Alimentation du bébé : à quel âge commencer la diversification ?

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Alimentation du bébé : à quel âge commencer la diversification ?

Blandine de Lauzon-Guillain, Inrae; Amandine Divaret-Chauveau, Université de Lorraine; Karine Adel-Patient, Inrae et Sophie Nicklaus, Inrae

Pour prévenir les allergies du nourrisson, la période de diversification de l’alimentation joue un rôle clé. Selon les dernières recommandations basées sur des études d’envergure, œufs, produits laitiers, blé, poisson comme les autres aliments peuvent être introduits entre 4 et 6 mois et leur introduction ne doit pas être retardée au-delà de l’âge de 10 mois. Reste à mettre à jour les carnets de santé.


Plusieurs études ont fait état d’une augmentation de la prévalence et de la sévérité des allergies alimentaires chez les enfants, ainsi que de leur fort impact sur la qualité de vie de l’enfant et de ses proches.

Ces allergies, qui peuvent être fatales dans les situations les plus critiques, nécessitent une organisation de l’accueil des enfants pour garantir la sécurité de leur socialisation.


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Il existe cependant peu de données en France sur la prévalence des allergies alimentaires dans l’enfance et leur évolution au cours du temps. Nous avons pu établir que 6 % des enfants développaient une allergie alimentaire avant l’âge de 5 ans et demi.

Le lait était l’aliment le plus souvent en cause, suivi par l’œuf, l’arachide, les fruits exotiques, les fruits à coque, le blé et le poisson. Parmi ces enfants, un sur 5 était allergique à plusieurs aliments.

En cause : la génétique mais aussi l’environnement de l’enfant

De nombreux facteurs, allant des caractéristiques génétiques à l’environnement (incluant l’alimentation), sont liés au développement des maladies allergiques. Le rôle des prédispositions familiales est important.

De plus, les modes de vie (alimentation, fratrie de plus petite taille, milieu socio-économique plus élevé, vie urbaine avec moins de contacts microbiens) et l’exposition aux composés chimiques, tels que les pesticides, même avant la naissance, pendant la grossesse, pourraient jouer un rôle important dans l’augmentation de la prévalence des maladies allergiques.

S’il est difficile d’agir sur les facteurs héréditaires et environnementaux qui influent sur les allergies, l’alimentation au début de la vie constitue, au contraire, un élément sur lequel il est relativement facile d’agir pour prévenir leur développement.

Le rôle préventif de la diversification alimentaire du nourrisson

L’alimentation de la première année de vie semble jouer un rôle majeur sur le risque de développer des maladies allergiques. Une plus grande diversité de l’alimentation durant cette période est associée à un moindre risque d’allergie alimentaire.

De nombreuses études récentes ont montré que l’introduction des aliments allergéniques dès l’âge de 4 à 6 mois est protecteur vis-à-vis du développement d’une allergie à cet aliment, notamment chez les enfants qui ont des antécédents familiaux d’allergie.

Enfin, la consommation de produits laitiers dans la petite enfance semble aussi avoir son importance : la consommation de yaourt dans la première année de vie et d’une plus grande diversité de fromages à l’âge de 18 mois diminue le risque de développer de l’eczéma et des allergies alimentaires.

Œuf, poisson, blé, produits laitiers : ne pas les introduire trop tard

L’« Étude Longitudinale Française depuis l’Enfance » (Elfe) suit l’histoire de plus de 18 000 enfants nés en 2011 jusqu’à l’âge adulte. Dans cette étude d’envergure, les parents ont indiqué chaque mois quels étaient les aliments consommés par leur enfant, entre l’âge de 3 et 10 mois. Ces données ont permis aux chercheuses et chercheurs de suivre l’introduction des différents groupes d’aliments et d’évaluer la diversité de l’alimentation des enfants à cette période de la vie.

Bien qu’il soit recommandé de débuter la diversification alimentaire des bébés entre 4 et 6 mois, dans l’étude Elfe (en 2011), seulement 6 enfants sur 10 ont débuté la diversification alimentaire pendant cette période.

