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Les usagers chez qui un compteur Linky a été installé ont-ils consenti à ce que leurs données soient recueillies par Direct Energie ? Pas suffisamment, selon la Commission nationale informatique et libertés (CNIL), qui a décidé de mettre l’entreprise en demeure « en raison d’une absence de consentement à la collecte des données de consommation issues du compteur communicant Linky », écrit-elle dans un communiqué publié mardi 27 mars.

Que reproche la CNIL à Direct Energie ?

Concrètement, lors de l’installation d’un compteur Linky, Direct Energie demande à Enedis, qui gère le réseau de distribution, de lui transmettre des données de consommation de ses clients, explique la CNIL. Des données qui, selon la loi, « ne peuvent cependant être recueillies qu’après avoir obtenu le consentement des personnes concernées ». Or, les contrôles de la CNIL « ont révélé que le consentement des clients n’était pas recueilli dans des conditions conformes » à la loi, « n’étant pas libre, éclairé et spécifique ».

La CNIL reproche à l’entreprise d’informer ses clients de la collecte de leurs données de consommation quotidienne, mais sans pour autant demander leur accord préalable.

Elle pointe aussi la façon dont est présentée la collecte des données de consommation à la demi-heure. La Commission explique ainsi qu’à l’installation d’un compteur, Direct Energie demande l’accord simultané des clients sur deux points : la mise en service du compteur et « la collecte des données de consommation horaires, qui est présentée comme le corollaire de l’activation du compteur et comme permettant au client de bénéficier d’une facturation au plus juste ». Or, souligne la CNIL, la finalité de facturation au plus juste « n’est pas exacte puisque Direct Energie ne propose pas d’offres basées sur la consommation horaire ». Qui plus est, « la cadence précise de la remontée des données de consommation, par demi-heure, n’est pas indiquée au client ».

La CNIL estime aussi que cette présentation donne au client « l’impression, erronée, qu’il choisit d’activer le compteur alors qu’il ne consent, en réalité, qu’à la collecte de ses données de consommation » — puisque l’installation de ce compteur « revêt un caractère obligatoire, et sa mise en service ne dépend pas de la société Direct Energie ».

L’entreprise dispose désormais d’un délai de trois mois pour se mettre en conformité avec la loi, précise la CNIL, tout en rappelant que « cette mise en demeure n’est pas une sanction » et qu’« aucune suite ne sera donnée à cette procédure si la société se conforme à la loi dans le délai imparti ».

Quelles données recueille le compteur Linky ?

Linky est un compteur dit « intelligent », puisqu’il recueille des données sur les habitudes de consommation des clients. C’est d’ailleurs l’un des arguments majeurs d’Enedis pour le promouvoir. Une connaissance fine des données des utilisateurs permet de mieux gérer les besoins et surtout de facturer avec précision la consommation d’électricité.

Cette volonté de recueillir des données a attiré dès 2012 l’attention de la CNIL, qui l’a strictement encadrée. Elles sont anonymisées, restent la propriété de l’usager et ne peuvent être transmises à des tiers, sauf consentement explicite du client.

Autrement dit, personne ne pourra savoir à quelle heure l’usager se réveille ou fait fonctionner sa machine à laver, s’il ne le souhaite pas. Mais les fournisseurs d’électricité, comme EDF, Engie ou Direct Energie, peuvent mettre en place des offres spécifiques qui utilisent les données des clients pour mieux maîtriser la consommation d’électricité.

Direct Energie a d’ailleurs lancé il y a quelques semaines une offre spéciale Linky qui programme à distance le ballon d’eau chaude.


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Mauvaise nouvelle pour ceux qui ont la chance de disposer d’une résidence secondaire, leur taxe d’habitation va peut-être s’alourdir. Les communes dans lesquelles l’offre de logements est inférieure à la demande, où les prix de l’immobilier sont chers et les loyers élevés peuvent voter une augmentation de la part qui leur revient de taxe d’habitation pour les résidences secondaires et cela dès l’imposition au titre de 2017. Cette majoration peut être comprise entre 5 % et 60 %.

Jusqu’à présent, les villes qui avaient opté pour cette possibilité le faisaient à hauteur de 20 %, mais « cette année, de nombreuses villes ont décidé de majorer jusqu’à 60 % la taxe d’habitation sur les résidences secondaires de façon presque confiscatoire », juge Jean Perrin, président de l’Union nationale des propriétaires immobiliers (UNPI).

