Swiss Life et Generali serviront du 1 % sur leurs fonds en euros au titre de 2019. Allianz annonce aussi une forte baisse de rendement.
Les épargnants le savent. Ils sont les grands perdants de l’environnement de taux d’intérêt très bas, comme l’atteste la rémunération du Livret A, maintenue à 0,75 % depuis août 2015. Les assureurs avaient, jusqu’à présent, préservé un rendement attrayant pour les contrats d’assurance-vie investis dans des fonds « en euros », le placement préféré des Français, parce qu’il est à la fois sans risques, à taux garanti, et que l’argent reste accessible à tout moment. En 2018, les compagnies avaient pu servir une rémunération moyenne de 1,8 %, grâce au stock d’obligations anciennes (émises par les Etats et par les entreprises), à bon rendement, qui composent une grande part de ces fonds en euros.
Mais un tournant brutal est attendu pour 2019. Lundi 2 décembre, le directeur général d’Allianz France, Jacques Richier, a annoncé « une baisse plus forte que l’an dernier du rendement » de ses contrats d’assurance en fonds euros au titre de 2019. Il avait, pour 2018, accusé un recul de 0,2 point. Fin novembre, deux autres assureurs ont annoncé un décrochage de la rémunération de leurs fonds euros, avec un taux de 1 % chez Generali France – contre 1,75 % en 2018 – et chez Swiss Life – 1,5 % l’an dernier.
La filiale française d’Allianz, géant allemand de l’assurance, a également prévenu qu’elle plaçait des barrières à l’entrée de ses contrats. La souscription ne sera plus ouverte qu’à des clients apportant un capital minimal de 30 000 euros et disposés à en placer au moins 30 % « en unités de compte », ces supports intégrant une part de risque, investis notamment en actions. « Si le client recherche une sécurité totale, qu’il ne veut que du fonds euro, nous ne serons pas en mesure de répondre à sa demande », a expliqué le patron d’Allianz France.
Chute du ratio de solvabilité II
Pourquoi les assureurs effectuent-ils un tel changement de stratégie ? Pour proposer à leurs clients des produits sans aléas, à taux garanti, les compagnies investissent sur des placements peu risqués, essentiellement des obligations d’Etat. Mais celles-ci ne rapportent aujourd’hui plus rien. Ces derniers mois, la France a même émis des obligations à rendement négatif. « Si les taux restent à leur niveau actuel, sur le long terme, les rémunérations vont tendre vers zéro », prévient Philippe Brassac, directeur général du Crédit agricole SA, dont la filiale Crédit agricole assurances est le deuxième plus gros assureur-vie en France.
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