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Vincent Bolloré a fait de l’Afrique francophone sa terre de prédilection : le milliardaire français y a enregistré près de 2,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2017 et, avant que les ennuis judiciaires s’abattent sur lui, il prévoyait d’y investir 300 millions d’euros cette année. Sur ce qu’il qualifie de « continent d’avenir », il exploite 18 terminaux à conteneurs, règne sur le marché très rentable du transport et de la logistique du fret et reste majoritaire dans les concessions ferroviaires en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso (Sitarail), mais aussi au Cameroun et au Bénin.

Le bras armé du groupe français en Afrique est la filiale Bolloré Transport & Logistics, dont la direction a été confiée à l’un de ses trois fils, Cyrille, en janvier 2016. Son frère Yannick s’est quant à lui hissé, en ce mois d’avril 2018, à la tête de Vivendi, qui développe sur le continent des salles de cinéma, des événements musicaux et la connexion Internet à haut débit, donnant la priorité, pour l’heure, à des pays dirigés par des proches de son père.

Il tutoie les présidents
 

Le système Bolloré en Afrique francophone est plutôt bien huilé, mais il arrive que des dysfonctionnements fâcheux surviennent. Comme lors de l’élection présidentielle de 2016 au Bénin, l’un des quatre pays que devaient traverser les 3 000 km de la boucle ferroviaire reliant Cotonou à Abidjan, projet phare du groupe. Sans en informer Vincent Bolloré, le responsable du pôle international d’Havas, Jean-Philippe Dorent, avait loué ses services à l’homme d’affaires – et candidat malheureux – Sébastien Ajavon. Selon un cadre du groupe, le communicant avait ensuite rédigé une lettre d’excuse à M. Bolloré, irrité par cette initiative.

Le président élu, Patrice Talon, riche entrepreneur décomplexé et méfiant à l’égard du magnat français, avait d’abord privilégié le projet concurrent d’une entreprise béninoise, au détriment du groupe français, pour la construction du...


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La première vraie réunion de travail entre Olaf Scholz, le nouveau ministre allemand des finances, et son homologue français, Bruno Le Maire, vendredi 27 avril à Sofia (Bulgarie), en marge d’une réunion de l’Eurogroupe, a un peu rassuré à Paris et à Bruxelles. Ces dernières semaines, le successeur du très orthodoxe Wolfgang Schäuble n’avait en effet montré aucun enthousiasme pour les réformes de la zone euro voulues par Emmanuel Macron.

A Sofia, « on a rouvert des portes »,glissait-on dans le camp français, après un rendez-vous de plus de deux heures essentiellement consacré à la poursuite de l’intégration de la zone euro. « Nous avons enfin retrouvé une méthode de travail sérieuse, rigoureuse et efficace », se félicitait M. Le Maire, samedi 28 avril, à l’issue du tête-à-tête. Paris se remet à espérer que la France et l’Allemagne soient capables d’adopter une position commune en vue du Conseil européen des 28 et 29 juin.

Plus question de parler d’un « super ministre » de la zone euro, d’un budget très élevé et surtout d’un Parlement de la zone euro – ce dernier projet a été enterré dès l’automne 2017. Mais, samedi à Sofia, Olaf Scholz a reconnu la nécessité de « quelques avancées avant l’été », ajoutant qu’il « restait peu de temps », mais que « la France et l’Allemagne travaill[aient] vraiment ensemble ».

L’ancien maire de Hambourg (nord de l’Allemagne), réputé pour son caractère austère mais pragmatique, est resté très prudent, mais s’est prêté, souriant, à l’exercice de la conférence de presse commune avec M. Le Maire, samedi. Si, face aux journalistes, il a soigneusement évité d’évoquer une « capacité budgétaire » pour la zone euro, il n’a fermement repoussé aucune des options hexagonales.

Les travaux entre Paris et Berlin devraient s’intensifier au cours des semaines à venir. Mais d’ores et déjà, tout progrès rapide concernant une assurance européenne des...


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Hausse du prix du gaz, contrôle technique plus contraignant, ou encore date limite pour déclarer ses revenus…, le mois de mai comporte de nombreuses dates importantes pour les ménages français. Tour d’horizon.

