Une protrusion de l'abdomen est ce qu'on appelle « avoir du ventre ». Cet embonpoint localisé distend les vêtements et peut être source de complexes, donnant parfois et injustement une image de laisser-aller. Un ventre plus ou moins proéminent recouvre plusieurs problématiques différentes. Les causes de « gros ventre » peuvent être multiples.
Bidon, petite bedaine, brioche, bouée, les synomymes et métaphores sont légion pour décrire cette rondeur abdominale qui nous irrite chaque matin devant le miroir. Persistante malgré les régimes divers et la pratique du sport, cette masse graisseuse ne s'accumule pas de la même façon chez les uns et les autres. Comment faire disparaître les bourrelets disgracieux et pour avoir un ventre plat ? Le docteur Mitz nous en explique les causes et les solutions pratiques pour perdre du ventre.
Mais au juste, pourquoi a-t-on un gros ventre?
- Les intestins peuvent être gonflés par du gaz, notamment chez les patients très constipés ou présentant des troubles du transit : le traitement est, ici, sûrement médical, sauf dans les cas de mégacôlon congénital où parfois une opération sera indiquée ;
- Les muscles qui maintiennent l'abdomen peuvent être distendus. Cela concerne les muscles grands droits qui sont verticaux et qui forment les barres de chocolat chez les hommes. Ce sont peut-être aussi les muscles larges de l'abdomen, situés sur les côtés et au niveau des flancs, qui sont relâchés. La correction devra passer par le resserrement chirurgical de ces muscles. On appelle le « diastasis » des grands droits, l'écartement de ces muscles, de part et d'autre de l'ombilic, qui peut être consécutif à des grossesses avec des gros bébés. Ceux-ci ont écarté les muscles comme les barreaux d'une prison trop étroite ;
- Dans d'autres cas, il s'agit d'une éventration, c'est-à-dire d'un orifice ou d'une déchirure musculaire, qui laisse passer les intestins pouvant affleurer pratiquement sous la peau du ventre. Le traitement est, ici, une opération chirurgicale effectuée par un opérateur confirmé en chirurgie digestive. Il pourra éventuellement effectuer cette opération par des méthodes endoscopiques, donc sans grandes cicatrices comme cela pouvait être le cas autrefois ; souvent, une plaque de protection sera nécessaire pour réaliser une doublure au muscle réparé, ou bien les réunir par un patch de synthèse. Opérer les éventrations fait toujours courir un risque important pour le patient : cela peut être une récidive, une infection locale ou générale, ou bien encore la survenue d'une phlébite, voire d'une embolie pulmonaire qui peut être mortelle. C'est pourquoi les patients devront subir un traitement anticoagulant pendant une semaine ou deux, en postopératoire, afin de prévenir cette évolution dramatique.
La cause la plus fréquente pour les patients est de se plaindre d'avoir un gros ventre en raison d'une accumulation de tissu graisseux. C'est ce chapitre que nous allons plus particulièrement explorer.
Il y a au moins deux couches de graisse qui peuvent se superposer entre la peau et les muscles de l'abdomen : une couche superficielle qui est continue comme une nappe doublant le revêtement cutané, et des amas plus profonds qui constituent de véritables lipomes non encapsulés. Ceux-ci peuvent se développer parfois dès l'adolescence, au niveau de la région sus et sous-ombilicale, au niveau des flancs et de la ceinture abdominale, formant une véritable bouée qui élargit le périmètre abdominal.
Une seconde période d'augmentation graisseuse profonde se rencontre autour de la quarantaine chez la femme, et après la cinquantaine chez l'homme. Enfin, une troisième épisode d'accroissement graisseux profond peut revenir après la ménopause chez la femme.
Ces accumulations graisseuses profondes sont génétiquement programmées. Ainsi, on retrouve souvent des silhouettes superposables chez les enfants et certains parents parfois éloignés.
L'accumulation des graisses profondes et superficielles est sous la dépendance de mécanismes biologiques hormonaux mal connus dans leur détail : pour l'instant, une régulation satisfaisante par des moyens médicamenteux simples n'a pas encore été trouvée. Les recherches sont en cours pour déterminer s'il est possible d'influer sur le stockage des lipides dans les adipocytes qui sont les cellules destinées à produire et à conserver la graisse à l'intérieur de l'espace cellulaire.
