Siemens Gamesa a annoncé avoir signé le permis de construire d’un complexe industriel sur le port. Mais les turbines livrées à Engie et Iberdrola ne suffiront pas à assurer la pérennité du site.
Le Havre (Seine-Maritime) devrait bien avoir son usine d’éoliennes. Après quatre ans d’incertitudes liées à la vente, par Areva, de son activité énergies renouvelables à Siemens-Gamesa, le groupe germano-hispanique a annoncé, lundi 25 février, le dépôt, mi-février, d’un permis de construire pour « uncomplexe industriel [dévolu] à l’énergie éolienne offshore », qui pourrait livrer ses premières machines fin 2021.
Implanté dans l’avant-port, sur les quais où s’amarraient les transatlantiques jusqu’au début des années 1970, le site produira les nacelles, les turbines et les pales pour ces éoliennes d’une puissance de 8 mégawatts (MW). Elles sont prévues pour les futurs parcs exploités par Engie à Dieppe-Le Tréport (Seine-Maritime) et à Yeu-Noirmoutier (Vendée), et celui de l’espagnol Iberdrola, dans la baie de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). Ses promoteurs promettent environ 750 emplois directs et indirects.
Ces parcs éoliens supposent aussi une mobilisation des élus locaux et des centres de formation pour disposer d’une main-d’œuvre qualifiée. « Le Havre et la région Normandie joueront un rôle-clé dans l’accompagnement de la création d’un bassin d’emploi tourné vers l’avenir, aux côtés des acteurs de l’emploi et de la formation, afin d’assurer un développement progressif des compétences de nos futurs salariés », a expliqué Filippo Cimitan, PDG de la filiale française de Siemens Gamesa Renewable Energy.
Pour M. Cimitan, cette signature du permis de construire est « une étape importante », sans être « la fin du chemin ». Etat et collectivités locales sont encore « en discussions » pour boucler le plan de financement des travaux préparatoires déjà engagés sur le terrain de 36 hectares qui doit accueillir l’usine, a précisé le maire (ex-LR) du Havre, Luc Lemonnier. Il manque en effet 23 millions d’euros sur les 140 millions que coûtera au total l’adaptation de la friche, selon les collectivités et le port.
Dans l’attente de commandes d’EDF
Les 62 éoliennes que compte chacun des trois parcs seront néanmoins insuffisantes pour assurer la pérennité du site havrais. Siemens Gamesa, qui en a déjà implanté 2 430, devra décrocher des marchés en Europe, où le groupe dispose de trois usines (Allemagne, Royaume-Uni, Danemark).
La filière de l’éolien offshore, voulue au début de la décennie par le gouvernement Fillon, après le lancement de cinq premiers appels d’offres, commence à prendre forme, mais de façon poussive. Racheté par General Electric (GE) en 2015, Alstom avait ouvert la voie, en implantant une usine de nacelles et de turbines à Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique). GE va commencer à produire des pales géantes à Cherbourg, dans la Manche.
Lire la suite : Après quatre ans d’incertitudes, la deuxième usine d’éoliennes en mer sera construite au Havre
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