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Les perdants de la réforme portée par Jean-Paul Delevoye sont tout désignés : les travailleurs affiliés à un régime spécial et les agents publics non régaliens émargeant dans une catégorie active.

Pour indisposer Emmanuel Macron, il suffit de prononcer trois mots : pénibilité au travail. Le président de la République n’« adore pas » que l’on présente les choses ainsi « parce que ça donne le sentiment que le travail, ça serait pénible », comme il l’a déclaré, le 3 octobre, lors du débat sur les retraites à Rodez. Cette opinion, M. Macron l’avait déjà défendue, en mars 2017 durant la campagne présidentielle, sur un ton encore plus direct, devant le Medef : « Le terme pénibilité (…) induit que le travail est une douleur et ne correspond pas à ce dont nous avons besoin, car le travail, c’est l’émancipation qui vous donne une place. »

Le chef de l’Etat va pourtant devoir s’y faire : la reconnaissance de l’usure professionnelle représente l’un des enjeux de la réforme des retraites. Si le président de la République a tenté de rassurer, lundi 28 octobre, en évoquant sur RTL l’idée que la future réforme ne puisse s’appliquer qu’aux nouveaux entrants sur le marché du travail, ce n’est pas l’option que Jean-Paul Delevoye, le haut-commissaire en charge du dossier, a développée dans son rapport en juillet. Mais l’opposition – à gauche – et de nombreux responsables syndicaux considèrent que le gouvernement n’a, en la matière, que des ambitions très limitées.

A l’heure actuelle, la pénibilité est prise en considération de diverses manières – que ce soit au travers des différents plans santé au travail, de référentiels de branches professionnels ou d’accords d’entreprise spécifiques. Dans le secteur privé, il y a également le compte professionnel de prévention (C2P) pour les salariés exposés à des conditions de travail éprouvantes : ce mécanisme permet aux personnes concernées d’accumuler des points qui financent des formations, un passage à temps partiel sans baisse de la rémunération, ou de partir deux ans plus tôt à la retraite. S’ajoutent au C2P d’autres dispositifs, qui offrent la possibilité de cesser sa carrière de façon précoce (notamment celui pour incapacité permanente).

« Objectif d’équité »

La fonction publique, elle, abrite le système dit des « catégories actives » : grâce à lui, les agents dont le métier s’avère dangereux ou difficile physiquement (policier, agent hospitalier…) peuvent réclamer le versement de leur pension entre 52 et 57 ans, soit plus tôt que dans le privé (62 ans). Idem pour les salariés de plusieurs entreprises publiques (RATP, SNCF…) qui sont affiliés à des régimes spéciaux de retraite.


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Billets préréservés, multiplication des points d’entrée, recours à la mécanique des fluides... les musées s’adaptent à des affluences record.

La Joconde trône à nouveau dans sa vitrine, réinstallée depuis quelques semaines dans la salle des Etats rénovée, au premier étage du célèbre musée du Louvre. Son sourire énigmatique draine un tel public que Jean-Luc Martinez, le président-directeur du musée, a renoncé à faire figurer la toile dans l’exposition Léonard de Vinci, qui a ouvert ses portes jeudi 24 octobre.

Au total, « 30 000 visiteurs en moyenne viennent voir La Joconde » quotidiennement, explique M. Martinez. Pour l’exposition organisée jusqu’au 24 février 2020, à l’occasion du 500e anniversaire de la mort du maître florentin (1452-1519), il ne s’attend « qu’à » 5 000 personnes par jour.

Au cœur de l’été, quand l’icône du Louvre était provisoirement accrochée salle Médicis, il fallait compter au minimum une heure, parmi un flot ininterrompu de touristes, avant de l’atteindre. Cela reste vrai. En plusieurs langues, des panneaux préviennent : « Chacun a envie de rencontrer La Joconde. Merci de faciliter la visite en restant un bref moment. » Deux gardiens postés devant la plus célèbre toile du musée, peinte sur un panneau de bois de peuplier, font de grands moulinets avec leurs bras pour que les visiteurs ne s’attardent pas trop longtemps devant ce qui constitue bien souvent le clou de leur visite à Paris.

« Go ! Go ! Move on ! [Allez, allez, avancez !] », leur intiment-ils. En moyenne, les spectateurs passent cinquante secondes face à cette œuvre. Le temps de prendre plusieurs selfies. Une minorité ­conserve son téléphone dans la poche. A la sortie de l’exposition De Vinci, le public a dorénavant la possibilité de scruter plus en détail le portrait de la Joconde, grâce à un casque virtuel.

Si le Louvre, indétrônable numéro un des musées de l’Hexagone en matière de fréquentation, se félicite d’avoir atteint 10,2 millions de visiteurs en 2018 (+ 25 % par rapport à 2017), faut-il vraiment s’en réjouir ? Tout est fait pour attirer un public toujours plus nombreux, quitte à inviter les chanteurs américains Beyoncé et Jay-Z à créer leur parcours d’œuvres choisies.


