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L’exécutif hausse le ton face à EDF tout en soutenant la volonté de construire de nouveaux réacteurs de troisième génération.
Comment avoir l’air le plus sévère possible face aux dérives de la filière nucléaire française, tout en préparant le terrain pour la construction de nouveaux réacteurs ? C’est l’exercice périlleux auquel s’est livré le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, lundi 28 octobre, lors de la présentation du rapport de Jean-Martin Folz sur les déboires de l’EPR de Flamanville (Manche).
Cet audit, demandé par le ministre début juillet à la direction d’EDF – qui a choisi l’ancien PDG de PSA pour conduire ce travail – dresse un réquisitoire contre les errements du chantier du réacteur de troisième génération. « Flamanville est un échec pour la filière électronucléaire française », a tancé Bruno Le Maire, lors d’une conférence de presse, aux côtés de la ministre de la transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, et du PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy. Le ministre a dénoncé des « problèmes de qualité industrielle », tout en demandant au patron de l’énergéticien de lui remettre, avant la fin novembre, un « plan d’action » portant notamment sur la « gouvernance des grands projets » et sur la mise en place d’un « plan de compétences ».
Cet exercice d’autocritique de la part de l’entreprise et de son principal actionnaire – l’Etat détient 83 % du capital – intervient alors que, dans le même temps, le gouvernement et la filière travaillent à un plan de construction de six nouveaux EPR sur les quinze prochaines années. Les mots durs du ministre de l’économie et la sévérité du rapport de M. Folz contrastent avec les intentions de l’exécutif en la matière.
Après avoir étrillé le chantier de Flamanville, la conclusion de ce document fixe un horizon assez clair : « Il s’agit concrètement d’afficher des programmes stables à long terme de construction de nouveaux réacteurs en France. » Une formule notée avec délectation sur les réseaux sociaux par certains défenseurs du nucléaire.
L’exécutif se retrouve en réalité face à un calendrier délicat. Lors de la présentation de la feuille de route énergétique de la France, fin novembre 2018, le président de la République a demandé à l’énergéticien de lui présenter un plan complet pour étudier la construction de nouveaux réacteurs nucléaires à la mi-2021. A cette date, EDF espère que l’EPR de Flamanville sera déjà opérationnel. A quelques mois de la présidentielle, le probable futur candidat Macron pourrait ainsi décider – ou pas – du lancement de nouveaux chantiers, en se basant sur le retour d’expérience du réacteur normand.
Lire la suite : Nucléaire : le gouvernement joue les équilibristes dans le débat sur les nouveaux EPR
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La SNCF est contrainte de réduire la cadence de ses TGV Atlantique en raison d’un mouvement suivi depuis jeudi par des agents du technicentre de Châtillon.
Un TGV sur trois seulement sera en circulation mardi sur l’axe Atlantique en raison de la poursuite d’une grève de 200 agents spécialisés dans la maintenance en banlieue parisienne, a annoncé lundi 28 octobre la direction de la SNCF.
Dans le détail, six allers-retours sont prévus sur la ligne Paris-Nantes et huit allers-retours sur la ligne Paris-Bordeaux. Pour la liaison Paris-Rennes, la situation reste inchangée, avec deux allers-retours programmés. Les autres destinations seront desservies au compte-gouttes, comme Paris-Poitiers (un aller-retour), Paris-Toulouse (deux allers-retours) et Paris-Quimper (un aller-retour), et certains arrêts seront ignorés.
En plein milieu des vacances scolaires, la SNCF est contrainte de réduire la cadence de ses TGV Atlantique en raison d’un mouvement suivi depuis jeudi par 200 agents du technicentre de Châtillon (Hauts-de-Seine), spécialisé dans la maintenance quotidienne des trains.
Selon Julien Troccaz, secrétaire fédéral du syndicat SUD-Rail qui a appelé à cette grève et qui s’est exprimé plus tôt dans la semaine, les cheminots ont protesté contre « une remise en cause des conditions de travail par la direction sans aucune concertation » avec le personnel.
La direction du site avait annoncé une suppression des repos compensateurs pour le travail en soirée et le week-end, avait déclaré pour sa part Erik Meyer, également secrétaire fédéral de SUD-Rail. « Les agents ont eu une réaction épidermique, à la hauteur de la violence des annonces du management », avait-il jugé.
Une grève est programmée à partir du 5 décembre par plusieurs syndicats de la SNCF contre la réforme des retraites. Philippe Martinez, secrétaire général de la confédération générale du travail (CGT), rencontrera le haut-commissaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye, mardi.
Jeudi, une rencontre est également prévue entre M. Delevoye, le secrétaire d’Etat aux transports, Jean-Baptiste Djebbari, et les syndicats de cheminots pour une première séance de concertation. Le lendemain, le patron de la SNCF, Guillaume Pepy, passera le flambeau à Jean-Pierre Farandou.
