La sédentarité de nos très jeunes est un véritable fléau. Certaines études observationnelles établissent une augmentation du temps passé devant les écrans par les enfants en France de 20 minutes sur sept années.
Les chiffres de l'obésité demeurent stables autour de 3,9 % en 2016 pour 17 % de nos jeunes en surpoids. Le modèle parental structure l'enfant y compris au niveau du désir de faire de l'activité physique. Des déplacements à pied sont toujours à préférer à l'omnipotence de la voiture ou des transports en commun. Seuls 45 % des parents déclarent que leur enfant pratique une activité physique au moins une fois par semaine en dehors de l'école.
Les recommandations pédiatriques récentes sont de faire bouger un enfant en bas âge (entre un et cinq ans) au moins trois heures par jour. En habituant un enfant à bouger, on le prépare à devenir un ado, puis un adulte actif et non se transformant en « patate de canapé » (couch potato).
L'association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA) a mené, en avril 2018, une étude auprès de 1.018 parents d'enfants âgés de un à six ans. Il en ressort de façon étonnante que deux parents sur trois, soit 65 % ne se préoccupent pas du poids de leur enfant autrement que par la seule estimation visuelle. On est donc encore dans le jugement personnel et non dans l'appréciation purement médicale. La pression s'exerce donc différemment selon les familles, certaines plus tolérantes tandis que d'autres créent une tension plus ou moins lourde sur leurs enfants.
Où commence l'obésité chez les jeunes ? © Robert Lawton, Wikimedia commons, CC 2.5
Une écrasante majorité des parents - 99.64 % des sondés - connaissent l'indice de masse corporelle (IMC), ce qui est source d'erreur patente car moins de la moitié des parents a l'intuition de reporter la valeur calculée sur les courbes de croissance figurant sur les carnets de santé. On doit évidemment prendre conscience que les courbes se modifient avec l'âge, ce qui n'est plus le cas une fois l'âge adulte atteint.
Donc, la seule approche visuelle d'un enfant par ses proches est le meilleur moyen de se tromper et d'occulter un problème patent de poids ou au contraire de contraindre un enfant à se mettre au régime alors que cela peut-être une erreur majeure, lourde de dégâts collatéraux.
Les fauteurs : les sucres et les graisses
Les parents ciblent à 98 % comme aliment à limiter chez les enfants le sucre et les produits sucrés, puis viennent pour 57 % des sondés les matières grasses. Ce qui est intéressant dans ces résultats est l'importance accordé aux idées préconçues. S'il faut bien limiter les boissons sucrées et les bonbons, on peut constater des absurdités où on interdit à l'enfant toutes sucreries, donc tout aliment délictuel, source de plaisir immédiat et qui permet de mieux adhérer au reste de l'alimentation. Dans les aberrations, on peut inclure la suppression des sucres dans leur globalité, y compris les féculents. Ces derniers, ne figurant pas suffisamment dans les assiettes des enfants avec le risque patent de ne pas les sustenter suffisamment à table et de les amener à grignoter en raison d'une authentique sensation de faim. Je pense que c'est formellement contre productif et plus source de désordres alimentaires, avec des enfants qui risquent de masquer leur prise alimentaire à leur entourage pour se soustraire aux regards inquisiteurs.
L'apport en graisses est indispensable pour aider à la maturation du système nerveux central. On ne doit pas bannir les graisses mais on ne doit pas non plus tomber dans l'exagération en faisant frire tous les aliments. Je connais beaucoup de parents qui ont la main lourde sur l'huile d'olive (prétextant les vertus santé réelles mais pas aux mêmes doses entendues par certaines familles).
On rappelle que c'est l'excès qui pose problème ainsi que le manque. On doit être pondéré et diversifié, et la nutrition ne déroge pas à cette sagesse. Pour moi, en nutrition hors terrain allergique, « il est interdit d'interdire ! »
Les messages nutritionnels des précédents Programme National Nutrition Santé ont leur limite et une majorité de parents (63 %) ne savent pas à quoi correspond exactement une portion de fruits et légumes (80 grammes). Il faut que les messages promulgués soient plus simples (pas simplistes) et donc plus explicatifs en s'adaptant à toutes les tranches de population (tout le monde n'est pas diplômé en diététique).
Le choc des images est néfaste pendant les repas. © Mojzagrebingo, Pixabay, DP
Les écrans perturbateurs doivent être mieux maîtrisés
Il faut communiquer davantage sur la toxicité des écrans regardés à table avec le choix que fait le cerveau de regarder et traiter les images au détriment d'analyser finement l'aliment mis en bouche. Quelque 20 % des enfants mangent devant la télévision au cours des repas. Où est la convivialité ? Où se situe l'écoute de l'enfant qui pourrait raconter sa journée pendant que défilent des images anxiogènes. Le choc des images peut suffire à accélérer le rythme de prise du repas afin de fuir au plus vite ce moment pénible d'un monde adulte qui peut effrayer les enfants. Le risque est bien là, au lieu d'instaurer un dialogue avec son enfant, de couper cours à toute discussion, de l'amener à manger trop vite, à avaler ses aliments comme ses mots et à engendrer des maux comme des prises de poids, des pertes de poids, des errances alimentaires.
Le modèle parental au cœur de l'éducation alimentaire
Pour conclure, l'éducation alimentaire commence donc au sein de la famille et ce sont les parents qui sont les premiers éducateurs. On apprend à être parent sur le tas, ce n'est pas facile, on se trompe parfois mais l'erreur n'a rien de fatal, dès lors que l'on garde un semblant de lucidité et que l'on accepte de changer. Pour cela, il faut accepter l'aide extérieure et les avis des spécialistes. Si un enfant est trop gros, on ne doit pas le mettre au régime de façon isolée, c'est pire que tout mais on doit faire que la famille l'épaule en changeant globalement de mode de fonctionnement.
Lire la suite : l’obésité des jeunes en France, sujet constant de préoccupation
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