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Si les poules pondeuses en cage sont deux fois moins nombreuses qu’il y a dix ans, les œufs fermiers, qui doivent être issus d’élevages plein air ou bio restent indétectables, explique Laurence Girard, journaliste au « Monde », dans sa chronique hebdomadaire.
Matières premières. La chasse aux œufs est ouverte. Un mot d’ordre lancé dimanche 21 avril, fête pascale oblige. Pas question, pour les enfants, d’être chocolat, les parents veillent au grain… La quête de douceurs cacaotées sera, on s’en doute, couronnée de succès.
Mais une autre traque s’avère plus épique. Où sont cachés les œufs fermiers ?, ne peut-on manquer de s’exclamer, si l’on tente, tout à coup, de mettre de l’ordre dans les poulaillers. Lâchons la bride aux fins limiers.
Et d’abord, tournons-nous vers le représentant de la filière des poules pondeuses, le Comité national pour la promotion de l’œuf (CNPO). Il vient de pondre un logo « Œufs de France ». Pas un label, puisqu’il est attribué aux éleveurs par les éleveurs eux-mêmes. Mais, selon ses promoteurs, une assurance de traçabilité pour le consommateur lui indiquant que poussin, poulette, poule pondeuse et œuf ont vécu leur courte vie dans l’Hexagone. Un œuf cocorico !
Les plus curieux regardent, quant à eux, sur la coquille. Le marquage chiffré – de 0 à 3 –, est leur boussole. En le décryptant, ils braquent en effet leur torche sur les conditions d’élevage. Du bio au plein air, en passant par le sol et la cage. La cage, avec sa forte densité de poules au mètre carré, a du plomb dans l’aile. Mise en joue par les associations de défense du bien-être animal.
Le CNPO se rengorge en affirmant que, en France, seulement 58 % des poules pondeuses sont en cage. Soit deux fois moins qu’il y a dix ans. Et il estime que l’objectif fixé – passer sous la barre d’une poule sur deux d’ici à 2022 –, pourrait être atteint plus tôt que prévu.
Du côté des rayons des supermarchés, les œufs en cage ont représenté, pour la première fois, moins de 50 % des achats en 2018. L’élevage en plein air, 32 %, dont 8 % en Label rouge, le bio, 17 %, et le sol, 3 %. Et les œufs fermiers ?, s’interrogeront ceux qui attendent toujours le résultat de la recherche.
Réponse du CNPO : un blanc. L’outil de traçabilité tant vanté, censé ne laisser aucun poulailler dans l’ombre, ne les détecte pas. Il a les yeux fermés sur les œufs fermiers.
Et pourtant, cette dénomination existe bel et bien. Elle a même fait l’objet de belles empoignades juridiques. Les professionnels se sont volés dans les plumes. Avant que la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes ne tranche.
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Le droit définit la répartition des travaux à effectuer et à payer entre usufruitier et nu-propriétaire, explique Olivier Rozenfeld, président de Fidroit.
Question à un expert
Usufruitier ou nu-propriétaire, qui paye les travaux ?
Le droit définit la répartition des travaux entre usufruitier et nu-propriétaire. C’est l’usufruitier qui est redevable des dépenses d’entretien, c’est-à-dire des dépenses utiles au maintien en bon état de l’immeuble, mais aussi des dépenses d’amélioration. En revanche, c’est le nu-propriétaire qui est redevable des grosses réparations, qui touchent l’immeuble dans sa structure et sa solidité générale comme les gros murs, voûtes, poutres, toitures…
Attention, l’usufruitier ne peut pas forcer le nu-propriétaire à effectuer de grosses réparations. Si besoin, il peut seulement les effectuer et demander, au moment de l’extinction de l’usufruit, un dédommagement équivalent à la plus-value apportée à l’immeuble. L’usufruitier pourrait en avoir la charge définitive si elles sont causées par l’absence d’entretien de sa part.
De son côté, le nu-propriétaire peut contraindre l’usufruitier à effectuer les travaux d’entretien. Il peut aussi réaliser ces travaux à ses frais et en demander le remboursement, même s’ils ont été réalisés sans son accord. Le nu-propriétaire peut également demander la déchéance de l’usufruitier si ce dernier n’entretient pas l’immeuble.
Gare aux situations familiales tendues. Dans les rapports avec le syndic, chacun est débiteur de sa propre part, sans solidarité entre eux, sauf clause prévue dans le règlement de copropriété. Enfin, fiscalement, c’est la personne qui a payé les travaux qui peut les déduire !
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Le politiste Jonathan Holslag dénonce, dans une tribune au « Monde », les liens historiques entre la firme chinoise de télécoms et le gouvernement de Pékin, principal acteur de sa spectaculaire expansion internationale.
Tribune. « Huawei est un groupe comme les autres, » a déclaré la secrétaire d’Etat chargée des télécoms, Agnès Pannier-Runacher, dans une interview accordée au Monde publiée le 10 avril, ajoutant : « Je suis ravie que Huawei (…) investisse sur notre marché. » N’est-il pas étrange qu’une haute responsable française proclame cela au moment où le président de la République essaie de persuader la Chine d’être plus ouverte aux entreprises européennes et de rééquilibrer les rapports commerciaux entre la Chine et l’Union européenne (UE) ? Non, Madame la secrétaire d’Etat, Huawei n’est pas un groupe comme les autres.
