Noël : un repas de fête respectueux de la santé et de l’environnement est-il possible ?
Casilda Navarro Rodríguez de Vera, Universidad Miguel HernándezSuivre le régime méditerranéen, opter pour des aliments (fruits, légumes mais aussi poissons et fruits de mer) de saison et locaux, économiser l’énergie et réduire la consommation de viande sont autant d’idées pour réussir un Noël plus durable.
C’est Noël : les retrouvailles, la nostalgie, les cadeaux et, bien sûr, les repas interminables avec les collègues, la famille et les amis. Puis vient le mois de janvier : votre portefeuille est à bout de souffle, votre cholestérol monte en flèche… et votre ceinture se retrouve dans une nouvelle position, plus lâche.
Internet regorge de recettes pour tenir son budget et de régimes pour perdre ces kilos en trop, mais si nous regardions au-delà de notre nombril ? Avons-nous seulement prêté attention à notre compte en banque et à notre santé ? Ainsi qu’à la santé de la planète ?
En 2015, des objectifs de développement durable ont été adoptés pour éradiquer la pauvreté et protéger la planète (en 2024, ces objectifs sont au nombre de 17, NDLR). Nous pouvons tous faire quelque chose pour les respecter : les gouvernements, les entreprises, la société civile en général et chacun d’entre nous individuellement.
Agir à l’échelle mondiale est peut-être un objectif très ambitieux, mais pourquoi ne pas nous fixer de petits objectifs ?
Par exemple, dans la cuisine : vous préoccupez-vous uniquement du palais et de la santé de vos invités, ou pensez-vous également à la santé de notre foyer mondial ? Même à Noël, il est possible de concevoir un menu plus durable. Pour ce faire, les recommandations suivantes peuvent être suivies.
Revenir aux sources
Revisitez les repas traditionnels de votre famille, demandez à vos parents et grands-parents ce qu’ils mangeaient à Noël il y a quelques décennies. Consultez les recettes de votre région : à l’époque, on ne consommait que des produits locaux, sans générer de pollution due au transport. En bref, suivez les lignes directrices du régime méditerranéen.
Cela implique de réduire la quantité de protéines animales et de modifier les proportions. Les légumes doivent occuper la majeure partie de l’assiette et la viande une petite partie.
Manger moins de viande
Pour le choix des protéines, il est préférable de suivre cet ordre de préférence : légumes (légumineuses, certaines céréales…), poissons, viandes blanches et viandes rouges.
Il est très facile de savoir quels sont les poissons de saison et comment ils ont été obtenus.
(En France, pour chaque saison, le site Manger Bouger qui dépend de l’agence officielle Santé publique France, vous donne la liste des poissons et fruits de mer de saison. En décembre, il est recommandé de consommer, entre autres, du bar de ligne, du cabillaud, de la langouste, des bulots, des calmars, des huîtres ou encore des moules de Bouchot, NDLR).
Les étiquettes doivent indiquer le type de pêche et préciser si cette pêche est durable ou non. Certaines pratiques très répandues consistent à pêcher le poisson au chalut, ce qui détruit les fonds marins.
Acheter des fruits de saison et locaux
Consultez l’un des calendriers disponibles pour ne mettre au menu que des fruits et légumes de saison et locaux (comme le chou-fleur, le potiron, le panais, la mâche, les clémentines, les pommes, etc., NDLR).
Vous pouvez opter pour des produits biologiques, mais assurez-vous qu’ils répondent aux critères officiels : toutes les unités emballées doivent porter le logo de l’Union européenne et le numéro de code de l’organisme de contrôle de l’opérateur responsable du produit, ainsi que sa propre marque et les termes spécifiques à la production biologique.
Réduire les emballages
Achetez en vrac et choisissez des aliments moins emballés. En outre, recyclez de manière appropriée.
Calculez bien les quantités et réduisez les portions. La santé de vos convives et de la planète, ainsi que votre portefeuille, vous en seront reconnaissants.
