Le réacteur EPR de Flamanville devrait être mis en service à la fin de l'année ou début 2019. Les essais dits « à froid » ont donné satisfaction et seront suivis de nouveaux tests cet été. Cette technologie à eau pressurisée, conçue pour améliorer la sécurité et la puissance, est sur le point de démarrer.
Au nord-ouest du Cotentin, le long chantier de la centrale nucléaire de Flamanville 3 vient de franchir une étape clé en janvier, celle des « essais à froid ». Débutés le 18 décembre, sous la supervision de l'ASN (Autorité de sûreté nucléaire), ils consistaient à tester le fonctionnement de tous les circuits de l'EPR. Pour cela, on a injecté dans l'ensemble de la chaudière nucléaire de l'eau à une pression de 240 bars, contre 155 bars pour celle que connaîtra l'installation en service. Il fallait auparavant fermer la cuve en installant son couvercle, une belle pièce d'acier de 5,70 m, pesant 145 tonnes.
Le test a duré jusqu'au 6 janvier, avec des mesures de toutes les pressions et de tous les débits, ainsi que le contrôle de plus de 500 soudures. Les résultats étant positifs, les équipes se préparent désormais à l'étape suivante, qui prévoit des « essais à chaud » en juillet prochain. Les équipements seront alors testés à des températures et des pressions similaires aux conditions d'exploitation, comme s'il y avait du combustible dans la cuve.
De REP à EPR : l'évolution des centrales nucléaires à eau pressurisée
Si les essais sont validés, la mise en service aura lieu à la fin 2018 ou début 2019. L'EPR de Flamanville sera alors le premier des réacteurs de troisième génération à entrer en service en France, juste après l'un des deux réacteurs de Taishan, en Chine, et sans doute Olkiluoto, en Finlande. Derrière cet acronyme, qui signifiait European Pressurized Reactor avant de devenir Evolutionary Power Reactor, se cache une évolution de la technologie REP (réacteurs à eau pressurisée), qui est celle des réacteurs français actuels.
Une série d'avantages sont annoncés :
- puissance électrique plus grande : 1.650 MW contre 1.450 pour la plupart des modèles actuels et 1.500 pour les plus récents,
- utilisation plus efficace du combustible : la consommation est diminuée de 17 % par rapport aux réacteurs de 1.300 MW,
- diminution des effluents liquides et gazeux : - 30 % par rapport aux meilleures centrales françaises,
- meilleur taux de disponibilité : il est estimé à 91 % sur les 60 années de service, notamment grâce à une réduction à 16 jours (contre 30 à 45 aujourd'hui) des périodes d'arrêt pour rechargement du combustible,
- production plus importante : ces améliorations devraient augmenter la production annuelle de 36 %,
- sécurité renforcée : des protections supplémentaires en cas de dysfonctionnement sont inspirées par le retour d'expérience des REP actuels et par les enseignements tirés des accidents nucléaires, en particulier ceux de Three Mile Island et de Tchernobyl.
C'est cette avancée en matière de réduction des risques qui a d'ailleurs motivé la mise au point de la filière EPR à partir de 1992. Elle s'appuie sur les concepts N4 (français) et Konvoi (allemand). Par exemple, les systèmes d'injection de sécurité et de réfrigération de secours sont quadruplés, chacun pouvant à lui seul assurer toute la fonction, d'où le nom de baptême de cette disposition : « 4 x 100 % ».
Le cœur est protégé par deux enceintes de confinement au lieu d'une, et un récupérateur de « corium » est installé sous la cuve du réacteur. Ce système est conçu pour recueillir le mélange fondu qui peut se former en cas de fusion du réacteur après un accident grave, comme cela a été le cas à Three Mile Island, Tchernobyl et Fukushima.
Lire la suite : Le futur réacteur nucléaire EPR de Flamanville réussit les essais à froid
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