Le laboratoire Merck a mis au point un implant, inspiré de ceux utilisés pour la contraception, qui délivre un médicament antiviral en continu. Une nouvelle méthode prometteuse, notamment pour les populations à risque qui rechignent à prendre des comprimés quotidiennement.
Depuis le début de l'épidémie, 75 millions de personnes ont contracté le virus du Sida (acronyme de Syndrome d'ImmunoDéficience Acquise) et 1,7 million de nouveaux cas sont encore enregistrés chaque année, malgré les gigantesques efforts de prévention déployés dans tous les pays du monde. Parmi les populations les plus exposées, figurent notamment les jeunes femmes africaines, les toxicomanes ou les travailleuses du sexe.
Une faible adhérence aux traitements prophylactiques
Il existe pourtant des moyens de prévenir les infections en administrant des médicaments antirétroviraux en guise de prophylaxie préexposition (PPrE). En France, le Truvada® (ténofovir disoproxil et emtricitabine) est ainsi prescrit aux personnes à risque et a montré une efficacité proche de 100 % d'après différentes études. Toutefois, cette petite pilule bleue exige une prise quotidienne, ce qui est loin d'être évident chez certaines populations.
Une étude présentée mardi 23 juillet lors de la conférence internationale sur le Sida à Mexico et portant sur 427 jeunes femmes en Afrique du Sud et au Zimbabwe à qui l'on a prescrit du Truvada® montre ainsi qu'au bout d'un an, à peine un tiers des patientes continuent à suivre le traitement et seulement 9 % d'entre elles ont un niveau d'antirétroviraux sanguins suffisant pour assurer une protection efficace.
L'islatravir, 10 fois plus puissant que les autres médicaments
C'est pourquoi les laboratoires tentent de trouver de nouvelles solutions. Lors de cette conférence, Merck a présenté les résultats d'un essai clinique qui pourrait bien révolutionner la PPrE (prophylaxie pré-exposition) : un nouvel implant délivre en continu de l'islatravir, une nouvelle classe d'inhibiteur nucléosidique de la translocation de la transcriptase inverse, aussi appelé MK-8591 ou EFdA. Ce médicament, qui bloque une enzyme appelée transcriptase inverse dont le VIH a besoin pour infecter les cellules, serait 10 fois plus puissant que les autres antirétroviraux, d'après Merck, ce qui permet d'administrer des doses plus faibles et donc de limiter les effets secondaires. De plus, cette substance persiste longtemps dans l'organisme (avec une demi-vie de cinq jours) et nécessite donc des prises moins fréquentes.
Un bout de plastique de 4 cm à injecter sous la peau
Merck envisageait à l'origine une administration sous forme d'injections, à l'instar d'autres médicaments prophylactiques, mais a finalement trouvé une autre idée en s'inspirant des méthodes contraceptives. Un petit bout de plastique de 4 cm de long a été implanté dans le bras des volontaires, semblable à ceux utilisés pour la contraception et délivrant de la progestérone pour supprimer l'ovulation. Deux doses ont été testées chez 16 volontaires pendant 12 semaines, et d'après les chercheurs, la dose à 62 mg permettrait d'assurer un niveau de protection suffisant pour une durée d'un an « et même au-delà ». Cette technique n'en est encore qu'à ses débuts, et plusieurs autres essais devront être menés pour confirmer ces résultats. Mais, pour Anton Pozniak, le président de la Société internationale du sida, « cet implant apporte une solution prometteuse à ceux qui ont des difficultés à adhérer à un régime quotidien de PrEP ». L'autre avantage de ce format est qu'il peut être retiré à tout moment lorsque la personne estime ne plus en avoir besoin.
Une dissuasion contre le préservatif ?
Malgré ses avantages évidents, l'implant suscite déjà des critiques auprès de certaines associations, qui s'inquiètent du fait que cela pourrait décourager le recours au préservatif, seule protection valable contre les autres maladies sexuellement transmissibles. Celles-ci craignent aussi que cela désinhibe les pratiques sexuelles à risque. L'autre question cruciale sera celle du prix. En France, le Truvada® coûte par exemple 180 euros par mois et il est remboursé par la Sécurité sociale. Mais aux États-Unis, le laboratoire Gilead Sciences, qui le commercialise, s'est retrouvé en mai sous le feu des critiques après avoir augmenté son prix à 2.000 dollars par mois. Merck ne s'est pas encore prononcé à ce sujet.
Ce qu'il faut retenir
- Le laboratoire Merck a mis au point un implant qui délivre un médicament en continu dans l’organisme.
- Cet implant assurerait une protection totale contre le virus du Sida durant une année entière.
- Il répond notamment aux besoins des personnes vulnérables dans les pays en développement dont l’adhérence au traitements prophylactiques est faible.
Source : Cet implant protège contre le sida pendant un an
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