Lire la suite : Grève de 200 agents à la SNCF, les deux tiers des TGV Atlantique ne rouleront pas mardi
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Si la rente assure un (petit) complément de revenus à vie, et comporte le risque de perdre l’argent, la sortie en capital offre le plus de liberté, avec le danger d’engloutir prématurément son épargne-retraite…
Avec la possibilité offerte par le nouveau plan d’épargne-retraite (PER) de récupérer son argent sous forme de capital en une ou plusieurs fois, les épargnants vont se retrouver face à un choix cornélien, car ces deux modes de sortie disposent chacun de leurs avantages et inconvénients.
Si le souscripteur choisi la transformation du capital en rente viagère, il perd tout droit sur son capital, qui appartient alors à l’assureur, mais il dispose en contrepartie d’une sécurité et d’une tranquillité absolue, car il a la certitude de recevoir ses revenus jusqu’à la fin de ses jours, même s’il bat des records de longévité. Dans l’optique d’un complément de retraite, c’est un point qui compte beaucoup, surtout si le PER vise aussi à assurer une autonomie financière dans le grand âge, lorsque les besoins sont susceptibles d’augmenter en cas de survenue de dépendance.
Le montant de la rente est très faible au regard du capital constitué, car les assureurs anticipent un allongement de l’espérance de vie.
Cet avantage suppose cependant d’accepter des contraintes fortes. La principale est celle qui conduirait, en cas de décès, à faire perdre aux héritiers l’argent accumulé. Ce défaut peut être atténué par la souscription de garanties supplémentaires, comme la réversion au profit d’un conjoint ou le choix d’annuités garanties.
Avec ce dernier mécanisme, l’assureur s’engage à verser la rente pendant une durée minimale, par exemple vingt ans, et, en cas de décès du rentier, elle est attribuée à un bénéficiaire désigné jusqu’à la date convenue. Si le rentier est encore en vie à l’issue de la période garantie, il continue à percevoir sa rente normalement, jusqu’à son décès. Ces deux garanties ne sont cependant pas gratuites et se traduisent par une minoration plus ou moins forte de la rente versée.
Autre souci de la rente : son montant est très faible au regard du capital constitué, car les assureurs anticipent un allongement de l’espérance de vie et calibrent les rentes en fonction de cette évolution. Pour une personne transformant son capital à 65 ans, par exemple, le taux de conversion généralement pratiqué est autour de 3,6 %. Cela signifie qu’avec un capital de 100 000 euros, la rente annuelle s’élèvera à 3 600 euros (soit 300 euros par mois), à condition de n’avoir souscrit aucune garantie supplémentaire. Il faudra donc vivre jusqu’à près de 95 ans pour espérer revoir l’intégralité du capital transformé…
Peu de jeunes retraités s’imaginent vivre jusque-là, ce qui pourrait les détourner de cette solution, d’autant que ces montants ne tiennent pas compte des impôts qui seront dus sur ce revenu supplémentaire.
Avec la sortie en capital, le tableau est fondamentalement différent : l’épargnant peut piocher à sa guise dans son épargne, en fonction de ses besoins, et les sommes qu’il n’a pas utilisées de son vivant pourront être transmises à ses proches. Il peut également, s’il le souhaite, continuer à mener une gestion financière dynamique – l’horizon de placement reste long –, alors que celle de la rente est placée sous le signe de la sécurité et ne peut pas dégager de gains financiers significatifs lorsque les taux d’intérêt sont bas.
« En Grande-Bretagne, un quart des retraités récupèrent immédiatement leur capital à la retraite, un autre quart le transforme en rente, et la moitié choisissent une sortie sous forme de capital fractionné. » Edouard Michot, Assurancevie.com
En contrepartie, aucune garantie n’est apportée à long terme : si le retraité vit longtemps et que ses retraits ont été importants, il risque d’avoir consommé l’intégralité de son capital avant son décès et de se retrouver, dans le grand âge, sans ces revenus supplémentaires. C’est un risque à prendre au sérieux, surtout si le patrimoine constitué à côté de l’épargne-retraite est faible.
Les personnes qui choisiront cette voie avec l’espoir de disposer à vie d’un complément de revenus auront donc intérêt à effectuer avec parcimonie les prélèvements sur leur capital pour ne pas l’assécher trop rapidement. « Le rôle des conseillers sera très important pour aider les futurs retraités à faire les bons choix », estime Olivier Mariée, directeur commercial d’Axa France.
Sur le plan fiscal, les deux formes de sortie sont traitées quasiment à égalité. Les arrérages de rente (les sommes perçues) seront imposables avec les autres revenus, tout comme les sommes retirées en capital si elles ont donné lieu, à l’entrée, à une défiscalisation.