Cette taxe ne peut pas s’appliquer partout. Il faut que la commune soit située dans une zone où la taxe annuelle pour les logements vacants s’applique. La liste des villes concernées est donnée dans le décret n° 2013-392 du 10 mai 2013 et comprend les principales agglomérations françaises.

« Les communes anticipent les pertes de recettes liées aux exonérations de taxe d’habitation prévues en 2020 et dont personne ne sait par quoi elles seront compensées », explique Julien Biscarat-Aymes, fondateur du site www.jelouebien.com. Paris, Bordeaux, Nice ont ainsi voté cette majoration à 60 %. A Saint-Jean-de-Luz, elle est passée de 20 à 40 %. Pour l’instant, les autres grandes villes n’ont pas appliqué cette majoration.

Des exonérations possibles

Il est néanmoins possible d’échapper à cette mesure si le propriétaire est contraint, en raison de son activité professionnelle, de résider dans un lieu différent de celui de son habitation principale.

Autre possibilité d’exonération : si le propriétaire conserve sa résidence principale, mais doit être hébergé durablement dans un établissement de soins comme une maison de retraite.

Et enfin, il peut être exonéré s’il ne peut pas affecter le logement à un usage d’habitation principale pour une cause étrangère à sa volonté. C’est le cas si le logement doit faire l’objet de travaux imposés par la commune qui rendent le logement inhabitable. La demande d’exonération devra être effectuée auprès du service des impôts du lieu de situation de la résidence secondaire.

Même dans les communes où la majoration ne s’applique pas, les propriétaires de résidences secondaires paient plus cher que les autres habitants : les abattements dont ils bénéficient dans leur résidence principale en fonction de leurs revenus ou des enfants à charge ne s’appliquent pas. De plus, aucun dégrèvement de taxe d’habitation n’est prévu à partir de 2020 pour les résidences secondaires.


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Bien que cumulant les statuts – conseillers en investissements financiers, courtiers en assurances, mais aussi en immobilier, tout en ayant des connaissances juridiques appropriées –, les CGPI souffrent d’un déficit de notoriété. Ces professionnels de la stratégie patrimoniale évoluent pourtant dans un cadre régulé et sont affiliés à des chambres professionnelles. « Même les plus gros ne sont pas connus du grand public, contrairement à des noms tels que Rothschild, ­Lazard, BNP… », observe Rémi ­Sabatier, président d’Aprédia, une société d’études indépendante.

Le nouveau contexte réglementaire a poussé des banques de gestion privée à remonter les niveaux d’accès à leurs services. Pour des questions de rentabilité, certains clients ont été poussés vers la sortie. C’est une opportunité pour les conseillers en gestion de patrimoine indépendant (CGPI).

Relation de confiance

Les détenteurs des plus gros patrimoines préfèrent spontanément les banques privées. Les conseillers en gestion de patrimoine doivent donc compter sur leurs réseaux personnels ou les recommandations de leurs clients pour accroître leur clientèle. « Chez eux, il y a un sens profond de la relation de confiance avec les clients. Ceux-ci peuvent leur raconter leurs histoires patrimoniales intimes, qu’ils ne pourraient pas confier à un jeune conseiller de banque privée », assure Rémi ­Sabatier. « Le repositionnement des banques privées sur la clientèle fortunée est une belle opportunité pour redonner du contact humain à des personnes brutalement remerciées », estime quant à lui Emmanuel Narrat, dirigeant d’Haussmann Patrimoine.

Lire aussi : Les nouveaux défis des banques privées

En France, les clients ont l’embarras du choix pour trouver un conseiller en gestion de patrimoine. Dans son Livre blanc sur la profession, Aprédia avait dénombré 3 272 cabinets à fin 2016. Il est vrai que 83 % d’entre eux ne comptent qu’un à deux conseillers, dirigeant inclus. Pour autant, cette population de petits intermédiaires réussissait à concentrer environ 10,6 % de la collecte des actifs financiers en France. Au total, plus de 1,3 million de clients leur avait confié 121,7 milliards d’euros. Une position loin d’être anecdotique.