En général, on constate qu’un quart des enfants commencent leur diversification trop tôt, c’est-à-dire avant l’âge de 4 mois révolus. Dans l’étude Elfe, ces enfants qui ont débuté la diversification alimentaire trop tôt n’étaient pas plus à risque de développer une allergie avant l’âge de 5,5 ans.

Grâce à l’étude Elfe, nous nous sommes également intéressés à l’âge d’introduction de quatre aliments allergéniques majeurs (l’œuf, le poisson, le blé et les produits laitiers). Les fruits à coque ne sont pas pris en compte ici, même s’ils sont également des allergènes majeurs, car nous n’avions pas d’information sur leur âge d’introduction.

À l’âge de 10 mois, 1 enfant sur 10 n’avait consommé que deux de ces aliments sur les quatre étudiés. Ces enfants, pour lesquels l’introduction des allergènes majeurs était retardée après l’âge de 10 mois, avaient un risque deux fois plus élevé de développer une allergie alimentaire avant l’âge de 5,5 ans.

Ces travaux confirment donc l’importance de ne pas retarder l’introduction des allergènes alimentaires majeurs pour prévenir la survenue des maladies allergiques dans l’enfance, en population générale et en France. Ils apportent ainsi de nouveaux arguments convaincants pour étayer les nouvelles recommandations des sociétés françaises de pédiatrie, d’allergologie et de Santé publique France.

Des carnets de santé à mettre à jour

Les recommandations pour la diversification alimentaire ont fortement évolué en 2021 et tous les carnets de santé ne sont pas encore actualisés. Il est donc très important de se référer aux sites institutionnels de Santé publique France pour s’informer sur la diversification alimentaire : sites mangerbouger.fr et 1000-premiers-jours.fr.

En effet, si pendant plusieurs années il a été recommandé de retarder l’introduction des allergènes alimentaires, les études récentes ont abouti à une modification de cette recommandation. Ainsi, il n’est plus recommandé de retarder leur introduction et toutes les familles d’aliments peuvent être introduites dans l’alimentation dès l’âge de 4 mois.

Une fois cette introduction réalisée, il est primordial que la consommation soit régulière. En effet, une consommation suivie d’une période d’arrêt de consommation pourrait entraîner une rupture de la tolérance et le développement d’une allergie à cet aliment.

Dès 4 à 6 mois, leur donner des aliments allergéniques

Les résultats de l’étude Elfe sont en accord avec l’évolution récente des recommandations pour la diversification alimentaire. Tout en favorisant la poursuite de l’allaitement maternel, il est possible de commencer la diversification alimentaire à l’âge de 4-6 mois et il est important de ne pas retarder l’introduction des aliments allergéniques majeurs et de favoriser leur consommation au-delà de 6 mois révolus.

De façon plus générale, tous les aliments consommés par la famille au domicile doivent être introduits dès le début de la diversification et donnés régulièrement pour favoriser le développement de la tolérance orale et permettre d’amener les enfants à la table familiale, tout en adaptant leur texture pour permettre le développement harmonieux des compétences orales des enfants.

Par exemple, pour les fruits à coque et l’arachide, il convient de les donner sous forme de poudre ou de beurre-purée, en les mélangeant à la purée, à un yaourt ou à une compote.

Consulter le médecin si situations particulières

Si votre bébé a un problème de santé particulier, qu’il est né prématurément, ou s’il y a beaucoup d’allergies dans votre famille, le pédiatre ou votre médecin traitant pourront vous aider à élaborer la stratégie la mieux adaptée pour mener à bien la diversification alimentaire de votre enfant.

Les données collectées dans la cohorte Elfe sont une opportunité pour répondre à d’autres questions sur les liens entre les expositions via l’alimentation pendant la période périnatale et les allergies (alimentaires, respiratoires ou cutanées) chez l’enfant.


Le projet « Influence de l’alimentation infantile sur la croissance et le développement de l’enfant – InfaDiet » a bénéficié du soutien de l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. L’ANR a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’ANR.

Blandine de Lauzon-Guillain, Directrice de recherche, Inrae; Amandine Divaret-Chauveau, PhD, MCU-Praticien Hospitalier, Université de Lorraine; Karine Adel-Patient, Directrice de recherche, Inrae et Sophie Nicklaus, Directrice de recherche, Inrae

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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