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Dix ans après, Benoît Bringer revient sur la crise financière de 2008 et ses conséquences planétaires.

france 5 – mardi 4 Décembre – 20 h 55. documentaire

Une belle bande de crapules. Mais des crapules qui portent des costumes sur mesure et détiennent des dizaines de millions de dollars sur leurs comptes bancaires. Des hommes de pouvoir, sans scrupule, mus par l’appât du gain. A côté de ces patrons de grandes banques américaines et de certains de leurs tradeurs, le célèbre Gordon Gekko, interprété par Michael Douglas dans Wall Street, d’Oliver Stone, fait figure de tout petit joueur.

Si 324 hommes et femmes du monde financier ont été condamnés après la crise de 2008, aucun dirigeant de Wall Street ne figure parmi eux

Bien construit, riche en témoignages inédits (anciens salariés de banques d’affaires, lanceurs d’alertes, régulateurs bancaires), un passionnant documentaire – Ils ont plongé le monde dans la crise – revient avec précision sur le tourbillon financier de 2008 et ses désastreuses conséquences à l’échelle mondiale.

Dix ans après, le constat est accablant : les principaux coupables, les gros poissons du type Richard Fuld, ancien patron détestable d’arrogance et de brutalité de la banque d’affaires Lehman Brothers, n’a pas été mis en prison alors que certains sous-fifres y ont été jetés. Si 324 hommes et femmes du monde financier ont été condamnés après la crise de 2008, aucun dirigeant de Wall Street ne figure parmi eux !

Comptes truqués

«Des banquiers, des financiers et des responsables politiques sont à l’origine de cette crise financière à forte dimension criminelle. En encourageant à outrance l’accession à la propriété, les politiques américains ont appuyé sur la gâchette », résume un témoin, rappelant que certaines banques accordaient des prêts immobiliers à des clients qui ne donnaient aucune indication sur leurs revenus ! Les fameux « prêts Ninja » (pour no income, no job, no assets, « ni revenus, ni travail, ni actifs »). Au final, des profits colossaux côté criminels en col blanc et la misère pour des millions de pauvres, jetés dans la rue après le cataclysme des prêts toxiques, les fameux subprimes.

« Les titans de Wall Street n’ont pas été inquiétés. Les vrais coupables sont toujours impunis », déplore un témoin. Un constat rendu aussi possible par la façon dont Wall Street et les responsables politiques américains ont travaillé ensemble. Et par le fait que la justice des Etats-Unis préfère les transactions aux procès.

Les grosses banques d’affaires telles Merrill Lynch, Citigroup, Goldman Sachs, JPMorgan ou Bear Stearns ont donc payé de grosses pénalités. Mais contrairement à l’Islande où vingt-six banquiers ont été mis en prison après la crise de 2008, leurs patrons ont échappé à toute sanction. Un exemple parmi d’autres ? Robert Rubin, président de Citigroup, a quitté la banque avec 17 millions de ­dollars et 37 millions en stock-options.

Seul établissement mis en faillite : Lehman Brothers, à l’époque quatrième banque d’investissement au monde, qui avait accumulé 693 milliards de dollars de dettes « pourries ». Mais son patron, Richard Fuld, qui avait ­notamment demandé à ses troupes de truquer les comptes, n’a­ jamais été sous les verrous et continue de spéculer aujourd’hui à la tête d’un prospère fonds ­d’investissement.

Jonathan Alpert, psychothérapeute de financiers : « On retrouve beaucoup de narcissisme et de troubles de la personnalité antisociale à Wall Street. Il y a ce sentiment d’être au-dessus des lois, d’avoir tous les droits »

En analysant minutieusement les mécanismes frauduleux ayant permis à des personnages sans scrupule de s’enrichir tout en jetant à la rue des milliers de gens (le fameux système de transformation de prêts immobiliers dangereux en produits financiers toxiques), le documentaire se révèle une salutaire piqûre de rappel.

Et, selon de nombreux signaux, l’énorme crise de 2008 risque bien de se reproduire. « Les tradeurs sont prêts à prendre des risques pour garder leurs styles de vie luxueux. On retrouve beaucoup de narcissisme et de troubles de la personnalité antisociale à Wall Street. Il y a ce sentiment d’être au-dessus des lois, d’avoir tous les droits. Ce besoin de domination et de pouvoir », souligne Jonathan Alpert, psychothérapeute de financiers.

Un métier qui a de l’avenir…

« Ils ont plongé le monde dans la crise », de Benoît Bringer (France, 2018, 65 minutes). France.tv/france-5/


Lire la suite : « Ils ont plongé le monde dans la crise » : Wall Street, ses bandits, ses profits


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Le ministre de l’économie veut instaurer des mesures de chômage partiel et des ouvertures supplémentaires le dimanche pour rattraper les pertes de chiffre d’affaires des semaines passées.

