Par le

Dans sa chronique, l’économiste Philippe Askenazy estime que le cadencement trimestriel des enquêtes emploi devrait donner l’opportunité à la statistique publique d’offrir aux citoyens et aux décideurs de bonnes clés d’interprétation.

L’éclairage. En 2007, la statistique publique française vécut un fiasco. Alors que se profilait l’élection présidentielle, les premières exploitations en interne de l’enquête emploi de l’Insee auprès des ménages concluaient à une baisse du chômage bien moindre que celle claironnée par le gouvernement. Cédant à des pressions politiques ou sincèrement inquiète de la qualité de son enquête – les historiens le diront –, la direction de l’Insee avait décidé en janvier 2007 d’arrêter la publication des chiffres du chômage pour six mois, arguant que le taux de réponse à l’enquête aurait légèrement diminué.

il est inutile de chercher à influer sur des chiffres que l’Europe calcule de son côté

Le malaise fut profond parmi les professionnels de la statistique, certains décidant d’alerter l’opinion. In fine, Eurostat, respectant les règlements européens, publia en mars 2007 ses propres estimations du chômage à partir de l’enquête emploi. La leçon de ce fiasco a été tirée : il est inutile de chercher à influer sur des chiffres que l’Europe calcule de son côté. Cet épisode a également été l’occasion de remettre à plat la méthodologie française de mesures de l’emploi et du chômage.

Si cela a conduit à une nette amélioration des outils, l’intégration des observations d’une enquête complémentaire auprès des non-répondants à l’enquête emploi fut plus douteuse. Il y avait une logique institutionnelle à cela, puisque la question des non-répondants avait justifié le report de publication. Mais à peine un quart des non-répondants répondaient à l’enquête complémentaire. Comme il n’y a pas d’enquête sur les non-répondants à l’enquête sur les non-répondants (!), cela obligeait à de fortes hypothèses, pour finalement accoucher d’un taux de chômage modifié de 0,1 point de pourcentage.

Rationalisation du dispositif

Une deuxième modification, légitime d’un point de vue statistique, a plutôt brouillé les débats publics : aux chiffres sur le chômage trimestriel...


Lire la suite : Chômage et mystère de la statistique


Par le

Droits d’auteur, financement, diffusion : un collectif de cinéastes européens, dont les frères Dardenne, Cédric Klapisch et Ken Loach, listent dans une tribune au « Monde » leurs priorités à l’heure où la Commission de Bruxelles doit rendre des arbitrages sur sa politique médias.

Tribune. La culture européenne est la mise en commun de toutes les singularités, façons d’être et de voir, traditions, langues et histoires propres à chaque pays. A l’heure du Brexit et des nationalismes montants, l’Europe doit comprendre que sa force demeure dans sa capacité de dialogue entre union et identités spécifiques. C’est notre force et non pas notre faiblesse : ne pas comprendre cette dualité nous mènera à notre perte.

Cinéastes, nous portons le projet d’une véritable Europe de la création, guidée par l’exception culturelle. Nous sommes convaincus que le numérique est une chance immense pour la création et la circulation des œuvres : la diversité peut ainsi être exposée dans chaque Etat membre, auprès de tous les spectateurs. Il n’y a pas de petit ou grand Etat européen de la création ; il y a une formidable richesse de regards.

L’ère du numérique, des nouvelles technologies et des nouveaux usages doit être l’occasion de proposer une vision et une ambition politique fortes ! Alors que des arbitrages politiques aux conséquences importantes vont être rendus cette année, nous, cinéastes européens, rappelons ce qui constitue pour nous des priorités.

Une juste rémunération des auteurs

La lutte contre le piratage est une priorité absolue, commune aux institutions européennes et aux Etats membres. Chaque œuvre et chaque travail consenti pour l’accomplissement de cette œuvre ont une valeur ! Une grande Europe de la création est possible si nous affirmons, au cœur de l’économie numérique, la défense de droits fondamentaux, et un partage de valeurs équilibré entre tous les acteurs de la chaîne.

Le projet de directive sur le droit d’auteur dans le marché unique numérique est une occasion unique d’assurer aux auteurs une rémunération juste, proportionnelle et inaliénable lorsque leurs films et œuvres audiovisuelles sont regardés sur des plates-formes numériques. Il est temps de mettre en place un mécanisme européen...


