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Le groupe français a inauguré une nouvelle usine à Cuijk, aux Pays-Bas. Un investissement de 240 millions d’euros.
Le ruban d’inauguration a été coupé, lundi 25 mars. Après le feu vert du gouvernement néerlandais, la nouvelle usine Danone de fabrication de laits infantiles, sous la bannière Nutricia, doit désormais entrer en production et monter en puissance. Avec, en ligne de mire, l’obtention de l’agrément de la Chine, l’un des marchés-clés du groupe français.
Cet investissement de 240 millions d’euros avait été annoncé en décembre 2015. L’enjeu, pour Danone, est de basculer la production d’un ancien site également implanté à Cuijk, vers cette usine flambant neuve, soucieuse de son impact sur l’environnement. Une transition qui devrait s’achever fin 2020.
Au passage, la capacité de production sera doublée. « Elle pourra atteindre de 50 000 à 60 000 tonnes à terme», estime Véronique Penchienati-Bosetta, qui a pris la direction générale de la nutrition spécialisée de Danone en janvier. Cette usine conditionnera des poudres de lait standards, mais aussi des formules très spécifiques pour les bébés allergiques à la protéine de lait de vache, par exemple. Elle dispose donc de technologies sophistiquées dont bénéficie également l’usine française Blédina de Steenvoorde, quoique à une échelle trois fois plus petite.
Grâce à cet investissement, Danone renforce son ancrage aux Pays-Bas. Il avait déjà inauguré un nouveau centre de recherche employant plus de 400 personnes à Utrecht, en 2013. Ce choix est logique, puisque c’est en rachetant le néerlandais Numico en 2007 pour 12,3 milliards d’euros que le groupe français a établi sa position stratégique dans la nutrition infantile et la nutrition médicale.
L’ensemble, regroupé sous le vocable nutrition spécialisée, apporte près de la moitié des profits de l’entreprise. En 2018, il a atteint 7,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires et a affiché une croissance à taux de change et périmètre comparables de 5,9 %, la plus forte de toutes les activités de Danone – la nutrition infantile représentant, à elle seule, près des trois quarts de ce pôle. Sur ce marché très lucratif, le français revendique la place de numéro deux mondial derrière le suisse Nestlé, mais devant le britannique Reckitt Benckiser, qui a acheté l’américain Mead Johnson en 2017.
Les trois grands s’affrontent sur le marché chinois. « La Chine, où nous commercialisons les marques Aptamil et Nutrilon, représente 30 % de notre chiffre d’affaires. Et, même si le nombre de naissances a baissé de 12 % en 2018, cela reste un marché dynamique, en croissance et très valorisé », note Mme Penchienati-Bosetta. Un pays où le « made in Europe », et en particulier le « made in Holland », reste très apprécié, mais où les règles du jeu sont toujours complexes.
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La Chine a passé une commande historique de 300 Airbus, mais n’a pas encore signé pour une usine de retraitement du combustible nucléaire.
Pas encore d’usine de retraitement du combustible nucléaire, mais enfin des avions. Et pour l’un des plus gros contrats de l’histoire de l’aéronautique. La visite d’Etat du président chinois en France a donné lieu, lundi 25 mars, à la vente de 290 Airbus A320 (moyen-courrier) et de 10 long-courriers A350 à la société d’Etat China Aviation Supplies Holding Company, pour un montant estimé à 30 milliards d’euros. Ce succès face à l’américain Boeing – et en pleine guerre commerciale sino-américaine – intervient après le flottement qui avait entouré la vente, finalement différée, de 184 A320 lors de la visite en Chine d’Emmanuel Macron en janvier 2018.
Les entreprises françaises ont engrangé d’autres contrats : EDF développera des éoliennes en mer pour 1 milliard ; Schneider Electric va moderniser les usines de Power Construction Corporation (jusqu’à 6 milliards de contrats) ; après avoir décroché la levée de l’embargo sur le bœuf il y a un an, Paris a aussi obtenu le feu vert de Pékin pour la volaille ; l’armateur CMA-CGM et China State Shipbulding Corporation ont signé un accord-cadre de coopération globale et un contrat de construction de 10 porte-conteneurs, dont le montant est estimé à 1,2 milliard.
