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A l’Exposition internationale d’importation de Shanghaï, le président Xi Jinping a annoncé 30 000 milliards de dollars d’importations de biens dans les quinze ans à venir.

Avec 150 000 visiteurs attendus et pas moins de 3 000 entreprises venues de 170 pays, la première Exposition internationale d’importation, organisée à Shanghaï du lundi 5 au samedi 10 novembre, est censée marquer le symbole d’une Chine non seulement conquérante, mais généreuse. Une Chine dont le développement profite au monde entier. Une Chine qui sait accueillir et remercier ses nombreux amis, chéquiers ouverts.

Lundi, dans son discours inaugural, le président Xi Jinping a d’ailleurs dévoilé le montant du chèque à venir. « Dans les quinze prochaines années, les importations chinoises de biens et de services devraient dépasser respectivement 30 000 milliards et 10 000 milliards de dollars [26 300 milliards et 8 768 milliards d’euros] », a-t-il affirmé, en vantant à la fois l’ouverture passée et à venir de la Chine.

Mais le président, également secrétaire général du Parti communiste chinois a dû le reconnaître : l’heure n’est pas à la fête. « L’économie chinoise n’est pas un étang, mais un océan. L’océan peut avoir ses jours calmes, mais on peut aussi s’attendre à ce qu’il y ait des grands vents et des tempêtes. Sans eux, l’océan ne serait pas ce qu’il est. » Un aveu de taille dans la bouche du successeur du Grand Timonier.

Forte baisse des marchés boursiers

Jusqu’à ces dernières semaines, le message des autorités se voulait rassurant. La guerre commerciale que les Etats-Unis mènent depuis quelques mois contre Pékin n’avait pas d’effet sur l’économie chinoise. Mais, semaine après semaine, les nuages s’accumulent. Rien de tragique, mais, au troisième trimestre, la croissance n’a été que 6,5 % en rythme annuel, la moins bonne performance depuis neuf ans. L’indicateur des services, publié lundi, montre que ce secteur a connu en octobre sa croissance la plus faible depuis treize mois. Et, si le gouvernement se félicite des 11 millions d’emplois créés dans les zones urbaines durant les trois premiers trimestres, il...


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Brexit, baisse du marché automobile, guerre commerciale… L’alignement des planètes qui avait conduit à une météo très favorable pour l’Europe est en train de se défaire, explique dans sa chronique Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».

Pertes & Profits. Dundee a vu passer les cycles économiques comme les nuages dans le ciel d’Ecosse, toujours en mouvement. La troisième ville du pays, derrière Edimbourg et Glasgow, a connu la prospérité, du temps des baleiniers, du jute et des grandes manufactures, le déclin et le renouveau. Elle n’échappe pas aujourd’hui à la nouvelle lame de fond de désindustrialisation qui touche tout le Royaume-Uni.

L’une de ses principales usines va fermer. Le fabricant français de pneumatiques Michelin a annoncé l’arrêt de son site, qui emploie 845 personnes. Tout le personnel politique local et national monte au créneau. La première ministre, Nicola Sturgeon, qui s’était rendue sur place il y a un an, se déclare « dévastée » par cette annonce et promet des aides. Les syndicats hurlent à la trahison.

Il est vrai que la nouvelle prend tout le monde de court. Michelin avait investi 70 millions d’euros pour moderniser l’usine et garantir sa pérennité pour les dix à quinze prochaines années. Mais en septembre, le directeur de l’usine, John Reid, avait reconnu dans les colonnes du journal local, The Courier, que des adaptations seraient nécessaires, voire des suppressions de postes, pour pallier la baisse des commandes. La solution a été nettement plus radicale.

Car la tempête qui se lève aujourd’hui n’a rien d’une petite brise de printemps. Soudain, l’alignement des planètes qui avait conduit à une météo très favorable pour l’économie européenne est en train de se défaire. Tous les éléments convergent désormais pour nous promettre un hiver rude.