La graisse superficielle sous la peau
Cette graisse est à respecter impérativement, le bistouri n'est pas une bonne solution dans ces cas-là, car enlever cette graisse de surface, par liposuccion ou ablation chirurgicale, conduit à des inégalités de surface qui vont profondément ennuyer les patientes, et qui ne sont pas faciles à corriger.
Le pannicule graisseux superficiel ne peut être diminué que par un régime adapté pour chaque patient en fonction de ses habitudes alimentaires, et en étant associé à une activité sportive d'au moins une heure par jour : elle doit produire de la sueur ! Mais il faut aussi comprendre que la perte de cette graisse superficielle ne se fait que très progressivement. En effet, il faut environ un mois pour que notre corps mobilise cette graisse de surface et commence à l'éliminer.
Les tentatives d'injection de différentes substances lipolytiques sont en cours actuellement, mais elles n'ont pas encore donné de résultats probants ou efficaces très rapidement.
La cryothérapie a aussi été recommandée. Elle est relativement efficace mais peut exposer à des complications, car elle crée une gelure des adipocytes ; cela peut conduire à des nécroses cutanées ou à des brûlures, ou à une fibrose inflammatoire des tissus traités par excès.
Les graisses profondes en amas
Le seul traitement efficace est la liposuccion et ces différentes variantes techniques. En France, les liposuccions avec laser, ou avec vibrateur par ultrasons, ne sont pas autorisées car il y a eu des complications à type de nécrose cutanée. La liposuccion est donc essentiellement un acte chirurgical effectué par un chirurgien dans un environnement sécurisé, comme une clinique ou un hôpital. En effet, l'opération nécessitera le plus souvent une anesthésie, mais pas forcément une hospitalisation s'il s'agit d'une liposuccion localisée.
La cryothérapie a été tentée pour traiter ces graisses profondes en amas, cependant elle ne s'adresse en général qu'à une ou deux zones limitées. Elle ne pourra pas corriger un véritable pneu abdominal entourant toute la ceinture corporelle.
La liposuccion a été inventée par un chirurgien français, Yves Gérard Illouz, en 1978, et son idée a été de créer des tunnels sous-cutanée non jointifs à l'aide d'une canule creuse, reliée à un aspirateur surpuissant afin d'enlever des amas graisseux et de vider les adipocytes de leur graisse contenue. Pour parvenir à ce résultat, il était nécessaire d'infiltrer un liquide sous la peau pour distendre les adipocytes et les fragiliser tout en diminuant les pertes de sang par une infiltration d'adrénaline diluée. Les quantités enlevées par liposuccion sont très variables d'un patient à l'autre. Il est admis que retirer plus de 4 kg de graisse pure fait courir un petit risque au patient à cause des masses tissulaires et sanguines qui sont retirées. Néanmoins, certains chirurgiens affirment avoir retiré 8 à 12 litres de graisse en une seule fois, ce qui impose ensuite une véritable réanimation et une surveillance prolongée du patient.
Lire la suite : Perdre du ventre d'une façon pratique, par le Dr Mitz
Articles en Relation
Comment pose-t-on un diagnostic en médecine ?
Image de freepik
Image de gpointstudio sur Freepik
Comment pose-t-on un diagnostic en médecine ?
Yves Hansmann, Université de Stra...
Rendre les enfants acteurs du bien manger
Image de pvproductions sur Freepik
Image de drobotdean sur Freepik
Rendre les enfants acteurs du bien manger
Pascale Ezan, Université ...
Cancers les plus fréquents : le rôle du « gras » dans leur prévention et leur év...
Image de freepik
Image de freepik
Cancers les plus fréquents : le rôle du « gras » dans leur prévention et leur évolution
Jean-Fra...
Un meilleur équilibre oméga-6/oméga-3 dans l’assiette aide à lutter contre l’obé...
Image de jcomp sur Freepik
Un meilleur équilibre oméga-6/oméga-3 dans l’assiette aide à lutter contre l’obésité et ses complications
...