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La Black Barbie a 45 ans : l’empouvoirement peut-il être utilisé comme outil de marketing ?

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The Conversation

La Black Barbie a 45 ans : l’empouvoirement peut-il être utilisé comme outil de marketing ?

Aurore Bardey, Burgundy School of Business

Que symbolise la poupée Barbie ? Depuis le succès du film de Greta Gerwig, elle serait devenue une icône du féminisme et de la diversité. Ainsi, Mattel a célébré les 45 ans de la Black Barbie. Plusieurs études académiques relativisent l’impact de la poupée devenue star.


La réussite sonnante et trébuchante du film Barbie, réalisé par Greta Gerwig, a contribué à accélérer les ventes et le résultat de Mattel. C’est d’autant mieux tombé que l’entreprise traversait alors une mauvaise passe au premier trimestre de 2023, en raison de problèmes d’approvisionnement, entraînant in fine une baisse de 22 % de son chiffre d’affaires. Le succès du film a contribué à atténuer cette période difficile.

Black Barbie a 45 ans

Surfant sur ce succès, Mattel a célébré le 45e anniversaire de la Black Barbie en lançant en février 2025 une édition spéciale de la poupée. Cette initiative vise à honorer l’héritage de la première Black Barbie conçue en 1980 par Kitty Black Perkins. À l’époque, cette création avait brisé les standards de beauté dominants en offrant aux jeunes filles noires une poupée qui leur ressemblait.

La nouvelle édition arbore une chevelure bouclée, une peau ébène, et porte une somptueuse robe rouge inspirée du modèle original, mais revisitée avec des tissus luxueux et une coupe moderne. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large de Mattel visant à revitaliser la marque Barbie et à renforcer son image en tant qu’icône culturelle. Mais derrière son sourire figé et ces célébrations de toutes les femmes, son impact sur les jeunes filles fait l’objet de nombreux débats.

Un modèle inatteignable de minceur ?

Mais qu’en est-il de l’impact psychologique de Barbie ? Ces initiatives, certes lucratives, se traduisent-elles réellement par « l’empouvoirement » promis par Mattel ?

Une revue des recherches académiques existantes met en lumière quatre thématiques clés : l’insatisfaction corporelle et l’idéalisation de la minceur, la stigmatisation des morphologies, les stéréotypes de genre et les aspirations professionnelles, ainsi que la perpétuation d’un idéal de beauté occidental.

L’une des critiques récurrentes adressées à Barbie concerne son influence sur l’image corporelle des jeunes filles. Des études ont montré que l’idéalisation de la minceur commence très tôt : dès 5 ou 6 ans, les filles intègrent des normes esthétiques valorisant les silhouettes filiformes. Une expérience a révélé que des filles exposées à des images de Barbie manifestaient une estime corporelle plus basse et un plus grand désir d’être plus minces. D’autres recherches, comme celles de Anschutz et Engels (2010), n’ont toutefois pas retrouvé cet effet, soulignant la complexité de la relation entre les jouets et l’image de soi.

Des préjugés ancrés dès le plus jeune âge

La minceur n’est pas seulement valorisée, elle s’accompagne aussi d’une stigmatisation des morphologies plus rondes. Une étude de Worobey et Worobey a montré qu’aux États-Unis, des filles de 3 à 5 ans attribuaient plus de traits positifs aux poupées minces et plus de caractéristiques négatives aux poupées plus rondes. D’autres auteurs ont observé un phénomène similaire avec les poupées Barbie Fashionistas de Mattel, où la version « curvy » était la moins plébiscitée.

France Inter, 2024.

Si Barbie a longtemps incarné des stéréotypes de genre, elle a aussi évolué pour proposer une large gamme de carrières. Mais ce message d’émancipation est-il vraiment perçu par les enfants ? Une étude menée par Sherman et Zurbriggen a testé l’impact du jeu avec une Barbie sur les aspirations professionnelles de jeunes filles. Résultat : celles qui avaient joué avec une Barbie se voyaient moins de possibilités de carrière que les garçons, alors qu’aucune différence n’était observée chez celles ayant joué avec une figurine neutre comme Mme Patate.

Barbie, symbole d’un idéal de beauté occidental

Barbie a longtemps été perçue comme une représentation de la beauté occidentale, avec son teint clair et ses cheveux blonds. Des études ont montré que, dans certains contextes culturels, cette représentation pouvait influencer les préférences des jeunes filles.


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Par exemple, Sohail et al., ont constaté qu’au Pakistan, les jeunes filles préféraient les traits occidentaux de Barbie, malgré les réticences de leurs parents. De même, l’introduction d’une Barbie portant le hijab en 2017 a suscité des débats, illustrant la forte charge symbolique de la poupée au-delà du simple jouet (Mishra & Bakry, 2021).

Alors, Barbie est-elle un modèle inspirant ou un vecteur de normes limitantes ? La réponse est nuancée. Si elle a su s’adapter aux évolutions sociétales, son impact psychologique, notamment sur l’image corporelle et les aspirations des jeunes filles, reste un sujet d’interrogation. Les recherches montrent des effets contrastés, mais une chose est certaine : au-delà du simple jouet, Barbie est un véritable objet culturel qui façonne les perceptions des enfants. Reste à savoir si, demain, elle saura être un modèle pleinement inclusif et émancipateur.

Aurore Bardey, Professeur Associé en Marketing, Burgundy School of Business

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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