En revanche, la construction par Orano (ex-Areva) d’une usine de retraitement des combustibles usés des centrales nucléaires chinoises sur le modèle de La Hague (Manche), envisagée par Paris et Pékin dès 2007, reste en projet. « Les discussions se sont accélérées ces dernières semaines », a indiqué M. Macron, sans fixer de calendrier pour la signature d’un contrat d’au moins 10 milliards d’euros. Avant la visite de M. Xi, le directeur général d’Orano, Philippe Knoche, avait prévenu qu’il ne signerait « que dans un cadre gagnant-gagnant » et qu’« il n’est pas question de brader une technologie qui a été développée par notre pays pendant plusieurs années ».
La France accuse un déficit commercial de 32 milliards d’euros avec la Chine – à comparer aux 20 milliards d’excédent de l’Allemagne. Depuis son élection, M. Macron demande à Pékin de la « réciprocité » dans les échanges commerciaux Europe-Chine,et « des routes de la soie à double sens ». Or, ce projet grandiose de corridors ferroviaires, routiers et maritimes lancé par M. Xi en 2013 reste déséquilibré au profit de la Chine. Si l’Italie est le premier pays du G7 a y avoir adhéré, samedi 23 mars, lors de la visite du président chinois à Rome, Paris et l’Union européenne se méfient d’une démarche visant, selon eux, à inonder le Vieux Continent de produits chinois.
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L’énergéticien a vendu un portefeuille de cinquante sites industriels à Vinci Immobilier et Brownfields, en vue de leur aménagement.
Les anciennes usines à gaz vont laisser place à des logements. Le groupe Engie vient de céder cinquante terrains à Vinci Immobilier et Brownfields, dans une vente en bloc d’une partie de son patrimoine industriel qui pourrait inspirer d’autres entreprises propriétaires de foncier « dormant ». Au total, ce sont près de 36 hectares de terrains qui permettront la construction de quelque 2 200 logements dans des villes comme Hyères (Var) ou Nanterre (Hauts-de-Seine), Brest (Finistère) et Bandol (Var), La Rochelle (Charente-Maritime) ou Pithiviers (Loiret).
« Engie est propriétaire de sites issus de l’histoire de Gaz de France, qui ne sont plus utilisés par nos métiers : des usines à gaz démantelées, aux sols pollués, dans des villes de toutes tailles, raconte Gilles Allard, le directeur immobilier du groupe. Ces terrains, qui étaient autrefois en périphérie des villes, ont été rattrapés par l’urbanisation. »
Autant dire que certains valent de l’or, dans un contexte de raréfaction du foncier.
« Nous avons dans notre patrimoine des sites situés sur un marché immobilier très réduit, d’autres sur un marché plus actif », détaille M. Allard. Le groupe a donc constitué un portefeuille mixant des terrains attractifs et d’autres difficiles à vendre seuls, incluant même quelques parcelles ne disposant au moment de la vente d’aucun droit à construire dans le plan d’urbanisme de la commune. Une offre à prendre en bloc ou à laisser.
Autre difficulté : la pollution des sols. Non seulement la dépollution coûte cher, mais à tout moment, même des années après avoir vendu les terrains, l’entreprise pouvait se voir mise en cause pour des troubles créés par des pollutions passées. « Cette menace décourage des industriels de vendre des terrains inutiles pour permettre un changement d’usage », observe M. Allard. La loi ALUR a changé la donne en 2015 : le dispositif de tiers demandeur, encore peu utilisé, permet à l’acheteur d’un site de se substituer au dernier exploitant industriel et d’endosser non seulement sa réhabilitation, mais la responsabilité légale d’éventuels incidents.
C’est le groupement formé par Vinci Immobilier et l’investisseur Brownfields, spécialiste de la reconversion de sites industriels, qui a remporté l’appel d’offres lancé par Engie. « La difficulté à trouver du foncier pour nos opérations nous conduit à remonter le plus en amont possible, à dialoguer avec les grands propriétaires pour identifier des terrains libérables, explique Patrick Supiot, directeur général de l’immobilier d’entreprise chez Vinci Immobilier. Cela comprend des industriels qui ont beaucoup de foncier devenu obsolète, mais qui ne gèrent souvent pas ce patrimoine car ce n’est pas leur cœur de métier et cela leur coûterait cher de chercher à le valoriser. Nous voulons les accompagner vers des cessions en bloc de portefeuilles, quitte à jouer le rôle de foncière de portage. »
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La marque à la pomme a annoncé Apple Arcade, une offre mettant en avant son travail éditorial dans l’univers du jeu sur smartphone, sans publicité ni collecte de données.
