En 2018, cinq mille exploitations ont abandonné engrais de synthèse et produits phytosanitaires chimiques pour se convertir au bio. Un record.
« Je ne voyais plus de perspective dans l’agriculture conventionnelle. Des rencontres et des visites d’autres exploitations m’ont convaincu d’abandonner la chimie » : Frédéric Piot explique ainsi les raisons de sa conversion à l’agriculture biologique. Après s’être déjà posé la question en 2009, avant de refuser l’obstacle, il a finalement sauté le pas en 2015. Un choix radical négocié par ce quinquagénaire, propriétaire de la ferme d’Egreville à Saint-Germain-Laxis en Seine-et-Marne.
Sur 230 hectares, il produisait blé, colza et orge. L’exemple même de l’exploitation céréalière d’Ile-de-France. « Nous sommes passés à une dizaine de cultures, comme la luzerne, les lentilles, le soja ou le pois, mais aussi des cultures valorisées comme le blé, l’orge ou le maïs et nous relançons la betterave. On revient en gros à ce que faisaient nos grands-parents. Et quitte à revenir comme avant, nous avons réintroduit l’élevage avec un atelier de poules pondeuses et un troupeau de vaches à viande », explique M. Piot avant d’ajouter qu’il a aussi une vingtaine de chevaux en pension. « Il faut prendre du plaisir à notre métier, mais aussi en vivre », lâche-t-il.
Un exemple de conversion marquant du fait de la taille de son exploitation, mais qui n’est pas un cas isolé. Le bataillon des agriculteurs prêts à jeter aux orties engrais de synthèse et produits phytosanitaires chimiques n’a jamais été aussi important qu’en 2018. Selon les chiffres publiés mardi 4 juin par l’Agence Bio, 5 000 exploitations supplémentaires sont venues grossir les rangs de l’agriculture biologique, portant leur nombre, en net, à 41 623. Un niveau de recrutement record. Désormais, 9,5 % des fermes françaises sont certifiées bio. En termes de surface, un seuil a aussi été franchi avec le passage du cap des 2 millions d’hectares cultivés selon des principes respectueux de l’environnement. Ce qui représente 7,5 % de la surface agricole utile (SAU) française.
Surcroît de travail
« Nous sommes passés à la vitesse supérieure. Dans plusieurs régions, il y a un phénomène de bascule. Les surfaces converties en bio sont plus importantes, signe que les cultures céréalières s’y mettent également », souligne Florent Guhl, directeur de l’Agence Bio. La palme reste toutefois détenue par les vergers dont les surfaces plantées en bio dépassent les 23,3 %. En queue de peloton, les grandes cultures avec un pourcentage de bio de 4,3 %, les élevages de poulets de chair (1,6 %) et les élevages porcins avec un maigre 1,3 %.
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