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Adapter un logement au vieillissement ou réaliser de gros travaux est souvent coûteux. Mais de nouvelles aides ont été mises en place. Mode d’emploi pour en bénéficier.
Se lancer dans l’installation d’un monte-escalier ou changer de chaudière est parfois compliqué quand le budget est serré. Mais il est possible de bénéficier d’aides de l’Agence nationale d’amélioration de l’habitat (Anah).
Peu connues du grand public et d’un accès complexe, les aides apportées par cette structure ne sont, en effet, pas toujours utilisées par des personnes qui pourraient en bénéficier. « Nous avons lancé un chantier de modernisation qui devrait permettre d’améliorer notre visibilité et de simplifier les démarches. Nous voulons créer un réflexe Anah chez tout particulier qui souhaite démarrer des travaux de rénovation et se renseigner sur les aides publiques », explique Valérie Mancret-Taylor, directrice générale de l’Anah.
Au total, plus de 700 millions d’euros d’aides ont été débloqués en 2018. Elles sont destinées aux propriétaires occupants, aux propriétaires bailleurs, mais aussi aux copropriétés.
Cinq grandes aides sont disponibles :
Elle permet d’apporter entre 35 % et 50 % du coût des travaux pour l’isolation des murs, le changement de chaudière et l’isolation des combles. Elle complète le programme « Habiter mieux » qui permet de financer tous les travaux d’économie d’énergie dans tout type d’habitat jusqu’à 60 % du coût des travaux dans une limite comprise entre 7 000 et 10 000 euros.
Elle sert à rénover un logement dégradé et peut être utilisée pour la rénovation des réseaux d’eau, d’électricité, de gaz ou le changement d’une toiture. La moitié des travaux peut être financée pour un maximum de 10 000 euros.
Elle finance des travaux mais de beaucoup plus grande ampleur notamment la rénovation de logements insalubres. L’Anah finance la moitié des travaux et jusqu’à un montant de 25 000 euros. En 2018, 13 millions d’euros ont été employés à des opérations de résorption de l’habitat insalubre.
Elle permet de financer l’adaptation d’un logement au vieillissement ou au handicap comme l’installation d’un monte-escalier ou d’une salle de bain. L’aide peut financer la moitié des travaux et jusqu’à 10 000 euros : 16 985 logements ont bénéficié de cette aide en 2018.
Destiné propriétaires bailleurs, le programme « louer mieux » permet de bénéficier d’une déduction d’impôt comprise entre 30 % et 85 % des revenus fonciers en échange d’une location avec des locataires aux ressources modestes et à un loyer abordable.
Mais attention, à part pour le programme « louer mieux », seul un public modeste est éligible aux aides : un couple en Ile-de-France doit gagner au maximum 36 572 euros par an et 27 729 euros pour les autres régions. Or, ces ménages n’ont pas toujours la capacité financière d’assumer la somme restant à leur charge une fois l’aide de l’Anah déduite. Pour des travaux d’isolation d’un montant de 17 000 euros par exemple, la subvention versée par l’Anah est de 9 150 euros. Cela laisse 7 850 euros à engager.
Pour bénéficier d’une aide supplémentaire, qui peut aller jusqu’à 10 200 euros, il faut faire partie d’un public encore plus modeste et gagner au maximum 30 044 euros par an pour un couple en Ile-de-France et 36 572 euros en région. Ce public très modeste devra engager 6 800 euros de travaux, ce qui représente environ trois mois de salaire pour un couple francilien.
« Si ce reste à charge est trop élevé pour le ménage, il faut contacter un conseiller du réseau Faire. Cette structure publique permet de faire le point sur toutes aides complémentaires auxquelles on peut prétendre en fonction de sa situation », conseille-t-on à l’Anah. Il est possible de téléphoner au numéro 0 808 800 700 pour joindre un conseiller.
Cela permet de vérifier si le département, la région ou la ville apportent un financement supplémentaire, ou de se tourner vers des interlocuteurs auxquels on ne pense pas toujours, comme les caisses de retraite.
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Sanctionné par ses employés et fournisseurs, l’intransigeant capitaine Boycott (1832-1897) a donné malgré lui son nom à cette forme d’action de rétorsion, perçue à ses débuts comme l’arme des opprimés. Le boycott s’est aujourd’hui adapté aux évolutions de nos sociétés mondialisées.
