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Sexisme, harcèlement : « Il est temps de mettre en place une déontologie des entreprises de communication »

Dans une tribune au « Monde », une centaine de signataires, majoritairement des femmes, appartenant au milieu de la communication ou de ses écoles, appellent à une prise de conscience au sein de leur profession contre le sexisme et le harcèlement.

Tribune. A la suite de la récente médiatisation de l’odieuse entreprise de harcèlement orchestrée par les membres de la Ligue du LOL, les journalistes et les élèves des écoles de journalisme ont pris la parole pour engager une nécessaire autocritique de la profession.

Mais qu’en est-il du secteur de la communication, dont plusieurs membres de cette « ligue » étaient des figures influentes ? Nous, étudiantes ou étudiants, jeunes diplômées ou diplômés, professionnelles ou professionnels de la communication, nous étonnons de l’omerta qui subsiste dans nos écoles et nos lieux de travail.

Nous ne nous satisfaisons pas des sanctions décidées dans certains médias et appelons à une prise de conscience au sein de notre profession. Apprendre que certains de ses membres ont choisi de faire d’Internet un terrain de jeu sadique sans mesurer l’impact concret et traumatisant d’un prétendu « humour » sur la vie des victimes, nous consterne. Dédaigner ainsi toute responsabilité au profit d’une domination malsaine est inacceptable.

Il est atterrant que certains dévoient ainsi leurs compétences et s’adonnent à une autoglorification puérile de leur influence. Il est consternant que leur sinistre groupe ait pu agir en toute impunité sur leur lieu de travail comme sur Internet, et par-dessus tout que ces actes de harcèlement n’aient eu de conséquences qu’aussi tardivement dans l’exercice de leurs professions.

Des « jeux » nauséabonds

De tels agissements ne sont que l’exacerbation de comportements récurrents que l’on retrouve tant dans les écoles de communication que dans le monde professionnel. Aujourd’hui, nous nous engageons à notre tour à entamer l’autocritique de notre profession, afin de mettre un terme à ces dérives systémiques. A l’heure où notre secteur cumule près de 700 000 emplois, et attire de plus en plus de jeunes, nous exprimons nos craintes sur son devenir.

L’influence dont bénéficiaient les professionnels ou professionnelles en cause, dans de grandes agences parisiennes, nous pousse à redouter un sérieux manque d’intégrité dans notre secteur. Tous exerçaient dans des métiers tels que le planning stratégique, le graphisme et le développement, considérés comme des accomplissements professionnels et le rêve de nombreux jeunes communicants.

Alors que la dynamique de cooptation relève de la tradition dans notre milieu, nous nous devons d’y prévenir toute dérive, à l’instar des pratiques de la Ligue du LOL


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Dans une tribune au « Monde », l’économiste Virgile Chassagnon analyse pourquoi les ordonnances travail prises par le gouvernement en 2017 ne connaissent pas, pour le moment, un meilleur succès que les lois précédentes sur la négociation collective.

Tribune. La négociation collective est un principe cardinal de la démocratie industrielle qui permet à l’ordre public social et à l’ordre privé interne de l’entreprise de se compléter utilement pour peu que le dialogue social soit efficace. Mais il s’avère que les multiples lois favorisant depuis deux décennies la décentralisation de la négociation n’ont pas eu d’effets majeurs en matière d’amélioration du dialogue social, y compris les ordonnances travail.

Depuis les lois Auroux de 1982, la négociation de branche s’est affirmée au détriment de la négociation nationale jugée trop éloignée des enjeux microéconomiques des entreprises. La branche est devenue le niveau de régulation sociale privilégiée en raison de l’homogénéisation des conditions de concurrence qu’elle offre aux entreprises appartenant à un même secteur (notamment en termes de minimums salariaux). Les accords de convention collective se sont rapidement multipliés en France avec un taux de couverture supérieur à 95 %, couvrant aujourd’hui plus de 15 millions de salariés.

Mais, depuis la fin des années 2000, les critiques à l’encontre de la négociation collective de branche se sont accentuées au nom du manque d’efficacité économique. Aussi rapports et textes de loi ont plaidé pour une nouvelle articulation entre accords de branche et d’entreprise en redessinant leurs périmètres respectifs.

Les ordonnances travail du 22 septembre 2017 ont institutionnalisé une forme de primauté de la négociation d’entreprise dans la création de la norme sociale (excepté dans plusieurs domaines préidentifiés comme les salaires minima ou les protections sociales complémentaires pour lesquels la branche est décisionnaire), avec le souhait de se rapprocher des besoins des entreprises dans un contexte de changements technologiques et organisationnels rapides.

Stimulation et sécurité

L’idée affichée qui sous-tend cette volonté législative semble claire : il s’agit de stimuler la compétitivité des entreprises (politiques de l’offre) tout en sécurisant les relations professionnelles (politiques sociales). Pour faire simple l’objectif annoncé est de protéger le salarié et non l’emploi en confortant la thèse selon laquelle l’employabilité et la flexibilité servent la sécurité. Cela a conduit à restructurer les branches professionnelles (qui passeront de plus de 700 à 200 branches dans quelques mois) et à revoir leurs champs d’application.


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L’intelligence artificielle et la réalité augmentée bousculent la vente de produits de beauté, sur smartphone et en magasin. Les marques recrutent des spécialistes en algorithmes.

