Les rendements de ce placement de « bon père de famille » n’ont pas permis de compenser l’inflation en 2018, qui a atteint 1,8 %. Du jamais-vu depuis trente ans.
Alors que la plupart des assureurs ont désormais publié les taux de rendement des contrats d’assurance-vie en euros en 2018, les épargnants font grise mine. Et pour cause : les rendements de ce placement de « bon père de famille » – dont l’un des avantages est que le capital et les intérêts accumulés sont garantis – ont encore diminué. La majorité des contrats d’assurance-vie en euros n’a pas permis de compenser l’inflation, qui a atteint 1,8 % l’an dernier. Pis : après les prélèvements sociaux de 17,2 %déduits, seule une poignée affiche un taux supérieur à 2,2 %. Un niveau nécessaire pour obtenir un taux net de 1,8 %, et donc compenser la hausse des prix.
L’association Consommation, logement, cadre de vie (CLCV), qui défend les consommateurs et les usagers, a résumé le sentiment général en regrettant que « le pouvoir d’achat des épargnants [n’ait] pas été maintenu ». Elle note que « les contrats de qualité, bien rémunérés jusqu’alors, affichent une baisse des rendements servis entre 10 et 20 centimes en moyenne [de 0,10 à 0,20 %] ». Quant aux « gros contrats, souvent promus par les bancassureurs et offrant généralement des performances de piètre qualité, l’heure est plus à la stabilité ou à une légère hausse des taux », souligne l’association, tout en dénonçant des performances parfois extrêmement basses. Elle pointe, par exemple, le contrat Ecureuil projet, des Caisses d’épargne, dont le taux est passé de 0,75 % à 1 %, ou le Livret Vie de Mutavie-Macif, monté de 1,2 % à 1,3 %.
L’association en profite pour tacler les professionnels et les autorités de contrôle, en regrettant que les réserves accumulées par les assureurs, les années passées, n’aient pas été utilisées « pour protéger le pouvoir d’achat de leurs clients ».
Polémique sur les réserves accumulées par les assureurs
Depuis plusieurs années, ces réserves font polémique, car la Banque de France et l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, le « gendarme » des assureurs, font pression sur ces derniers afin qu’ils ne distribuent pas, chaque année, l’intégralité des gains financiers qu’ils ont réalisés. Cette demande vise à les protéger – et donc, avec eux, les assurés – en cas de remontée brutale des taux d’intérêt des obligations, le carburant principal des fonds en euros.
Une telle remontée, si elle se produisait rapidement, aurait pour conséquence de faire baisser la valeur des obligations détenues par les assureurs, et pourrait conduire les épargnants à fuir massivement ces fonds en euros afin d’aller chercher des placements plus rémunérateurs. Ce faisant, les assureurs se retrouveraient avec des portefeuilles en moins-values et pourraient ne plus disposer des capitaux propres nécessaires pour poursuivre leur activité. Une situation qui se traduirait, au pire, par des faillites de compagnies.
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