Histoire d’une notion. Fin mars, l’acteur américain George Clooney lançait un appel au boycott de neuf hôtels de luxe détenus par le sultanat de Brunei, pour protester contre la nouvelle législation de ce pays d’Asie du Sud-Est qui prévoit la peine de mort en cas d’homosexualité ou d’adultère. Au Maroc, où les produits laitiers du groupe Danone, jugés trop chers, sont boycottés depuis avril 2018, les ventes ont enregistré une chute historique. En Algérie, plusieurs dizaines de maires annoncent vouloir boycotter la présidentielle du 4 juillet en signe de soutien aux revendications populaires… Dans sa verte Irlande du XIXe siècle, le capitaine Boycott ne soupçonnait sans doute guère que son nom franchirait ainsi le temps et les frontières.
Si cette forme de contestation collective vise aujourd’hui toutes sortes d’activités – commerciales, politiques, culturelles, sportives –, c’est en effet dans la lutte des classes du comté irlandais de Mayo que le mot trouve son origine. En 1880, l’Anglais Charles Cunningham Boycott (1832-1897) y gère d’une main de fer l’immense domaine de lord Erne et expulse de leurs terres tous les paysans locataires qui ne peuvent plus assumer leur loyer. Deux hommes politiques, Charles Parnell et Michael Davitt, proposent alors une tactique de rétorsion aux expulsés : rompre toute relation commerciale ou de service avec le capitaine Boycott et avec les paysans qui ont repris leurs terres.
Très vite, les résultats se font sentir. « Le mot d’ordre donné, écrivait en 1909 dans la Revue des deux mondes le journaliste René Pinon, on vit, sur les terres de lord Erne, les bergers abandonner leurs troupeaux, les paysans se croiser les bras en face des récoltes mûres, le maréchal-ferrant refuser de ferrer les chevaux de Boycott, le boulanger de lui fournir du pain, le facteur de lui remettre ses lettres. » L’homme finira par quitter la région, mais laissera son nom à la postérité. Le « boycott », ou boycottage, franchit rapidement les mers pour gagner le continent – devenant boicot en espagnol, boicottaggio en italien, boykott en allemand. Le dictionnaire de l’Académie française le considérera longtemps comme un anglicisme, avant de l’admettre, en 1986, dans sa neuvième édition.
Si le mot date du XIXe siècle, la pratique, elle, remonte à des temps très anciens. « Ostraciser, mettre à l’index, mettre au ban, excommunier, frapper d’un embargo ou encore d’un blocus : comme le boycott, toutes ces actions ont pour but d’affaiblir un adversaire en l’isolant socialement ou économiquement », rappellent les chercheuses Ingrid Nyström et Patricia Vendramin dans leur ouvrage Le Boycott (Les Presses de Sciences Po, 2015). Le boycott s’inscrit dans la continuité de ces sanctions, dont certaines remontent à la Grèce antique et au premier christianisme. Mais plus que les autres, il apparaît comme l’arme des opprimés, la tribune des sans-voix et des minorités. Une forme de résistance passive difficilement réprimable par les autorités, qui s’est ancrée avec force dans le répertoire de l’action collective, notamment dans les pays anglo-saxons. « Aux Etats-Unis, précisent Mmes Nyström et Vendramin, le recours à ce mode d’action est aussi systématique que l’appel à la grève ou à la manifestation en France. »
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La ministre du travail, Muriel Pénicaud, veut « responsabiliser les employeurs face au recours excessif aux contrats courts » par un décret cet été.
Le gouvernement instaurera cet été un bonus-malussur les contrats courts par un décret qui s’attaquera aussi à la « permittence » et aux cadres à « hauts revenus », dans le cadre de la réforme de l’assurance-chômage, a annoncé, lundi 29 avril, la ministre du travail, Muriel Pénicaud, dans un entretien aux Echos.
Depuis l’échec des négociations entre partenaires sociaux fin février, l’exécutif a repris la main sur la réforme de l’assurance-chômage, avec un cycle de « consultations » avec patronat et syndicats. « Il nous reste plus d’un mois et demi pour mener les réunions bilatérales et faire les arbitrages. Tout cela aboutira à un décret à l’été », a déclaré Mme Pénicaud.
