaudran. Parmi elles, Segonzac en Charente, Labastide-d’Armagnac dans les Landes, et Valmondois, seul « cittaslow » d’Ile-de-France. Si la municipalité occitane a obtenu son label avec62,76 % de critères satisfaits, c’est parce que, du fait de sa taille, elle était déjà slow avant d’en être labellisée.

Une démarche de développement durable globale

Non loin de l’Eglise de Sainte-Marie, La table du Petit Maupas a vu quatre générations de chefs cuisiniers se succéder depuis 1951. Eric Maupas, aujourd’hui à la tête du restaurant, met un point d’honneur à se fournir auprès de producteurs locaux. Son mot d’ordre : être authentique et créatif. « Un jour, je vais faire du poulet à la basquaise, le lendemain aux champignons puis nature. On prend des produits de saison et on essaie d’agrémenter les saveurs », explique-t’il. Egalement au menu, la vache mirandaise. Depuis 1997, cette race en voie de disparition fait l’objet d’un programme de préservation conduit par le lycée agricole de Valentées, situé à quelques kilomètres de là. Aidés du corps enseignant, les élèves participent à l’élevage de vaches mirandaises, de porcs noirs de Bigorre et de canards avant d’en revendre certains à d’autres exploitations. « On démarche les bouchers du Gers pour valoriser les circuits courts », souligne Jean-Louis Kelemen, directeur de l’exploitation agricole du lycée.

Au-delà de l’alimentation, la « cittaslow » est une démarche de développement durable globale. « Le label est un rappel à l’ordre. Il faut être en accord avec l’esprit “cittaslow” à chaque décision prise », précise Pierre Beaudran. Ainsi, la municipalité a entrepris de moderniser sa station d’épuration. Des bacs de roseaux ont été installés pour assécher et purifier naturellement les boues rejetées sur le site. La pose de panneaux photovoltaïques ici et là a également contribué à rendre la ville à 95 % à énergie positive comme s’en félicite le maire. « Cittaslow » a aussi un volet social. Avec 30 logements loués aux personnes âgées et aux familles actives, la résidence Lézian participe au maintien d’une solidarité intergénérationnelle.

Huit ans après l’avoir reçu, la municipalité doit renouveler son label. A l’heure du bilan, les commerces interrogés ne perçoivent pas d’impacts significatifs sur leur activité économique. A l’office de tourisme, Gisèle Beuste ne constate pas non plus de hausse de la fréquentation de la commune. Agent immobilier à Mirande, Eric Bocino assure que « la population, vieillissante, a diminué. Les jeunes vont toujours dans les grandes villes.» D’après l’INSEE, la population mirandaise a diminué de 1 % entre 2011 et 2016.

Une notion du temps trop souvent oubliée

L’organisation de l’assemblée internationale Cittaslow à Mirande en 2018 avait pourtant été un coup de projecteur sur la ville. La commune avait pu échanger ses bonnes pratiques avec quelque 250 délégués issus de 17 pays. Dans les universités de Lyon, de Paris et de Pau, les géographes sont également nombreux à solliciter les interventions des « cittaslow » françaises. « Le concept de “cittaslow” est intéressant, car il fait apparaître une notion du temps trop souvent oubliée dans l’analyse des politiques urbaines », constate Sandra Mallet urbaniste à l’université de Reims. Le maire de Mirande reconnaît que « les gens adhèrent plus à l’extérieur qu’à l’intérieur de la ville. Le plus difficile est d’impliquer les citoyens.» La philosophie continue néanmoins de séduire en France et à l’étranger puisque la commune gersoise de Cazaubon (1 623 habitants) et la commune belge de Jurbise (10 450 habitants) viennent d’être labellisées.


Source : « Slow city », un label pour Mirande, qui reste à partager avec ses habitants


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Un rapport de la Cour des comptes alerte l’exécutif sur la compensation « incertaine » des baisses d’impôts et des dépenses annoncées depuis l’hiver.

