Covid et grippe : points communs et spécificités des symptômes et des traitements

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The Conversation

Covid et grippe : points communs et spécificités des symptômes et des traitements

Anne Goffard, Université de Lille

Fatigue, fièvre, toux, maux de tête et de gorge, écoulement nasal… Les symptômes courants d’un Covid « simple » et d’une grippe se ressemblent. Pour autant, ces deux maladies infectieuses ne sont pas similaires, même si elles peuvent toutes les deux donner des formes graves, parfois mortelles. Pour prévenir les complications, les personnes à risque doivent se faire vacciner.


Avec l’arrivée de l’automne, ont débuté les campagnes de vaccinations contre la grippe et le Covid et, notamment une vaccination conjointe contre les deux virus pour les personnes les plus à risque. Mais comme (presque) chaque année, il est à craindre que les gens ne se bousculent pas pour se faire vacciner.

Récemment, je me suis souvenue d’un échange avec une de mes connaissances. Arnaud, tenancier d’un bar dans le centre-ville de Lille, m’avait demandé : « Tu crois que je dois me faire vacciner ? » Avant même que je ne lui réponde, il embrayait : « Finalement, le Covid, c’est comme la grippe, ça arrive en hiver, ça donne la même maladie et on peut se faire vacciner ».

Je n’avais alors pas eu le temps d’expliquer à Arnaud dans le détail ce qui différencie ces deux virus et ce qu’ils peuvent avoir en commun. Je vais tâcher de le faire dans cet article… en espérant qu’il le lira. Et qu’il comprendra qu’il ne faut pas prendre ces virus à la légère.

Deux virus qui tuent chaque année

D’une année sur l’autre, les épidémies de grippes ne se ressemblent pas, notamment parce que les souches virales en cause diffèrent. En revanche, il est une constante : la grippe tue.

En moyenne, on déplore tous les ans 9 000 décès à cause de cette infection, selon Santé publique France. L’agence rappelle que « le poids de la grippe saisonnière est donc considérable sur le système de soins mais également sur la société en général (absentéisme, morbi-mortalité) ».

Le tribut annuel payé au Covid-19 depuis son émergence en 2020 est encore plus élevé : en 4 ans, ce virus a causé au moins 116 000 décès à l’hôpital, en Ehpad ou dans d’autres structures de soin, rapporte l’Insee. Et on se souvient combien les différentes vagues de Covid-19 avaient mis à mal l’ensemble de notre système de santé, avant que les vaccins n’aient été rendus disponibles.

Deux maladies virales à transmission aérienne

Si la grippe et le Covid-19 sont bien deux maladies virales, elles sont dues à des virus très différents. Les grippes sont causées par des Influenzavirus de type A, B et – très rarement – C et D, tandis que le Covid-19 est provoqué par un coronavirus, le SARS-CoV-2, et ses nombreux variants, qui sont des sous-types de virus dont le génome diffère par une ou plusieurs mutations de celui du virus originel.

Le virus de la grippe comme celui du Covid-19, partagent toutefois un point commun : leur mode de transmission. Tous deux se transmettent par contact avec des sécrétions nasales et salivaires contaminées, par voie aérienne (les virus se retrouvant dans les particules de sécrétions que nous produisons en éternuant, en toussant, voire simplement en parlant ou en respirant).

Dans le cas du virus de la grippe, de même pour celui du Covid, la transmission est influencée par la température et l’humidité ambiante : plus il fait froid et plus l’air ambiant est humide, meilleure est la transmission. Celle-ci se fait par des contacts rapprochés, mais elle peut aussi se produire à plusieurs mètres de distance. En outre, les microparticules d’aérosols contenant des virus infectieux peuvent persister plusieurs heures dans l’air ambiant.


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Tous ces éléments expliquent pourquoi le port du masque et l’aération des locaux restent des outils de lutte très efficaces contre ces deux infections respiratoires.

Les deux virus peuvent aussi persister sur les surfaces contaminées (poignées de porte, mouchoirs souillés non jetés à la poubelle…). Si le virus du Covid ne reste infectieux que quelques heures sur les surfaces, celui de la grippe peut rester infectieux jusqu’à 24 h, d’où l’importance de bien se laver les mains, particulièrement en période épidémique.

Pour finir, soulignons que le nombre de reproduction des virus de la grippe saisonnière (R0, qui correspond au nombre de personnes qu’un individu infecté contamine en moyenne) se situe aux alentours de 1,5, tandis que celui des variants du SARS-CoV-2 peut dépasser 2,5.

Cette plus grande contagiosité explique en partie pourquoi le SARS-CoV-2 est aussi à l’origine de vagues épidémiques durant l’été, contrairement à la grippe qui est davantage freinée par la période estivale.

Des symptômes proches dans les formes courantes

La durée de l’incubation (c’est-à-dire le délai entre la contamination et l’apparition des symptômes) est courte dans les deux infections : 24 à 72h en moyenne, et jusqu’à 5 jours après une contamination par le virus de la grippe, 72h pour le variant omicron du SARS-CoV-2.

Dans le cas du Covid comme de la grippe, on considère que les personnes infectées peuvent être contagieuse pendant la phase d’incubation. Une fois les symptômes déclarés, on estime que les personnes sont contagieuses jusqu’à 7 jours pour la grippe et pendant au moins 7 jours pour le Covid.