Néanmoins, la part de gains retirée en capital (en plus des versements initiaux) bénéficiera, elle, d’un traitement un peu plus favorable, puisqu’elle sera soumise au prélèvement forfaitaire unique au taux de 30 %, y compris les 17,2 % de prélèvements sociaux. Cette solution devrait s’avérer légèrement plus favorable aux gros contribuables, qui bénéficieront sur cette partie d’un taux d’imposition inférieur (12,8 %) à celui qu’ils devraient supporter en fonction de leur tranche d’imposition.
Reste qu’il sera possible de mixer ces différentes solutions, en combinant sortie partielle en rente et en capital. « En Grande-Bretagne, on observe, en moyenne, qu’un quart des retraités récupèrent immédiatement leur capital lors du départ en retraite, un autre quart le transforme en rente, et la moitié choisissent une sortie sous forme de capital fractionné », observe Edouard Michot, président d’Assurancevie.com. Le panachage de ces différents modes de sortie a l’avantage de permettre de profiter du présent, sans insulter l’avenir.
Lire la suite : Nouveau plan épargne-retraite : faut-il opter pour la rente viagère ou la sortie en capital ?
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Quand bien même le divorce serait acté, il resterait à négocier le futur accord de libre-échange entre Londres et Bruxelles, et celui-ci risque d’être au moins aussi long et compliqué à conclure, prévient Eric Albert, correspondant du « Monde » à Londres.
Chronique. A cette vitesse, Godot va finir par arriver avant le Brexit. Trois ans et quatre mois après le référendum, avec trois dates butoirs repoussées, la sortie de l’Union européenne (UE) du Royaume-Uni n’est toujours pas actée. La faute en incombe avant tout à un Parlement britannique divisé à l’extrême et incapable de compromis – les Européens, de leur côté, ont déjà accepté deux formes de l’accord.
Mais si vous n’en pouvez plus de cette saga, mauvaise nouvelle : cela va encore durer des années. Même si l’accord de retrait actuel finit par être approuvé par les députés britanniques, même si des élections dégagent une majorité claire à la Chambre des communes, il ne s’agira que de la première étape. Dans un second temps, il reste à négocier le futur accord de libre-échange entre Londres et Bruxelles, et celui-ci risque d’être au moins aussi long et compliqué à conclure.
L’accord de retrait ne signe en effet que le divorce. Il permet aux Britanniques de ne plus être membres de l’UE, ce qui est politiquement très important. Mais économiquement, rien ne changera. Il restera à déterminer, secteur par secteur, quel accès au marché unique les Britanniques conserveront (et réciproquement), quels droits de douane s’appliqueront, comment les normes sanitaires, agroalimentaires ou financières seront reconnues…
Ce genre d’exercice prend normalement des années. Le CETA, l’accord de libre-échange entre l’UE et le Canada, a nécessité six ans de négociations. Celui entre l’UE et la Corée du Sud a pris quatre ans. Certes, il n’y avait pas la même urgence politique que dans le cas du Brexit, mais les difficultés techniques seront nombreuses.
Il y avait eu ce vote inattendu à la Chambre des communes en faveur d’un texte relatif au Brexit le 22 octobre dernier – une première depuis 2016 avec 329 voix contre 299 – puis dans la foulée, un vote qui refusait au premier ministre une procédure accélérée pour examiner son accord négocié avec Bruxelles le 17 octobre. De ce fait, Boris Johnson était contraint de demander une nouvelle date de sortie aux Vingt-Sept. Lundi 28 octobre, l’UE a accordé un report flexible jusqu’au 31 janvier 2020, par la voix du président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk.
Le Parlement britannique a gagné sur le report à la fin du mois de janvier, contre Boris Johnson qui voulait quitter l’UE le 31 octobre 2019, mais une chose est sûre : il reste encore bien des questions à régler, au premier chef desquelles on trouve le vote formel de l’accord par le Parlement, alors qu’il n’a consenti pour le moment qu’à se pencher sur la loi d’application de l’accord.
Le premier ministre, qui n’a plus de majorité, pourrait, par exemple, demander au Parlement de convoquer des élections générales. Mais il a besoin pour cela des deux tiers des voix des députés.
Conscients du problème, Londres et Bruxelles ont prévu dans l’accord de retrait une période de transition qui court jusqu’au 31 décembre 2020, pendant laquelle les relations économiques actuelles resteront les mêmes. Pour les entreprises, rien ne changera. Mais cette période de transition est de plus en plus courte. Initialement, le Brexit devait avoir lieu le 29 mars 2019, et celle-ci devait donc durer presque deux ans. A l’époque, le patronat avertissait déjà que cela pourrait être insuffisant. Avec les retards actuels, la transition sera à peine d’un an.
Son extension est possible, par exemple jusqu’à fin 2021 ou fin 2022. Attendez-vous donc à entendre parler, au courant de l’année prochaine, des risques d’un… « no deal ». Le Royaume-Uni pourrait en effet sortir de cette période de transition sans qu’un accord ne soit conclu. Du jour au lendemain, il deviendrait un pays tiers commerçant aux normes de base de l’Organisation mondiale du commerce.
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