« Les mesures pour le pouvoir d’achat étaient utiles. Maintenant, il faut les payer. Et là, on galère. » Les propos de cette source gouvernementale résument le défi qui occupe l’exécutif en ce début d’été. Après un hiver de crise sociale marqué par le mouvement des « gilets jaunes », de Bercy à Matignon, conseillers et ministres s’attellent au budget 2020, qui sera présenté fin septembre et débattu à l’Assemblée nationale jusqu’en décembre.

Depuis dix jours, Gérald Darmanin, le ministre de l’action et des comptes publics, mène les entretiens avec ses homologues du gouvernement afin de préparer l’envoi, vers la mi-juillet, des lettres plafonds. Elles détermineront pour chaque ministère les crédits et le nombre de postes qui lui seront alloués.

Or, en six mois, l’équation s’est compliquée. Aux 10 milliards de mesures d’urgence annoncées en décembre 2018 par Emmanuel Macron – dont la revalorisation de la prime d’activité et la défiscalisation des heures supplémentaires – sont venues s’ajouter la baisse de 5 milliards d’euros de l’impôt sur le revenu promise le 25 avril par le chef de l’Etat ou encore la réindexation sur l’inflation des petites retraites jusqu’à 2 000 euros en 2020.

Contexte tendu

Désireux de répondre à l’« exaspération fiscale » des Français, Edouard Philippe a détaillé, dans son discours de politique générale du 12 juin, les modalités de la baisse d’impôts. Mais le premier ministre est resté très discret sur les économies nécessaires pour les mettre en œuvre.

Quatre jours plus tard, Gérald Darmanin assurait que le gouvernement comptait économiser un milliard d’euros à travers la suppression de niches fiscales, et 4 milliards sur les dépenses publiques, citant pêle-mêle les réformes en cours dans les secteurs du logement, des contrats aidés, de l’audiovisuel public ou le « champ social » (assurance-chômage). Une manière de maintenir la pression sur les intéressés ?

« La difficulté est double. Il faut trouver le moyen de baisser les dépenses demandées par les ministres, tout en ayant moins de recettes », résume cette source gouvernementale. Aux côtés des ministères que des lois de programmation pluriannuelles préservent de coupes claires comme la défense, certains reprennent les annonces du 25 avril pour réclamer davantage, à l’image de l’éducation nationale.


Lire la suite : Les baisses d’impôts devraient alourdir le déficit de la France en 2020


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Les défis du Grand Paris (1/5). Les 200 km de lignes et les 68 gares du métro du Grand Paris devraient changer la vie quotidienne de millions de Franciliens. Mais les nouvelles lignes pourraient être vite saturées et subsiste un besoin criant d’investissements.

C’est un train climatisé et connecté, dont les rames automatiques vêtues de blanc et bleu emportent chacune un millier de voyageurs à 60 km/h dans les profondeurs du Grand Paris, avalant les distances, effaçant les frontières, réparant les fractures.

Le Grand Paris Express, ses 200 kilomètres de lignes et ses 68 gares vont inscrire des territoires perdus sur la carte de l’agglomération parisienne, désenclaver des îlots isolés de l’archipel urbain, se connecter aux métros, s’accrocher aux tramways. A la fois colonne vertébrale et système artériel, le métro du Grand Paris doit enfin donner corps à cette métropole qui se résume souvent à un face-à-face méfiant entre la capitale et sa banlieue.

L’attente a été longue, les échéances plusieurs fois reculées. Encore en 2018, le premier ministre, Edouard Philippe, a retardé des lignes et échelonné leur mise en service entre 2024 et 2030, par « réalisme » technique et financier. Des aléas surviendront qui ajouteront six mois ici, un an là. Mais l’essentiel est acquis : l’ensemble de ce réseau à 35 milliards d’euros a été confirmé. Les tunneliers creusent, les chantiers avancent.

