Avec 56,5 % des suffrages exprimés en leur faveur, une progression de 13 000 voix entre les deux tours et 41 élus sur 63 dans la future Assemblée de Corse, les nationalistes de Pè a Corsica (« Pour la Corse ») se sont arrogé dimanche soir la plus confortable majorité jamais constatée dans l’histoire de l’institution, obtenant pratiquement le double de l’ensemble des sièges conquis par une opposition désormais réduite à un rôle de figuration tout au long de la mandature à venir. La droite régionaliste de Jean-Martin Mondoloni n’obtient que dix élus ; la liste soutenue par Les Républicains menée par Valérie Bozzi, six ; autant que celle de Jean-Charles Orsucci, adoubé par la commission d’investiture de La République en marche.
A Bastia, sitôt les résultats connus, plusieurs centaines de personnes ont convergé vers la place du Marché, siège du bureau centralisateur de la ville, sur laquelle un chapiteau utilisé la veille pour une course pédestre avait été réservé par l’équipe de campagne de Jean-Guy Talamoni et Gilles Simeoni, les deux responsables nationalistes. Depuis les résultats du premier tour (46 % des voix pour Pè a Corsica), dimanche 3 décembre, l’issue d’une élection jouée d’avance ne faisait plus aucun doute. « L’électorat a tranché de manière claire », reconnaissait dimanche soir M. Mondoloni, dorénavant à la tête de la principale force d’opposition.
Message d’apaisement
« Nous savons que nous avons énormément de travail devant nous, a déclaré M. Simeoni, tête de liste Pè a Corsica et président sortant du Conseil exécutif, le mini-gouvernement de l’île. Nous chercherons toujours le consensus pour faireavancer les dossiers. » Un message d’apaisement que l’homme fort de la Corse a malgré tout doublé d’un « rappel des fondamentaux » de la revendication nationaliste. Parmi ceux-ci, l’obtention d’un statut de résident destiné à « lutter contre la spéculation immobilière », la reconnaissance de la co-officialité de la langue corse et des mesures de rapprochement des « prisonniers politiques insulaires ».
« Les Corses ont réitéré leur confiance de manière massive à notre majorité, a ajouté M. Talamoni. Paris ne pourra pas rester longtemps dans le déni de démocratie ou alors, bien sûr, nous serons conduits à susciter des mobilisations populaires en Corse, à faire le tour des capitales européennes pour dénoncer l’attitude de la France. Mais j’espère que nous n’en arriverons pas là et que la raison finira par triompher, y compris à Paris, pour que des négociations s’ouvrent dans les semaines à venir. »
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