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Un accord évite aux entreprises Cardinal Health, McKesson, AmerisourceBergen et Teva un long et médiatique procès. Elles verseront l’équivalent de 260 millions de dollars à différents plaignants dans l’Ohio, deuxième Etat américain le plus touché.

Les plaidoiries étaient prêtes et une queue s’était formée dès avant 7 heures du matin devant le tribunal de Cleveland (Ohio), lundi 21 octobre. Mais, après l’un de ces rebondissements dont le système judiciaire américain a le secret, le « procès du siècle » opposant les fabricants et les principaux distributeurs d’opiacés à près de 2 500 plaignants (Etats, villes, comtés, tribus indiennes, hôpitaux…) n’a pas eu lieu.

Dan Polster, le juge fédéral chargé de ce procès hors norme, a annoncé dans la matinée qu’un accord avait été trouvé à 1 heure du matin entre les avocats des entreprises américaines incriminées – Cardinal Health, McKesson, AmerisourceBergen, le laboratoire israélien Teva –, et ceux des deux comtés de l’Ohio, dont les plaintes devaient ouvrir les débats.

L’Ohio est, derrière la Virginie-Occidentale, l’Etat américain le plus touché par l’épidémie d’overdoses liées à la consommation de médicaments antidouleur. Le procès intenté à une cinquième entreprise – la chaîne de pharmacies Walgreens – a, lui, été reporté sine die.

Selon les termes de l’accord, les distributeurs d’opiacés verseront 215 millions de dollars (193 millions d’euros) aux plaignants, tandis que Teva leur paiera 20 millions en espèces et leur fournira l’équivalent de 25 millions de dollars en Suboxone, un médicament utilisé dans le traitement de l’addiction.

L’arrangement évite à toutes les parties un long et coûteux procès. Comme l’ensemble des accords signés ces dernières années ou actuellement en négociation, il permet aux entreprises d’échapper aux dénonciations publiques et répétées de leurs pratiques, très contestées. Cependant, il est loin de clore le sujet et ne constitue qu’une infime partie des règlements à venir. Les discussions en cours pour une solution satisfaisant l’ensemble des plaignants porteraient sur environ 48 milliards de dollars, selon la presse américaine.

Un enjeu de santé publique

Préparé depuis deux ans, ce procès devait être le premier, au niveau fédéral, à mettre en évidence la responsabilité des entreprises pharmaceutiques dans la crise sanitaire qui ravage les Etats-Unis. Avec 400 000 morts en vingt ans, la surconsommation d’opiacés est devenue, ces dernières années, un enjeu de santé publique.

Les alertes sur le caractère addictif de ces médicaments n’ont pas été suffisamment entendues par les autorités sanitaires et, de ce fait, ont pu être totalement occultées par les entreprises du secteur


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Les salariés ont approuvé à une large majorité, lundi, la nouvelle version du plan social avec 485 suppressions d’emplois, au lieu de 792, et le renoncement à plusieurs acquis sociaux.

Ils ont dit oui, à une large majorité, au nouveau plan social qui prévoit 485 suppressions d’emplois dans l’entité gaz, au lieu de 792. Mais sans enthousiasme, et sans se faire d’illusions. Rares sont ceux qui, parmi le millier de salariés présents, ont accepté de s’exprimer à l’issue du vote à main levée organisé, lundi 21 octobre, dans le hall du bâtiment T05 du site belfortain de General Electric (GE).

« Certes, 307 postes sont “sauvés”, mais on ne peut pas applaudir », commente Quentin, chargé d’affaires, la cinquantaine passée. Le feu vert des salariés, qui lance la phase légale de consultations-négociations pour une durée de deux mois, « ce n’est pas pour le meilleur, c’est pour le moins mauvais. Je remercie la CFE-CGC et SUD de s’être décarcassés pour aboutir à ce résultat », même si « je ne blâme pas la CGT, qui est dans sa logique ». Celle-ci a refusé de participer au vote, après avoir quitté l’intersyndicale avec fracas, samedi, lors de la manifestation de soutien aux salariés organisée dans les rues de la ville.

« Aucune confiance dans les dirigeants de GE »

D’après la nouvelle version du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), les effectifs de l’entité gaz vont passer de 1 760 personnes au 1er avril 2019 à 1 400 avant la fin du premier trimestre 2020, uniquement sur la base de départs volontaires, puis à 1 275 à partir du dernier trimestre, avec, si nécessaire, des départs contraints.

Ces chiffres ont été directement négociés avec Lawrence « Larry » Culp, le PDG de GE, par le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, qui a salué « un plan social significativement amélioré », avec « des avancées majeures ».

Parmi elles figure « l’engagement de GE d’engager des discussions afin de construire un nouveau projet industriel pour le site de Belfort en vue de le conforter comme centre d’excellence pour les turbines à gaz 50 Hz, détaille Bercy. Un certain nombre de décisions ont un effet immédiat : le rapatriement de la production de certaines turbines des Etats-Unis et la nomination d’un directeur général de haut niveau pour le site belfortain, ainsi que de responsables dans les activités commerciales et d’ingénierie ».


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