Dans la grande majorité des cas, les personnes infectées par l’un ou l’autre de ces virus vont souffrir de fatigue, fièvre, toux, maux de tête et de gorge, ainsi que d’un écoulement nasal. Toutefois, les symptômes varient d’une personne à l’autre, et un nombre non négligeable de personnes infectées restent asymptomatiques (elles ne présentent pas de symptômes de la maladie), tout en demeurant contagieuses.

Dans le cas du Covid, on estime que 30 à 60 % des personnes porteuses du virus sont asymptomatiques (en particulier les jeunes enfants). En ce qui concerne la grippe, près de la moitié des infections pourraient être asymptomatiques.

Des risques de complications à prendre en compte

Le virus de la grippe pénètre dans notre corps par le nez ou la bouche, puis se multiplie dans l’épithélium respiratoire. Cette multiplication virale est localisée, ce qui explique que la grippe se traduise par des atteintes respiratoires. Toutefois, bien que l’infection soit localisée, lesdites atteintes peuvent entraîner la décompensation d’autres pathologies, c’est-à-dire perturber des maladies jusque là bien contrôlées (un diabète ou une insuffisance rénale par exemple).

Les conséquences de l’infection par le SARS-CoV-2 peuvent être très différentes.

Malgré un tropisme prononcé pour le système respiratoire, ce virus ne se contente pas d’infecter les cellules des voies respiratoires mais aussi celles d’autres organes (nez, poumons, cerveau, intestin, reins…). Les conséquences potentielles à long terme des infections ne sont pas encore bien comprises, même si l’on sait que certaines personnes vont développer des formes longues de la maladie.

Certains spécialistes s’inquiètent en particulier des pertes cognitives qui pourraient être associées à l’infection. Des travaux publiés début octobre 2024 ont montré qu’un an après un Covid léger, des personnes jeunes et en bonne santé présentaient de légers troubles cognitifs. Une autre récente étude a révélé que le cerveau de personnes plus âgées victimes d’un Covid grave avait été plus sévèrement touché.

Ces travaux font écho à des recherches antérieures qui avaient déjà révélé que l’infection par le SARS-CoV-2 accélérait le vieillissement cérébral, et provoquait des microruptures de vaisseaux dans le cerveau.

Des populations prédisposées aux formes graves du Covid et de la grippe

Certaines situations prédisposent à des formes graves pour ces deux infections : obésité, maladies chroniques (diabète, maladies cardiovasculaires, pulmonaires, rénales…), grossesse et période suivant l’accouchement (postpartum).

Le risque de faire une forme sévère est également plus élevé chez les personnes dites immunodéprimées, que cette immunodépression soit d’origine génétique, liée à une maladie telle qu’un cancer ou une infection VIH ou qu’elle découle d’un traitement par corticoïdes au long court ou d’une chimiothérapie.

Les personnes concernées par ces situations doivent se protéger plus particulièrement, tout comme les individus de leur entourage qui pourraient être des sources involontaires de contamination.

Il faut aussi penser aux enfants. En effet, s’ils sont très souvent infectés par les virus respiratoires et développent généralement des formes peu graves, ils peuvent transmettre ces virus aussi bien que les adultes… En fonction de leur âge, on peut les sensibiliser aux risques de transmettre ces virus, leur apprendre à mettre un masque, à aérer les locaux, etc.

Des traitements antiviraux limités et peu efficaces

Aujourd’hui, que ce soit pour une grippe ou un Covid « simple », les symptômes sont traités par des médicaments destinés à faire baisser la fièvre (antipyrétiques), avec parfois un décongestionnant nasal, du repos et un arrêt de travail le cas échéant. Seules les formes graves (ou les situations présentant des risques de formes graves) nécessitent des prises en charge particulières.

En ce qui concerne le traitement de la grippe par des médicaments antiviraux, seul l’oseltamivir, plus connu sous le nom de marque Tamiflu, est encore remboursé par l’Assurance maladie. Le zanamivir ne l’est plus depuis 2020, car jugé trop peu efficace.

De plus, ces molécules sont délicates à utiliser car elles doivent être administrées dans les 48h après le début de la maladie, ce qui rend leur usage difficile et réduit leur efficacité. L’oseltamivir reste cependant utilisé en milieu hospitalier pour traiter les personnes immunodéprimées, en attendant de disposer de molécules plus efficaces.

Contre le SARS-CoV-2, la première stratégie a consisté à tester le pouvoir antiviral de molécules déjà présentes sur le marché. Si ce choix ne s’est pas révélé très efficace, il a néanmoins permis d’identifier une molécule, le remdésivir, initialement développée contre le virus Ebola, comme ayant un certain effet contre le SARS-CoV-2. Le remdesivir est aujourd’hui réservé à des patients à haut risque de développer une forme sévère, tels que les personnes immunodéprimées.

Une autre molécule, le nirmatrelvir, est aussi employée, en association avec un autre médicament, le ritonavir, qui empêche sa dégradation par le foie et prolonge sa durée d’action. L’association nirmatrelvir/ritonavir (connu sous le nom de marque Paxlovid) correspond aujourd’hui au traitement de première intention pour les personnes à haut risque de développer une forme sévère de Covid.

En bref, l’offre limitée en médicaments antirétroviraux contre ces deux maladies infectieuses plaide également pour la vaccination qui reste, on ne le répétera jamais assez, la meilleure arme pour prévenir les formes graves de la grippe comme du Covid.

Anne Goffard, Médecin, Professeure des Universités – Praticienne Hospitalière, Université de Lille

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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