Le Brexit est évidemment le premier sur la liste. Au fur et à mesure que l’échéance d’une sortie du Royaume-Uni se précise, les industriels réfléchissent avant d’investir.

Le piège chinois se referme

D’autant que le marché automobile britannique s’effondre : 9,3 % de baisse en septembre, 2,9 % en octobre. Un phénomène qui commence à toucher l’Europe, à la faveur...


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C’est le calcul auquel est parvenue la newsletter « Les Glorieuses », qui veut sensibiliser l’opinion sur les inégalités salariales entre les femmes et les hommes.

A compter de mardi 6 novembre, à 15 h 35, les Françaises travaillent pour rien. C’est ce qu’annonce Les Glorieuses, à l’origine de ce calcul annuel. En 2017, la newsletter féministe avait arrêté la date du 3 novembre à 11 h 44. Avec trois jours « gagnés » en un an, le chemin vers l’égalité des salaires des hommes et des femmes s’annonce encore long. Les Glorieuses conclut :

« A ce rythme-là, l’égalité est pour 2168. Il est temps d’agir… »

Pour mobiliser, la fondatrice de la newsletter, Rebecca Amsellem, a lancé le hashtag #6novembre15h35 sur Twitter, heure et date qui correspondent au moment où le salaire des hommes dépasse, en cumulé, celui des femmes sur une année complète. L’objectif étant de sensibiliser l’opinion au sujet des inégalités salariales.

#6Novembre15h35 - En 2018, les femmes travailleront gratuitement du 6 novembre jusqu'à la fin de l'année. On s'enga… https://t.co/mFgKVzqzhq

— Les_Glorieuses (@Les Glorieuses Newsletter)

La Journée européenne de l’égalité salariale a eu lieu samedi 3 novembre, date à partir de laquelle les Européennes travaillent gratuitement, selon les données fournies par Eurostat. En France, les femmes ont un salaire inférieur de 15,2 % à celui des hommes. Un écart assez proche de la moyenne européenne (16,2 %), qui stagne.

Les Glorieuses cite plusieurs autres données, à commencer par la différence de salaires de 9 % entre hommes et femmes « à travail égal, en prenant en compte les tranches d’âges, le contrat, le temps, le secteur d’activité et la taille de l’entreprise ». Enfin, selon les chiffres les plus récents de l’Institut national de la statistique et des études économioques (Insee), qui remontent à 2015, toutes catégories confondues, « les salaires des femmes sont inférieurs de 23,7 % à ceux des hommes. En d’autres termes, les hommes perçoivent 31,1 % de plus que les femmes », écrit la newsletter.

Sanctions possibles à l’avenir

Une situation qui pourrait changer peu à peu. Des sanctions possibles à l’avenir sont évoquées par le gouvernement pour pénaliser les sociétés où les écarts seraient flagrants.

Les entreprises de plus de cinquante salariés où des inégalités salariales entre femmes et hommes auront été mesurées auront « trois ans » pour remédier à la situation, faute de quoi elles pourraient encourir une « sanction » équivalente à « 1 % du chiffre d’affaires », a annoncé, le 23 octobre, la ministre du travail, Muriel Pénicaud. L’égalité salariale femmes-hommes, « l’un des quatre volets importants » de la loi sur l’avenir professionnel votée cet été, constitue « une ambition très forte » qui, « grâce à la loi », est « devenue un objectif », a dit la ministre.

Rebecca Amsellem plaide pour l’allongement du congé paternité, à égalité avec le congé maternité, afin d’équilibrer les interruptions de carrières pour les parents des deux sexes, car les écarts se creusent au moment de la naissance du premier enfant, relève-t-elle. La militante appelle aussi à une transparence obligatoire des salaires dans l’entreprise, s’appuyant sur les exemples des pays qui ont mis en place cette pratique et au sein desquels les inégalités s’amenuisent.

L’Islande est exemplaire en matière de parité. Le 1er janvier, elle a été le premier pays à légiférer contre les différences de salaires entre les femmes et les hommes.


