Baisse de la contribution de l’Etat, hausse des charges et développement du numérique : la présidente Sibyle Veil doit trouver 60 millions d’euros d’économies d’ici 2022.
La tension est montée d’un cran lundi 3 juin à Radio France. La patronne du groupe de radio publique, Sibyle Veil, a présenté au conseil d’administration et aux organisations syndicales son plan « Radio France 2022 ». Si la modernisation des métiers vers le numérique, la création de podcasts ou d’une offre jeune ont été abordées, c’est surtout le plan d’économies présenté par la présidente qui est au cœur des inquiétudes.
Pour le moment, pas question de supprimer des antennes. En revanche, Radio France, qui dispose d’un budget de 650 millions d’euros, devra trouver 60 millions d’euros en trois ans. En effet, l’Etat prévoit d’amputer ses ressources de 20 millions d’euros. En outre, le groupe qui chapeaute France Inter, Franceinfo ou France Culture, devra supporter 20 millions d’euros de hausse mécanique des charges, et dégager 20 millions supplémentaires pour se développer dans le numérique. Des sommes qu’il faudra compenser.
Premier budget à pâtir de la réforme, la masse salariale, qui pèse 61 % des dépenses, et qu’il va falloir amputer de 25 millions d’euros, soit 6 % du total. « Je suis assez en colère dans la mesure où ces efforts demandés viennent après d’autres coups de rabots déjà réalisés, s’insurge Jean-Paul Quennesson, délégué SUD de Radio France. 25 millions, c’est tout simplement irréaliste. Nous voulons une expertise. »
A peine le chiffre a-t-il été évoqué que la perspective d’un plan de départ, qui n’a pas encore été formellement évoqué, est déjà dans les esprits.
Faire évoluer les compétences en interne
Contrairement à France Télévisions, qui a renouvelé une partie des équipes en faisant entrer de nouveaux talents, Sibyle Veil préfère faire évoluer les compétences en interne. L’accent va donc être mis sur les formations, qui vont tripler en trois ans.
Outre les économies salariales, Radio France souhaite faire entrer 20 millions d’euros supplémentaires dans ses caisses, dont 8 millions grâce à la publicité et 6 millions issus du mécénat. Le groupe veut également mettre à la disposition de tiers son savoir-faire et ses infrastructures de production. « Cette activité de studio va se faire au détriment de la création maison. C’est un piège extraordinaire », s’insurge Jean-Paul Quennesson, également corniste au sein de l’orchestre national de France, une formation de Radio France.
En interne, on comprend mal pourquoi le gouvernement souhaite encore voir la radio économiser alors que les audiences sont satisfaisantes – France Inter a même dépassé RTL au premier trimestre – et que, grâce aux efforts déjà engagés, Radio France devrait être à l’équilibre cette année. En attendant, Sibyle Veil veut aller vite, et prévoit un accord de méthode, qui doit notamment fixer un calendrier précis, pour le mois de juin, et une négociation sur le chantier social entre septembre et décembre. Les salariés lui en donneront-ils les moyens ? En 2015, une grève de vingt-huit jours – la plus longue de l’histoire de la radio – avait freiné les ardeurs de son prédécesseur Mathieu Gallet.
Source : Radio France sous la menace d’un plan d’économie et de réduction d’effectifs