A défaut d’apaiser les « gilets jaunes », le gouvernement s’efforce de rassurer les entreprises. Déplorant l’« impact sévère » qu’ont eu « les événements récents » pour nombre d’enseignes et de PME, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a annoncé, à l’issue d’une réunion lundi 26 novembre à Bercy, l’instauration immédiate de plusieurs mesures de soutien à l’activité. Un micro-plan d’aide que sera chargé de superviser la cellule de continuité économique, réactivée pour l’occasion

La mise en place de cette entité ad hoc, composée de représentants des professionnels et des services de l’Etat, était réclamée par le Medef. Elle aura pour mission de veiller au « bon remboursement, par les assureurs, des dégâts qui ont été causés ». Outre des facilités en cas de dépassements de découvert accordés par les banques, un étalement des échéances sociales et fiscales pourra être décidé « entreprise par entreprise ». La Banque publique d’investissement (BPI) sera également sollicitée pour « alléger la trésorerie » des structures en difficulté.

« Je demanderai à la ministre du travail, Muriel Pénicaud, si elle peut mettre en œuvre de manière anticipée des mesures de chômage partiel […] et des ouvertures supplémentaires le dimanche pour les commerces qui n’en bénéficieraient pas et pourraient donc rattraper leur perte de chiffre d’affaires des semaines passées », a ajouté Bruno Le Maire.

Effet de cumul

S’il est encore « trop tôt » pour estimer les répercussions des mobilisations sur la croissance du produit intérieur brut, il y a de fortes chances que la consommation, déjà en berne, s’en ressente. Pour « la grande distribution, la perte de chiffre d’affaires a été de 35 %, le samedi 17 novembre, et de 18 %, le samedi 24 novembre ; dans la semaine, elle s’est échelonnée, entre 8 et 15 % », selon le ministre. Des reculs qui « peuvent atteindre 60 à 70 % pour certains artisans bouchers, coiffeurs ou boulangers ».

Toutes les régions n’ont toutefois pas été jusque-là affectées de la même façon. Malgré la manifestation qui s’est déroulée sur les Champs-Elysées, l’Ile-de-France reste, semble-t-il, relativement épargnée, alors que d’importants blocages ont paralysé l’activité dans le Gard, autour d’Alès et Nîmes, mais aussi dans l’Hérault et en Gironde.

« Il y a un effet de cumul, explique Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) : non seulement certains magasins sont fermés ou pâtissent des filtrages, mais les blocages d’entrepôts posent des problèmes d’approvisionnement. Des sites, aujourd’hui, ne peuvent pas ouvrir faute d’avoir été livrés ».

« Certaines entreprises ont eu jusqu’à 70 % de leur flotte de camions bloquée », confirme Marie-Laure Merville, de la Fédération nationale des transports routiers. Dans le secteur, des baisses de chiffre d’affaires de 15 % « minimum » ont été enregistrées.

Situation tendue dans l’alimentaire

Côté commerce, la situation est particulièrement tendue dans l’alimentaire, notamment pour les vendeurs de fruits et légumes qui n’ont pas pu écouler leurs stocks. « Leurs pertes, souligne Jacques Creyssel, ne sont pas rattrapables, contrairement à celles des magasins de jouets ».

La pilule est d’autant plus amère pour les commerçants et distributeurs que l’approche des fêtes de fin d’année rime désormais avec « Black Friday » et « Cyber Monday ». Ces opérations promotionnelles importées des Etats-Unis avaient permis, en 2017, de doper de 8 % la fréquentation des centres commerciaux par rapport à l’année précédente. Un chiffre qui a dégringolé à ? 19,1 % dans les espaces situés en périphérie des villes le week-end dernier.

Les barrages ont sans doute davantage joué que la vidéo mise en ligne vendredi 23 novembre par la secrétaire d’Etat à la transition écologique, Brune Poirson, dénonçant une « double arnaque pour la planète et pour [le] porte-monnaie ». Des propos qu’ont peu goûtés les enseignes… « Le gouvernement aurait dû faire preuve de plus de retenue, estime Gontran Thüring, délégué général du Conseil national des centres commerciaux (CNCC). Il ne devrait pas stigmatiser de catégories socioprofessionnelles. Maintenant, on attend ce que va dire l’oracle Macron. »


Lire la suite : « Gilets jaunes » : Bruno Le Maire annonce des mesures pour venir en aide aux entreprises


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Dans une tribune au « Monde », les chercheurs Marc-Antoine Eyl-Mazzega et Carole Mathieu prônent l’abandon de la lignite par l’Allemagne et l’investissement de fonds européens dans la transition et la reconversion.

Tribune. A l’approche de l’ouverture de la COP24, le 3 décembre, la gouvernance mondiale du climat est en péril et l’Union européenne (UE) porte sa part de responsabilité. Le monde s’inscrit dans une trajectoire de réchauffement supérieure à 3 degrés, et les émissions globales et européennes de gaz à effet de serre menacent d’augmenter à nouveau en 2018. Or, l’UE est divisée sur la nécessité de revoir à la hausse ses ambitions climatiques pour aller au-delà de la cible initiale des 40 % de baisse des émissions d’ici à 2030, et se donner ainsi les moyens d’atteindre zéro émission nette à l’horizon 2050. Si l’UE tergiverse, comment convaincre les autres grands pays émetteurs de se mobiliser pour gagner la bataille du climat ?

