Les coursiers dont Take Eat Easy était la principale source de revenus tapent déjà à la porte des concurrents.
Take Eat Easy est en redressement judiciaire. La plateforme de livraison de repas à domicile, créée en 2013, employait 180 employés en Europe. Mais derrière eux, ce sont 4 500 coursiers à vélo indépendants en Europe, et 2 500 en France, que l’enseigne laisse sur le carreau.
Le 26 juillet au matin, ceux-là ont tous reçu le même e-mail qui leur annonçait la « grande tristesse » des dirigeants, obligés de suspendre les opérations de Take Eat Easy dans le monde.
« J’apprends que je ne serai pas payé »
Du jour au lendemain, ces coursiers, tous auto-entrepreneurs, ont appris la fin de leur gagne-pain. Nicolas Clg, vice-président du collectif des coursiers à vélo francilien, témoigne de la nouvelle qui lui a fait perdre sa principale source de revenus :
« À 9h du mat je me réveille. Je me gratte les couilles. Je vois que je suis convoqué à 9h30 à une réunion chez Take Eat Easy. À 9h40, j’apprends que je ne serai pas payé pour le mois de juillet et que la boîte est en cessation de paiement. »
La plateforme Take Eat Easy fonctionnait sur un modèle simple : elle mettait en relation un restaurateur qui voulait accroître son chiffre d’affaire, un client qui avait faim, et un coursier à vélo indépendant qui assurait la livraison, que le client pouvait suivre sur son smartphone.
Le restaurateur reversait 30 % de la commande à la plateforme, le client
payait 2,5 euros la livraison, et le coursier était payé 7,5 euros la course (6 euros en province), sur lesquels il devait payer des charges en tant qu’auto-entrepreneur. Après deux levées de fond à 16 millions d’euros, malgré une croissance à 30 %, et un marché en France en pleine expansion, le modèle n’était pas assez rentable.
Le 26 juillet, sous les coups de boutoir de ses concurrents, les Britanniques Deliveroo ou Foodora, et l’Américain Ubereats, nouvellement arrivé sur le marché français, la société se déclare en cessation de paiement : le CEO poste un billet sur Medium (c’est l’usage). C’est la première fois, en France, qu’une entreprise issue de ce qu’il est désormais convenu d’appeler la « foodtech », se retrouve dans une telle situation....
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