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A la tête de la plate-forme de vidéo à la demande lancée le 12 novembre aux Etats-Unis et disponible en France fin mars 2020, il a pour mission de tailler des croupières à la concurrence. Ses armes : un large catalogue accessible pour seulement 7 dollars (6,35 euros)…

L’homme qui fait trembler la SVOD

Les espoirs de Disney reposent sur lui. A la tête du marketing et de la stratégie de contenu, Ricky Strauss, 52 ans, prépare depuis plus d’un an l’irruption de la Walt Disney Company dans l’univers de la vidéo à la demande (SVOD). Objectif : concurrencer Netflix et, depuis le 1er novembre, Apple. Une diversification nécessaire pour le numéro un mondial du cinéma, qui voit de plus en plus de jeunes renoncer au câble, et les géants technologiques envahir Hollywood.

Un vieux routier du cinéma

Le milieu du cinéma a été surpris de sa nomination à la tête de Disney+, en juin 2018. Né à Harrison (Etat de New York), diplômé de l’université du Vermont, Ricky Strauss n’est pas connu pour son caractère flamboyant. Mais c’est une valeur sûre : après avoir fait ses classes à Columbia Pictures et à Sony Pictures, il a dirigé dès 2005 Participant Media, où il a coproduit des films oscarisés (La Couleur des sentiments et le documentaire Une vérité qui dérange). Parmi ses faits d’armes chez Disney, où il est arrivé en tant que directeur marketing en 2012 : Black Panther, Star Wars, le réveil de la force et Vice-Versa.

Un roi de la communication

Pour le lancement de Disney+, Ricky Strauss a mobilisé les filiales du groupe : de la chaîne ABC, dont les présentateurs météo et les animateurs vanteront la plateforme dans leurs programmes, au parc Disney World et aux réseaux sociaux des vedettes maison (Tinker Bell, la fée Clochette, compte plus de 9 millions d’amis sur Facebook). Il a fait réaliser une compilation de vingt secondes d’images des films ou séries accessibles sur Disney+ : le film, posté sur 

, dure plus de trois heures.

Un commercial sensible

Ricky Strauss est un homme de style, un passionné de design. Sa demeure du Sunset Strip est remplie de références au monde du cinéma. Ce commercial a « un instinct pour la création », déclare Kevin Feige, le président des studios Marvel. On le dit aussi diplomate. Il aura besoin de son sens du consensus pour recruter les talents et faire collaborer les différentes unités de l’empire Disney.


Lire la suite : Qui est vraiment Ricky Strauss, le patron de Disney+ ?


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Après des années d’euphorie, les start-up peinent à convaincre des investisseurs devenus plus frileux.

Ce n’est pas encore l’hiver, mais la bise souffle déjà sur les start-up chinoises. Après des années de croissance effrénée, 2019 marque le retour à la raison et aux fondamentaux pour le secteur de la tech en Chine. Entre tensions commerciales et ralentissement de l’économie nationale, les investisseurs sont prudents et les spécialistes du capital-risque taillent dans leurs effectifs. En juin, l’agence Reuters révélait que Sequoia Capital avait supprimé une vingtaine de postes d’investisseurs sur les soixante-dix qu’il compte dans le pays.

Ces derniers mois, les exemples de start-up en difficulté se sont multipliés. Royole Corporation, premier fabricant de smartphones à avoir mis sur le marché un téléphone pliable, tente de boucler un tour de table de 1 milliard de dollars (environ 907 millions d’euros), relevait Bloomberg le 24 septembre. SenseTime, la start-up spécialisée dans l’intelligence artificielle la plus valorisée au monde (7,5 milliards de dollars), semble avoir abandonné un projet de lever 2 milliards de dollars de plus.

Il en va de même pour Full Truck Alliance, une sorte d’« Uber pour camions », soutenu par SoftBank, qui cherchait 1 milliard de dollars. L’entreprise souhaite à présent conforter sa rentabilité en vue d’une prochaine introduction en Bourse. Le temps n’est plus à l’expansion folle, mais à l’équilibre des comptes.

Les chiffres sont éloquents : alors qu’elles avaient levé 111,8 milliards de dollars en 2018, les start-up chinoises ont pour l’instant récolté trois fois et demie moins. Depuis janvier, les sociétés de capital-risque ont regroupé « seulement » 9,9 milliards de dollars auprès d’investisseurs, contre 25 milliards au cours de la même période l’an dernier.

« La vague d’innovation a ralenti »

« Pour les start-up qui ne sont pas dans les secteurs les plus en vogue, comme la 5G ou l’intelligence artificielle, il est devenu difficile de réaliser un nouveau tour de table, observe Michael Norris, analyste pour Agency China, une agence de conseil sise à Shanghaï. Et dire qu’en 2016-2017, il suffisait à un entrepreneur de présenter un business plan d’une page pour décrocher le jackpot… Nous sommes revenus à une situation plus normale et plus saine. »

Assistons-nous au dégonflement d’une bulle spéculative ? Les échecs retentissants et les faillites en série chez les acteurs du vélo partagé, ainsi que les suppressions de postes du début d’année chez les géants de la tech (JD.com, Didi ou NetEase) pouvaient le laisser craindre. Dorénavant, ce sont des firmes telles que Nio, présentée comme un leader en devenir des véhicules électriques et dont la valeur boursière a été divisée par six, ou les piètres résultats du moteur de recherche Baidu, qui inquiètent.


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Le président Macron aurait manifestement préféré s’appuyer sur les Etats-Unis pour peser sur la Chine mais, malgré ses efforts de séduction, il n’est pas parvenu à convaincre Donald Trump de ne pas faire cavalier seul sur les questions économiques, climatiques et diplomatiques. Il n’a d’autre choix que de s’appuyer sur la Chine tout simplement pour exister sur la scène mondiale et si possible peser face aux Etats-Unis.