« Après le métro parisien et les RER Paris-banlieue, on passe à la troisième époque des réseaux : un métro circulaire, en rocade, de banlieue à banlieue », apprécie Valérie Pécresse, présidente (divers droite) du conseil régional et du syndicat des transports Ile-de-France Mobilités (IDFM), pour qui le Grand Paris Express s’inscrit dans « une révolution des transports qui va se faire tous azimuts ». Prolongement de lignes de métro historiques, création de tramways et de trams-trains entre villes de banlieue, renouvellement des RER et des bus remodèlent l’agglomération parisienne… « C’est une révolution écologique, économique, sociologique, comportementale, qui va profiter à toute la région », s’enthousiasme Mme Pécresse.

Une bouffée d’oxygène

Des 7 millions d’habitants de la métropole aux milieux économiques, des élus locaux aux acteurs de la mobilité, chacun attend énormément de ce bouleversement. Peut-être trop. « Il y a d’abord un enjeu de congestion de tous les transports, un décalage de l’offre par rapport à la demande qui impose des investissements massifs après un long retard », rappelle Fouad Awada, le directeur général de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU) d’Ile-de-France. Tous les dix ans, près de 2 millions de personnes supplémentaires ont besoin de se déplacer dans la région capitale. « Les transports publics ont absorbé les trois quarts de cette croissance, par une surcongestion de certaines lignes », constate M. Awada.


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Les régulateurs commencent à vouloir encadrer les cryptomonnaies dont celle de Facebook. Un mouvement que saluent certains acteurs.

Qu’on les admire ou qu’on les déteste, les cryptomonnaies sont désormais installées. L’annonce de Facebook, le 18 juin, de lancer la sienne – le libra – l’illustre. Et si le cours du bitcoin continue à osciller furieusement, il a rebondi après sa chute en 2018, et il s’approche de nouveau de la barre des 10 000 dollars, soit 8 784 euros (après un pic à 17 000 dollars fin 2017 et un creux à 3 000 dollars l’année suivante).

Si bien que les régulateurs des principales places financières de la planète commencent à mettre en place des cadres pour ces ovnis de la finance. De Singapour à Londres en passant par Paris, les shérifs débarquent au Far West des monnaies virtuelles. La France, qui préside cette année le G7, a décidé de mettre sur pied un groupe de travail consacré aux projets de cryptomonnaies dont celui de Facebook.

Certains acteurs du marché affirment les accueillir à bras ouverts. « Le nerf de la guerre sera d’être régulé », revendique Lionel Fournier. Cet ancien de la BNP et de Bank of America Merrill Lynch travaille depuis 2018 pour BitSpread, une start-up de douze personnes installée à Singapour et à Londres. Lui qui a longtemps été sceptique face à l’essor des cryptomonnaies estime qu’elles sont en train de se normaliser.

« L’objectif est de convaincre l’argent traditionnel, celui des fonds de pension ou des gérants institutionnels, de venir vers cette nouvelle frontière. Mais il faut, pour cela, avoir des structures pérennes et sûres. » Ce qui nécessite d’être reconnu et encadré par les régulateurs.

Un foisonnement sans doute impossible à arrêter

Ces derniers commencent à le faire. Singapour et la Suisse ont fait partie des précurseurs. En France, la loi Pacte vient d’autoriser les fonds d’investissement en cryptomonnaies. Au Royaume-Uni, le régulateur, la Financial Conduct Authority (FCA), a lancé une consultation sur le sujet et doit publier sa stratégie cet été.

« Pour l’instant, une cryptomonnaie au Royaume-Uni n’est pas régulée, elle est traitée comme s’il s’agissait d’argent liquide, explique Jérôme Lussan, directeur de Laven Partners, une société spécialisée dans la régulation financière. Cela signifie qu’on peut arriver de n’importe oùet mettre son argent dans des cryptomonnaies sans qu’aucune question ne soit posée. » Il demande que la FCA classe le bitcoin et les autres cryptomonnaies comme des « instruments financiers ». Automatiquement, les règles contre le blanchiment d’argent s’appliqueraient.


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