Un rapport de la Cour des comptes alerte l’exécutif sur la compensation « incertaine » des baisses d’impôts et des dépenses annoncées depuis l’hiver.
« Les mesures pour le pouvoir d’achat étaient utiles. Maintenant, il faut les payer. Et là, on galère. » Les propos de cette source gouvernementale résument le défi qui occupe l’exécutif en ce début d’été. Après un hiver de crise sociale marqué par le mouvement des « gilets jaunes », de Bercy à Matignon, conseillers et ministres s’attellent au budget 2020, qui sera présenté fin septembre et débattu à l’Assemblée nationale jusqu’en décembre.
Depuis dix jours, Gérald Darmanin, le ministre de l’action et des comptes publics, mène les entretiens avec ses homologues du gouvernement afin de préparer l’envoi, vers la mi-juillet, des lettres plafonds. Elles détermineront pour chaque ministère les crédits et le nombre de postes qui lui seront alloués.
Or, en six mois, l’équation s’est compliquée. Aux 10 milliards de mesures d’urgence annoncées en décembre 2018 par Emmanuel Macron – dont la revalorisation de la prime d’activité et la défiscalisation des heures supplémentaires – sont venues s’ajouter la baisse de 5 milliards d’euros de l’impôt sur le revenu promise le 25 avril par le chef de l’Etat ou encore la réindexation sur l’inflation des petites retraites jusqu’à 2 000 euros en 2020.
Contexte tendu
Désireux de répondre à l’« exaspération fiscale » des Français, Edouard Philippe a détaillé, dans son discours de politique générale du 12 juin, les modalités de la baisse d’impôts. Mais le premier ministre est resté très discret sur les économies nécessaires pour les mettre en œuvre.
Quatre jours plus tard, Gérald Darmanin assurait que le gouvernement comptait économiser un milliard d’euros à travers la suppression de niches fiscales, et 4 milliards sur les dépenses publiques, citant pêle-mêle les réformes en cours dans les secteurs du logement, des contrats aidés, de l’audiovisuel public ou le « champ social » (assurance-chômage). Une manière de maintenir la pression sur les intéressés ?
« La difficulté est double. Il faut trouver le moyen de baisser les dépenses demandées par les ministres, tout en ayant moins de recettes », résume cette source gouvernementale. Aux côtés des ministères que des lois de programmation pluriannuelles préservent de coupes claires comme la défense, certains reprennent les annonces du 25 avril pour réclamer davantage, à l’image de l’éducation nationale.
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