Tout est parti d'une vidéo, envoyée à CNN. « 400, 700, 800 » ? « Des hommes forts pour le travail à la ferme »… On y découvre des migrants vendus aux enchères sur des marchés aux esclaves en Libye. À partir de ces images glaçantes, deux journalistes de la chaîne américaine ont enquêté en se rendant à Tripoli. Ils y ont découvert que des marchés comme celui dont les images leur ont été envoyées se tenaient une à deux fois par mois. À l'aide de caméras cachées, ils ont réussi à filmer l'une de ces ventes, organisée la nuit dans un village en dehors de la capitale libyenne.
Les preuves de ces ventes aux enchères ont été transmises aux autorités libyennes qui ont promis de lancer une enquête sur ces agissements. Interrogé, Naser Hazam, le premier lieutenant de l'agence anti-immigration clandestine du gouvernement reconnaît que des gangs ont bien la main sur des réseaux de passeurs dans le pays. Il affirme toutefois n'avoir jamais assisté à de tels marchés.
La crise migratoire en toile de fond
À l'origine de ce trafic, il y a la crise migratoire, expliquent les journalistes. Les milliers de personnes qui tentent de fuir le continent africain pour l'Europe passent chaque année par la frontière libyenne. Mais les contrôles renforcés au large des côtes limitent désormais le nombre de bateaux qui peuvent tenter la traversée.
Sans un sou (tout ce qu'ils avaient ayant été donné aux passeurs) et coincés en Libye, les migrants deviennent alors des esclaves, les passeurs des maîtres. À l'intérieur des centres de détention pour migrants, de nombreux témoignages se font l'écho de ces pratiques moyenâgeuses. Leurs corps mutilés en disent long sur le traitement qui leur a été infligé.
40 millions d'esclaves dans le monde
En mai 2017, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) avait recueilli des témoignages similaires. À l'époque, les propos rapportés faisaient état de travail forcé dans l'agriculture ou le bâtiment pour les hommes et de cas de viols et de prostitution forcée pour les femmes. Un « trafic souterrain à ciel ouvert », avait alors commenté Marwa Mohamed, chercheuse pour Amnesty International, dans les colonnes du Figaro, qui expliquait que ces trafics se tenaient dans des zones où l'autorité du pouvoir central était inexistante. La situation économique catastrophique et l'instabilité politique de la région favorisaient, selon elle, le développement de trafic en tous genres.
La Libye est loin d'être le seul pays ou ce genre de pratiques est observé. Aujourd'hui dans le monde, l'Organisation internationale du travail à l'Assemblée générale de l'ONU estime à plus de 40 millions le nombre de personnes victimes d'esclavage.
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