L’Allemagne a rejeté l’idée d’un objectif européen plus ambitieux pour 2030, considérant qu’il fallait en premier lieu se concentrer sur l’atteinte des objectifs actuels. En réalité, c’est la question de la sortie du charbon en Allemagne qui pose problème. La part des énergies renouvelables est passée d’environ 16 % en 2010 à plus du tiers de la production électrique allemande en 2017. Mais les 30 000 éoliennes installées et les 40 TWh d’électricité solaire produite en 2017 n’ont pas permis de réduire significativement l’intensité émissive du secteur électrique allemand, la part du charbon (lignite et houille) n’ayant que faiblement décliné et représentant 36,6 % de la production électrique totale en 2017, contre 20 % dans l’UE.

La « commission charbon » instituée par le gouvernement allemand en juin travaille sur un calendrier et des modalités de fermeture des mines et centrales à charbon, mais il lui faut ménager les industriels, limiter l’impact sur l’emploi, et éviter toute dégradation de la sécurité d’approvisionnement électrique. Une tâche ardue, mais pas impossible : le Royaume-Uni, par exemple, a vu la part de sa production électrique issue du charbon passer de 41 % en 2013 à 6,7 % en 2017, grâce à l’introduction d’un système de prix plancher du carbone venant s’ajouter au système européen d’échange de quotas d’émission (ETS). L’effort sera évidemment plus lourd en Allemagne : la production de houille devrait totalement cesser fin 2018, mais l’Allemagne reste le premier producteur de lignite du monde. D’importantes ressources devront être consacrées à la gestion des sites miniers, à l’accompagnement des près de 21 000 salariés de l’industrie du lignite et à la reconversion industrielle des trois régions charbonnières (Rhénanie-du-Nord, Lusace et Saxe).


Lire la suite : « En Europe, le pari d’une union franco-allemande du climat »


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Les entreprises publiques et privées de transport doivent partager leurs données pour rendre le trafic plus fluide et moins polluant, affirme l’informaticienne Isabelle Nuage.

Tribune.Le projet de loi d’orientation des mobilités (LOM), présenté en conseil des ministres le 26 novembre, a pour ambition d’améliorer la mobilité du quotidien pour tous les citoyens. L’enjeu est de taille car d’un côté les territoires ruraux sont confrontés à des zones blanches en matière de transports et n’offrent que peu d’alternatives au transport individuel – c’est un des ingrédients de la colère des « gilets jaunes » –, de l’autre les villes sont confrontées à d’importants problèmes de congestion de trafic routier et de transports en commun du fait de l’augmentation de la population, engendrant une dégradation de l’environnement pour ces habitants.

En 1950, 751 millions de personnes vivaient dans les villes contre 4,2 milliards aujourd’hui, soit 55 % de la population mondiale. Selon les projections démographiques de l’ONU, ce chiffre atteindra 68 % en 2050, soit 2,5 milliards de personnes en plus dans les villes. Cet afflux massif de population dans les zones urbaines conduira inévitablement à un surplus d’usagers sur la route et dans les transports en commun.

Ce constat et ces prévisions démographiques obligent dès aujourd’hui les institutions publiques et privées à redoubler d’efforts pour proposer des services de mobilités intelligents et des solutions permettant d’améliorer la qualité de vie et de l’air, enjeux majeurs pour les villes de demain. La donnée devrait être au cœur de cette révolution, à condition qu’elle soit ouverte, partagée et bien traitée entre les acteurs publics et privés.

L’Etat espère faire émerger des initiatives et services innovants pour répondre aux besoins des usagers

Le volet innovation et données du projet de loi d’orientation sur les mobilités doit acter l’ouverture des données des transports dans un cadre clair sur tout le territoire national en 2021. Ce cadre obligera à partager des données collectées ou produites par un service de mobilité public. En ouvrant ces données, l’Etat espère faire émerger des initiatives et services innovants pour répondre aux besoins des usagers et lancer la création de plates-formes comme celle mise à disposition, par exemple, par Ile-de-France Mobilités. Celle-ci propose des informations (horaires, trafic, trajets, etc.) provenant des 75 entreprises œuvrant dans les transports franciliens. L’objectif est de faire basculer la France dans l’ère de la « mobilité comme un service » (en anglais « mobilty as a service », ou MAAS). Les citoyens pourront ainsi disposer, sur leur smartphone, d’une offre multimodale, personnalisée et fluide intégrant transports en commun, VTC, covoiturage, services en libre partage, taxis, autopartage, ainsi que la marche et le vélo !


Lire la suite : « Le partage des données entre acteurs publics et privés est crucial pour améliorer la mobilité urbaine »