Murielle Bolle, 48 ans, témoin-clé de l'affaire Grégory, a été interpellée mercredi matin et placée en garde à vue pour des faits de complicité d'assassinat et non-dénonciation de crime. Celle-ci s'est achevée jeudi matin: l'intéressée ayant déjà été interrogée sous ce régime pendant 23 heures en novembre 1984, les gendarmes ne disposaient plus que d'un «crédit» de 25 heures pour atteindre la durée-butoir légale de 48 heures. Murielle Bolle, assistée par Me Jean-Paul Teissonnière, va être présentée jeudi après-midi à la juge qui instruit le dossier à Dijon et qui pourra la mettre en examen ou la placer sous le statut de témoin assisté.
En novembre 1984, Murielle Bolle, alors âgée de 15 ans, avait mis en cause son beau-frère, Bernard Laroche, époux de sa sœur Marie-Ange, à quatre reprises, avant de se rétracter. Le 16 octobre 1984, à 16h30, il serait venu la chercher à la sortie de son collège en voiture, son fils Sébastien, 4 ans, étant assis à l'arrière. Puis, après un bref arrêt devant une maison de Lépanges, bourg où résidaient les Villemin, il aurait fait monter un enfant qu'elle ne connaissait pas. À un moment, Bernard Laroche serait à nouveau descendu de voiture, quelque part sur le territoire de la commune de Docelles, en compagnie de ce petit passager sans nom ; il serait revenu seul après quelques minutes - ce laps de temps n'a jamais été précisé.
De nouvelles analyses ADN
Le 14 juin dernier, l'ADN de Murielle Bolle a été prélevé. Or, cette empreinte génétique, parmi des centaines d'autres, se trouvait déjà dans la procédure, plusieurs investigations ayant été menées sur ce terrain - en vain - au début des années 2000. Pourquoi ce prélèvement? Qu'a-t-il donné? Il aurait été dit à Mlle Bolle que son ADN avait été «égaré» mais, selon nos informations, ceci est inexact. Pour l'heure, les autorités se refusent à tout commentaire à ce sujet.
Dans leur considérable travail de synthèse remis aux autorités judiciaires fin mai, et dont Le Figaro a révélé la substance, les gendarmes de la Section de recherches de Dijon ont repris tous les procès-verbaux initiaux de 1984-1985. Selon eux, «Murielle fournit des déclarations fluctuantes avec des informations imprécises et variables». Ils envisagent deux scénarios. Selon le premier, Mlle Bolle, qui s'est toujours présentée en témoin passif, aurait pris une part beaucoup plus active au crime qu'elle ne le prétend. Problème: aucune déclaration, aucun élément matériel ne corrobore cette hypothèse. Surtout, celle-ci semble en contradiction flagrante avec celle que les enquêteurs privilégient: les Jacob, mus par une haine obsessionnelle à l'encontre de leurs cousins Villemin, auraient demandé à leur neveu Bernard Laroche, dont ils étaient très proches, de kidnapper Grégory, sans que l'intéressé, qui leur aurait remis l'enfant, sache que le petit garçon de 4 ans était promis à la mort.