Analyse. La visite ne figurait pas à l’agenda. Pourtant, mercredi 6 novembre, avec plus d’une heure de retard sur le planning officiel, Emmanuel Macron a tenu à se rendre, sans journaliste, au temple de Confucius avant de quitter Pékin et de s’envoler pour Paris. Comme si, à l’issue d’une visite officielle de 52 heures dont 9 passées aux côtés de son homologue Xi Jinping, le président français en était arrivé à la conclusion que la compréhension de la Chine actuelle passait par celle de ce philosophe.

Rejeté par Mao ainsi que par une grande partie de l’élite chinoise du XXe siècle pour son respect de l’ordre établi, Confucius a été réhabilité par Xi Jinping pour la même raison. Quelques heures plus tôt, le président avait déclaré avoir évoqué avec son homologue chinois la question des droits de l’homme au cours d’un « échange franc et pleinement respectueux ». Plus question de chercher à imposer des valeurs certes « fondamentales » pour les Européens mais que les dirigeants chinois refusent de qualifier d’« universelles ».

En janvier 2018, lors de sa première visite officielle en Chine, Emmanuel Macron insistait sur la « réciprocité » qui devait caractériser les échanges entre les deux pays. Le président avait également critiqué les « nouvelles routes de la soie », ce colossal projet d’investissements chinois tout autour du globe, trop « à sens unique » selon lui. De son côté, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, dénonçait, « les investissements de pillage » chinois en Europe.

Changement de ton

Moins de deux ans plus tard, le changement de ton est notable. La France accepte, cette fois, d’être invitée d’honneur à la Foire aux importations de Shanghaï vue, par certains, comme un exercice de propagande chinois, et la « réciprocité » a disparu du vocabulaire présidentiel. Au contraire, Emmanuel Macron loue désormais « le choix de l’ouverture » fait par la Chine et Bruno Le Maire ne se plaint plus de ce que les Chinois achètent mais de ce qu’ils n’achètent pas : en l’occurrence, une usine de retraitement des déchets nucléaires.

Ce changement de ton s’accompagne d’un changement de format : pour peser face à la Chine, le président français a choisi d’« européaniser » sa délégation. Il était accompagné de la ministre allemande de l’éducation et de la recherche, Anja Karliczek – qui n’a pas paru très à l’aise dans cet exercice – ainsi que de Phil Hogan, aujourd’hui commissaire européen à l’agriculture et demain au commerce. Par ailleurs, des entreprises allemandes ont rejoint les françaises lors d’une rencontre avec ces trois responsables européens à Shanghaï. Déjà en mars, Emmanuel Macron avait invité la chancelière allemande Angela Merkel et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker à participer à un entretien à l’Elysée avec Xi Jinping.


Lire la suite : La Chine, alliée de la France par défaut


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En prétendant fonder scientifiquement les « lois du marché », les économistes ont perdu de vue la relativité politique et philosophique de leur savoir, constate dans une tribune au « Monde » le professeur Michel Dévoluy.

Tribune. Les causes des crises actuelles semblent actées. Mondialisation débridée, finance dérégulée, avidité des grandes entreprises et inertie des responsables politiques seraient à l’origine des inégalités et du réchauffement climatique. Mais la mise en avant de ces explications occulte leur toile de fond commune : une science économique dominante dont l’autorité a favorisé et légitimé la victoire idéologique de l’économie de marché, y compris dans sa version hyper libérale contemporaine.

La théorie économique standard a investi nos esprits et modelé nos imaginaires jusqu’à guider nos comportements individuels et collectifs. Le résultat est là. Nous avons tous tendance, parfois à notre insu, à nous comporter comme les agents rationnels et calculateurs que postule la théorie. A force de mettre le marché au milieu du jeu, il a raflé toutes les cartes. Comment modifier la donne ?

L’économie est un domaine singulier. Née d’une branche de la philosophie morale, elle n’a cessé de se rapprocher des sciences exactes. En suivant cette voie, l’économie de marché dans laquelle nous sommes immergés apparaît comme « naturelle », car fondée sur des lois scientifiquement éprouvées, et donc de portée universelle.

L’économie de marché ne concerne qu’un moment de l’histoire

Mais ce n’est pas tout. En visant à la neutralité scientifique, la pensée économique moderne restreint sa capacité à nourrir en profondeur les débats politiques, sociaux et écologiques. Or il y a urgence en la matière. Pour avancer, il serait sage d’admettre qu’une théorieéconomique procède toujours d’une doctrine sous-jacente, c’est-à-dire d’une vision du monde. Le système économique actuel n’échappe pas à cette réalité. Affirmer qu’il n’y aurait pas d’autres alternatives revient à nier la dynamique de l’histoire et à se figer sur une seule façon de penser l’activité économique.

Bien sûr, le champ de l’analyse économique s’est approfondi et diversifié. L’attribution à partir de 1969 du prix de la Banque de Suède en mémoire d’Alfred Nobel est là pour témoigner de la créativité des chercheurs. Le couronnement, en 2019, des travaux sur « l’évaluation par échantillonnage aléatoire » des politiques publiques est à cet égard exemplaire. Mais la haute technicité de ces recherches entretient, en creux, l’image de la totale impartialité de l’analyse économique.

Or, l’économie de marché ne concerne qu’un moment de l’histoire. Si nous croyons aujourd’hui ce système indépassable, c’est parce que les économistes ont dé-historisé et dé-politisé leur science. Cette démarche, sans doute éclairante à l’origine, est devenue un obstacle à une compréhension globale du monde en mouvement.


Lire la suite : « Reconnecter l’économie à la gravité et l’urgence des problèmes de notre temps »