Sans attendre cette échéance, la ministre du travail assure qu’« il y aura bien un bonus-malus pour responsabiliser les employeurs face au recours excessif aux contrats très courts, en privilégiant une approche par secteur ».
Le décret va aussi « traiter de la permittence », cette « succession de contrats courts entrecoupés de périodes d’indemnisation » dont les règles « n’incitent pas au retour à l’emploi », selon elle.
Le texte modifiera également la situation des cadres, dont « tous les indicateurs confirment la situation de plein-emploi, seniors exceptés ». « Il y aura donc une mesure pour les hauts revenus qui tiendra compte de l’âge », afin que leur période de chômage « soit la plus courte possible », précise Mme Pénicaud.
La ministre se félicite en outre des effets de sa réforme par ordonnances du code du travail, qui « commence à porter ses fruits », en particulier la mise en place des conseils sociaux et économiques (CSE). Ces nouvelles instances de représentation du personnel remplacent les délégués du personnel dans les entreprises de 11 à 49 salariés, et pour celles de 50 salariés et plus, elles fusionnent les anciennes instances (comité d’entreprise, DP et comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail).
« Au 31 décembre 2018, 12 000 conseils sociaux et économiques avaient déjà été mis en place. Nous en attendons 20 000 autres cette année », dit-elle.
Concernant les ruptures conventionnelles collectives, 96 avaient été engagées au 31 décembre, dont 60 sont « déjà » agréées, selon la ministre.
« Un peu plus de la moitié des RCC a concerné des grands groupes et 80 % ont été signées avec des délégués syndicaux. La plupart des accords prévoient un accompagnement, une aide à la formation, à la mobilité… 94 % ont des mesures ciblées sur la création d’entreprise », détaille-t-elle.
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La psychologue du travail Sylvaine Perragin revient dans un livre paru au Seuil sur l’origine de la dangereuse montée des tensions dans l’univers feutré des bureaux.
Le livre. Au volant de leur camion chargé de nitroglycérine, Yves Montand et Charles Vanel en perdition dans un village d’Amérique centrale vivent durant 500 kilomètres le stress d’une mission qui leur sera fatale dans Le Salaire de la peur, réalisé par Henri-Georges Clouzot en 1953. Le Salaire de la peine, le livre de Sylvaine Perragin, nous transpose dans un contexte beaucoup plus lisse que les routes guatémaltèques et en apparence bien plus serein : celui du monde du travail du XXIe siècle. Mais c’est bien de stress qu’il s’agitet plus largement de souffrance au travail.
Dans son essai, la psychologue du travail revient sur l’origine de la dangereuse montée des tensions dans l’univers feutré des bureaux alors que « 90 % des actifs pensent que la souffrance au travail a augmenté depuis dix ans ». Elle en donne, en quelques chiffres, une photographie inquiétante : « En 2017, 400 000 personnes souffraient de troubles psychiques liés au travail ; 500 sont parvenus à les faire reconnaître comme maladies professionnelles. »
Pourtant, les entreprises sont obligées par la loi d’évaluer les risques professionnels, y compris les risques psychosociaux depuis 1991. Alors pour quelles raisons, malgré la prise de conscience des employeurs et la multiplication des audits, l’environnement de travail des salariés ne s’améliore-t-il pas ? Pourquoi, en 2018, la France comptait-elle encore « 3,2 millions de personnes (…) “en danger” d’épuisement » ?, interroge l’auteure, qui signale « plus de 4 000 infarctus directement dus au stress professionnel ».
La souffrance au travail est devenue « un véritable marché », au point d’augmenter le chiffre d’affaires du conseil en France de 10,5 % en 2017 ! Mais les préconisations des consultants ne sont pas ou peu suivies par les entreprises, explique-t-elle.
Sylvaine Perragin démonte, exemples à l’appui, les pratiques managériales fautives, qui aboutissent soit à l’enterrement des recommandations des cabinets RH, soit à la mise en place de purs produits du business de la souffrance au travail, des fausses solutions étiquetées « bien-être au travail » ou « bonheur au travail ». Le problème est que le succès économique des cabinets de conseil résulte d’un processus d’évitement : le stress des salariés est abordé dans une approche centrée sur l’individu qui écarte « les causalités relatives à l’organisation du travail ». Les entreprises passent ainsi à côté du sujet.
Lire la suite : « Le Salaire de la peine » : la souffrance au travail se porte bien