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Plus qu’à Bruxelles, la régulation financière se fait dans les instances internationales. C’est là que la City de Londres veut s’investir après le Brexit, explique, dans sa chronique, notre journaliste.

Chronique marchés. Pour la City, même si un accord est trouvé dans les jours qui viennent, le Brexit est une affaire particulièrement mal engagée. Le centre financier londonien s’est longtemps battu pour rester dans l’Union européenne. Ayant perdu, il s’est battu pour rester dans le marché unique. Ayant à nouveau perdu, il a demandé de conserver un alignement réglementaire. Mais la première ministre britannique, Theresa May, l’a désavoué, en présentant en juillet son plan officiel pour l’après-Brexit : elle demande à rester sur les réglementations européennes pour les biens, pas pour les services.

Pour autant, il n’y a guère de panique chez les financiers londoniens. Les départs de banquiers, d’assureurs et de gérants d’actifs se comptent en quelques milliers de personnes et se compteront peut-être en une dizaine de milliers d’ici mars 2019, date de l’entrée en vigueur du Brexit. A peine une égratignure. Les grandes institutions ne cachent pas leur pessimisme, mais elles préfèrent patienter, attendant d’y voir plus clair.

Cela peut sembler surprenant. Avec le Brexit, la City perd deux choses essentielles. Elle ne pourra plus vendre ses produits financiers à travers l’UE : c’est la perte du fameux « passeport ». Le second problème est plus compliqué et concerne la régulation financière : le centre financier craint de voir Bruxelles lui imposer ses règles. A terme, son cauchemar serait de se trouver dans une position de vassal, obligé d’obéir sans avoir la capacité d’influencer les débats.

Passer au-dessus de l’UE

Lors d’une conférence passionnante à la London School of Economics le mois dernier, Paul Tucker, un ancien vice-gouverneur de la Banque d’Angleterre, a donné les clés du flegme actuel. Sur un ton placide, le Britannique au visage de chérubin a doctement expliqué qu’il est très facile de contourner l’UE : il suffit de passer au-dessus.

Les plus importantes régulations financières sont en effet déterminées dans des...


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Pour réduire l’usage de la voiture dans les grandes villes, l’expert Jean Coldefy suggère dans une tribune au « Monde » plutôt l’instauration de péages urbains modulés selon le revenu.

Tribune. Alors que chaque année nous battons des records de température, les transports représentent toujours un tiers des émissions de CO2. La voiture assure 80 % des kilomètres parcourus et l’Ile-de-France garde le record d’Europe de bouchons avec 400 km recensés quotidiennement. C’est dans ce contexte que s’inscrivent les réflexions sur la gratuité des transports publics, au sein de la région capitale comme ailleurs. Rendre les transports en commun plus attrayants et diminuer le trafic routier, telle serait la finalité d’une telle mesure. Mais la gratuité des transports en commun n’est-elle pas un leurre ?

Aujourd’hui, le coût d’usage de la voiture est deux fois plus élevé pour l’usager que celui des transports en commun. Il est nécessaire de s’interroger sur l’impact réel d’une telle politique sur le trafic routier. On peut noter que cette mesure est l’apanage de petites villes et, à de rares exceptions près, de villes moyennes. Or, sur ces territoires, ce sont les entreprises qui l’ont financée : les Mutuelles à Niort, ArcelorMittal à Dunkerque.

Les grandes villes qui ont expérimenté la gratuité (Portland, Austin, Denver) sont, elles, toutes revenues en arrière pour des raisons de financement des réseaux – indispensables en raison de la croissance urbaine –, de baisse de la qualité de service et d’augmentation d’usages non pertinents des transports publics sur de courtes distances jusqu’alors réalisées à pied ou à vélo.

