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Simone Veil est morte à l’âge de 89 ans, a fait savoir sa famille vendredi 30 juin. L’ancienne déportée incarne – à sa manière – les trois grands moments de l’histoire du XXe siècle : la Shoah, l’émancipation des femmes et l’espérance européenne. Au cours de sa vie, Simone Veil a en effet épousé, parfois bien malgré elle, les tourments d’un siècle fait de grandes désespérances mais aussi de beaux espoirs : elle fait partie des rares juifs français ayant survécu à la déportation à Auschwitz, elle symbolise la conquête du droit à l’avortement et elle est l’une des figures de la construction européenne.

Un matricule tatoué sur le bras gauche

Pour Simone Veil, née Jacob le 13 juillet 1927 à Nice, la question juive aurait pourtant pu rester un simple enjeu culturel. Installés depuis plusieurs siècles sur le territoire français, les Jacob vivent loin, très loin des synagogues. « L’appartenance à la communauté juive était hautement revendiquée par mon père, non pour des raisons religieuses, mais culturelle, écrit Simone Veil dans son autobiographie. A ses yeux, si le peuple juif demeurait le peuple élu, c’était parce qu’il était celui du Livre, le peuple de la pensée et de l’écriture. » André Jacob est un architecte qui a remporté le second Grand Prix de Rome. Sa femme a abandonné à regret ses études de chimie pour se consacrer à ses quatre enfants : Denise, Milou (Madeleine), Jean et Simone, sa préférée.

Pendant la guerre, la France rappelle aux Jacob qu’une famille juive n’est pas une famille comme les autres. En 1940, le « statut des juifs » signe brutalement la fin de la carrière du père de Simone Veil : cet ancien combattant de la Grande Guerre se voit retirer du jour au lendemain le droit d’exercer son métier. Trois ans plus tard, les Jacob, qui se sont réfugiés à Nice, sont arrêtés par les Allemands. A l’aube du 13 avril 1944, Simone, sa mère et sa sœur sont embarquées dans des wagons à bestiaux qui s’immobilisent deux jours et demi plus tard, en pleine nuit, le long de la rampe d’Auschwitz-Birkenau (Pologne). Sur le quai, au milieu des chiens, un déporté conseille à Simone, qui a 16 ans et demi, de dire qu’elle en a 18, ce qui lui vaut d’éviter les chambres à gaz.

Le lendemain matin, un matricule est tatoué sur le bras gauche de Simone, qui est affectée aux travaux de prolongation de la rampe de débarquement. Simone, sa mère et sa sœur sont ensuite transférées à quelques kilomètres d’Auschwitz-Birkenau afin d’effectuer d’épuisants travaux de terrassement. Neuf mois après leur arrivée, le 18 janvier 1945, les Allemands, inquiets de l’avancée des troupes soviétiques, rassemblent les 40 000 déportés dans l’enceinte du camp : c’est le début de la « marche de la mort ». Simone, sa mère et sa sœur marchent pendant 70 kilomètres dans la neige par un froid polaire avant d’être entassées avec d’autres déportés sur des plates-formes de wagons jusqu’au camp de Mauthausen, puis, de Bergen-Belsen.


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