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Sous la houlette du Medef International, les entreprises impliquées dans la chaîne de valeur du développement urbain promeuvent une vision française de la ville. Elles sont appelées de plus en plus à développer une approche holistique.

La Task force ville durable du Mouvement des entreprises de France (Medef) International a été créée il y a quatre ans pour rassembler les entreprises françaises qui travaillent sur la ville dans tous les domaines. Elle compte aujourd’hui 550 entreprises de toutes tailles : Veolia, Suez, Engie, EDF, Alstom, SNCF pour ne citer qu’elles, mais aussi des PME et une quarantaine de start-up. Son président, Gérard Wolf, répond à nos questions.

Défendre une vision française de la ville a-t-il un sens ? Une vision européenne ne serait-elle pas plus perceptible à Lagos ou Bombay ?

D’un point de vue technologique, il existe des entreprises allemandes, italiennes, espagnoles, très performantes. Notre différence vient de notre présence sur toute la chaîne de valeur. A l’issue de la deuxième guerre mondiale nous avons dû tout reconstruire et moderniser un pays qui sortait d’une ruralité totale. C’est de cette double exigence que sont nées des entreprises comme EDF, l’ancienne Générale des eaux, Suez, Veolia, etc.

A cela s’ajoute un mode de gestion spécifique des infrastructures urbaines, qui concerne tous les sujets urbains. La notion de délégation de service public est née en France. Tout comme les partenariats publics privés qui s’invitent de plus en plus à la table un peu partout dans les pays émergents.

Ces deux caractéristiques font qu’il y a bien une spécificité française et que nous sommes les seuls à pouvoir proposer une offre globale. J’ajoute que beaucoup d’entreprises françaises sont européennes. Nous contribuons donc aussi au développement d’une vision européenne et c’est une bonne chose.

Séduisante, cette offre est-elle vraiment suffisante ?

Tous les élus locaux des pays dans lesquels nous travaillons nous disent rencontrer des difficultés sur deux choses : trouver les financements et former les hommes. La Task force ville durable du Medef va chercher des financements auprès d’organismes internationaux ou de fonds privés. Nous n’avons évidemment pas la même force de frappe que les banques asiatiques. Mais on ne laisse pas le maire ou le décideur se débrouiller seul.

Quelle est la place de la formation dans votre offre ?

Pour ce qui est des infrastructures (transports, assainissement, énergie) former les opérateurs étrangers fait partie de notre travail et de l’ADN des entreprises françaises, y compris des PME. Ainsi, par exemple, Derichebourg, groupe spécialisé dans le traitement et la valorisation des déchets, n’a pratiquement aucun expatrié au Maroc ou au Canada où il est implanté. Il forme Canadiens et Marocains soit sur place, soit dans ses propres installations en France.

Par contre, nous ne savons pas former les équipes locales de gouvernance. Nous ne pouvons, au demeurant, être des deux côtés de l’appel d’offres. Mais nous avons de plus en plus de partenariats avec des élus locaux français qui discutent avec leurs homologues étrangers, des formations qu’ils peuvent mettre en place ensemble. Des financements multilatéraux existent et ne demandent qu’à être utilisés, pourvu que les maires se comprennent entre eux. Cela porte déjà ses fruits.

Qu’entendez-vous par « ville durable » ?

« Ville durable » ne veut rien dire. Une ville n’est pas, en soi, plus durable, qu’intelligente ou tous les qualitatifs qu’on lui attribue selon la langue que l’on parle ou l’intérêt que l’on porte.

« Durable » signifie trois choses pour nos entreprises. Déjà, il s’agit de la durabilité technique des infrastructures. Quand nous créons une ligne de télécabine pour monter dans une favela en Amérique latine ou une station d’épuration en Afrique nous ne les créons pas pour cinq ans seulement. Un des gros problèmes dans les pays africains est l’obsolescence de l’entretien, plus que des matériaux.