Laissons pour l’instant de côté la dimension sécuritaire, déjà abondamment commentée. Huawei n’est pas une entreprise semblable à ses concurrentes européennes, Nokia ou Siemens. Même si elle investit énormément dans la commercialisation de ses produits sur le marché mondial, même si elle est maintenant perçue comme une marque comme les autres, Huawei reste d’abord et avant tout un atout du capitalisme d’Etat chinois. Comme l’a dit son fondateur Ren Zhenfei, en 2012, « sans la protection du gouvernement, Huawei ne serait plus vivant. »
Huawei doit respecter une loi chinoise qui demande à toutes les entreprises nationales de partager leurs données avec le gouvernement de Pékin
Huawei a élargi sa position en trois étapes.
Au début, M. Ren, lui-même ancien militaire, a cultivé des relations privilégiées avec les forces armées chinoises, qui ont ouvert la voie à ses premiers contrats.
La deuxième étape a été de persuader le gouvernement de limiter la présence des entreprises européennes sur le marché chinois. Pékin a effectivement changé la réglementation des investissements. En 2000, des entreprises étrangères contrôlaient encore plus de 50 % du marché chinois de la téléphonie mobile ; en 2010, ce n’était plus que 10 %, et Huawei en contrôlait 45 %.
Avec une telle protection sur un marché de 1,4 milliard de consommateurs, Huawei ne pouvait que grandir très rapidement. De plus, l’entreprise a bénéficié d’un soutien financier inédit.
Officiellement, Huawei n’est pas une entreprise d’Etat, mais la structure de propriété de l’entreprise reste aussi nébuleuse. En 2009, des actionnaires chinoises ont injecté près de 4,5 milliards d’euros, un énorme montant. L’identité de ces investisseurs reste inconnue. Le gouvernement a mis à la disposition au moins 870 millions d’euros des subventions. Cela, en plus des restrictions imposées aux investisseurs étrangers, a permis d’agrandir sa capacité de production et de baisser les prix de ses produits beaucoup plus que ceux de ses concurrents.
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Les économistes Uri Dadush et Guntram Wolff imaginent, dans une tribune au « Monde », les conséquences dramatiques pour le commerce international d’une disparition de l’institution genevoise, minée par l’administration Trump.
Tribune. Aussi essentielles que soient les négociations commerciales entre la Chine, les Etats-Unis et l’Union européenne (UE), elles détournent notre attention de l’actualité phare du moment : l’Organisation mondiale du commerce (OMC), l’institution sur laquelle repose l’ordre économique mondial, est menacée d’extinction. La communauté internationale se doit de la défendre comme s’il n’existait pas d’alternative, mais elle doit en même temps se préparer à la possibilité que celle-ci cesse d’exister un jour.
Pour les économistes que nous sommes et pour la plupart des délégués commerciaux que nous connaissons, imaginer un monde sans l’OMC est aberrant ; le fait même de poser cette question risque de couper court à toute discussion sérieuse sur le sujet.
Il faut rappeler que le commerce international est l’élément vital de l’économie mondialisée, et c’est pourquoi nous serions irresponsables de ne pas considérer cette éventualité. Il faut surtout garder à l’esprit que l’Europe repose intégralement sur le commerce mondial. A titre d’exemple, l’Allemagne dépend de ses exportations à hauteur de presque 20 000 euros de revenu annuel par habitant, et la France à plus de 10 000 euros.
La menace qui pèse sur l’OMC est avérée, et ce, sur quatre fronts.
En premier lieu, les négociateurs commerciaux sont incapables d’avancer sur les questions essentielles pour les 164 Etats membres de l’institution. Les enjeux sont nombreux, et vont de questions dont on discute en vain depuis des années comme la libéralisation des services ou la limitation des subventions agricoles, à des questions nouvelles qui sont devenues incontournables dans notre économie actuelle, comme le commerce numérique.
En second lieu, et il s’agit là de la menace la plus immédiate, l’administration Trump bafoue allègrement les règles de l’OMC en justifiant ses actions unilatérales derrière des subtilités juridiques, alors même qu’elle affirme défendre l’institution.
En troisième lieu, et ceci est de tout aussi mauvais augure, les Etats-Unis remettent ouvertement en cause la légitimité du mécanisme de règlement des différends de l’OMC en refusant de renouveler le mandat des membres de son organe d’appel. L’étendue des dommages causés par les politiques actuelles du gouvernement américain est immense.
Certains délégués commerciaux haut placés diraient – seulement en privé – que les Etats-Unis ont en réalité déjà quitté l’OMC. Même si une future administration renversait la tendance, le système de commerce international que les Etats-Unis ont promu depuis la fin de la seconde guerre mondiale aura perdu toute crédibilité, peut-être même de manière irréversible.
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