Dans l’exercice de son activité, le CGPI fait figure de chef d’orchestre. Il jongle avec plusieurs fournisseurs (compagnies d’assurances, promoteurs immobiliers, sociétés de gestion de portefeuille, banques, institutions de prévoyance…) et s’adresse aux experts-comptables, notaires, avocats, fiscalistes pour finaliser certains dossiers. Au total, 90 % des CGPI travaillent avec en moyenne six prestataires. Comme les banques privées, les CGPI sont soumis à de nouvelles réglementations. « Même s’ils vont devoiradapter leur manière de travailler, je n’ai pas l’impression qu’ils abandonneront des clients », estime Stefan de Quelen, directeur du développement ­Retail du groupe Primonial, les CGPI disposant de structures beaucoup plus légères que celles des banques privées.


Lire la suite : Les conseillers en gestion indépendants, une alternative pour gérer son patrimoine


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Lors d’une réunion avec les huit organisations syndicales et patronales représentatives, le directeur de cabinet de la ministre du travail a présenté, lundi 19 mars, les principaux points de la réforme de l’assurance-chômage.

Une nouvelle échelle de sanctions. Selon plusieurs sources syndicales, une nouvelle échelle de sanctions contre les demandeurs d’emploi qui ne respectent pas leurs obligations, allant jusqu’à quatre mois de suppression d’allocations, est prévue. Certaines ont disparu – comme celles pour refus d’une formation –, d’autres ont été allégées – quinze jours au lieu de deux mois en cas d’absence à un entretien.

Pour les autres manquements, comme le fait de ne pas chercher activement un emploi ou de refuser une « offre raisonnable d’emploi », les sanctions seront plus échelonnées : allocations suspendues pendant un mois au premier manquement, pendant deux mois au deuxième manquement et pendant quatre mois au troisième manquement. Par ailleurs, au deuxième et troisième manquement, l’allocataire se verra aussi définitivement amputé d’une partie de ses droits.

Il s’agit d’un « renforcement » de l’échelle des sanctions, ont réagi Michel Beaugas (FO) et Yvan Ricordeau (CFDT). Quant à Denis Gravouil (CGT), il a déploré un « blanc-seing donné à Pôle emploi pour accélérer les radiations ». Au contraire, Eric Courpotin (CFTC) et Jean-François Foucard (CFE-CGC) ont, eux, mis l’accent sur le fait que certaines sanctions étaient allégées ou supprimées.

Le transfert des pouvoirs de répression du préfet. Confirmant les informations du Monde, il ressort de la réunion avec les services de Mme Pénicaud que Pôle emploi pourra décider lui-même une suppression de droits, alors que c’était jusque-là de la compétence du préfet.

L’« offre raisonnable d’emploi »revue. Concernant l’« offre raisonnable d’emploi », qui est aujourd’hui très précisément définie dans le code du travail, elle sera plus souple à l’avenir, selon les sources syndicales. Plus aucune règle ne serait définie dans le code du travail et l’offre « raisonnable » serait déterminée en concertation entre le demandeur d’emploi et son conseiller, ont-elles déclaré.

Objectif fixé par Muriel Pénicaud :rendre « pleinement applicable » une loi, adoptée en 2008, mais qui n’avait quasiment pas été suivie d’effets (77 chômeurs radiés en 2013 pour ce motif, soit 0,01 % des 544 000 radiations totales).

La CGT a dénoncé une « logique de coercition », qui contraindra les chômeurs à « accepter des boulots dégradés ». La CFDT a estimé « qu’entre accompagnement et contrôle l’accent est quand même mis sur le contrôle ».

Un carnet de bord expérimenté. Le ministère du travail prévoit qu’à partir de mi-2019 Pôle emploi expérimentera pendant un an dans deux régions, déterminées dans un deuxième temps, un « carnet de bord » numérique, où les demandeurs d’emploi devront renseigner tous les mois leurs actes de recherche d’emploi.

Aujourd’hui, les inscrits à Pôle emploi doivent actualiser leur situation tous les mois, en déclarant qu’ils cherchent toujours un travail mais n’ont pas d’obligation de détailler leur recherche d’emploi.

Cadrage financier de l’Unédic en amont. Enfin, concernant la gouvernance de l’assurance-chômage, les partenaires sociaux continueront d’en définir les règles mais dans un cadre plus contraint, selon les sources syndicales. Le gouvernement leur enverra en amont des négociations une « lettre de cadrage », notamment financier.


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