L’intelligence artificielle se niche partout dans notre salle de bains. L’appli SkinConsult, dévoilée le 19 février par Vichy, permet d’évaluer les dégâts du vieillissement du visage grâce à un selfie. Rien n’échappera à l’œil de votre smartphone : fermeté, rides, ridules, éclat, taches pigmentaires et pores dilatés sont évalués à l’aune des Atlas du vieillissement cutané établis par L’Oréal, maison mère de Vichy, auprès de 4 000 personnes dans le monde. La marque peut alors juger de l’état de la peau, et l’algorithme de l’appli proposer les soins adaptés. Reste au client à glisser ces crèmes à la vitamine C dans le panier du site Internet de Vichy, accessible depuis SkinConsult.

Fin mars, La Roche-Posay fera de même au service des acnéiques. L’appli Effaclar Spot Scan estimera la sévérité des acnés pour inciter à consulter un dermatologue. « Ce sera le Shazam de la peau », assure Laetitia Toupet, directrice générale de la marque, en faisant allusion à l’appli qui reconnaît des chansons au son de quelques notes.

Son concurrent, Neutrogena, prépare le lancement du Skin 360, à « clipper » sur son smartphone pour « scanner son visage », « mesurer les progrès cutanés » et « faire des recommandations de soins », explique Sylvain Reboul, responsable de la marque en France, filiale de Johnson & Johnson. L’engin est une sorte de loupe d’auscultation : il est équipé de huit LED pour un meilleur éclairage et de lentilles grossissantes. Neutrogena l’a lancé en septembre 2018 aux Etats-Unis. Il sera proposé en Europe fin 2019.

Dans les salons de coiffure, la révolution de la beauty tech est aussi en marche. Wella, marque de coloration capillaire du groupe américain Coty, a mis au point un miroir connecté qui permet à un client d’éviter les mauvaises surprises : son reflet présente son visage avec la chevelure teintée conformément à la couleur que lui propose son coiffeur ! La méthode est censée « fidéliser la clientèle à un salon équipé de cette technologie », explique Elodie Levy, directrice senior de l’innovation digitale de Coty. Le groupe a déjà déployé un autre miroir, dit le « miroir magique », chez Bourjois, à Paris, au Forum des Halles. Grâce à la reconnaissance faciale, son reflet présente le rendu d’un rouge à lèvres. Il suffit à la cliente de soulever le produit devant le miroir. L’effet est saisissant, amusant. Et son impact sur les ventes de Bourjois serait fulgurant.


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Les rendements de ce placement de « bon père de famille » n’ont pas permis de compenser l’inflation en 2018, qui a atteint 1,8 %. Du jamais-vu depuis trente ans.

Alors que la plupart des assureurs ont désormais publié les taux de rendement des contrats d’assurance-vie en euros en 2018, les épargnants font grise mine. Et pour cause : les rendements de ce placement de « bon père de famille » – dont l’un des avantages est que le capital et les intérêts accumulés sont garantis – ont encore diminué. La majorité des contrats d’assurance-vie en euros n’a pas permis de compenser l’inflation, qui a atteint 1,8 % l’an dernier. Pis : après les prélèvements sociaux de 17,2 %déduits, seule une poignée affiche un taux supérieur à 2,2 %. Un niveau nécessaire pour obtenir un taux net de 1,8 %, et donc compenser la hausse des prix.

L’association Consommation, logement, cadre de vie (CLCV), qui défend les consommateurs et les usagers, a résumé le sentiment général en regrettant que « le pouvoir d’achat des épargnants [n’ait] pas été maintenu ». Elle note que « les contrats de qualité, bien rémunérés jusqu’alors, affichent une baisse des rendements servis entre 10 et 20 centimes en moyenne [de 0,10 à 0,20 %] ». Quant aux « gros contrats, souvent promus par les bancassureurs et offrant généralement des performances de piètre qualité, l’heure est plus à la stabilité ou à une légère hausse des taux », souligne l’association, tout en dénonçant des performances parfois extrêmement basses. Elle pointe, par exemple, le contrat Ecureuil projet, des Caisses d’épargne, dont le taux est passé de 0,75 % à 1 %, ou le Livret Vie de Mutavie-Macif, monté de 1,2 % à 1,3 %.

L’association en profite pour tacler les professionnels et les autorités de contrôle, en regrettant que les réserves accumulées par les assureurs, les années passées, n’aient pas été utilisées « pour protéger le pouvoir d’achat de leurs clients ».

Polémique sur les réserves accumulées par les assureurs

Depuis plusieurs années, ces réserves font polémique, car la Banque de France et l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, le « gendarme » des assureurs, font pression sur ces derniers afin qu’ils ne distribuent pas, chaque année, l’intégralité des gains financiers qu’ils ont réalisés. Cette demande vise à les protéger – et donc, avec eux, les assurés – en cas de remontée brutale des taux d’intérêt des obligations, le carburant principal des fonds en euros.

Une telle remontée, si elle se produisait rapidement, aurait pour conséquence de faire baisser la valeur des obligations détenues par les assureurs, et pourrait conduire les épargnants à fuir massivement ces fonds en euros afin d’aller chercher des placements plus rémunérateurs. Ce faisant, les assureurs se retrouveraient avec des portefeuilles en moins-values et pourraient ne plus disposer des capitaux propres nécessaires pour poursuivre leur activité. Une situation qui se traduirait, au pire, par des faillites de compagnies.


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