L’éclairage. En 2007, la statistique publique française vécut un fiasco. Alors que se profilait l’élection présidentielle, les premières exploitations en interne de l’enquête emploi de l’Insee auprès des ménages concluaient à une baisse du chômage bien moindre que celle claironnée par le gouvernement. Cédant à des pressions politiques ou sincèrement inquiète de la qualité de son enquête – les historiens le diront –, la direction de l’Insee avait décidé en janvier 2007 d’arrêter la publication des chiffres du chômage pour six mois, arguant que le taux de réponse à l’enquête aurait légèrement diminué.
il est inutile de chercher à influer sur des chiffres que l’Europe calcule de son côtéLe malaise fut profond parmi les professionnels de la statistique, certains décidant d’alerter l’opinion. In fine, Eurostat, respectant les règlements européens, publia en mars 2007 ses propres estimations du chômage à partir de l’enquête emploi. La leçon de ce fiasco a été tirée : il est inutile de chercher à influer sur des chiffres que l’Europe calcule de son côté. Cet épisode a également été l’occasion de remettre à plat la méthodologie française de mesures de l’emploi et du chômage.
Si cela a conduit à une nette amélioration des outils, l’intégration des observations d’une enquête complémentaire auprès des non-répondants à l’enquête emploi fut plus douteuse. Il y avait une logique institutionnelle à cela, puisque la question des non-répondants avait justifié le report de publication. Mais à peine un quart des non-répondants répondaient à l’enquête complémentaire. Comme il n’y a pas d’enquête sur les non-répondants à l’enquête sur les non-répondants (!), cela obligeait à de fortes hypothèses, pour finalement accoucher d’un taux de chômage modifié de 0,1 point de pourcentage.
Rationalisation du dispositifUne deuxième modification, légitime d’un point de vue statistique, a plutôt brouillé les débats publics : aux chiffres sur le chômage trimestriel...