Économiser l’énergie
Une façon de réduire la consommation d’énergie est de planifier la cuisson et de faire cuire plusieurs plats en même temps.
Par exemple, les fours à chaleur tournante (ceux dont le fond est équipé d’un ventilateur) permettent de cuire deux ou trois casseroles à la fois et sont plus efficaces. De plus, si la cuisson est longue, il n’est pas nécessaire de préchauffer le four. Enfin, essayez de ne l’ouvrir qu’en cas d’absolue nécessité et éteignez-le avant la fin de la cuisson, en laissant les aliments finir de cuire à l’intérieur du four.
Pour réduire la consommation dans la cuisine, que vos plaques de cuisson fonctionnent au gaz ou à l’électricité, vous pouvez également suivre quelques recommandations de base, comme utiliser un autocuiseur chaque fois que cela est possible car cela permet de réduire considérablement les temps de cuisson.
Un simple geste comme cuisiner avec un couvercle permet de réduire la consommation d’énergie jusqu’à 25 %. Le micro-ondes est également un bon allié pour économiser l’énergie.
Éviter le gaspillage alimentaire
Ces petites astuces ne servent à rien si nous ne conservons pas correctement tous les restes de repas copieux.
Selon la plateforme technique de la FAO dédiée à la réduction des pertes et du gaspillage alimentaires, la FAO étant l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture :
« La réduction des pertes et du gaspillage alimentaires doit être considérée comme un moyen d’atteindre d’autres objectifs, notamment l’amélioration de la sécurité alimentaire et de la nutrition, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la réduction de la pression sur les ressources en eau et en sols. De plus, elle peut accroître la productivité et la croissance économique ».
Une part considérable des pertes alimentaires sont considérées comme des déchets. Il s’agit de produits initialement destinés à la consommation humaine qui sont jetés ou utilisés d’une autre manière (non alimentaire), soit par choix, soit parce qu’on les a laissé s’abîmer ou périmer par négligence.
Si nous conservons correctement les aliments dans le réfrigérateur ou dans le congélateur, nous ferons des économies considérables.
Pour tirer le meilleur parti de vos aliments, vous pouvez vous essayer à « la cuisine zéro déchet ». Dans votre réfrigérateur et votre garde-manger, utilisez la méthode PEPS (« premier entré, premier sorti ») et vérifiez la date de péremption (ou date limite de consommation) ou la date de durabilité minimale (ou DDM).
Le site Internet Manger Bouger (qui dépend de l’agence Santé publique France) explique la différence entre les deux :
Les aliments avec une date de durabilité minimale (généralement associés aux aliments non périssables) sont ceux qui, une fois cette date passée, sont toujours sûrs, bien qu’ils puissent perdre certaines caractéristiques organoleptiques. (C’est le cas par exemple des aliments en conserve, du café, des gâteaux secs… mais certains produits, comme les jus, doivent être consommés rapidement une fois ouverts, NDLR).
Dans le cas des aliments ayant une date de péremption, il est essentiel de les consommer avant la fin de cette date car il s’agit de produits périssables. Et ce n’est qu’ainsi que la sécurité alimentaire peut être garantie. (On pourra citer les charcuteries, poissons, viandes fraîches, certains produits laitiers ou encore les plats cuisinés réfrigérés, NDLR).
Consommer de manière responsable
Au niveau institutionnel, des guides de consommation responsable ont été publiés, comme celui-ci publié par l’Ademe, l’agence de la transition écologique. Informez-vous, prenez le temps de planifier vos menus et soignez vos préparations.
Faites de petits gestes pour sensibiliser votre entourage et donnez l’exemple en matière de durabilité pour ce Noël.
Casilda Navarro Rodríguez de Vera, Profesora de Tecnología de los Alimentos. Subdirectora de Proyección y Comunicación de la Escuela Politécnica Superior de Orihuela, Universidad Miguel Hernández
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
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