Le deuxième sens de la durabilité concerne les solutions respectueuses de l’environnement et de l’accord de Paris. Mettre en place de la mobilité douce, développer des énergies renouvelables par exemple.

Enfin, la durabilité s’applique à la ville elle-même et concerne son « inclusivité », sa capacité à faire se rencontrer les gens logés dans des tours de 40 étages avec piscine, avec ceux qui vivent à 10 pâtés de maisons, dans un habitat informel, avec sols en terre battue et assainissement sommaire.

« 10 pâtés de maisons »… vous êtes optimiste.

En réalité, la distance est souvent moins grande qu’on ne l’imagine. L’habitat informel fait partie de l’équation à résoudre et ne peut, ni ne doit, être laissé de côté. C’est pour ça, par exemple, que Schneider Electric installe des solutions à bas coûts d’accès à l’énergie, dans des slums (« bidonvilles ») un peu partout.

Cette troisième notion de « ville durable » revêt une dimension politique (au sens noble). Elle s’inscrit aussi dans la logique de « Save the Planet ». Chaque fois que les inégalités ont été trop fortes dans les villes – la plupart du temps entre quartiers à haut revenus et quartiers pauvres ou informels –, les tensions ont amené des troubles graves, voire des émeutes. Nous n’en sommes pas loin.

Combien de personnes dans le monde vivent-elles dans des bidonvilles ?

On parle de 1,6 milliard, pour faire propre, ou de 2,5 milliards, pour interpeller. Selon l’ONU-Habitat, leur nombre se situe autour de 2 milliards.

Sur un total de 7,5 milliards d’humains…

Exact. Et sur ces 7,5 milliards d’humains, 55 % sont urbanisés aujourd’hui. Ce qui signifie que plus de 40 % de la population urbaine vit dans des conditions inacceptables. C’est particulièrement le cas en Afrique. En 2050, nous serons 9,2 milliards d’urbains, et à 70 % urbanisés.

Que pouvez-vous faire concrètement aujourd’hui en faveur de ces immenses espaces d’habitat informel ?

La Task force (« groupe de travail ») n’est pas spécialisée dans ce domaine. Mais, la première des choses à faire est de convaincre toutes les parties prenantes que ce sont des zones de développement comme d’autres. Elles appartiennent à l’économie de marché et ne peuvent être traitées uniquement par des ONG. Le travail de ces dernières est précieux mais non suffisant.

En 2017, lors d’une visite à Abidjan, en Côte d’Ivoire, Dominique Carlac’h, ancienne sportive de haut niveau et vice-présidente de la Task force, a emmené une trentaine de chefs d’entreprise français visiter une école de judo installée dans un bidonville. Tout Abidjan l’a su. Cela faisait clairement passer le message que ce n’est pas une zone de non-droit ou une zone de non-économie.

La Task force contribue-t-elle à donner une vision holistique de la ville aux entreprises françaises, dont on dit parfois qu’elles en manquent ?

La France n’a pas beaucoup changé depuis la description donnée par le meilleur historien de notre pays, qui est Goscinny. Il y a une vieille tendance à se taper sur la gueule en hurlant « mon poisson (ou mon infrastructure) est meilleur que le tien ». Néanmoins lorsqu’on les appelle « à manger un sanglier ensemble » et qu’on propose de lutter, hors du village, contre la vraie menace – celle d’un monde sur le point d’exploser – cela change tout. Il faut juste le rappeler de temps en temps.

Beaucoup d’entreprises commencent à se dire qu’elles sont plus crédibles si elles s’intègrent à un mouvement commun. Nous créons aussi souvent que possible des clubs locaux de la ville durable. En Inde, un groupe composé de 40 personnes au départ est vite passé à 80. Et maintenant ils chassent en meute, les plus gros avec les plus petits.

Une chose est sûre, les maires, un peu partout dans le monde, ne veulent plus d’entreprises qui travaillent sur un seul projet (métro ou station d’épuration par exemple). Ils veulent une approche globale. C’est à nous d’adapter notre offre.


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