La start-up MyTraffic, qui conseille une cinquantaine de villes, lève 3 millions d’euros auprès du fonds Kernel pour bâtir un leader européen de l’analyse des flux de passants.
Mobiliser le big data et l’intelligence artificielle pour aider les villes à revitaliser leur cœur historique face à la concurrence du commerce électronique et des centres commerciaux : la start-up française MyTraffic, spécialisée dans l’analyse des flux de passants, se prépare à quadrupler de taille en quelques années, après avoir vu son chiffre d’affaires tripler en 2019. La société, fondée début 2016, annonce, mardi 10 décembre, avoir levé 3 millions d’euros auprès du fonds d’investissement Kernel de Pierre Kosciusko-Morizet, avec l’ambition de créer un leader européen sur ce marché.
Le point de départ est simple : MyTraffic achète en masse les informations de géolocalisation issues des smartphones et des applications mobiles. La suite l’est moins. « Nos algorithmes analysent toutes ces données et les corrigent pour reconstituer les flux devant chaque adresse, jour après jour, heure après heure, explique Hakim Saadaoui, directeur général et cofondateur de la société avec Gautier Machelon. Il a fallu des milliers d’heures d’apprentissage à l’intelligence artificielle, avant d’arriver aux bons réglages et d’obtenir des flux extrêmement précis. »
« Les acteurs du commerce électronique ont une connaissance fine des flux, pas les commerces physiques, d’où beaucoup d’échecs, de boutiques qui ferment : nous aidons les enseignes à prédire un chiffre d’affaires, à dérisquer leur implantation »
Combien de gens passent devant telle vitrine ? A quelle fréquence ? A quelle heure ? D’où viennent-ils ? Où vont-ils ensuite ? Autant d’informations stratégiques pour aider une enseigne à s’implanter au bon endroit. Si les données ne contiennent pas de détails sur le profil social des passants, l’analyse permet de définir des typologies et de s’assurer que les clients potentiels sont là. « Les acteurs du commerce électronique ont une connaissance fine des flux, pas les commerces physiques, d’où beaucoup d’échecs, de boutiques qui ferment : nous aidons les enseignes à prédire un chiffre d’affaires, à dérisquer leur implantation »,détaille M. Saadaoui.
Se développer en Europe
Des marques comme Etam, Starbucks, Sephora ou Lidl, MyTraffic est passé aux grandes foncières commerciales, en travaillant, par exemple, pour Altarea Cogedim, Ceetrus ou Klépierre. Puis aux municipalités, confrontées à la désertification de leurs centres-villes et à la fermeture des commerces. Logique : l’utilisation de la data est l’un des chapitres du plan Action cœur de ville, lancé par le gouvernement, en 2018, auprès de 222 villes moyennes. « On leur fournit d’abord un diagnostic : les élus ont besoin de comprendre les flux dans leur centre-ville. Et on leur donne des points de comparaison avec d’autres villes, qui peuvent aider à saisir le problème », détaille le directeur de MyTraffic.
Lire la suite : Le big data au secours du commerce de centre-ville
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