  • Augmentation des tarifs du gaz

Les tarifs réglementés du gaz naturel, appliqués par Engie, augmentent jusqu’à 0,4 % pour certains Français à partir du 1er mai. « Cette augmentation est de 0,1 % pour ceux qui utilisent le gaz pour la cuisson, de 0,2 % pour ceux qui ont un double usage cuisson et eau chaude et de 0,4 % pour les foyers qui se chauffent au gaz », a précisé la Commission de régulation de l’énergie dans un communiqué.

Depuis l’ouverture du marché de l’énergie à la concurrence, les 10,6 millions de consommateurs français abonnés au gaz ont le choix entre les tarifs réglementés de l’ancien monopole et les prix de marché, proposés tant par Engie que par ses concurrents.

  • Durcissement du contrôle technique

A partir du 20 mai, un nouveau contrôle technique, plus contraignant, sera mis en place en raison de l’application d’une directive européenne signée en 2014. Le nombre de points de contrôle passera de 123 à 132. Ce qui représente 606 défaillances potentielles, contre 400 jusqu’ici. Ces défaillances sont désormais classées en trois catégories : mineures, majeures ou critiques.

  • Dans le premier cas, aucune contre-visite n’est demandée ;
  • pour les défaillances majeures, une contre-visite doit être effectuée dans les deux mois ;
  • enfin, si le problème technique est critique, la réparation doit être faite dans les vingt-quatre heures. Si cette contre-visite n’est pas faite dans le temps imparti, il sera interdit de rouler avec le véhicule en cause. Le véhicule qui présente une ou plusieurs défaillances critiques se verra apposer sur le pare-brise une vignette mentionnant l’obligation d’une contre-visite.
  • Léger changement du prix des cigarettes

Après avoir augmenté de 1 euro en moyenne le 1er mars, le prix du paquet de cigarettes ne variera qu’à la marge en ce début de mois de mai. Le prix moyen du paquet de vingt cigarettes s’établit désormais à 7,90 euros, avec des tarifs allant de 7,50 euros à 9,30 euros, et « près de la moitié des paquets de vingt cigarettes auront un prix égal ou supérieur à 8 euros », fait savoir le ministère de la santé.

Dans le détail, le paquet de vingt Marlboro Red, qui était à 8 euros depuis le 1er mars — contre 7,30 euros auparavant — conservera ce prix. Le numéro un du marché français avait été critiqué pour avoir décidé de rogner sur ses marges afin d’absorber une partie de la hausse des taxes décidée par le gouvernement.

Dans la même catégorie, les paquets de Philip Morris et de Gauloises blondes restent eux aussi à 8 euros, tandis que ceux de Camel filtre passent à 7,90 euros, soit une baisse de 10 centimes.

  • Dates limites pour payer ses impôts

Le mois de mai est également marqué par la déclaration des revenus à l’administration fiscale. Les habitants des départements numérotés de 01 à 19 ont jusqu’au 22 mai pour remplir leur déclaration en ligne.

La date limite est le 29 mai pour les départements de 20 à 49, et le 5 juin pour ceux de 50 à 976. Pour la déclaration papier, la date limite est fixée au 17 mai.

  • Données personnelles : le RGPD entre en application

A partir du 25 mai, les entreprises françaises seront sommées de renforcer la protection des données personnelles en appliquant le nouveau règlement européen relatif à la protection des données des personnes physiques (RGPD).

Ce texte publié il y a deux ans, le 27 avril 2016, concerne toutes les entreprises et tous les organismes publics qui assurent le traitement de données personnelles et représentés dans plusieurs pays européens. Il vise à étendre le droit des citoyens à la protection de leur vie privée, à l’heure où le big data devient de plus en plus important et stratégique.

Ce texte invite les entreprises à davantage de transparence sur leur recours aux données personnelles. Ainsi, les utilisateurs doivent-ils être informés de l’utilisation de leurs données et doivent exprimer leur accord à leur traitement ou pouvoir s’y opposer.


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C’est l’histoire de compétitions sportives qui ne veulent plus être classées. De divisions inférieures qui n’osent dire leur nom. Du sport moderne et de son injonction paradoxale : hiérarchiser mais ne surtout pas dévaloriser. C’est une histoire contemporaine qui, à force de ménager la chèvre et le chou, de manier l’euphémisme et le superlatif, mêle le rationnel et l’absurde.