Péage urbain

Les Français seraient-ils vraiment accros à la voiture ? La réalité est tout autre. Mais les alternatives à l’usage de la voiture sont d’autant plus faibles que l’on s’éloigne du centre des agglomérations, qui concentrent les emplois et les services de mobilité. Les prix des logements dans les centres urbains ont aussi fortement augmenté depuis vingt ans, ce qui a contraint de nombreuses catégories sociales à s’éloigner des cœurs de ville avec un allongement très important des distances...


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Les entreprises numériques, qui se sont développées dans les grandes villes, ont créé nombre d’emplois de proximité. Or les travailleurs intéressés n’arrivent plus à se loger, signale, dans une chronique au « Monde », Nicolas Colin, spécialiste de l’économie numérique.

Chronique. Il est souvent affirmé que le numérique permet de disséminer les activités économiques dans l’espace en facilitant le travail à distance et les interactions virtuelles. La réalité est exactement inverse : plus l’économie devient numérique, plus la population se concentre dans les grandes villes et plus les prix de l’immobilier y montent.

L’un des auteurs qui éclairent ce phénomène est Enrico Moretti, économiste à l’université de Californie, à Berkeley, et auteur de The New Geography of Jobs (Mariner Books, 2013, non traduit). Son livre s’ouvre sur une description saisissante de Detroit, le berceau de l’industrie automobile américaine.

Au XXe siècle, des millions de personnes ont emménagé à proximité de cette ville du Michigan pour se rapprocher de ce qui était à l’époque le moteur de l’économie : les usines. Non que la majorité des Américains aient travaillé à l’époque sur les chaînes d’assemblage, loin s’en faut, mais les usines étaient au cœur d’une économie prospère de services de proximité. Des entreprises s’implantaient pour fournir des services aux usines elles-mêmes ; d’autres se développaient pour servir les ingénieurs et ouvriers qualifiés qui résidaient non loin de là. Tout un écosystème trouvait ainsi son équilibre. L’usine générait des gains de productivité, qui étaient partiellement réinvestis dans une économie locale créant majoritairement des emplois de services.

Aujourd’hui, Detroit traverse une crise profonde et durable. Elle a été désertée par nombre de ses habitants depuis la crise de 2008. Mais la raison structurelle de cet exode est la marginalisation des usines dans l’économie. La plupart d’entre elles ont été délocalisées depuis longtemps, là où la main-d’œuvre, le foncier, l’énergie et la santé coûtent moins cher. Surtout, les usines d’aujourd’hui sont largement automatisées. Parce qu’elles n’emploient plus grand monde, elles n’entraînent plus de créations massives...


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Pour dénicher le placement le plus rentable, mieux vaut opter pour celui qui affiche les frais de gestion les plus bas. Cependant, d’autres critères sont aussi à considérer.

Les fonds en euros garantis attirent toujours la majeure partie des sommes placées dans l’assurance-vie. Depuis le début de l’année et jusqu’à la fin du mois d’août, selon la Fédération française de l’assurance, ils ont capté 71 % des 95,2 milliards investis dans cette enveloppe. Pourtant, leurs rendements n’ont cessé de diminuer au fil du temps, pour atteindre 1,8 % en moyenne par an, soit environ 1,5 % après prélèvements sociaux, et avant d’éventuels impôts.

Tous les épargnants ne sont cependant pas logés à la même enseigne, car la moyenne des rendements cache d’importants écarts, d’un assureur à l’autre, et parfois même d’un contrat à l’autre au sein d’une même société.

Impact sur la performance

C’est ainsi que certains assurés ont pu voir, l’an dernier, leur épargne progresser de 2,80 % avec Dynavie (de Capma & Capmi, une société du Groupe Monceau), de 2,65 % au Gaipare (géré par ­Allianz) ou de 2,58 % avec Epargne Retraite 2 (d’ASAC-Fapes, fonds géré par Allianz). Particularité de ces trois champions de l’année 2017 : ils affichent des frais de gestion parmi les plus faibles du marché et sont pilotés soit par des mutuelles, soit par des associations d’épargnants. Dans ­Dynavie, par exemple, l’assureur prélève un maximum de 0,54 % par an ; au Gaipare, la facture s’élève à 0,6 % ; quant à l’ASAC-Fapes, elle affiche les frais de gestion les plus bas du marché, à 0,36 %.