Il y a des enchaînements d’annonces qui donnent le tournis. Une semaine après la présentation par Google de Stadia, sa plate-forme de jeux vidéo à la demande, Apple a levé le voile lundi 25 mars sur Apple Arcade, son offre d’abonnement mensuel. Celle-ci permettra aux consommateurs de télécharger à volonté une sélection de jeux pour mobiles haut de gamme, dont certains exclusifs, sur les périphériques du célèbre constructeur. Elle sera déployée à l’automne dans plus de 150 pays, dont la France.
Le parallèle avec Google s’arrête là. Pour Apple, il ne s’agit pas de révolutionner le jeu vidéo en lançant une ambitieuse infrastructure de calcul en réseau capable de chambouler l’industrie et rendre obsolètes consoles et ordinateurs : les applications seront à télécharger localement sur les appareils compatibles Apple (iPhone, iPad, Apple TV…), comme l’utilisateur le fait déjà à l’unité. « Les deux compagnies redoublent d’effort dans le jeu vidéo, après des années à se concurrencer sur la distribution. Mais le concept, l’échelle et les objectifs de Stadia sont beaucoup plus ambitieux qu’Arcade, estime Serkan Toto, analyste pour Kantan Games. Si Stadia fonctionne, cela sera un grand changement pour l’industrie. Si Arcade marche, ce sera juste un nouveau service Apple. »
Les objectifs de la marque à la pomme sont en fait très différents de ceux de Google. L’un est affiché : donner une meilleure visibilité à ces jeux « premium » que la marque se vante déjà d’accueillir depuis des années, mais qui sont souvent écrasés par la concurrence de mastodontes gratuits,comme Clash of Clans, Clash Royale ou Candy Crush Saga. Le second est plus crucial : offrir de nouvelles sources de revenus à Apple, alors que les ventes d’iPhone ont été considérablement revues à la baisse pour l’année 2019. Le lancement d’Apple Arcade s’inscrit de ce point de vue dans une stratégie plus large de multiplication des offres de service (Apple Pay, Apple News, etc.).
La firme dirigée par Tim Cook n’a pas encore communiqué sur le prix de son abonnement mensuel. Mais elle ne cache pas ses ambitions en matière de qualité éditoriale. Apple, qui annonce héberger 300 000 jeux sur l’App Store, ne proposera qu’une sélection d’une centaine de jeux sur son service. L’annonce a été reçue avec enthousiasme par les professionnels. « Compléter l’offre de superproductions avec ce type de service, cela va faire des merveilles pour les indés et les studios moyens et permettre aux gens d’accéder à des jeux qu’ils auraient manqués sans ça »,
Parmi les producteurs mis en avant, des noms prestigieux, comme Will Wright (les célèbres jeux de gestion SimCity et Les Sims), Hironobu Sakaguchi (la série épique des Final Fantasy), ustwo (l’hypnotique Monument Valley), Annapurna Interactive (le vertigineux What Remains of Edith Fintch), ou encore Giant Squid (le relaxant Abzû). Prestigieux, mais pas forcément connus du grand public. « C’est une annonce étonnamment niche », relève Serkan Toto. « Je pense qu’au final Arcade est un programme de curation, d’image de marque et de financement – ils ont annoncé soutenir certains développeurs. »
Autre prise de position très forte, cette fois côté consommateur : alors que l’annonce du service de jeux vidéo à la demande par cloud de Google suscite la méfiance, Apple s’est engagé à interdire toute collecte de données. De même, la firme de Cupertino promet une expérience débarrassée de toute publicité et tout achat inclus, alors que le modèle du jeu sur mobile tend souvent à user de psychologie comportementale et de mécaniques de frustration pour pousser le consommateur à dépenser plus qu’il ne l’avait prévu. « Le respect de la vie privée, la sécurité, la qualité et la curation sont des notions fondamentales pour l’App Store », a insisté l’entreprise dans un communiqué.
Reste à voir s’il existe un véritable marché pour du jeu mobile haut de gamme. « Pour les consommateurs qui veulent profiter de jeux mobiles sur leur téléphone sans pub ni achat intégré, Arcade a l’air parfait, relève Serkan Toto. Je doute juste qu’il y ait assez d’utilisateurs dans le monde pour que cela vaille le coup pour Apple. » D’autant que si son offre n’a pas de concurrent direct sur le segment du jeu vidéo mobile haut de gamme, elle devra malgré tout composer avec l’explosion des services en abonnement. Elle vient en effet s’ajouter aux PlayStation Plus et PlayStation Now de Sony, aux Xbox Live, Xbox Games Pass, et Project XCloud de Microsoft, au Switch Online de Nintendo et à Twitch Prime… en attendant une possible extension d’Amazon Prime au jeu vidéo.
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