Prendre de « bonnes résolutions », une tradition vieille de 4000 ans

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Enluminure représentant le banquet du paon, milieu du XVe siècle. Le Livre des conquêtes et faits d’Alexandre, Paris, musée du Petit-Palais, folio 86 recto

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Prendre de « bonnes résolutions », une tradition vieille de 4000 ans

Enluminure représentant le banquet du paon, milieu du XVe siècle. Le Livre des conquêtes et faits d’Alexandre, Paris, musée du Petit-Palais, folio 86 recto
Joanne Dickson, Edith Cowan University

À l’aube de la nouvelle année, il est de coutume de prendre de « bonnes résolutions », un peu partout dans le monde. Le Nouvel An représente un jalon temporel important dans le calendrier, et de nombreuses personnes se fixent de nouveaux objectifs pour l’année à venir.

Ces résolutions du Nouvel An n’ont en réalité rien de nouveau : la plupart des cultures anciennes avaient instauré une fête religieuse ou une forme de tradition pour marquer le début de la nouvelle année.

Cartes postales de résolution du Nouvel An du début du XX? siècle. Wikimedia

Les Babyloniens

Historiquement, les Babyloniens, il y a environ 4 000 ans, sont les premiers à avoir pris des engagements pour la nouvelle année (qui deviendront plus tard des résolutions).

Les Babyloniens sont également la première civilisation (selon nos connaissances actuelles) à avoir organisé des célébrations en l’honneur de la nouvelle année. Cependant, pour eux, l’année ne commençait pas en janvier, mais à la mi-mars, au moment des semailles. Pour les Babyloniens, les résolutions du Nouvel An étaient liées à la religion, à la mythologie, au pouvoir et aux valeurs socio-économiques.

Ils auraient ainsi initié la tradition d’un festival du Nouvel An de 12 jours appelé Akitu. Les statues des divinités défilaient dans les rues de la ville et des rites étaient organisés pour symboliser la victoire sur les forces du chaos.

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Pendant cette fête, les gens plantaient et semaient, prêtaient allégeance au roi en place ou couronnaient un nouveau roi, et promettaient de rembourser leurs dettes au cours de l’année suivante. Les Babyloniens croyaient que s’ils remplissaient leurs promesses du Nouvel An, les dieux leur accorderaient des faveurs dans la nouvelle année.

Dans la Rome antique

La Rome antique a perpétué la tradition de la célébration du Nouvel An et de l’établissement de promesses qui l’accompagnait. Le Nouvel An romain était initialement célébré le 15 mars (les Ides de mars), car c’est à cette date que les plus importants fonctionnaires romains (les consuls) prenaient leurs fonctions.

La fête d’Anna Perenna, déesse de la nouvelle année et du début du printemps, était également célébrée le 15 mars.

Avec le calendrier julien, introduit par l’empereur Jules César en 46 av. J.-C., le 1er janvier devient le début de la nouvelle année. Cette nouvelle date permettait d’honorer le dieu romain Janus.

Symboliquement, Janus a deux visages, l’un qui regarde en arrière, vers l’année précédente, et l’autre pour regarder devant, vers la nouvelle année. Janus était le protecteur des portes, des arches, des seuils et des transitions vers de nouveaux départs.

Statue représentant Janus Bifrons dans les Musées du Vatican. Wikimedia

Pour célébrer la nouvelle année, les Romains offraient des sacrifices à Janus et promettaient de renouveler les liens entre les citoyens, l’État et les divinités. Des bénédictions et des cadeaux étaient échangés (par exemple des fruits et du miel), et des allégeances promises à l’empereur. Les célébrations du Nouvel An et les promesses étaient ancrées dans la spiritualité, les structures de pouvoir et le tissu social de la culture romaine.

L’âge de la chevalerie

Au Moyen Âge (de 500 à 1500 environ), les chevaliers prêtaient serment d’allégeance et renouvelaient leurs vœux de chevalerie chaque année.

Selon la légende, les vœux de chevalerie les plus célèbres étaient « Les vœu du paon » ou les « vœux du Faisan » : les chevaliers posaient leurs mains sur un paon vivant ou rôti et renouvelaient leurs vœux de maintien des valeurs de la chevalerie.

Les couleurs splendides et variées de ces oiseaux auraient symbolisé la majesté des rois et de la noblesse.

Au Moyen Âge, le Nouvel An était célébré à différents moments de l’année en fonction des sociétés. En raison d’une erreur de calendrier, le calendrier julien avait octroyé sept jours de trop à l’an 1000.

Époque moderne

Pour résoudre les problèmes liés au calendrier julien, le calendrier grégorien est instauré par le pape Grégoire XIII en 1582. La nouvelle année est alors officiellement rétablie au 1er janvier.

La religion a continué à exercer une influence sociale et culturelle importante sur les objectifs et la fonction des vœux de Nouvel An. Par exemple, au XIXe siècle, le protestantisme mettait l’accent sur des promesses fortement liées à la religion, à la spiritualité et à la moralité.

Cependant, dans les années 1800, certains éléments indiquent que les résolutions commencent à être moquées. Par exemple, une série de résolutions satiriques a été rapportée dans le Walker’s Hibernian Magazine (1802), avec par exemple la pique suivante : « Les hommes d’État ont résolu de n’avoir aucun autre objet en vue que le bien de leur pays ».

Les résolutions étant devenues banales, les gens prenaient et rompaient leurs engagements comme ils le font encore aujourd’hui. Par exemple, dès 1671, l’autrice écossaise Anne Halkett a inscrit dans son journal la résolution suivante : « Je n’offenserai plus personne ».

Comme autrefois, les gens de toutes les cultures continuent de célébrer la nouvelle année (bien qu’à des moments différents) et de prendre des résolutions. Tout comme les civilisations anciennes priaient pour obtenir de riches récoltes, celles et ceux qui prennent des résolutions aujourd’hui tendent à y projeter des valeurs sociétales.

Les résolutions du Nouvel An continuent de cristalliser notre imagination, nos espoirs et nos désirs d’amélioration ; la nouvelle année continue de symboliser un nouveau seuil, l’occasion de prendre un nouveau départ.

Joanne Dickson, Professor of Psychology & Mental Health, Edith Cowan University

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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