Si ces frais ont un impact direct sur la performance nette attribuée aux assurés (ils sont déduits de la performance brute réalisée par l’ensemble du portefeuille), ils ne sont cependant pas la seule justification aux bonnes performances. « La faiblesse des frais permet de relever la saveur de nos performances, indique Thomas Delannoy, directeur général d’ASAC-Fapes, mais ils n’expliquent pas tout. Le moteur principal de la performance, c’est la richesse du portefeuille, dont le rendement réel est élevé, car nous incitons l’assureur à prendre des positions sur des classes d’actifs attractives. » Le poids relativement faible des ­encours (3,5 milliards d’euros pour l’ASAC-Fapes) permet de tirer le meilleur parti de cette diversification, puisque toute ligne d’actif plus rentable que le rendement des obligations d’Etat a un impact direct sur la performance ; là où les assureurs gérant des fonds en euros de plusieurs dizaines de milliards ont plus de mal à faire la différence.

S’il met lui aussi en avant les atouts de la diversification des actifs, Olivier Sentis, directeur général de la modeste MIF (Mutuelle d’Ivry-La Fraternelle), qui a servi 2,50 % en 2017, observe de la même manière que « l’impact des frais est désormais très sensible sur le résultat distribué aux assurés ». Pour maintenir un niveau de chargement très bas, à 0,35 %, il révèle que « la gestion financière s’effectue en interne, avec des coûts limités à 0,30 % par an. Le fait de détenir notre propre salle de marchés nous permet d’économiser 0,50 % par an sur la gestion ». A l’AFER, dont le fonds en euros pèse aujourd’hui près de 50 milliards d’euros, les frais de gestion de 0,475 % ont, là aussi, permis de limiter l’érosion des rendements, puisque le fonds en euros a progressé de 2,40 % l’an dernier.

Réserves de bénéfices

A l’inverse, rares sont les fonds ayant des frais de gestion élevés à figurer dans les meilleures places. Chez Aviva, gérant du fonds AFER, les contrats vendus par l’assureur affichent par exemple 1 % de frais de gestion annuels, ce qui s’est traduit l’an dernier par un rendement de 1,9 %. A la CNP, avec 1 % de frais de gestion également, la progression a été limitée à 1,7 % sur le fonds en euros de CNP One, un contrat récent, soit un taux inférieur à la moyenne du marché.

Au vu de ces résultats, faut-il se concentrer sur les fonds en euros aux frais de gestion les plus faibles pour miser sur l’avenir ? Les professionnels, s’ils reconnaissent l’impact direct de ces frais, invitent à la prudence, car d’autres éléments sont à prendre en compte. C’est en particulier le cas des réserves de bénéfices. Ces provisions ont été constituées par les compagnies, souvent à la demande des autorités de contrôle, afin de pouvoir faire face dans l’avenir à des chocs financiers comme une remontée forte des taux d’intérêt. En moyenne, selon le site spécialisé GoodValueforMoney.eu, les assureurs disposaient de plus de 3,35 % de rendement mis de côté à la fin de l’année 2017.

Reste une question-clé : ces réserves de bénéfices seront-elles mises à profit cette année pour augmenter les rendements et compenser l’augmentation de l’inflation ? « Non, prévient M. Sentis, car elles sont faites pour accompagner une remontée des taux, et non pour s’adapter à l’inflation. Les épargnants pourraient donc être perdants cette année, avec des rendements stables alors que l’inflation remonte. » De quoi inciter les assurés à diversifier leurs capitaux vers les supports en unités de compte, et pour ceux qui privilégient la sécurité absolue, à choisir des fonds en euros performants et comportant un niveau de frais raisonnable.


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