Lire la suite : « Une vision et une ambition politique fortes pour le cinéma européen »


Par le

Pendant huit longues années, le lotissement des « Satellites » de Majadahonda, ville bourgeoise située à 15 kilomètres au nord-ouest de Madrid, a été laissé à l’abandon. Sur près de deux kilomètres, le long de la voie rapide M-503, on n’y voyait qu’une succession de parcelles vides, à l’herbe jaunie par le soleil, traversées de rues, dotées de trottoirs et ponctuées de bornes d’électricité, mais seulement parcourues par le véhicule du vigile qui surveillait ces lieux déserts où auraient dû être construits plus de 900 pavillons. Aux portes de la capitale, face aux montagnes de la Sierra de Guadarrama, ce stigmate de la crise rappelait continuellement aux conducteurs les conséquences de l’explosion de la bulle immobilière.

Mais, depuis l’été 2017, l’activité a sérieusement repris. Des grues s’activent et les premiers édifices ont commencé à sortir de terre. De grands panneaux annoncent, en outre, la commercialisation des terrains encore vierges. Dont celui de l’agence Avenue, spécialisée dans la gestion de patrimoine. Dans ses bureaux, le directeur, José Antonio Bautista Molero, ne boude pas son plaisir : « En 2017, le nombre de transactions que nous avons réalisées a augmenté de près de 25 %. Et, si l’on remonte à 2014, nous pouvons dire que notre activité a bondi de 50 % en trois ans. »

Les statistiques sur les transactions immobilières, publiées le 13 février par l’Institut national de statistiques, confirment la tendance. Les ventes de logements ont augmenté de 14,7 %, en 2017, en Espagne. Avec plus de 460 000 opérations, c’est un record depuis 2008. Quant au nombre de permis de construire, il a bondi de 28 % sur les neuf premiers mois de l’année 2017, selon le ministère de l’équipement.

Hausse sensible dans les grandes villes

« Après les promoteurs et les coopératives, les particuliers ont commencé à s’agiter, quand les premières grues sont venues, assure M. Molero. Nous avons déjà vendu 75 %...


Lire la suite : En Espagne, l’immobilier repart et fait craindre une bulle


Par le


La filiale du groupe Casino va racheter le leadeur en France de la vente de chaussures en ligne. Une acquisition indispensable pour donner à la start-up française les moyens de rivaliser avec Zalendo et Asos, explique Philippe Escande, journaliste au « Monde ».

Chronique. Sur Internet comme ailleurs, il n’est pas toujours facile de trouver chaussure à son pied. Voilà déjà un certain temps que Sarenza, le leader français de la vente d’escarpins et de souliers sur la Toile, cherchait la bonne pointure. Il en a finalement trouvé une qui va lui éviter quelques désagréments. Comme celui de perdre sa semelle et le reste face à une activité qu’il peine à rentabiliser. Sarenza devrait bientôt trouver abri dans les bottes du groupe Casino et plus précisément de celles de sa filiale Monoprix.

Les célèbres magasins de ville, qui réalisent presque les deux tiers de leur chiffre d’affaires à Paris et dans sa banlieue, poursuivent leur offensive sur le Net. En novembre 2017, la société avait conclu un accord avec le britannique Ocado, spécialiste de la gestion des entrepôts pour développer la vente en ligne de produits alimentaires.

La grande convergence

Pour Casino, comme pour Carrefour ou Leclerc, l’heure de la grande convergence a sonné. Face à l’offensive d’Amazon, qui a réussi en quelques années à décimer le paysage américain de la grande distribution, les acteurs français font main basse sur les quelques pépites françaises du secteur. Fin 2017, c’est Carrefour qui s’offrait un ticket dans Showroom privé, star tricolore de l’habillement sur le Net.

Parti dans les premiers avec l’acquisition en 2000 de Cdiscount, un des leaders en France avec Amazon et Fnac.com, Casino cherche maintenant à rapprocher les mondes physique et virtuel. Des espaces réservés Cdiscount seront installés progressivement dans ses hypermarchés qui servent aussi de point de retrait des commandes en ligne. Il en sera probablement de même avec Sarenza chez Monoprix.

Cette annonce intervient un mois après celle de Spartoo, l’autre grand marchand français de chaussures sur le Net, qui a repris l’enseigne André et ses magasins. Mais lui aussi cherche à s’adosser à un partenaire.

Car...


Lire la suite : Sarenza dans les grands souliers de Monoprix