Alors que le groupe irlandais a accusé une perte de 19,6 millions d’euros au troisième trimestre 2018, son patron-fondateur annonce une réorganisation de l’entreprise, explique le journaliste du « Monde » Jean-Michel Bezat dans son éditorial économique.
Pertes & profits. Le teigneux patron-fondateur de Ryanair déteste s’avouer vaincu. Michael O’Leary a pourtant dû annoncer, lundi 4 février, que la compagnie aérienne irlandaise avait perdu 19,6 millions d’euros au troisième trimestre (octobre-décembre) de son exercice 2018-2019. Une perte sans précédent depuis 2014, dans un univers européen du low cost de plus en plus impitoyable sur le segment du court-courrier. Et l’occasion pour prévenir qu’il réorganisait l’entreprise et prenait de la hauteur, plus que du recul.
Le président du conseil d’administration, David Bonderman, passera la main à un administrateur, Stan McCarthy, au cours de l’été 2020. M. O’ Leary dirigera la holding de tête jusqu’en 2024 et supervisera une réorganisation destinée à rendre le transporteur plus efficace et plus rentable. Il comportera quatre compagnies dotées de leur propre équipe de direction : Ryanair DAC en Irlande, Ryanair UK pour préparer le Brexit, Laudamotion en Autriche et Ryanair Sun en Pologne. M. O’Leary dit s’inspirer du géant britannique IAG, qui abrite plusieurs compagnies (British Airways, Iberia, Aer Lingus…) et affiche de solides résultats. Il entérine surtout une structure qui se dessinait en 2018.
Si les derniers résultats sont « décevants », a-t-il expliqué, c’est « entièrement dû à des tarifs plus faibles que prévu pour faire profiter [leurs] clients de prix qui n’ont jamais été aussi bas ». Ces pertes étaient attendues, puisque la guerre des promotions a fait rage à la fin de l’année et que Ryanair avait alors publié un avertissement sur résultats. En décembre 2018, le billet moyen aller-simple valait moins de 30 euros (– 6 % sur un an). Comme ses concurrents, Ryanair tente de se rattraper sur le nombre de passagers, qui a atteint 33 millions entre octobre et décembre 2018 (+ 8 %).
Objectif de 200 millions de passagers en 2024
Ryanair reste rentable, même s’il doit encaisser les hausses de salaires arrachées par ses pilotes et ses personnels de bord après les grèves de 2018, ainsi que la hausse du prix du kérosène. Il table sur un bénéfice 2018-2019 situé entre 1 milliard et 1,1 milliard, en fort recul par rapport à l’exercice précédent (1,45 milliard), et réaffirme son objectif de 200 millions de passagers en 2024, contre 139 millions en 2018. Elle est mieux armée que d’autres : sept petites compagnies européennes ont jeté l’éponge depuis l’été 2018 ; d’autres cherchent des capitaux ou un repreneur. Faute d’avoir été rachetée par IAG, Norwegian Air Shuttle (long-courrier à bas coûts) vient de lever 309 millions. La britannique Flybe a aussi besoin d’argent frais et l’allemande Germania vient de déposer le bilan.
Lire la suite : Ryanair : « Quand Michael O’Leary coupe son avion en quatre »