Dans sa forme la plus aboutie, le spectacle sportif vend – fort cher – l’excellence. Public, médias et sponsors sont prêts à payer mais à condition d’avoir la certitude qu’il s’agit de « la crème de la crème » (comme disent les Anglais). Problème : le sport repose sur une structure pyramidale ; pas de spectacle majeur sans ligues mineures, pas de championnat professionnel sans catégories semi-professionnelles et amateurs. Il n’y a pas de meilleurs sans moins bons, mais plus grand monde ne veut les voir, alors qu’ils ont également besoin de public, de médias et de sponsors pour développer des moyens de prospérer et de fournir l’élite.

Il faut appartenir au moins à la troisième ou quatrième série pour accepter d’être numéroté 2 ou classé B sans se sentir dévalorisé.
 

Le football, qui a parallèlement commencé la transformation de ses stades, de ses règles et de ses supporters, a trouvé une parade en modifiant les noms de ses compétitions. Le nouveau terme doit être valorisant, quitte à tricher un peu sur la marchandise. Impossible désormais pour les catégories inférieures de porter un nom reflétant clairement leur position. C’est le règne du « first », du « gold », du surclassement en Premium pour tous. Il faut appartenir au moins à la troisième ou quatrième série pour accepter d’être numéroté 2 ou classé B sans se sentir dévalorisé.

Lorsque le développement du sport a imposé la création de plusieurs catégories de niveaux différents, la densité s’est développée par le bas. On ajouta une ligue B, puis C, etc. Cet ordre ancien a été remis en question au début des années 1990 lorsque les clubs professionnels se sont désolidarisés du monde amateur et ont manifesté leur volonté de s’auto-organiser pour générer davantage de revenus. Coincées entre le marteau et l’enclume, les ligues inférieures professionnelles durent se battre pour exister.

Le modèle anglais

Les Anglais ont titré les premiers. En 1992, la Premier League a remplacé la First Division, laquelle a pris la place de la Second Division, qui a elle-même chassé la Third Division. Ce jeu de domino a de nouveau été bouleversé en 2004 par l’apparition du Championship (2e division). Depuis, le premier niveau anglais s’appelle Premier League, le deuxième niveau Championship, le troisième... League One, le quatrième League Two. La National League est le cinquième niveau, le premier non professionnel.

Le modèle anglais a rapidement été copié, en Ecosse ou en Belgique, où cohabitent pas moins de trois premières divisions. En Turquie, la Süper Lig est un peu plus super que la 1re Lig, qui est tout de même très bien. Aux Pays-Bas, la troisième division s’appelait jusqu’en 2016 la Top Klasse (pas besoin de traduire).

Dans le football italien, derrière les Serie A et B, les Serie C et D sont devenues en 2008 Lega Pro 1 et 2. Ce qui ne les empêche pas d’enchaîner les faillites.

Au niveau européen, la Ligue des champions - qui ne comptait que 17 champions sur 32 équipes en début de saison - et l’Europa League, terme neutre, ont remplacé les anciennes coupes d’Europe. Le public et les médias les surnommaient C1 (Coupe des clubs champions), C2 (Coupe des vainqueurs de coupe) et C3 (Coupe de l’UEFA), ce qui exprimait une hiérarchie qui existait de fait.

« Donner de la valeur à la ligue E ou F a pour conséquence de donner encore plus de valeur aux ligues supérieures. »

Professeur de sociologie du sport à l’Institut des sciences du sport de l’Université de Lausanne (Issul), Fabien Ohl comprend bien la logique derrière ces mutations. « Le classement sportif est l’élément central de ce qui détermine la valeur dans cet espace social qu’est le sport, souligne-t-il. C’est le bien le plus précieux de ce milieu. Il permet d’obtenir de l’audience, de vendre des images, des billets, des vêtements, etc. En conséquence, c’est un bien qu’il faut absolument préserver et valoriser. »

Mais pourquoi valoriser toutes les compétitions ? « Partir d’une ligue A et descendre jusqu’à des ligues E ou F, c’est dévaloriser les derniers classés et faire penser qu’un seul classement a de la valeur, répond Fabien Ohl. Au contraire, donner de la valeur à la ligue E ou F a pour conséquence de donner encore plus de valeur aux ligues supérieures. »


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